La lecture à portée de main
42
pages
Français
Ebooks
2021
Écrit par
Odile Pruvot
Publié par
Mame
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2021
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Publié par
Date de parution
23 juillet 2021
Nombre de lectures
0
EAN13
9782728930852
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
"Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !"
Depuis le soir même de leur mariage, il y a 25 ans, Mawa et son mari Tobie suivent à la lettre ces mots de saint Paul. Contre vents et marées, le week-end ou pendant leurs vacances, ils témoignent inlassablement de l’amour du Seigneur, Tobie juché sur sa caisse, Mawa distribuant des versets de la Bible dans les rues, sur la plage ou à l’autre bout du monde.
À travers un journal sincère et plein d’humour, Mawa partage les souvenirs d’une année d’évangélisation. Joies, difficultés, rencontres ou désillusions s’égrènent au fil des pages, livrant un portrait touchant des missionnaires des rues, imparfaits mais fidèles serviteurs de la Parole.
Un livre délicat, profond et drôle, qui donne envie de se lancer sur les chemins et de rejoindre ces messagers du Christ au XXIe siècle.
Publié par
Date de parution
23 juillet 2021
Nombre de lectures
0
EAN13
9782728930852
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
À tous mes frères et sœurs de la communauté Aïn Karem et d'évangélisation de plein vent.
O.P.
Septembre
Retraite missionnaire
« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile. »
Saint Paul
Mawa avance en sifflotant dans la fraîcheur d’un matin de septembre. De temps à autre, elle accélère le pas pour mettre en déroute les pigeons qui tiennent le pavé parisien. L’automne commence tout juste. Mawa scrute les marronniers qui bordent l’avenue. Elle a toujours aimé la saison des marrons. Même si elle va bientôt souffler ses cinquante bougies, elle aime toujours autant ramasser les marrons, petits et gros, tout doux et luisants lorsqu’ils sortent de leur bogue. Elle les met dans des sacs, dans ses poches et les retrouve parfois des mois plus tard. Depuis peu, elle a la chance d’avoir son petit-fils pour les ramasser avec elle ! C’est d’ailleurs lui qui l’a affublée de ce nouveau nom « Mawa ». Elle l’a aussitôt adopté et s’est glissée, avec joie et avec tendresse, dans le nouveau rôle de grand-mère.
Aujourd’hui, Mawa se rend à la retraite missionnaire annuelle de sa paroisse. Comme chaque année, dès la rentrée scolaire, il s’agit de prendre un engagement d’un an pour la mission de rue. Et cela lui donne des ailes ! D’autant plus que, cette fois-ci, elle a réussi à embarquer sa collègue Hedwige.
La voilà à la porte de l’église, qu’elle contourne pour se rendre dans la salle paroissiale, au fond d’une grande cour qui donne au lieu des airs de province. Là, café et brioche viennent délecter les papilles et les conversations s’engagent.
– Bonjour Père !
– Bonjour Fille ! Comment allez-vous ?
– On ne peut mieux. Je sens que cette année va être un bon millésime.
– Je l’espère aussi !
Les arrivants se succèdent, jeunes, vieux, petits, gros, blancs, noirs : l’Église dans sa diversité. Il y a là des catholiques depuis le berceau et des convertis. Ce qui les réunit : allumer le feu ! Annoncer la bonne nouvelle du Salut et de la Résurrection à tous, là où ils sont. Dans la rue, au beau milieu des courses du samedi, des rendez-vous amoureux ou de la promenade du chien. Mais, pour cette mission, avant de se lancer, il faut être envoyé. Nul ne s’improvise apôtre ! C’est l’Église qui appelle et qui envoie.
Mawa, qui pratique ce sport depuis plus de 25 ans, a souvent constaté qu’elle était incapable de faire de l’évangélisation de rue autrement que dans ce cadre bien défini. L’Église appelle et envoie ; la communauté paroissiale œuvre, missionnée et accompagnée. L’Esprit Saint est donné dans ces moments, même à ceux qui s’en pensent le moins capables.
Hedwige arrive et Mawa se précipite pour l’accueillir.
– Hedwige, enfin ! Je croyais que tu étais coincée quelque part !
– J’ai bien failli, figure-toi ! Ma nièce est partie avec mes clés. J’ai dû trouver toute une organisation pour ne pas être à la rue ce soir, mais grâce à Dieu, tout est réglé.
Mawa apprécie tant, chez Hedwige, cette capacité à s’émerveiller de tout. Elle lui fait penser au personnage du Ravi dans La Pastorale des santons de Provence. C’est son personnage préféré. Il s’extasie devant tout ce qu’il voit. Et si Hedwige était sa descendante… Dans une société où règne la morosité, où tout le monde râle, peste, manifeste, l’optimisme d’Hedwige lui fait du bien. C’est un cadeau précieux. Comme cela fait du bien de s’arrêter devant une fleur, un enfant, un coucher de soleil, d’écouter les gouttes d’eau tambouriner sur le parapluie, de humer la fraîcheur du matin.
La responsable du groupe bat le rappel. C’est l’heure des laudes, cette magnifique prière de louange matinale que Mawa aime tant. Quand elle prie avec les psaumes, elle se sent connectée à la terre entière et à toutes les générations passées. Elle sent, dans ces poèmes, tous les états d’âme et toute l’histoire du peuple de Dieu. Et même si des milliers d’hommes et de femmes les chantent en ce moment même aux quatre coins du monde, l’esprit de Mawa vagabonde et s’éloigne des aventures du peuple d’Israël. Elle n’a jamais réussi à combattre ces distractions. Alors, elle fait avec. Elle les associe à sa prière et présente au Seigneur tous ceux qui traversent ses pensées. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux !
La retraite missionnaire est un rituel bien organisé. Une sage alternance de topos, de temps de silence, de moments de prière. Le premier topo va commencer. Le père Antoine, aumônier du groupe, associe humour et profondeur, passages bibliques, théologie et anecdotes. Il a choisi la figure de Jonas pour former les missionnaires cette année. Mawa se sent proche de cet homme qui fuit à l’opposé du lieu indiqué par Dieu. En effet, autant elle est convaincue de la nécessité et du bien-fondé de la mission, autant chaque apostolat est un combat. Il y a tellement de choses à faire, concrètes, utiles et nécessaires qui pourraient largement justifier son absence !