Candide, jeune ingénieur, fait de la résistance
278 pages
Français

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Candide, jeune ingénieur, fait de la résistance , livre ebook

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Description

Candide est un jeune étudiant qui intègre une prestigieuse école d’ingénieurs. D’un naturel introverti, il gagne en confiance au contact des autres, jusqu’à s’interroger sur ses motivations et tenter de comprendre ce qu’il est amené à devenir. Les stages puis l’entrée dans la vie active lui feront prendre conscience de sa collaboration à un envahissement technologique aveugle et condamnable. Il optera pour la résistance en renonçant à une carrière brillante mais douloureuse, au profit d’ambitions humaines et intellectuelles à sa mesure.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2005
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748372823
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Candide, jeune ingénieur, fait de la résistance
Jean-Noël Contensou
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Candide, jeune ingénieur, fait de la résistance
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Connaissez-vous les ingénieurs ? Certainement mal si vous n’en êtes pas un. Quand les médias nous demandent de nous réjouir devant un gros avion, la photo d’un caillou sur une planète lointaine, ou devant ces petits boîtiers gazouillants qui se coulent dans la main de nos adolescents, alors ils les exhibent un instant, le temps de confirmer que tout cela est formidable, avant de les renvoyer en coulisses pour laisser la place au foot. Les ingénieurs n’ont guère le temps d’apporter de grandes lumières à nos esprits, à supposer qu’ils puissent nous éclairer…
Pourtant ils sont précieux, leurs inventions nous procurent des emplois. Mais ils ne le font pas exprès ; pas plus qu’ils ne font exprès de sanctionner ce qui n’est pas rentable et d’être ainsi la source de bien des déboires. De fait, s’ils alimentent le courant irrésistible qui nous emporte vers un avenir incertain et inquiétant, ils se laissent porter par lui tout autant que nous.
En somme ils n’ont rien à dire ; ce sont des mercenaires, ils sont incapables d’être des guides, ni même des intellectuels dignes de notre attention, et s’ils sont absents des médias, qu’ils le restent !
Et pourtant rappelons-nous nos années d’études. Ils étaient souvent les plus doués des élèves, et souvent nous aimerions bien voir nos enfants suivre leurs traces… Que leur est-il arrivé entre temps ? Ils ont échangé des buts culturels scientifiques, en principe toujours lumineux, pour des buts pratiques souvent opaques, et parfois sombres.
Comment vivent-ils ce passage ? Le mieux est de les interroger à la fin de leurs années de formation, à ce moment charnière où assez libres pour se juger eux-mêmes, ils sont encore pénétrés de la culture qu’on leur a donnée, mais déjà conscients de l’usage qu’ils en feront. Et alors ils parlent, sans illusions.
Pour recueillir et exposer leurs sentiments, une grande enquête savante était hors de notre portée. De toutes façons eût-elle été pertinente ? Peut-on simuler la rigueur dans des affaires de sentiments ? Un but est sombre pour qui le voit sombre ; des êtres uniques sont mis à l’épreuve, dépriment ou s’enthousiasment. Il faudrait accumuler les témoignages spontanés, jusqu’à des répétitions significatives ; et jusqu’à l’ennui… On peut au contraire choisir de présenter un cas fictif, sous forme romanesque, avec le loisir de l’approfondir. C’est ce qu’on fait ici, sans renoncer aux témoignages, renvoyés dans une annexe conséquente ; espérons qu’ils compenseront la singularité du cas de Candide.
Celui-ci, la bouche en cœur, entre dans la formation et la vie d’un jeune ingénieur, en livrant sa fraîcheur aux agressions de notre monde technique. Si nous l’avons fait candide, c’est pour qu’il soit une caisse de résonance sensible. Alors qu’on ne l’accuse pas d’être de caractère trop docile et sage, en un mot trop « rétro » pour être représentatif, car sa sensibilité le conduit paradoxalement à une rébellion révélatrice, là où un élève au cuir épais et bien adapté au siècle eût commencé un parcours de collaborateur docile. Et on le voit renoncer courageusement à « réussir », et choisir un emploi modeste dans une usine de confitures.
Ceux qui connaissent les grandes écoles d’ingénieurs trouveront peut-être que le projet éducatif de l’ENIS, grande école fictive « intégrée » par Candide, ne paraît pas très en pointe. Ils diront qu’elle ressemble un peu trop à celles pratiquées par l’auteur dans sa jeunesse, avant qu’on les ouvre largement à la gestion des hommes et des entreprises. On répondra à cela que si l’ENIS avait été centrée sur l’action plus que sur la science, il eût fallu s’inquiéter du processus et des tensions ayant conduit le corps professoral à sacrifier ses ambitions scientifiques. Le cas de Candide eût été chimiquement moins pur.
De même nous avons voulu purifier les traits de caractère acquis par un Candide plongé dans des études abstraites et absorbantes : sacerdoce ringard au point de le rendre puceau ! Mais virginité féconde puisqu’elle lui permet, dans une remise en question totale de son existence, de considérer librement son rapport à l’autre sexe, représenté par une Amélie aussi ringarde que lui comme on se doute, et avec laquelle il finit par s’accorder, dans une relation que certains jugeront fleur bleue. Pourquoi pas ? Cela nous change un peu.
Faisant ainsi de Candide un étudiant au caractère teinté d’anachronisme, nous élargissons le pont qu’il doit franchir pour passer de sa culture d’étudiant à sa condition d’ingénieur. Nous prétendons que cela rend son cas non pas désuet mais au contraire plus riche d’enseignement, car est culturel ce sur quoi le temps n’a pas de prise, et le jour où les études dites scientifiques seront parfaitement adaptées aux « jeunes d’aujourd’hui » et à la fonction d’ingénieur telle qu’elle se vit maintenant, alors il n’y aura plus qu’à se taire et à laisser manœuvrer en silence leur armée de mercenaires incultes.
Mais nous n’avons pas encore dit l’essentiel : l’histoire de Candide n’est pas seulement celle d’une rébellion. C’est aussi celle d’une résurrection. Prenant un emploi modeste qui libère son esprit, il renonce mentalement à franchir le pont, et reste résolument sur la rive culturelle. Et sur cette rive, il découvre qu’un vaste travail s’offre à lui pour parfaire et faire rayonner sa culture. Expliquons-nous :
La science fondamentale remet depuis longtemps en cause la vision matérialiste du monde ; ne cherchons pas de grands concepts philosophiques, il s’agit simplement de la vision de l’homme de la rue qui pense que toute chose est bâtie sur des choses ; c’est une régression culturelle aussi grave que de voir des esprits partout. Par quelle vision la remplacer ? Exprimer et diffuser la réponse n’est pas une mince affaire, mais si des gens de culture scientifique correcte ne servent pas de relais entre ceux qui réfléchissent à ces questions et l’homme de la rue, si même les ingénieurs participent à cette inculture, alors mieux vaut encore que les médias ne leur donnent pas la parole, car ils impressionnent par leur savoir mystérieux. Alors souhaitons bonne chance à Candide.
 
Parlons enfin des témoignages donnés en annexe. On y simule un forum sur le « net », où les élèves fictifs de cette grande école fictive, l’ENIS, discutent sur le thème « Ingénieur et humanisme ». Quelle est la crédibilité de ce texte ? Je peux donner des éléments de réponse. Au printemps 2002, j’ai demandé aux quatre-vingt élèves d’une promotion de l’ENSEEIHT, école d’ingénieurs qui n’a rien de fictif, de rédiger une dissertation exactement sur les thèmes listés ici par un certain professeur Roncat. J’ai fait une synthèse de ces dissertations, elle figure dans un numéro spécial de la revue des anciens élèves de cette école, CANAL N7, numéro 67 de mars 2004. Il existe une parenté certaine entre cette synthèse et l’annexe ici présente. Ce n’est qu’une parenté, car j’ai adapté le discours des élèves, d’abord pour faire apparaître leurs messages comme le fruit d’une discussion et pas comme extraits de dissertations indépendantes ; ensuite leur style apporte certes une variété rafraîchissante, mais il m’est arrivé aussi de le censurer ; enfin je pouvais bien tordre un peu ces messages pour les adapter aux circonstances du livre, dont j’avais le privilège de rester maître. Mais tous comptes faits, bien qu’il soit illusoire de faire des comptes en la matière, si l’on retranche les messages de Pierre, le colocataire de Candide, largement inventés, le fond des messages des élèves est fidèle, disons pour les trois quarts, au contenu de ce numéro spécial. Aussi je les remercie pour leur contribution involontaire à ce livre, et même un peu à l’impulsion qui m’a conduit à l’écrire.
Reste que même dans la synthèse de CANAL N7, je peux être soupçonné d’avoir mis mon grain de sel, par le choix des textes et ma façon de les articuler. C’est évident, et je laisse ici le soin à Henry, autre camarade de Candide, d’exprimer lui-même cette critique dans le corps de ce livre.
Enfin je termine par un aveu. Si un lecteur recherche ici des informations sur l’industrie agroalimentaire, qu’il sache que je n’y connais rien du tout en général, et encore moins aux confitures en particulier. Et même en électronique ou en informatique, s’il trouve ici une information solide, j’en serai fort surpris.
 
J.N. Contensou, janvier 2005
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre I Candide à l’Ecole
 
 
 
Où l’on fait connaissance avec Candide
 
 
 
Candide était un jeune garçon plein de promesses qui n’apportait que des satisfactions à ses parents. Docile et serviable, il croissait tranquillement en âge et en savoir.
 
Son père était un de ces techniciens qui, partis de peu de choses, mûrissent dans le terreau fertile de ces grandes entreprises privées bien sécurisées par des commandes publiques, et capables d’assurer à leurs employés le double avantage d’un emploi sûr et d’un environnement concurrentiel portant naturellement à la compétence. Il s’y était élevé à force de travail en une place où son expérience était reconnue et bien employée.
Cette réussite honnête ne lui enlevait pas une certaine clairvoyance. S’il pensait sans fausse modestie faire une bonne carrière, il savait aussi voir autour de lui des gens

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