L Enthousiasme
52 pages
Français

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L'Enthousiasme , livre ebook

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Description

Les personnes qui n’analysent pas les phénomènes, qui les considèrent uniquement de l’extérieur et qui se contentent d’explications satisfaisant l’imagination, s’en tiennent souvent à la définition spirite de l’enthousiasme. C’est celle-ci que nous trouvons dans le volume de M. Léon Denis, Après la mort. « Il n’est pas d’homme, dit-il, qui n’agisse sous l’influence bonne ou mauvaise des esprits. Nous vivons au milieu d’une foule invisible qui assiste, silencieuse, attentive aux détails de notre existence, participe par la pensée à nos travaux, à nos joies et à nos peines.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 3
EAN13 9782346056385
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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FACULTÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTE DE PARIS

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Examinateurs de la soutenance :

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La Faculté n’entend ni approuver ni désapprouver les opinions particulières du candidat.
 
 
 
188
Samuel Eynard
L'Enthousiasme
PRÉFACE

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Le réveil de l’Église préoccupe beaucoup d’esprits mais fort peu considèrent comme proches parents de l’enthousiasme populaire les phénomènes moraux spontanés qui accompagnent d’ordinaire les réveils.
Étudier l’enthousiasme ; en connaître les éléments, les limites ; déterminer l’utilité pratique de la spontanéité religieuse ; signaler des exagérations déraisonnables, l’exaltation des agités et des fanatiques, nous semble contribuer au développement du christianisme.
INTRODUCTION

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Le sujet que nous avons choisi présente des difficultés.
Nous n’avons découvert qu’un ouvrage spécial sur l’enthousiasme 1 . Ce livre remarquable, malgré son titre et les tendances des psychologues d’outre-Manche, ne nous a pas été d’un plus grand secours que l’ Histoire des Variations des Eglises protestantes, dans laquelle Bossuet cherche à réduire la Réforme aux élans d’un enthousiasme insensé. Taylor et Bossuet ignoraient les découvertes récentes de la psychologie physiologique. Ils ne pouvaient poursuivre jusqu’à sa fin une analyse d’autant moins aisée que l’enthousiasme se cache parmi les ténèbres de la spontanéité.
Pour connaître l’enthousiasme, il faut l’avoir d’abord contemplé en soi-même, au moyen de la conscience réfléchie. Mais cet état d’âme n’est pas si sûr qu’aucune cause de trouble ou d’erreur n’intervienne. L’observateur ne peut-il pas se tromper de bonne foi ? N’y a-t-il pas des états de conscience multiple, de subconscience et d’hyperconscience ?...
On sait que, d’ordinaire, l’homme non dégénéré a conscience de ce qui se passe en lui. L’obscurité de cette connaissance naturelle disparaît par la réflexion. Mais il s’agit d’un cas exceptionnel. L’enthousiasme est un phénomène rare dans ses formes supérieures et si merveilleux, même dans ses manifestations communes, qu’on l’a tenu pour surnaturel et miraculeux. La réflexion l’altère et le suspend. Cependant, il laisse après lui un souvenir qui équivaut au fait lui-môme, car il en est la représentation. Ceux qu’a une fois animés l’enthousiasme en gardent la mémoire toute leur vie. Ils se sont sentis comme transportés par une force ineffable qui multipliait leur puissance d’une manière en quelque sorte explosive.
Dans cet état la conscience est anormale, d’une force et d’une clarté exceptionnelles chez les sujets sans misères psychologiques et souvent inférieure parmi les dégénérés. Beaucoup de ceux qu’on nomme enthousiastes, à cause de l’excitation à jet continu dont ils sont affligés, ont une conscience rudimentaire mêlée à des accidents nerveux et lepsiques qui sont du domaine de la psychologie physiologique. La mémoire peut alors disparaître comme dans l’hypnotisme, le somnambulisme et la catalepsie.
L’homme le plus sain d’ordinaire ne peut affirmer qu’il le sera toujours, et que les observations qu’il croit faire sur un sujet convenable ne sont pas celles d’un malade ou d’un affaibli. Aussi nous avons éclairé nos appréciations personnelles par celles des moralistes, des prédicateurs et des romanciers qui cherchent à connaître le fond de l’âme. Les romanciers n’étudient guère cependant que l’enthousiasme d’un type particulier, celui des jeunes gens, et sont habitués à se peindre eux-mêmes dans leurs œuvres, la plupart du temps. Leurs descriptions de l’enthousiasme des hommes inférieurs ne sont pas toujours conformes à la réalité, parce qu’ils n’ont pas assez vécu avec eux et ne les ont pas étudiés à la lumière de la psychologie scientifique.
Il convenait, dès lors, pour suppléer à cette insuffisance, de constater la naissance, le développement et l’extinction de l’enthousiasme chez les autres.
Qu’il nous soit permis d’exposer les circonstances où nous avons pu voir quelques cas de cet enthousiasme. religieux qui est le principal objet de ce travail.
C’était d’abord à Genève. L’Armée du Salut venait d’arriver et, pendant les trois premiers mois de ses exercices dans cette ville, nous prenions des notes inspirées par l’attrait de la nouveauté. Il se produisit, d’une manière indépendante, vers cette époque, un réveil parmi les étudiants de la Faculté libre de Théologie, mouvement qui se propagea à l’Université et à l’Union chrétienne 2 . Nous avons interrogé les physionomies, assisté aux assemblées, aux longues veilles, aux nuits passées en prières avec les natures incultes, les gens du peuple, les étrangers, et nous avons constaté les actes presque toujours irréfléchis des enthousiastes.
C’est ensuite à Edimbourg que nous avons continué nos observations, suivant jusqu’à sept réunions par jour : depuis les Free-breakfasts donnés aux déclassés de Holyrood, d’Arthur’s seat et de High-street, pour finir par les conférences de M. le Prof. Drummond. Un cas curieux d’exaltation prophétique, chez un pasteur, attira notre attention dans cette ville. Deux cas similaires nous frappèrent bientôt après, à Londres, tous deux chez des personnes instruites. En même temps, nous parcourions les parcs et l’East-End, en quête de nouveaux documents ; tantôt dans les assemblées religieuses du quartier de la Tour et de la rue des Docks, où les matelots de toutes les nations ne cessent d’affluer et d’entendre la prédication de l’Évangile ; tantôt à Exeter Hall assistant aux exhibitions du général Booth qui montrait des Hindous et des Australiens dont l’enthousiasme bizarre étonnait l’auditoire. Un Hindou, espèce de fakir, avait des gestes nerveux qui se succédaient avec rapidité ; il s’excitait en battant du tambourin et, bondissant, témoignait de sa foi en Jésus-Christ, les yeux hagards. Le représentant des tribus australiennes vint ensuite, sur un ton doux et triste, exposer lentement son ardeur religieuse. Tout ce que l’Armée du Salut avait de plus enthousiaste assistait à cette fête.
Les cas pathologiques, qui sont si décisifs pour la solution des problèmes psychologiques, sont cependant ceux que nous avons pu le moins examiner. Nous y avons suppléé, du mieux possible, au moyen de lectures spéciales. C’est ainsi que nous sommes arrivé à constater un rigoureux parallélisme entre certaines lois psychologiques et des lois physiologiques. La spontanéité psychologique parait soumise aux règles de la spontanéité corporelle. Celle-ci a pour cause une accumulation de force provenant du repos et de l’assimilation vivifiante des aliments, sauf dans les cas d’hyperexcitabilité maladive. Si ces deux modes de la spontanéité ont une cause identique, que devient la théorie spirite de l’inspiration des hommes de génie entraînés par des esprits bienfaisants ? Que penser des mouvements d’enthousiasme religieux qui se succèdent à travers les âges ? Est-ce Dieu qui intervient directement dans la spontanéité morale ? Que croire au sujet de l’œuvre du Saint-Esprit dans la conversion et la régénération ? Tels sont quelques-uns des problèmes que nous avons cherché à résoudre.
Nous espérons contribuer ainsi à prolonger dans la théologie cette voie nouvelle où la psychologie scientifique est appliquée à l’étude des phénomènes religieux. Il ne faut pas que la théologie soit une science de simple érudition, ou une science plus érudite que pratique. « Le temps se chargera de confirmer les prévisions de Renan sur les sciences de pure érudition. Elles n’ont pas d’avenir. Leurs résultats sont trop précaires, trop sujets à controverses. L’érudition pure perdra, tuée par l’énormité des matériaux, toute autorité auprès des esprits pensants 3  ». Il faut, au contraire, que la théologie soit, au moins, aussi pratique que spéculative et

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