De l affadissement du sel - Lettres de Y à Z
54 pages
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De l'affadissement du sel - Lettres de Y à Z , livre ebook

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Description

Mon cher ami,« Vous êtes le sel de la terre. »A qui, de la montagne, Jésus adressait-il ces étonnantes paroles ?Etait-ce à la multitude qui en couvrait les flancs ? — Non, c’était aux douze, qui se tenaient plus près : accesserunt.Mais encore, était-ce aux bateliers, qu’il avait pris sur les rivages de cette mer dont on apercevait au loin les flots ; qui avaient laissé barques et filets pour le suivre. — Non, ce n’était pas ces douze paysans qui étaient le sel de la terre.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346046539
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Julien Constant
De l'affadissement du sel
Lettres de Y à Z
4 e série  —  De l’affadissement du sel
Lettre 14 e  — 1 re de la 4 e série
DE L’AFFADISSEMENT DU SEL. — LA RÉVÉLATION ET LA SCIENCE

Mon cher ami,
« Vous êtes le sel de la terre. »
A qui, de la montagne, Jésus adressait-il ces étonnantes paroles ?
Etait-ce à la multitude qui en couvrait les flancs ?
 — Non, c’était aux douze, qui se tenaient plus près : accesserunt.
Mais encore, était-ce aux bateliers, qu’il avait pris sur les rivages de cette mer dont on apercevait au loin les flots ; qui avaient laissé barques et filets pour le suivre.
 — Non, ce n’était pas ces douze paysans qui étaient le sel de la terre.
Ce Vos, c’était le Vos autem, qu’il interpellait, dans une circonstance non moins mémorable.
Ils étaient, ce jour-là, à Césarée de Philippe.
Et Jésus leur dit : « Que disent les hommes que soit le Fils de l’homme ? » — Et, leurs diverses réponses entendues, mais vous, dit-il : Vos autem.
Vous m’avez appris ce que disent les hommes. Mais vous, vous, qui êtes autres que des hommes ; car, autrement, je ne vous demanderais pas d’autre réponse qu’à eux : Vous qui êtes des dieux. Vos autem.
Ce n’est pas moi que vous entendez, mon cher ami, c’est saint Jérôme, commentant l’admirable page de la confession de saint Pierre ; lequel, alors, n’est plus le Pierre de la chair et du sang, mais le Pierre du Père Céleste qui en lui révélant ce qu’il dit, lui communique ce qu’il est.
Donc, c’est à ceux-là, à ceux qu’il voit, à l’avance, oints de son Esprit, imbus de son Esprit, divinisés par son Esprit, fondateurs, avec Lui et son Esprit, de cette Eglise qu’il laisse au monde ; c’est à ces hommes divinisés, qu’il dit : «  Vous êtes le sel de la terre ».
Le sel de la terre, c’est donc ce qu’il y a de divin, dans ces douze, et dans les successeurs, qui continueront les douze, qui seront, après les douze, pour la terre, ce qu’auront été les douze, le sel  ; qui porteront le divin en eux, et communiqueront ce divin au monde, jusqu’à la fin des temps.
Or, il y a deux choses divines dans l’Eglise, et, par suite, sur cette terre qui les reçoit de l’Eglise : la vérité divine et la vertu divine.
 — La Vérité divine.
La vérité divine est inaccessible à la science humaine. Vincens scientiam nostram, disait Job.
Quis cognovit sensum Domini ? « Qui a connu le sens de Dieu ? » reprenait saint Paul.
Or, quand on ne peut connaître par sa science, il ne reste qu’une ressource, connaître par la science d’un autre. Et pour la communion, à la science d’un autre, il faut l’affirmation ou le témoignage de cet autre.
Donc, pour connaître par la science de Dieu, il faudra, à qui doit connaître, l’affirmation ou le témoignage de Dieu.
Mais ce témoignage de Dieu est un fait extérieur, et, comme tel, a besoin, à son tour, de son témoin.
Et, pour que le fait du témoignage de Dieu parvienne sûrement à celui que le témoignage doit instruire, il faudra, qu’à son tour aussi, ce témoin soit divin.
Et, comme le témoignage de Dieu ne doit pas seulement instruire les contemporains de ce témoignage, mais les générations qui suivront, il faut que le témoin divin, autrement, infaillible, qui en répond, le transmette à un dépositaire divin et infaillible comme lui, qui le transmette à un autre, et cet autre à un autre, avec titres semblables, jusqu’à la fin des temps. En d’autres termes : il faut une tradition divine.
Et, comme le témoignage divin s’exprime par des paroles, et que les paroles sont susceptibles de plusieurs sens, il faudra un interprète de la parole divine et il le faudra, divin comme elle, pour qu’il réponde infailliblement du sens des paroles.
Enfin, comme les œuvres de Dieu sont simples, et qu’il n’emploie jamais deux moyens, où un seul suffit, le témoin divin et perpétuel de la parole de Dieu sera l’interprète divin et perpétuel de cette parole. La tradition divine qui la transmettra sûrement, sans péril d’erreur, l’interprétera sûrement et sans péril d’erreur.
Tel est l’organisme divin de la vérité divine qui éclaire le monde depuis bientôt vingt siècles.
Mais voici que :

« Du bout de l’horizon accourt avec furie « Le plus terrible des enfants « Que le Nord ait porté, jusque-là, dans ses flancs : L’exégète.
« Tout le mal vous viendra de l’Aquilon, avait dit l’Esprit à Jérémie. Omne malum pandetur ab Aquilone.
L’histoire n’a pas démenti le prophète.
Les Cimbres, au temps de Marius ; les bandes d’Arminius, au temps de Varus ; et les Daces au temps de Trajan ; les Quades, au temps de Marc-Aurèle ; puis les Goths, puis les Huns, puis les Tartares, sous toutes les formes : plus près de nous, et deux fois en un siècle, les Prussiens.
Enfin : l’Exégète.
Mais qu’est-ce que l’Exégète ?
Ce qu’il y a de plus ancien, et de plus nouveau au monde.
L’exégète est l’interprète.
Sous ce vocable, l’exégète est ce qu’il y a de plus ancien. Il y avait des interprètes, chez les hommes, quand Dieu suscita le sien. C’est l’art de Dieu, de prendre et d’élever ce qu’il a sous la main. Il va toujours en montant : Ascensiones disposuit.
Prius quod animale ; deinde quod spirituale.
Postea divinum.
Il ajoute l’esprit à l’animal, dit saint Paul. Mais il couronne le tout en ajoutant le Dieu à l’esprit : Postea divinum.
Donc, de date immémoriale, il y avait des interprètes.
Mais, depuis un peu plus d’un demi-siècle, l’interprète est devenu un tel personnage, il a accumulé tant de science, que les interprètes du passé n’avaient pas, qu’il lui a fallu un nom nouveau. Tant d’accroissement intellectuel ne tenait plus dans le nom du passé : On l’a appelé : exégète.
Mot assez incompris de beaucoup ! Raison de plus ! il n’en sera que meilleur, pour l’emploi qu’on lui veut !
Donc, l’exégète sait tout : plus particulièrement, toutefois, il sait la linguistique, la philologie, l’archéologie.
Et avec ce savoir, il s’est fabriqué un instrument qui sera, dans ses mains, le vérificateur universel, la critique.
Son magique instrument à la main, l’exégète aborde le dépositaire et interprète divin de la parole divine :
Vous avez, dites-vous, des communications divines. Grande faveur qui vous est faite et que beaucoup sont réduits à vous envier. Mais ces oracles divins sont renfermés dans un livre, et, à en juger par le dehors, ce livre est considérable.
Or, tout ce qui est livre relève de moi. Je suis pourvu, je suis muni, je suis armé, pour vous dire, de quelle époque est ce livre ; s’il est d’un ou de plusieurs auteurs ; d’auteurs connus ou d’auteurs inconnus ; de première main, ou rédigé sur documents ; si, enfin, il n’a pas été, dans son ensemble, remanié et refondu par un arrière-compositeur.
Et, de fait, connaissance prise de votre livre, je vous trouve en défaut sur mille points.
Telle partie, que vous croyez de telle date, est d’une date antérieure. Telle autre d’une date postérieure.
Où vous ne pouvez qu’une seule main, j’en vois deux ou trois ; où vous inscrivez tel auteur, j’inscris tel autre, ou même je n’en inscris aucun, parce qu’il n’y en a aucun, dont on puisse répondre.
Enfin, ce que vous présentez, comme monument d’une antiquité vénérable et sans rivale, a été refait, de simple mémoire (les anciens écrits étant perdus), par un homme relativement moderne, sur la foi duquel le peuple juif l’a reçu et le conserve.
Voici ce qui en est de votre livre.
Mais, à ce compte, répond l’Eglise, je n’ai plus de livre. « A la façon dont vous traitez la Bible, disait récemment Pie X, il n’en restera bientôt plus que la couverture ».
 — Toutes mes excuses de vo

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