Les religions dans la ville d aujourd hui
320 pages
Français

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Les religions dans la ville d'aujourd'hui , livre ebook

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Description

Chrétiens, juifs, musulmans de toutes tendances vivent des réalités contrastées et une histoire qui s'inscrit dans la vie locale. C'est cette histoire qui est ici restituée à partir d'une enquête dans des zones urbaines neuves qui accueillent toutes les migrations d'aujourd'hui. S'appuyant sur des témoignages, voici une radiographie de situations vécues offrant une vision dépassionnée, mais sans complaisance.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296503304
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Les religions dans laville d’aujourd’hui
Catherine Grémion Les religions dans la ville d’aujourd’hui
Du même auteur Catherine Grémion,Profession décideurs, pouvoir des hauts fonctionnaires et réforme de l'Etat, Paris, Gauthier-Villars, 1979. Catherine Grémion, Philippe Levillain,Les Lieutenants de Dieu, les Evêques de France et la République,Paris, Fayard, 1985. Jacques Rondin (pseudo), en collaboration,Le sacre des notables, la France en décentralisation, Paris, Fayard, 1985. Catherine Grémion, Christian Mouhanna,Le Sous-Préfet à la ville, Paris, L'Harmattan, 1995. Catherine Grémion, Robert Fraisse éd.,Le Service public en recherche. Quelle modernisation ?Paris, La Documentation française, 1996. Catherine Grémion, Sandrine Lipianski,Héberger, l'accueil des sans abri dans un département d'Île-de-France1999., Editions du Plan Construction et Architecture, Catherine Grémion, Hubert Touzard, Mijo Beccaria, Simone Dormont,L’Eglise et la contraception, l’urgence d’un changement, Paris, Bayard, 2006. Catherine Grémion, André Vauchez, Henri Madelin,Dictionnaire du Christianisme, figures, lieux, temps2010., Paris, Le Seuil,
© L'Harmattan, 20125-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99282-5 EAN : 9782296992825
AVERTISSEMENT La religion en France a connu plusieurs phases que l'on peut schématiser très brièvement : de l'appellation de « Fille aînée de l'Eglise », elle est passée auxdéchirements des guerres de religion, entre catholiques et protestants, et au brefapaisement de l'Edit de Nantes, puis à la fracture révolutionnaire, suivie après laRévolution de la recherche napoléonienne de modes de gestion officielle des cultes quiinclut les Eglises chrétiennes mais aussi le judaïsme. Après la reconstruction du XIX°siècle, ce sont la République et la séparation de l'Eglise et de l’Etat, dans un esprit d’hostilité aux instances religieuses, et les lois de 1905 quiont légitimé l'exercice des cultes, mais sans que l'Etat ne les reconnaisse ni ne lessubventionne. Ces lois ont instauré un mode de relations qui s'est progressivement apaisé. Paradoxalement, la grande guerre y a contribué ; le partage des épreuves et la fraternité destranchées ont atténué les oppositions et réconcilié les adversaires. Cette trajectoire française est certes spécifique, et la laïcité telle qu'elle y est conçue estdifficilement traduisible même à l'intérieur de l'Europe. Mais cette exception n'estque relative, et la France est aujourd'hui, avec d'autres pays européens, à lacroisée d'une double évolution. Elle est placée à la fois devant une sécularisationcroissante, et un déclin apparent des croyances traditionnelles, et faceà une diversité nouvelle d'appartenances religieuses, fruit de la mobilité des habitants et de laprésence de nouveaux venus.Bien des aspects de ces évolutions ont été analysés par sociologues et historiens, qui ont montré comment la nouvelle offre religieuse et le déclin des religions traditionnelles produisaient à la fois la perte de racines religieuses et une exculturation du religieux chrétien, mais aussi la montée d'autres conceptions de la relation entre la croyance et la vie sociale. Deux réalités coexistent. L'impact du religieux sur les modes de vie a longtemps été - et reste - conditionné par l'origine familiale et nationale, ce qui pose la question des relations entre les communautés, et en leur sein. Mais la permanence de traditions et de transmission familiales va aussi de pair avec une pluralité de l'offre qui permet une volatilité des croyances, et des attitudes de recherche individuelle et de choix des appartenances. Ceci peut se manifester tant à l'intérieur des confessions que par des mutations vers 1 l’extérieur . Des évolutions sont ainsi perceptibles, qui peuvent affecter les différentes générations, au sein de toutes les appartenances religieuses. 1Danièle Hervieu -Léger,Le pèlerin et le converti,Paris, Flammarion, 1999.
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Les analyses portent le plus souvent sur un milieu, et une famille religieuse particulière, le christianisme étant privilégié comme patrimoine commun en danger. C'est le cas des travaux de sociologie de la religion comme ceux d'Yves Lambert, de Danièle Hervieu-Léger aux titres suggestifs :La religion pour mémoire, Catholicisme, la fin d'un monde,de Denis Pelletier,La crise 2 catholique,ou encore de Jean Baubérot,Le protestantisme doit-il mourir? De même les analyses de Marcel Gauchet, dansLa religion dans la démocratie.Des recherches nombreuses s'attachent aussi à la découverte de l'islam, et à son inscription en France, à la suite de Rémy Leveau il faut bien sûr citer Gilles Kepel et sesBanlieues de l'islam ouJihad, ou Olivier Roy. Mais ce que nous voudrions tenter ici est quelque peu différent. Il s'agit ici d'une mise en relation parallèle des évolutions des différentes confessions, chrétiennes, juive, musulmane, au cours des trente dernières années en observant leur présence, leurs relations au territoire et les modalités de leur intégration dans trois sites à la fois originaux et représentatifs, les villes nouvelles. Ce travail est à la croisée de plusieurs chemins, et il est le fruit d'une entreprise collective, mais il s'inscrit aussi dans un parcours de recherche personnel qui a suscité chez son auteur des interrogations auxquelles ce livre voudrait tenter de répondre. Des interrogations à la croisée du territorial, du social et du religieux Le livre qui suit est ainsi le fruit d’une série d’interrogations sur des mutations sociales, et de travaux que le lecteur me pardonnera d’évoquer ici, l’un de leurs fils directeurs étant l’analyse de la décision publique. Tout d'abord ce fut l'organisation de la vie locale, à travers les découpages de 3 l'action publique au niveau territorial, découpage et création des régions , répartition des compétences entre départements régions et communes. Puis ce fut l'évolution du secteur de l'habitat et des politiques publiques du logement, avec la création des aides aux différents types de familles, selon leurs revenus ou leur origine. Enfin, tout naturellement, les conséquences de ces décisions de réformes sur les modes de vie des nouveaux quartiers, et la cohabitation entre les habitants, ainsi que les progrès ou les échecs du développement économique ou social, de la sécurité, et de la capacité de 4 vivre ensemble, sont apparus comme des enjeux majeurs .
2Lambert, Yves Dieu change en Bretagne,Paris, Le Cerf, 1985 ; Denis Pelletier,La crise Catholique, religion, société, politique,; Danièle Hervieu-Léger,Payot, 2002 La religion pour mémoire,Paris, Cerf, 1993,Catholicisme, la fin d'un monde,Paris,Bayard, 2003.3 Catherine Grémion,Profession décideurs, pouvoir des hauts fonctionnaires et réforme de l'Etat,Paris, Gauthier -Villars, 1979, etLe Sacre des Notables,Paris, Fayard, 1985, Pseudo Jacques Rondin, en collaboration. 4 Voirpar ex : Le service public en recherche,éd, Paris,Catherine Grémion et Robert Fraisse La Documentation française 1996,Héberger, l'accueil des sans abri dans un département
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Mais les derniers regards sur les villes montraient aussi l'importance croissante des appartenances à la fois nationales et religieuses dans les comportements des habitants, et les nouvelles interrogations que suscitait cette diversité. Diversité qui posait la question de favoriser des regroupements pour faciliter la solidarité interne et les liens entre communautés, ou au contraire l'option inverse de limiter la concentration pour échapper aux effets de ghettos, ce que pratiquaient des organisations comme les organismes de logement social ou certaines communes. Ces appartenances religieuses et communautaires étaient-elles source de lien social ou cause de difficultés et de tension ? Pour mieux aborder ces questions, une analyse plus en profondeur était nécessaire. Observer les implantations territoriales, les niveaux de vie ou les succès et les échecs scolaires, ne dit rien sur les conceptions de la vie personnelle, les valeurs ou les croyances qui peuvent unir ou opposer les jeunes comme les moins jeunes, et sceller les familles, les groupes de sociabilité ou les diviser. La vie en commun dans des immeubles neufs ou dans des quartiers de maisons individuelles a été observée sous de multiples aspects, rarement sous l'angle de l'appartenance religieuse et de l'organisation de la vie des cultes. Or à la même époque de nouvelles mouvances, soit chrétiennes avec les évangéliques, soit juives, soit musulmanes, se développent en France. Aussi il semblait important d’étudier ces nouveaux acteurs, leurs demandes, et l'attitude à leur égard des représentants de l'Etat et des élus, notamment à travers leur insertion dans les villes, et d’observer l’application des lois de 1901 et de 1905 destinées à régir le religieux à travers la laïcité en vigueur. Par ailleurs la pratique religieuse était-elle un facteur de soutien et d'aide à une bonne intégration, à un voisinage pacifié et solidaire, ou un obstacle et une source d’affrontements ? Un travail ancien sur le catholicisme, sous l'angle de ses élites dirigeantes, et la confrontation avec les travaux des 5 historiens des religions et avec la sociologie des religions avait permis de mesurer les conditions d’émergence des conflits dans ce domaine. Les travaux plus récents soulignent à la fois les éléments de désaffection du religieux et les tensions qui affectent les milieux croyants, mais n’abordent pas leurs relations avec des instances telles que les responsables de villes ou de quartiers. Quant aux travaux sur les villes, ils se soucient de la mobilité résidentielle, de la gestion des ensembles urbains face à la paupérisation des d'Île-de-France,avec Sandrine Lipianski, Ed. du PUCA, 1998, etLe Sous-préfetàlaville, Paris, l'Harmattan, 1995, avec Christian Mouhanna. 5 Catherine Grémion et Philippe Levillain,Les lieutenants de Dieu, Les Evêques de France et la République,Paris, Fayard, 1985. Voir, plus récemment,Dictionnaire du Christianisme : des temps, des lieux, des figures,André Vauchez, CatherineGrémion, Henri Madelin, Paris, le Seuil, 2010,604 p.
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familles, ou de la participation des habitants aux transformations urbaines, mais rarement de la dimension religieuse. Porter une attention non plus au mode d'habiter, mais aux modes de penser et de croire, et aux comportements qui en découlent, ainsi qu’à leur impact sur la vie dans la cité apparaissait comme une nouvelle orientation de recherche indispensable. L'occasion allait bientôt m'en être donnée. Les villes nouvelles : un terrain d'observation privilégié Quand Jean-Eudes Roullier, qui avait contribué avec Paul Delouvrier à la création des villes nouvelles, a voulu, trente ans après leur création, tirer les enseignements de cette gigantesque entreprise, il a réuni avec l'appui du Premier ministre un Comité interministériel d'évaluation des villes nouvelles et fait appel à des chercheurs de toutes disciplines pour y contribuer. J'ai fait partie de cette cohorte, au titre de travaux antérieurs sur le logement et la ville. Mais j'ai alors proposé d'étudier non l'habitat, mais la présence des religions dans ces villes, depuis leur création. Le projet proposait une enquête sur trois sites : Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-Yvelines, et Evry. Il a recueilli l'assentiment de Jean-Eudes Roullier et du Comité scientifique. Ces villes constituaient un champ d'observation exceptionnel : elles ont toutes été, soit construites au milieu des champs, soit greffées sur des villages dans des zones rurales, parfois à proximité d'une ville moyenne. Leur histoire commence dans les années 70, et il est possible de suivre leur croissance et la place qu’y prennent les religions, pendant les années qui nous séparent de leur conception. Les nouvelles cités ont cherché à remplir les fonctions d'un centre-ville accueillant de nombreux habitants : administrations, théâtres, écoles, commerces, mais aussi églises, temples, et lieux de vie divers. Or ces zones d'habitation sont nées au moment où une immigration liée surtout à la fin de la guerre d'Algérie amenait de nouveaux habitants aux appartenances religieuses diversifiées. Aussi les demandes des nouveaux venus, juifs sépharades, musulmans, puis évangéliques, en termes de lieux de réunion, de règles de vie propres sont apparues peu à peu, avec parfois des conséquences électorales. Les villes nouvelles sont apparues comme des lieux d'observation privilégiés de ces réalités, leur exemple, sans être identique à celui de l'ensemble des villes de France, en manifestant les tendances les plus marquantes. Or si de très nombreux écrits portent sur ce sujet, bien peu reposent sur des bases empiriques récentes, abordant l'ensemble des religions sur un même territoire, et sur plusieurs années. L’observation des décisions Etudier les groupes religieux à cette échelle supposait une recherche de terrain menée par des enquêteurs qui ont travaillé en 2001 et 2003 en étroite interaction, avec des rencontres régulières, pour harmoniser les entretiens et
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