La Liberté des hommes
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La Liberté des hommes , livre ebook

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Description

Depuis quelques années, face à la montée des fondamentalismes, l’idée que la religion serait par excellence source de tyrannie et incitation à la violence semble prévaloir. Et la Bible, juive comme chrétienne, n’échappe pas aux attaques. Qu’enseigne-t-elle en profondeur sur les questions politiques fondamentales ? Pour Armand Laferrère, « les textes bibliques apportent des réponses au moins aussi riches, aussi subtiles et aussi réalistes que celles de toute la philosophie politique européenne ». Surtout, extraordinairement cohérente, la Bible a légué à l’humanité le principe selon lequel, du fait de la tendance de la nature humaine à faire le mal, tout pouvoir politique doit être limité. Loin d’être une source d’oppression, elle est, au contraire, un rempart contre toutes les tyrannies. Revenant aux sources historiques de ce qui a permis l’apparition d’une culture exaltant la liberté des individus et la protection des faibles, Armand Laferrère propose une véritable redécouverte de la Bible : ce n’est pas seulement un trésor spirituel, c’est aussi un bréviaire pour notre temps. Normalien, énarque, Armand Laferrère est membre du comité de rédaction de la revue Commentaire. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738177698
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Armand Laferrère
La Liberté des hommes
Lecture politique de la Bible
 
© Odile Jacob, janvier 2013 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-7769-8
www.odilejacob.fr
Table

Introduction
Chapitre 1. La méfiance à l’égard du pouvoir, ou les origines de la liberté
Le Pentateuque, pierre fondatrice de la Bible
La nature humaine dans les textes fondateurs : deux qualités divines…
… accompagnées par une constante inclination au mal
Les faiblesses des grands hommes
L’invention de la séparation des pouvoirs
« Souviens-toi que tu as été esclave en Égypte »
Le Décalogue : un remède contre la tyrannie
Chapitre 2. Comment créer et défendre un peuple
Les Hébreux étaient-ils vraiment venus d’Égypte ?
L’expansion israélite en Canaan : conquête ou assimilation ?
Pourquoi la Bible insiste-t-elle sur les liens familiaux entre Israël et ses ennemis ?
« Il en sera de vous comme de l’étranger devant l’ÉternelNombres 15, 15. »
Le livre d’Esther : comment défendre un peuple sans armée et sans terreLes idées principales de ce passage ont été inspirées par l’ouvrage de Yoram Hazony, The Dawn : Political Teachings of the Book of Esther , Shalem Press, 2000.
Chapitre 3. Le livre des Juges : l’impossibilité d’un pouvoir faible
Le régime des Juges : un pouvoir décentralisé et accessible à tous
Déborah : chef de guerre et premier auteur identifié de la Bible ?
Gédéon, ou le meilleur des Juges
Abimélech et Jephthé, ou le début du déclin
Samson, ou la perte de soi
L’échec final du régime des Juges : le crime des Benjamites
Chapitre 4. Saül et David, ou les faiblesses des rois
Samuel : prophète, juge, faiseur de rois contre son gré
Saül : la tragédie d’un honnête homme au pouvoir
La prise du pouvoir par David : un modèle d’habileté
Le règne de David : triomphe d’Israël et duplicité politique
« Comment les héros sont-ils tombés ? » : faiblesses et déclin de David
Les psaumes : la rencontre entre la politique et l’âme
Chapitre 5. Les livres de Salomon, ou la sagesse d’un grand roi
L’image biblique du roi Salomon
Un roi à la sagesse toute relative
Le livre des Proverbes : une sagesse pédagogique et pratique
L’Ecclésiaste : une sagesse intime apportée par la vie
Le Cantique des cantiques : sagesse et affirmation de la vie
Chapitre 6. Les prophètes d’Israël avant l’exil à Babylone : des acteurs politiques en dehors des structures du pouvoir
Quatre siècles de division et de chaos
La prophétie, un espace de liberté de parole face au pouvoir
Le prophète Élie et la vigne de Naboth : la liberté de parole contre l’arbitraire
Le prophète Amos, ou l’invention de la gauche ?
Quand le prophète Ésaïe enseigne la Realpolitik
Jérémie, ou la nécessité de contempler l’échec pour survivre
Chapitre 7. Les livres de l’exil : comment préserver l’identité d’un peuple vaincu
La défaite : une preuve parmi d’autres de l’élection divine
La valeur universelle des expériences d’un seul peuple : le second Ésaïe
L’attente du Messie, ou pourquoi tout n’est pas perdu
Le brouillard de l’histoire et les textes apocalyptiques
Job, ou comment apprendre à ne pas poser de questions
Comment l’exil à Babylone a préparé les Juifs à survivre à la diaspora
Chapitre 8. Jésus, ou le renversement des valeurs politiquesPlusieurs des idées de ce chapitre ont été influencées par l’ouvrage de Tod Lindberg, The Political Teachings of Jesus, Harper Collins, 2007.
Qui était Jésus ?
L’impact politique de Jésus sur ses contemporains
La règle d’or, fondement d’un nouvel ordre politique
Le Sermon sur la montagne : un programme de vie sociale
Le royaume : événement religieux demain, obligation politique aujourd’hui
Peut-on mettre en pratique un enseignement révolutionnaire ?
Chapitre 9. Religion de lois ou religion d’amour : une distinction plus politique que théologique
Jésus, professeur de Torah
L’amour au-dessus de la loi : un principe de la Torah
L’abandon de la Loi : une contrainte politique postérieure à la mort de Jésus
Chapitre 10. Paul, ou l’organisateur
Qui était Paul ?
La nostalgie d’une organisation utopique : le modèle de la première Église de Jérusalem
La dispute de Jérusalem et les missions de Paul
Les conseils aux Églises nouvelles : leçons politiques d’un grand organisateur
Les lettres apocryphes : consolidation de l’Église et fin de la tradition biblique
Paul, l’écrivain
En guise de conclusion : liberté et culture
Pour aller plus loin
Annexe : Les 66 livres de la Bible
Remerciements
À Victoria, Nazar, Ruslan et Maxime.
 
Introduction
 

Ne mettez pas votre confiance dans les princes, dans le fils de l’homme, qui ne peut sauver.
Psaume 146, 3.
Depuis quelques années, l’idée que la religion serait source de tyrannie – et que les religions monothéistes seraient particulièrement hostiles à la liberté – est redevenue à la mode.
Cette idée n’est pas neuve ; elle était considérée comme un cliché sous l’Ancien Régime. En 1777, le poète florentin Vittorio Alfieri écrit, au chapitre 8 de son ouvrage De la tyrannie  : « La religion païenne, en multipliant sans fin le nombre des dieux, en faisant de l’Olympe une espèce de république, en soumettant Jupiter lui-même aux lois du destin, en lui faisant respecter les usages et les privilèges de la cour céleste, devait être et fut en effet très favorable à la liberté. La religion judaïque, ensuite les religions chrétienne, mahométane, qui admettent un Dieu seul, maître terrible et absolu de toutes choses, devaient être, ont été et sont toujours beaucoup plus favorables à la tyrannie 1 . »
Immédiatement après ce passage, cependant, conscient qu’il est en train de répéter un lieu commun (et qu’il risque de se faire moquer par sa maîtresse la duchesse d’Albany, qu’il cherchait à impressionner par sa liberté de pensée), il ajoute : « Je passe légèrement sur ces choses qui ne m’appartiennent pas et que d’autres ont dites avant moi. »
Les accusations de tyrannie portées contre le monothéisme s’étaient calmées dans les dernières années du XX e  siècle. Sans doute cet apaisement n’était-il pas sans lien avec les massacres perpétrés au cours du siècle par deux totalitarismes qui, malgré leurs différences, avaient en commun de haïr la religion. (Pour être plus précis, les communistes refusaient toute religion ; les nationaux-socialistes se contentaient de haïr le monothéisme, mais conservaient une certaine tendresse pour le paganisme 2 .)
Dans le monde postnazi et postcommuniste des années 1990, on pouvait encore conclure (sans nier que l’histoire présente des exemples de tyrannies religieuses) que les idéologies qui ont voulu remplacer les religions se sont souvent montrées plus tyranniques qu’elles.
Pourtant, plusieurs auteurs, depuis le début de notre siècle, ont tenté de ressusciter le cliché d’Ancien Régime qu’Alfieri ne mentionnait qu’en s’excusant de sa banalité.
Une partie de la popularité renaissante des arguments antireligieux est due à l’apparition de la menace djihadiste : un mouvement à la fois totalitaire et religieux, qui représente sans doute le danger le plus important pour la liberté individuelle dans le monde contemporain. Or, dans la réaction des intellectuels face à cette menace, une curieuse contradiction est apparue.
Certains ont rapidement conclu que le terrorisme n’est pas une raison pour condamner l’islam dans son ensemble. Sur ce point, ils avaient entièrement raison. Le djihadisme n’est que l’un des courants historiques de l’islam ; des conflits violents l’ont opposé et l’opposent encore à d’autres courants, si bien qu’il serait de mauvaise méthode de chercher à tirer des conclusions trop générales.
Mais ce raisonnement de bon sens n’a pas empêché d’autres auteurs de se lancer dans une généralisation bien plus hasardeuse. Ces auteurs refusent de condamner l’islam pour le terrorisme, mais cela ne les empêche pas d’accuser la religion dans son ensemble – ou, du moins, les religions monothéistes. On a ainsi vu apparaître dans les librairies une série d’ouvrages condamnant les penchants totalitaires des religions chrétienne et juive.
Cette réaction a autant de sens que celle qui reviendrait à dire : « Je ne peux pas reprocher à cet homme d’avoir un frère délinquant, mais je peux certainement condamner tous ses cousins pour le même motif. »
Plusieurs de ces nouveaux auteurs antireligieux, faute de pouvoir se fonder sur des faits historiques solides, se sont tournés vers l’étude des textes pour prouver leur thèse. Ils ont accordé un soin particulier à chercher à prouver que la Bible, texte fondateur du monothéisme mondial, serait à l’origine des dérives totalitaires de l’humanité.
Dans le monde anglo-saxon, Richard Dawkins ( Pour en finir avec Dieu , Robert Laffont, 2008), un spécialiste de la biologie génétique, conclut de sa lecture de la Bible que « le Dieu de l’ancien testament est probablement le caractère le plus odieux de toute la fiction : jaloux et fier de l’être ; un petit chef mesquin, injuste et incapable de pardonner ; un épurateur ethnique vindicatif et assoiffé de sang ; une brute misogyne, homophobe, raciste, infanticide, génocidaire, meurtrière de ses enfants, mégalomane, sadomasochiste et capricieusement malintentionnée ».
En France, Michel Onfray ( Traité d’athéologie , Grasset, 2005) voit dans les textes bibliques la source de « millions de morts sur tous les continents, pendant des siècles, au nom de Dieu, la Bible dans une main, le glaive dans l’autre : l’Inquisition, la torture, la question ; les croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations, les bûchers ; la traite des Noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes et des enfants ; les génocides, les ethnocides des conquistadores très chrétiens, certes, mais aussi, récemment, du clergé rwandais aux côtés des exterminateurs hutus ; le compagnonnage de route avec tous les fascismes du XX e  siècle, Mussolini, Pétain,

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