L Eglise catholique et le mariage en Occident et en Afrique (Tome I)
175 pages
Français

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L'Eglise catholique et le mariage en Occident et en Afrique (Tome I) , livre ebook

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Description

Contesté par bon nombre d'occidentaux, le mariage demeure le lieu privilégié du partage et de l'amour. Et le remariage après le divorce proclame publiquement que on espère cette fois-ci réussir une vie commune stable et durable. Pour les catholiques, la route de la conjugalité est encorsetée par un ensemble législatif d'une autre époque. Ce premier volume s'efforce d'éclairer la manière raide et uniforme dont l'Eglise catholique aborde le mariage, sans prendre en compte les mutations environnantes, qui ne sont pas toutes diaboliques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 223
EAN13 9782296928206
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Église catholique
et le mariage en Occident et en Afrique

T OME 1
Michel L EGRAIN


L’Église catholique
et le mariage en Occident et en Afrique

T OME 1

L’Église catholique entre méfiance et espérance


L’Harmattan
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09196-2
EAN : 9782296091962

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avant-propos
Le triptyque ici publié vise essentiellement l’action et les exigences de l’Eglise catholique dans le domaine particulièrement délicat de la vie de couple et dans la gestion du mariage. Une objection immédiate vient à l’esprit : est-ce donc si opportun aujourd’hui alors que, pour tout disciple de Jésus, l’urgence porte sur l’évangélisation de notre humanité ? En effet, préciseront certains de nos contemporains, chrétiens ou non, n’y aurait-t-il pas intérêt à sortir enfin un peu de la sexualité, en sorte de prospecter plus largement à propos du fonctionnement social, économique et politique de cette Eglise-là, de façon à toujours mieux annoncer un Dieu qui, par l’intermédiaire des épousailles humaines, entend se révéler comme un Dieu d’amour ? L’Incarnation, c’est une alliance qui déborde le seul domaine de la vie sexuelle et familiale. Pour vraie qu’elle soit, une telle perspective n’empêche nullement de constater combien les blocages de l’Eglise catholique, focalisés sur la sexualité, paralysent la vie religieuse d’un grand nombre de ses fidèles, contrairement à d’autres secteurs de vie personnelle et collective où elle tient compte des évolutions culturelles.
C’est pourquoi, ici, il ne peut être question de faire l’apologie systématique de notre Eglise, en multipliant les acrobaties intellectuelles afin de la justifier en toutes ses décisions. Les faits sont têtus, et ils résistent à toutes les tentatives de blanchiment, surtout quand ils sont vécus douloureusement. Certains dysfonctionnements sont équivalents à de véritables trahisons par rapport aux appels de l’Evangile.
Très vite, en rédigeant ces pages, m’est apparu que l’on ne pouvait traiter de la diversité de la vie de couple et de mariage, tant en Occident qu’en Afrique, sans se heurter à tout propos aux positionnements établis par l’Eglise romaine. En effet, toucher à un point disciplinaire ou pastoral, c’est, dans la plupart des cas, oser mettre en cause telle ou telle approche doctrinale, comme si celle-ci, oubliant qu’elle était culturellement située, était devenue immuable. Autrement dit, et selon le langage théologique, une réflexion sur l’ ecclésiologie en place doit nécessairement précéder et accompagner toute proposition d’une gestion pastorale plus diversifiée du mariage et de la vie en couple, dans la perspective où cette Eglise, dirigée par des célibataires, entend offrir une réelle crédibilité en ces secteurs-clés au regard de la plupart des cultures contemporaines.
On a enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où on l’a mis. Rapportée dans l’évangile de Jean (20, 13), cette plainte de Marie la Magdaléenne devant le tombeau vide de Jésus a été utilisée par François Mauriac (1885-1970) pour qualifier, non sans humour et amertume, l’Eglise catholique de son temps. Une Eglise qu’il estimait devenue méconnaissable, car empâtée dans ses lourdeurs doctrinales, institutionnelles et disciplinaires, alors qu’elle avait commencé dans la liberté et l’allégresse de l’Esprit. Cet Esprit qui redit sans cesse à l’Eglise que son levier le plus profond, c’est la grâce, cette mise à l’écoute de la divinité et de l’humanité ( upakoè ), et cela avant l’organisation institutionnelle, avant le bon fonctionnement, avant le droit et avant la conquête. Or, l’insistance sur la soumission, commune à la plupart des religions, gomme en bonne part l’attitude centrale de l’Evangile : la confiance, une confiance filiale et non pas servile.
De fait, sous couvert de répandre la Bonne Nouvelle, l’Eglise demeure toujours tentée, comme toute institution, d’appuyer ses convictions par le biais d’une domination de type patriarcal ou matriarcal. Et ce pouvoir ecclésiastique s’avère d’autant plus redoutable qu’il s’avance sous le masque du sacré, un type de pouvoir auquel Jésus de Nazareth s’est vite trouvé confronté. On a trop souvent oublié que le partenariat s’avère plus consonant avec l’Evangile, davantage performant et épanouissant pour tous. Heureusement, ce souci évangélique habite de nombreuses petites communautés locales, y compris dans des pays économiquement défavorisés, qui savent prendre quelques libertés par rapport aux instances dirigeantes de leur Eglise.
Davantage que d’autres peut-être, ressentent douloureusement cet énorme décalage celles et ceux qui s’efforcent de vivre de l’Evangile auprès de populations qui n’ont pas connaissance de Jésus-Christ. Ainsi, le missionnaire René Jaouen, attentif aux attentes spirituelles de nombreuses ethnies africaines, reprenait-il volontiers l’interrogation ci-dessus évoquée : Où donc est passée la liberté de Jésus de Nazareth, lui qui, parce qu’il donnait priorité aux personnes sur le sabbat, scandalisait les autorités religieuses de son temps ?
Ouvre ta bouche en faveur du muet , demande l’Ecriture (Pr. 31, 8). Bien des prophètes de la Première Alliance ont montré un tel courage, parfois au risque de leur vie, traçant ainsi la voie à Jésus lui-même. Il importe que l’Eglise propose à nos contemporains un Dieu d’espérance et d’amour, davantage audible aux oreilles et au coeur de toute personne de bon vouloir. Des pharisiens dans la foule lui ont dit : Maître, fais taire tes disciples. Il a répondu : Je vous le dis, si eux se taisent, ce sont les pierres qui hurleront (Lc 19, 39-40).
Aujourd’hui, à l’invitation du très libre et très courageux théologien Dietrich Bonhoeffer, il convient de risquer de dire des choses contestables, pourvu que des questions vitales soient soulevées. En écho à cette voix protestante autorisée, le catholique Yves Congar a écrit : On peut condamner une solution, si elle est fausse, on ne condamne pas un problème. ( L’avenir des prêtres-ouvriers , journal Témoignage chrétien , 25.09.53).
Oser avancer des propositions contestables, surtout quand on le fait parfois avec une grosse voix, peut sembler orgueil et témérité. Et l’on objectera que toutes ces critiques et suggestions manquent de démonstration et de preuve. Certes, et un bon nombre de propositions exprimées dans cet ouvrage relèvent d’une intime conviction. Si la conviction n’est pas de l’ordre de la preuve, elle n’est pas sans ’raison’. Elle se construit à partir de signes. La preuve s’impose, le signe parle, bien qu’il demande à être interprété. La conviction n’est pas une affirmation arbitraire, elle est l’objet d’une réflexion, d’un jugement qui intègre les divers signes qui ont été captés.(…) La conviction intime est au-delà de la preuve, car elle fait appel non seulement à la raison, mais à toutes les ressources de l’être. (Maurice Fourmond, Quoi de neuf sur Dieu ? , éd. de l’Atelier, 2006, p. 23-24).
Par exemple, le commun des mortels partage cette intime conviction : l’actuelle gestion du mariage des catholiques ne s’impose pas au nom d’une interprétation sereine de l’Evangile. Il suffit en effet de regarder avec lucidité la législation canonique du mariage des catholiques, spécialement à travers l’ensemble des méandres des divers empêchements et conditions de validité et de licéité de sa célébration. Ou, mieux encore, les subtilités d’une déclaration de nullité ou de rupture de certains mariages. Certes, beaucoup de ces points relèvent d’une indispensable règlementation concernant le mariage, mais la plupart d’entre eux n’ont rien à voir avec la foi, et devraient donc relever du seul domaine social ou civil. Il serait heureux que l’Eglise catholique se penche sur l’avertissement donné par Montesquieu : Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires. L’envahissement du droit et de l’éthique dans la vie de l’Eglise, engendre nécessairement un certain nombre d’effets pervers que l’on relèvera au fil de notre réflexion. Disons simplement ici que, dans le domaine sacramentel, l’enflure des frontières entre le valide et l’invalide, le licite et l’illicite, dévalorise le champ immense et quotidien du pré-sacramentel comme celui du para-sacramentel.
Sur la lancée du concile Vatican Il, et en constatant que la hiérarchie actuelle ne pousse guère les feux en vue de donner corps aux espérances d’alors, bien des baptisés estiment qu’il leur revient de mettre la main à la pâte. Ils n’acceptent plus de vivre dans un état l&#

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