Perles de mutuelle

Frédéric Jerse

Description

« “Bonjour monsieur, je vous appelle car je souhaite assurer ma moto sur ma mutuelle, c'est possible ? — Pardon, je crains de ne pas avoir bien compris. — Oui j'ai un 2-roues actuellement sans assurance, alors vu que j'ai un contrat chez vous, je me suis dit qu'ajouter ma moto ne fera pas grande différence.” Ah, comment lui dire... » Soufflé, éberlué, dépassé... Vous le serez tout autant que Frédéric Jerse lors de la lecture des savoureux dialogues qu'il a consignés suite à ses échanges avec les assurés qu'il renseignait. Demandes chocs ou fantaisistes, personnages hauts en couleurs, appels surréalistes et déconcertants sont ainsi au programme de cet ouvrage qui évoque les joies et misères des employés des plateformes téléphoniques.

Sujets

• Philosophie et théologie
• Dialogue
• Société mutuelle
• Humour

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 03 mai 2017
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782342152562
• Langue: Français

Extrait

Perles de mutuelle
Frédéric Jerse
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : [phone]
Perles de mutuelle
 
 
« Bonjour monsieur, je vous appelle car mon père perçoit sa retraite complémentaire chez vous, et j’aimerais savoir si je peux en bénéficier également.
— D’accord, et vous avez quel âge ?
— Vingt et un ans. »
Bon, il va falloir attendre quelques années encore…
 
« Bonjour monsieur, je vous appelle car je voudrais virer ma femme de mon dossier mutuelle, je me suis fait virer de mon boulot, et je voudrais faire couper le zizi de mon fils. Vous pouvez m’aider ? »
Alors, par où commencer…
 
« Bonjour monsieur, je vous appelle car je voudrais savoir si ma mutuelle est reliée à ma sécurité sociale.
— Oui madame, c’est fait, grâce au document envoyé.
— Ah que c’est une bonne nouvelle ! Super, je vais pouvoir être remboursée !
— C’est bien ça, le remboursement sera bientôt fait.
— Génial ! Ah monsieur, que je vous aime ! Je vous aime ! Je vous aime…
— Euh, c’est gentil, je ne fais que mon métier.
— Et vu votre jolie voix, vous devez être un très bel homme. C’est dommage que je ne vous aie pas en face de moi, je vous aurais emmené dans un buisson faire quelques cochonneries avec vous ! »
Elle, je lui donne mon 06, le lendemain je ne sais plus comment je m’appelle.
 
« Bonjour madame, c’est votre mutuelle au téléphone, je vous appelle pour votre dossier santé. J’aurais besoin…
— Ah c’est la mutuelle ? Désolée, je me suis trompée de numéro.
— Mais madame, c’est moi qui vous appelle (tut, tut, tut)… »
L’appel le plus court que j’ai jamais passé.
 
« Bonjour monsieur, je voudrais avoir le lien entre ma mutuelle et ma sécurité sociale.
— Oui bien sûr, il suffit de demander à la sécu votre attestation et nous l’envoyer.
— Ah bon, ils la donnent ?
— Oui, et vous pouvez même l’imprimer à la borne qui est à l’entrée si vous voulez.
— Ah… Et je vous envoie la borne aussi ? Ça va faire cher à la poste, en fait. »
Oui, et je ne suis pas sûr que le centre de sécu soit d’accord aussi, à voir.
 
« Madame, pour mettre votre mari sur la mutuelle, je vais avoir besoin de son prénom. Comment s’appelle-t-il ?
— Mon mari ? Ah… Euh… Attendez… »
On sent le dialogue entre les deux.
 
« Bonjour monsieur, je vous appelle, car je ne suis pas remboursée de mes soins.
— Ah bon ? Vous nous avez envoyé les justificatifs ?
— Ah oui, bien sûr. J’ai envoyé toutes mes attestations Pôle emploi à la sécu, et je constate que je ne suis toujours pas remboursée par la mutuelle ! »
Bon, quelques explications s’imposent.
 
« Bonjour monsieur, c’est la mutuelle, je vous appelle à propos du dossier de votre femme.
— Ma femme ? Laquelle ? Je ne sais plus qui j’ai déclaré. »
Sans doute les joies de la polygamie.
 
« Bonjour monsieur, je vous appelle car je souhaiterais m’ajouter au dossier santé de mon conjoint, monsieur X.
— Oui madame, je comprends votre demande, mais monsieur X est déjà marié.
— Ah oui, je sais, mais comme il va divorcer d’elle et faire de moi l’officielle, je me suis permise de vous appeler pour voir comment la virer. »
Quel homme ! Elles se battent pour lui !
 
« Bonjour madame, je vous appelle pour vous donner le code de carte bleue. Alors c’est le…
— Euh, c’est bon, ça va aller merci. »
Jackpot !
« Bonjour monsieur, alors voilà chui un tout p’tit peu bourré mais j’pense pouvoir vous expliquer pourquoi j’vous appelle…
— Euh, d’accord… »
Et n’oublie pas de boire un coup à ma santé.
 
« Bonjour, je voudrais connaître le montant du capital décès souscrit par mon mari. Je dois voir ensuite avec les pompes funèbres.
— Toutes mes condoléances, madame. Quand Monsieur est-il décédé ?
— Ah, mais il n’est pas encore mort. »
Évidemment, pourquoi ai-je posé la question ?
 
« Allô ? Je suis bien au centre des impôts ?
— Non monsieur, c’est votre mutuelle.
— Ah, dommage. »
Mais on peut toujours s’arranger si vous voulez, ça restera entre nous.
 
« Bonjour, je suis conseiller dans une mutuelle concurrente de la vôtre, et je vous appelle car j’ai votre assuré chez moi, dans mon bureau, mais il n’a aucun lien avec nous.
— Ah, mais pourquoi est-il là, alors ? Et que puis-je faire, du coup ?
— Je ne sais pas, mais il a franchi la première porte d’une agence proche de chez lui, et il croyait qu’on était pareil. »
D’accord, on a aussi des agences mais bon…
 
« Nan mais monsieur, c’est quoi ce travail ? C’est pas normal, j’attends le paiement de ma retraite depuis dix jours déjà.
— Ah, je ne comprends pas, monsieur, je consulte votre dossier et c’est réglé de notre côté. Avez-vous consulté votre compte récemment ?
— Ah non, c’est vrai, je devrais peut-être commencer par là. »
C.Q.F.D.
 
« Alors monsieur, pour simplifier, avez-vous votre carte Vitale avec vous ?
— C’est quoi une carte Vitale ? »
Mais pourquoi je fais ce métier déjà ?
 
« Oui monsieur je vous appelle pour… (Pfiuuuttt ! Plouf ! Plouf ! Plouf ! Plouf !) Ah, c’est bon. Alors je vous appelle pour ma mutuelle… »
Un silence bruyant évidemment.
 
« Monsieur je vous appelle car il n’est pas normal que ma carte pour mes soins soit déjà terminée. On n’est qu’au milieu de l’année !
— Ah bon, madame ? À quelle date terminait-elle ?
— Le 31 juin ! »
Bosse, creux, bosse, creux, bosse…
 
« Votre fille doit avoir des lunettes bientôt ?
— Ah non, pas du tout, monsieur, elle va chez un opticien pour avoir des lunettes. »
Prochaine fois, je pose la question avec le dentiste.
« Donc, pour être remboursé, votre contrat de mutuelle prévoit une garantie en fonction de la base sécurité…
— Excusez-moi, vous pourriez me mettre en pause et me reprendre dans 2 ou 3 minutes ?
— Pourquoi ?
— Parce que je dois aller faire une course. »
Carrefour ou Auchan ? Il y a 30 % en ce moment.
 
« Bonjour madame, je vais avoir besoin du numéro de sécurité sociale de votre mari pour consulter ses remboursements.
— Oui bien sûr, il est né le 01.01.1931. »
Au moins je saurai sa date d’anniversaire, au cas où.
 
« Bonjour, je vous appelle car on a envoyé une lettre de confirmation pour la retraite de mon père.
— Oui madame, cela veut dire qu’il va recevoir son premier versement le mois prochain.
— Ah d’accord. Donc il est en retraite, c’est ça ? »
Coupez ! La même, mais avec plus d’émotion.
 
« Bonjour, pourrais-je avoir une attestation de paiement de mon complément de salaire ?
— Oui d’accord, pas de souci, mais vous n’avez pas reçu les attestations envoyées récemment ?
— Ah si, bien sûr ! Mais comme j’ai pas envie de faire des photocopies et de payer pour ça, autant que ça soit vous qui le fassiez. »
Au moins, ça a le mérite d’être clair.
 
« Bonjour, je vous appelle à propos de ma mutuelle, je voulais savoir si le patron m’a déclaré.
— Oui c’est tout bon. Vous pouvez même couvrir femme et enfants gratuitement si vous le voulez.
— Ah c’est vrai, j’avais oublié, ça peut être une bonne idée en fait… »
L’esprit de famille qu’ils disaient, l’esprit de famille…
 
« C’est possible de souscrire une mutuelle à partir d’aujourd’hui ?
— Ah oui, si vous le souhaitez. Il n’y a même pas de délai d’attente si vous devez vous soigner.
— Cool ! Vous pouvez également me payer mes lunettes que j’ai faites il y a deux mois ? J’avais pas de mutuelle, et c’était plutôt cher. »
Cela va de soi. Envoyez-moi les factures des dix dernières années si vous voulez, on verra ce qu’on peut faire.
 
« Bonjour, vu qu’on habite dans le même immeuble, j’ai pensé, pour faire moins cher, de couvrir le voisin sur ma mutuelle. C’est possible ? »
N’oubliez pas sa famille surtout, les cousins au 3 e  degré sont également acceptés.
 
« Je voulais vous demander, monsieur.
— Oui ? Que puis-je faire pour vous ?
— C’est possible de couvrir ma femme et ma maîtresse sur ma mutuelle ? Sans qu’elles le sachent, bien sûr ! »
Mmmh, mmmh, choix difficile, me direz-vous…
 
« Bonne journée, monsieur.
— Ouais c’est ça, va te faire foutre ! »
Je trouve cette phrase particulièrement...