Contre l animisme - Nouvel essai d une théorie cartésienne
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Contre l'animisme - Nouvel essai d'une théorie cartésienne , livre ebook

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Description

L’honorable doyen de la Faculté des lettres de Dijon, M. Tissot, a publié récemment un livre considérable, la vie dans l’homme, une psychologie suivie d’une métaphysique de la vie, l’histoire de l’Animisme et l’apologie de cette doctrine, par voie directe et par voie d’exclusion. — Toute science qui prétend s’appuyer sur un fondement solide, débute par l’observation de la conscience ; M. Tissot s’en souvient et s’attache fortement à cette saine méthode.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346056156
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Paul Émile Garreau
Contre l'animisme
Nouvel essai d'une théorie cartésienne
AVANT-PROPOS

*
* *
Ce petit livre fut écrit pour moi. à titre de méditations sur la question philosophique du jour, vieille, difficile, obscure, insoluble peut-être à l’esprit humain du principe de la vie.
 
Si je me décide à le publier. c’est que je sens comme un besoin patriotique d’obtenir la révision du jugement trop hâtif, à mon avis, porté par des maîtres contre la métaphysique française, la haute, ferme et claire métaphysique de nos Cartésiens. — Je demande l’examen et je cherche en toute humilité la discussion et la lumière.
 
Aux physiciens et même aux physiologistes, je veux donner acte de cette vérité : que les sciences expérimentales peuvent parfaitement vivre et progresser en dehors de la considération des causes premières, qu’il leur suffit de formuler l’ordre de succession des phénomènes et d’appeler cause, la loi. Qu’importe, à qui use de la formule de Newton, que les corps soient attirés ou poussés ; et à qui rapproche tel élément, d’un corps vivant, pour obtenir telle série d’actes, que le mouvement réglé soit produit par l’âme inconsciente, par un principe vital distinct d’elle et des organes, par un grand ressort organique ou par tout autre moteur !
 
Autre aveu que je me fais à moi-même et que je dois à ceux qui voudront bien lire ces études : c’est que lorsqu’on obéit à la tendance singulière et énergique de la pensée humaine, qui, tant de fois déçue, convaincue d’impuissance, dans la sphère de l’intelligible, ne laisse pas d’y revenir avec une inépuisable ardeur, il est bon du moins de ne pas se faire illusion, bon et utile de ne jamais prétendre qu’on donnera à des affirmations d’un certain ordre, ce privilège qui n’est pas de leur esssence d’être autre chose qu’une hypothèse, la plus probable des hypothèses ! Telle est, à mon sens, la réserve sage, sinon réellement modeste, sous le bénéfice de laquelle toute critique métaphysique doit s’exercer et toute dogmatique de même espèce se proposer.
 
Après les discussions brillantes mais confuses de l’Académie de Médecine sur le principe vital, des hommes considérables, des philosophes de profession ont repris le débat et sont entrés sur notre terrain, armés d’une sévère et juste critique ; ce seul fait nous appelle, nous médecins, sur le terrain des philosophes, et pour ma part, j’essaierai d’y pénétrer. M. Tissot, doyen de la faculté des lettres de Dijon, publie d’abord la vie dans l’homme , une psychologie suivie d’une métaphysique de la vie ; le lendemain, M.Bouillier, son collègue de Lyon, nous fait lire un excellent livre sur le principe vital et l’âme pensante, qui résout, comme le premier, la question selon le sens de l’Animisme, anima forma corporis ; M. Franck, de l’Institut, dans son remarquable compte-rendu des ouvrages nommés, édité en brochure, s’inscrit, lui aussi, en faveur de la théorie séculaire d’Aristote, des Pères, d’Albert le Grand, de Saint-Thomas d’Aquin, de Claude Perrault, de Stahl ; M. Garnier résume la discussion pour l’Académie des sciences morales, et ne me paraît pas s’être décidé nettement sur le point de doctrine  ; M. Janet enfin, de la Faculté des lettres de Paris, analyse très-finement le livre de M. Bouillier sur le Journal de l’instruction publique , tend, on le voit, à l’Animisme, mais propose ses doutes et accorde même un encouragement inattendu aux organiciens. — Le débat est par conséquent bien ouvert, toujours ouvert, et je ne crois pas qu’il soit inopportun d’y entrer. En procédant, comme je vais le faire, sur le texte même des écrivains qui m’ont précédé, par voie de critique psychologique, j’obéis à leur méthode, qui est la seule bonne méthode, afin d’établir contradictoirement, à mon point de vue, le fondement de ma dialectique et de mon ontologie. Je prie le lecteur de considérer que cette discussion ne peut être que laborieuse, difficile, délicate, qu’elle exige qu’il soit tenu compte des nuances, pour l’appréciation capitale des faits psychologiques. De ces faits trop fugitifs, je dirai même de ces subtiles données, dépendent, en effet, les premières inductions rationnelles, et de celle-ci la métaphysique. — Je réclame donc toute attention, comme toute bienveillance.
SUR LA PSYCHOLOGIE
DE M. TISSOT
I
Contre l’Idealisme subjectif, — il se résout en scepticisme
L’honorable doyen de la Faculté des lettres de Dijon, M. Tissot, a publié récemment un livre considérable, la vie dans l’homme 1 , une psychologie suivie d’une métaphysique de la vie, l’histoire de l’Animisme et l’apologie de cette doctrine, par voie directe et par voie d’exclusion. — Toute science qui prétend s’appuyer sur un fondement solide, débute par l’observation de la conscience ; M. Tissot s’en souvient et s’attache fortement à cette saine méthode. — Telle psychologie, telle métaphysique ; il nous faut donc y regarder de près.
La connaissance est un fait primitif, un état du moi, un fait de conscience, et l’on ne comprend pas qu’il y ait connaissance sans que l’on sache que l’on connaît. (t. 1, p. 32). A merveille ; voilà ce que les diverses connaissances, perceptions, notions, conceptions ont de commun ; jusqu’ici rien ne nous divise ; mais dès que j’arrive à ce qui distingue ces connaissances les unes des autres, je vois poindre un scepticisme qui s’abîmera certainement dans le nihilisme, s’il est conséquent. Exemple : « La perception externe a pour objet une » manière d’apparaître des choses extérieures. » (t. 1, p. 33). Comment ! sur la portée de cette affirmation, il n’y aurait ni réserves, ni distinctions à établir ? Des objets sensibles, nous ne pourrions savoir, la raison même venant irrésistiblement en aide à la perception, que leur apparaître , rien de leur être ? Les sévères distinctions cartésiennes, entre les qualités premières et secondes des corps, seraient décidément illusoires ? — Laissons le scepticisme prendre pied.
« Les prétendus phénomènes externes ne sont tels qu’en apparence ; leur objectivation est l’œuvre même de la raison ; les agents extérieurs ne sont que la cause occasionnelle inconnue en soi de ce qui se passe en nous ; il n’y a de réellement connu que des états internes. » (t. 1, p. 34). — Si les pretendus phénomènes externes ne sont tels qu’en apparence, que devons-nous croire lorsque M. Tissot nous parle d’agents extérieurs qui sont la cause occasionnelle de ce qui se passe en nous ? Qu’il dise la prétendue cause occasionnelle, son apparence ! Celui pour qui l’objectivation du monde sensible est l’ouvrage de la raison (ce qui signifie que le monde sensible n’est autre, en définitive, que le moi transporté hors de lui par sa propre force), sortira-t-il jamais du moi, de l’idée subjective, rompra-t-il jamais le cercle de l’illusion ?
Je serre de plus près la pensée du philosophe : 1° « Concevoir est une manière de connaître. » (t. 1, p. 30). 2° « Toute espèce de connaissance est un état du moi. » (t. 1, p. 31). Donc la conception est un état du moi. Mais, 3° « ce qui fait le moi, ce n’est pas la volonté, c’est la conception moi. » (t. 1, p. 65). Donc, ce qui fait le moi, c’est un état du moi ; donc le moi aurait un état avant d’être, car fait ne signifie pas ici connaît. Je le prouve. « Le moi est le produit de la conception du moi. » Plus d’équivoque. Et enfin : « Les conceptions sont logiquement antérieures au moi, puisqu’elles l’engendrent.  » (p. 48). — Donc, en résumé, le moi de M. Tissot se connaît avant d’être, et il n’est lui-même qu’une conception, qu’une connaissance partielle ou abstraite d’un certain état de la conscience. Est-ce là notre moi réel et personnel ? Non&#

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