La Libre Pensée et les Religions
35 pages
Français

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La Libre Pensée et les Religions , livre ebook

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Description

Le conflit entre la Libre Pensée et la Religion. — Quelle pourra en être l’issue ? — Comment Libre Pensée et Religions pourront travailler de concert au progrès. — L’idéal des religions. — L’idéal de la Libre Pensée. — La méthode critique en face du sentiment religieux. — La méthode critique et la science des religions. — Comment la science des religions perfectionne les religions. — Impossibilité de supprimer le sentiment religieux.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 3
EAN13 9782346057450
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Arsène Elvend
La Libre Pensée et les Religions
CHAPITRE PREMIER
Le Conflit
Le conflit entre la Libre Pensée et la Religion.  —  Quelle pourra en être l’issue ?  —  Comment Libre Pensée et Religions pourront travailler de concert au progrès.  —  L’idéal des religions.  —  L’idéal de la Libre Pensée.  —  La méthode critique en face du sentiment religieux.  —  La méthode critique et la science des religions.  —  Comment la science des religions perfectionne les religions.  —  Impossibilité de supprimer le sentiment religieux.
 
Jamais la lutte entre la Libre Pensée, puisque c’est par ce pléonasme que l’on désigne ce qui mériterait plutôt le nom de Libre Examen, et les Religions n’a été aussi acharnée, aussi violente, aussi fertile en incidents qu’à l’heure actuelle. Quoique la plus grande partie de l’humanité soit encore fidèle aux vieux systèmes religieux, sa portion la plus active, la plus agissante s’est dégagée des dogmes et des rites anciens et ne trouve plus aux pratiques religieuses qu’un goût de cendres.
Ce grand combat, cette lutte qui divise les hommes en clans hostiles, aura-t-elle pour conséquences l’anéantissement d’un des deux partis où se terminera-t-elle par une paix amiable ? La Libre Pensée reconnaîtra-t-elle ce que la foi a d’intime, de personnel et de vivant et les religions se décideront-elles à respecter la vérité scientifique et la critique indépendante ? Y aura-t-il association de l’une aux autres ? N’y aura-t-il ni subordination de la liberté de penser à la croyance religieuse, ni anéantissement de la foi au profit du libre examen ? L’humanité devra-t-elle sacrifier à ce dilemme soit sa liberté intellectuelle, soit ses croyances ?
Pour que les religions et la Libre Pensée puissent contribuer au développement de la culture morale et intellectuelle des hommes, il faudra que les religions fassent de grands sacrifices, il faudra qu’elles laissent se détacher d’elles leurs parties caduques : les dévotions sans âme, les rites magiques, les offrandes et les prières intéressées. Elles devront renoncer aux excommunications et aux anathèmes pour ne conserver que l’esprit de dévouement : la charité et l’amour. Les actes de vertu remplaceront alors les prières et les actes d’altruisme les dévotions donnant-donnant. A son tour, la Libre Pensée ne devra pas se laisser tromper par les clameurs intéressées des uns ni par les lamentations hypocrites des autres. Elle ne pourra plus se refuser d’examiner les problèmes spirituels et moraux. Elle ira toujours plus avant dans la recherche des horizons nouveaux et des solutions nouvelles sur la route du progrès de l’humanité.
Religions et Libre Pensée sont encore bien loin de cet idéal. Les religions avec leurs petites chapelles, leur esprit d’intolérance, leurs divisions et leurs querelles ne laissent guère prévoir cette immense synthèse que devra être la religion de l’avenir. C’est sur les ruines des religions que s’élèvera l’immense basilique de la religion ouverte à tous. Les religions actuelles ne remplissent que fort imparfaitement leur rôle. Survivances des anciens âges, elles ne dirigent plus aucun des grands courants de la société moderne, leurs fidèles figés dans des attitudes hiératiques n’ont plus la foi agissante d’autrefois, ce sont des disciples dont tous les maîtres sont momifiés. Les religions, ou tout au moins la plupart d’entre elles, ne veulent ni admettre la liberté intellectuelle, ni reconnaître de progrès en dehors d’elles. Par un juste retour des choses, les initiatives de la pensée et le progrès économique se produisent malgré elles et contre elles. La science, essentiellement neutre, devient irréligieuse quand les religions se font antiscientifiques. Les religions paraissent ignorer que ce qui convient aux enfants ne suffit pas à nourrir les adultes. La Bible, l’Avesta, le Coran, les Védas reflètent la science des époques où ces livres ont été composés, mais leurs cosmogonies ne peuvent trouver créance près de ceux qui n’ignorent pas le système de Laplace. Les conceptions des anciens touchant l’univers paraissent ridicules et mesquines pour ceux qui savent de quel magnifique et immense ensemble la terre n’est qu’une infime partie. Les religions, si elles ne veulent pas, ou si elles ne peuvent pas se modifier, devront disparaître, car tant qu’elles prétendront être au-dessus de la science, elles seront contre la liberté et contre la science. Les signes avant-coureurs de cette révolution religieuse se remarquent partout, et à moins d’une transformation radicale des religions, transformation qui se produira fatalement, car on ne conçoit guère d’humanité sans adorations, les croyances actuelles iront grossir le nombre des croyances mortes. Les religions ont jadis tout embrassé : poésie, art, science, morale, politique. La poésie, l’art, la science, la morale, la politique se séparent de plus en plus des religions. Les prêtres ont fait les lois d’autrefois, les lois enregistrent aujourd’hui leur recul. Le culte jadis rapprochait les fidèles, les cultes les divisent aujourd’hui. Les dogmes des religions ont fait autrefois leur force, ils causent aujourd’hui leur faiblesse.
La Libre Pensée ne doit pas et ne pourra pas rester dans ses anciennes positions, si elle veut contribuer à bâtir l’idéale cité de l’avenir. Elle doit elle aussi se dégager des partis pris et des préjugés, elle ne doit être rien autre chose que l’esprit critique tourné vers les choses de la vie. Elle doit penser et agir en dehors de tout scepticisme, ce dissolvant de la volonté, et de tout dogmatisme irrationnel, cette borne du progrès. La Libre Pensée, si elle veut être vraiment digne de son beau nom, ne doit pas dédaigner l’intuition, le sentiment, l’enthousiasme ; le soleil éclaire mais la foudre illumine. Il y a des forces qui, pour être cachées n’en sont pas moins puissantes et la raison, malgré ses droits et sa beauté, ne peut méconnaître les droits et la splendeur du sentiment. La Libre Pensée n’est pas une panacée, elle ne procure pas le bonheur paradisiaque, car comment la pensée critique pourrait-elle procurer le repos puisque le propre de la pensée critique est de n’être jamais satisfaite. Ce n’est pas dans la science que le bonheur est caché, c’est dans l’amour. Et d’ailleurs, le bonheur doit-il être la fin de l’humanité ?
La Libre Pensée peut et doit travailler en collaboration avec les autres puissances morales à la naissance d’un monde meilleur. Elle le peut, et elle le doit sous peine d’être inféconde. Il y a dans cette société de haines et d’iniquités, de convoitises et de compétitions, de luttes et de guerres, trop de privilèges, trop d’injustices, trop d’inégalités. La force de la pensée, ce privilège est trop souvent mis du côté de la richesse, cet autre privilège. La Libre Pensée, esprit de liberté, doit briser toutes les entraves, rompre toutes les chaînes, libérer tous les esclaves. Ce n’est pas seulement à l’oppression religieuse, — pauvre fantôme sans le secours du pouvoir séculier !

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