Les défunts à la pagode
212 pages
Français

Les défunts à la pagode , livre ebook

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212 pages
Français

Description

Au Vietnam, le culte des ancêtres et le bouddhisme sont deux systèmes religieux distincts. Ils peuvent être juxtaposés et se chevaucher, mais leurs frontières restent relativement étanches l'un pour l'autre. Dans le contexte post-migratoire français, on observe un phénomène étonnant et nouveau : ces deux références religieuses sont amenées à entrer en contact. Cet ouvrage, qui s'appuie sur une enquête de terrain réalisée dans des pagodes vietnamiennes de la région parisienne, décrit les multiples aspects de ce contact entre culte des ancêtres et culte bouddhique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140034800
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jérôme Gidoin
LES DÉFUNTS À LA PAGODE
La bouddhisation du culte des ancêtres
chez les Vietnamiens de la région parisienne
Au Vietnam, le culte des ancêtres et le bouddhisme sont deux systèmes
religieux distincts. Ils peuvent être juxtaposés et se chevaucher, mais leurs LES DÉFUNTS À LA PAGODE
frontières restent relativement étanches l’un pour l’autre. Dans le contexte
post-migratoire français, on observe un phénomène étonnant et nouveau :
ces deux références religieuses sont amenées à entrer en contact, à La bouddhisation du culte des ancêtres
s’interpénétrer. En effet, en France, les pagodes vietnamiennes intègrent
chez les Vietnamiens de la région parisienneles hommages aux ancêtres, et certaines d’entre elles leur accordent même
une place centrale au sein de leur espace rituel. Cet ouvrage, qui s’appuie
sur une enquête de terrain réalisée dans des pagodes vietnamiennes de la
région parisienne, décrit les multiples aspects de ce contact entre culte des
ancêtres et culte bouddhique, et analyse les raisons de ce que l’on pourrait
appeler la « bouddhisation » du culte des ancêtres en France.
La pagode prend en charge la question du rapport à la mort, qui est
fondamentale dans la culture vietnamienne. A une époque où l’affiliation
lignagère perd de son évidence, tout laisse à penser que les générations de
Vietnamiens issues de l’exil ressentent un besoin impérieux de réactualiser
une symbolique de la continuité, en particulier pour transmettre leur héritage
culturel. La pagode permet de réunir toute la famille plus efficacement,
et la fonction roborative d’une parenté mobilisable apporte une sécurité
identitaire et eschatologique. Elle fournit également un réservoir de sens à
redéfinir. Les contenus de l’ethos vietnamien peuvent être ainsi remaniés en
vue d’une meilleure adaptation à la situation présente.

Jérôme Gidoin est anthropologue, docteur en anthropologie culturelle et
sociale de l’université Paris Descartes – Sorbonne. Il est chercheur associé au
GSRL (Groupe Sociétés Religions Laïcités) EPHE/CNRS. Ses recherches portent sur
l’interculturalité et l’inter-ethnicité dans le contexte migratoire et post-migratoire
en France, et sur la socio-anthropologie du religieux, notamment les rites
funéraires sino-vietnamiens et occidentaux.
Préface de Richard Pottier
ISBN : 978-2-343-11669-3
21.50 €
LES DÉFUNTS À LA PAGODE Jérôme Gidoin





























© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.com

ISBN : 978-2-343-11669-3
EAN : 9782343116693






Les défunts à la pagode

La bouddhisation du culte des ancêtres
chez les Vietnamiens de la région parisienne Connaissance des hommes
Collection dirigée par Olivier Leservoisier

Déjà parus

Anaïs LEBLON, Dynamiques patrimoniales et enjeux pastoraux en milieu
peul. Les fêtes de transhumance yâaral et degal au Mali, 2016.
Hamidou DIA, Trajectoires et pratiques migratoires des Haalpulaaren du
Sénégal, Socio-anthropologie d’un « village multi situé », 2015.
Roy DILLEY, Henri Gaden à travers l’Afrique de l’Ouest (1894-1939). Fils
de Bordeaux, aventurier africain, 2015.
Julien BONDAZ, L’exposition postcoloniale. Musées et zoos en Afrique de
l’Ouest (Niger, Mali, Burkina Faso), 2014.
Gaëlle LACAZE, Le corps mongol. Techniques et conceptions nomades du
corps, 2012.
Pauline GUEDJ, Panafricanisme, religion akan et dynamiques identitaires
aux États-Unis. Le chemin du Sankofa, 2011.
Lidia CALDEROLI, Rite et technique chez les forgerons mosse du Burkina
Faso. Forger, apaiser, soigner, 2010.
Yazid BEN HOUNET, L’Algérie des Tribus, 2009.
Alain BABADZAN, Le Spectacle de la culture, 2009.
Marion FRESIA, Les Mauritaniens réfugiés au Sénégal, 2009.
Marie-Aude FOUERE, Les Relations à plaisanteries en Afrique, 2008.
Natacha GIAFFERI-DOMBRE, Une ethnologue à Port-au-Prince, 2007.
Véronique MARCHAND, Organisations et protestations des commerçantes en
Bolivie, 2006.
Roger BASTIDE, Sociologie du folklore brésilien, études afro-brésiliennes,
2006.
Virginie VINEL, Des femmes et des lignages, 2005.
Elisabeth CUNIN, Métissage et multiculturalisme en Colombie (Carthagène),
2004.
Philippe CHAUDAT, Les mondes du vin, 2004.
Serge TCHERKEZOFF, Faa-Samoa, 2003.
Pascale ABSI, Les ministres du diable, le travail et ses représentations dans
les mines de Potosi, Bolivie, 2003.
Marc Kurt TABANI, Les pouvoirs de la coutume à Vanuatu, 2002.
Roger BASTIDE, Poètes et dieux, 2002.
Edith Kovats BEAUDOUX, Les Blancs créoles de la Martinique, 2002.
Maria TEIXEIRA, Rituels divinatoires et thérapeutiques chez les Manjak de
Guinée-Bissau et du Sénégal, 2001.
Nathalie COFFRE-BANEUX, Le partage du pouvoir dans les Hébrides
écossaises, 2001.
Virginie DE VÉRICOURT, Rituels et croyances chamaniques dans les Andes
boliviennes, 2000. Jérôme Gidoin






Les défunts à la pagode




La bouddhisation du culte des ancêtres chez
les Vietnamiens de la région parisienne



Préface de Richard Pottier

















A mamie GIDOIN H Ồ TH Ị TÁO,
bientôt centenaire

Remerciements


En premier lieu, c’est avec les sentiments de la plus profonde gratitude que je
remercie mon maître en ethnologie, le professeur Richard Pottier, pour ses
encouragements, sa disponibilité, son humanité, sa rigueur, ses innombrables
remarques éclairantes et ses critiques toujours stimulantes. Merci à la vie de
l’avoir rencontré.
Ma reconnaissance va aussi à Mme Xuân Xuân Pottier, pour sa gentillesse.
Je remercie chaleureusement mon éditeur, le professeur Olivier Leservoisier,
qui m’a fait l’honneur d’être publié dans sa collection « Connaissance des
Hommes ».
Je remercie du fond du cœur toutes les personnes qui ont accepté de
collaborer à mon enquête et de répondre à mes questions, notamment mes
interlocuteurs privilégiés, pour qui j’ai une pensée toute particulière : Mesdames
Lan et Thái, Monsieur Phứớc et Laurent.
Je remercie naturellement mes proches, mon père le Touranais, ma mère la
Tourangelle, mon frère Alexandre, et tous les autres, en particulier ceux qui ont
montré un intérêt pour mes recherches, comme mon oncle Walter.
Je remercie enfin mes amis, de leur présence si précieuse.




Préface


On sait, depuis au moins les travaux de Franz Boas, que toute situation de
contact interculturel entraîne des modifications ou ajustements dans les
cultures des peuples en présence, en particulier pour les populations
minoritaires. L’ouvrage que Jérôme Gidoin a consacré à la vie religieuse des
populations d’origine vietnamienne de la région parisienne illustre
brillamment ce point.
Au Vietnam, explique-t-il, le bouddhisme et le culte des ancêtres ont
coexisté harmonieusement pendant d’innombrables générations, mais sans
jamais se confondre, parce que leurs domaines d’intervention restaient
parfaitement distincts. En principe, et bien que, comme toujours en matière
de religion, les visées mondaines et supra-mondaines s’entremêlent dans la
pratique des deux cultes, le bouddhisme est, en effet, une religion de salut,
dont le culte est assuré par des spécialistes (les moines, ou « bonzes ») et
auquel des bâtiments publics (les « pagodes ») sont spécifiquement alloués.
Le culte des ancêtres, en revanche, qui, au Vietnam, comme en Chine, est
fortement confucianisé, est inséparable du code éthique qui régule
l’ensemble des relations sociales, et c’est un culte domestique dont les
officiants sont de simples pères de famille. Or ce qu’on constate en France,
c’est que la pagode y est devenue le lieu par excellence où l’on rend
hommage aux défunts, comme si le culte des ancêtres avait été bouddhisé,
comme si la situation d’exil avait fait tomber la frontière entre les deux
cultes. Comment expliquer une telle innovation ?
Il est facile de comprendre qu’en acceptant qu’une partie des salles d

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