Messianisme et modernité
168 pages
Français

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Messianisme et modernité , livre ebook

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Description

Il y a près de trois siècles périssait, sur le bûcher d'un tribunal ecclésiastique érigé au coeur de l'Afrique congolaise, une jeune fille d'une vingtaine d'années qui a agi politiquement et religieusement pour le rétablissement de l'unité du Kongo. Histoire singulièrement émouvante que celle de Dona Béatrice Kimpa Vita. L'ironie et la force symbolique de cette tragédie tiennent au fait qu'elle invite à reconfigurer le sens d'une certaine mondialisation en y réintégrant un espace que l'on veut exclure de ses dynamiques : l'Afrique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 32
EAN13 9782336262994
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Religions, cultures et sociétés
Déjà parus
Africain, prêtre et missionnaire en France , Francis Barbey, 2010.
Le germe et le terreau. Quête identitaire d’un prêtre , Philippe Mabiala, 2009
De l’écriture mystique au féminin , sous la direction de Geneviève James, coédition Presses de l’Université de Laval, 2005.
Messianisme et modernité
Dona Béatrice Kimpa Vita et le mouvement des antoniens

Serge Mboukou
Ouvrages du même auteur
Aux Éditions du Portique :
Michel de Certeau. L’intelligence de la sensibilité , collection Les cahiers du Portique, mai 2009.
Machiavel. Temps et espace de la méditation politique , collection Les carnets du Portique, septembre 2009.
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Pars
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296118539
EAN : 9782296118539
A Béatrice Ngouissani, In memoriam.
Remerciements
Au début de ce texte, je souhaite remercier de tout cœur l’ensemble des amis qui m’ont diversement soutenu tout au long de mon parcours. Quelques noms me viennent spontanément qui disent tous les autres que je ne saurais citer exhaustivement : Michel Billon, Marie-Madeleine Paul, Geneviève Gitzinger, Geneviève Mairet, Robert Scholtus, Alphonse M. Makiona, Nathalie et Patrick Jeanmaire, Sophie et Gilles Ossona de Mendez, Marguerite et Serge Martinez, Sophie Mathis, Cécile et Jacques Loizeau, Elise Ahimon, les frères Christian et Christophe-Paulin Nkoua.
Dans le milieu universitaire, mes amis Rose et Jean Goetz, Benoit Goetz, Nicolas Antenat, Lukas K. Sosoe, Jean-Paul Resweber, Jean-Pierre Dozon qui m’ont amicalement ouvert les portes de différents lieux de réflexion et de travail.
Je veux citer aussi, avec le plus grand plaisir, ceux qui, en diverses occasions, n’ont ménagé ni leurs critiques ni leur enthousiasme formulés avec autant de fermeté que de gentillesse. Ce texte, en dehors de ses faiblesses, est constellé de leurs idées et porte la trace de leurs remarques pertinentes : le docteur Charles Hilaire MBoko et le professeur Dominique NGoïe-NGalla de l’Université de Brazzaville.
Préface
Je me souviens avoir inscrit Serge Mboukou en doctorat, non à proprement parler à sa demande, mais plutôt à la mienne, après que son professeur de philosophie à Metz ait en quelque sorte servi d’intermédiaire pour que son brillant élève, qui n’osait véritablement en faire la démarche quoiqu’il fût déjà passé à l’enseignement de la discipline, entreprît un travail de thèse qui pourrait éventuellement m’intéresser. C’était là une façon de faire assez peu conventionnelle, d’autant que le bagage strictement ethnologique de l’élève avait été très secondaire dans sa formation. Ce que celui-ci savait et qui l’avait sans doute amené à adopter cette attitude passablement réservée. Mais ce qui ne fut pas du tout rédhibitoire lorsque je pris connaissance de son projet de relire l’histoire et l’actualité des prophétismes et du messianisme dans l’espace congolais (celui-ci englobant une partie des actuels Congo-Brazzaville, Angola et République Démocratique du Congo) à partir de la littérature existante; lequel projet me poussa donc à solliciter promptement son inscription en thèse.
Pour dire les choses plus simplement, je fus en effet particulièrement intéressé par le projet de Serge parce que, d’assez longue date maintenant, les prophétismes africains me passionnaient et que je venais de publier un ouvrage sur les prophètes ivoiriens pour lequel j’avais dû travailler aussi bien en historien qu’en ethnologue, avec parfois quelques prudentes incursions en terre théologique et philosophique. Cependant, bien plus fortement encore que le cas ivoirien qui m’avait mobilisé, je savais que l’espace congolais auquel se référait Serge avait été particulièrement propice à ces phénomènes politico-religieux et qu’il n’avait en réalité jamais cessé de l’être depuis plus de trois siècles, dessinant pour le coup une configuration historico-culturelle très singulière. Et je le savais parce que quantité d’ouvrages et d’articles leur avaient été consacrés, à commencer par ceux de mon maître Georges Balandier dans lesquels on y trouvait pour les définir la notion fort heuristique et désormais très largement partagée de “reprise d’initiative des peuples colonisés”. Mais, quoique la littérature sur les prophétismes et messianismes congolais fût riche et abondante, il me semblait qu’on n’en avait pas fini avec eux, qu’il y avait toujours matière à jeter sur eux de nouvelles lumières ou encore à les ressaisir d’une manière plus globale et synthétique. C’est d’une certaine manière ce que m’avait proposé comme sujet de thèse Serge Mboukou en philosophe nourri d’historiographies et de lectures ethnologiques ou sociologiques et qu’il réalisa excellemment en lui donnant le titre très benjaminien de “La tresse des temps. Etude des modes d’habitation du temps dans le messianisme congolais. Cas du kimbanguisme et du matswanisme ”.
L’ouvrage qu’il nous propose n’est pas un extrait substantiel de sa thèse. Tout en en gardant la marque, spécialement une écriture belle et foisonnante, à la mesure d’un objet baroque qui ne laisse de préserver ses lignes de fuite, il est proprement inédit, apportant même, par sa concision, un regard encore plus aigu que celui que j’avais pu apprécier dans “La tresse des temps”. De quoi s’agit-il? A première vue d’un livre d’histoire qui nous rappelle les toutes premières relations des Européens avec l’Afrique au tournant du XVIème siècle, en l’occurrence du royaume du Portugal avec le royaume du Kongo.
Cette histoire est largement connue, mais sans doute insuffisamment reconnue par ce qu’elle révèle de cette époque de modernité naissante. Elle fait d’abord découvrir une première mondialisation qui a pour principal nom le commerce triangulaire et qui fit naître entre Europe, Afrique et Amérique , ce que Paul Gilroy a appelé l’Atlantique noir. Mais elle nous donne aussi à voir comment la catholicité (c’est-à-dire, suivant l’étymologie grecque du mot, l’universel) accompagne ce commerce autour de ce que Serge Mboukou, nommant le Portugal, appelle la « très-chrétienne thalassocratie lusitanienne » qui, à peine installée sur les côtes africaines, trouve en la personne du roi du Kongo un prompt et enthousiaste candidat à la conversion. Autrement dit, ce que Serge montre avec force c’est que, voici quatre siècles, une économie-monde, doublée d’une religion-monde, s’est mise en place avec pour épicentre le royaume du Kongo.
Mais ce qu’il nous dit également avec beaucoup de vigueur c’est que ce haut-lieu africain du développement-monde de la modernité en constituera vite une part très sombrement enchantée. Outre le trafic d’esclaves et de marchandise s qui, par les guerres et les compétitions qu’il n’a cessé d’induire, a miné de l’intérieur le royaume, le “fétichisme” s’y est inventé par la grâce des Portugais qui, pour prétendre vouloir définir ainsi la repoussante religiosité de la grande masse des indigènes, ont nommé en réalité ce par quoi, tout au long des XVIème et XVIIème siècles, les rapports sociaux au sein du royaume se sont progressivement et gravement dégradés. Le fétichisme, c’est en quelque sorte, pour Serge, le nom de la crise d’altérité qui a travaillé en profondeur le Kongo et qui a fait que chacun s’est défié de chacun et a cherché à s’en protéger : ce qui a onduit à la prolifération des objets fétiches, des nkisi, mais qui ont pu être aussi bien des objets issus du monde occidental, s’amalgamant parfois souvent avec les premiers, les objets de piété (médailles, croix, scapulaires, etc.) que les missionnaires portugais y ont massivement répandus. On pourrait donc dire du fétichisme, à l’instar du commerce atlantique et du catholicisme s’exportant outre-mer, qu’il est partie prenante de la modernité naissante. Ce que Marx, à sa manière, et pour parler des marchandises et du capitalisme, saisira fort bien quelque temps plus tard.

A seconde vue, l’ouvrage de Serge Mboukou est toujours bien un livre d’histoire, mais principalement consacré à la figure de la jeune prophétesse congolaise, Dona Béatrice Kimpa Vita, condamnée par les Portugais et morte sur le bûcher au tout début du XVIII° siècle. L’affaire est ici encore assez bien connue. Cependant, une fois encore, et non sans une forte implication de l’auteur, il éclaire le personnage par de très subtiles analyses qui le hissent au niveau de la grande histoire. Trait d’union entre paganisme et christianisme, entre Europe et Afrique (elle fut condamnée à mort pour être tombée enceinte d’un Portugais), porteuse, en tant que jeune et en tant que femme, de changements sociaux, ma

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