Existe-t-il des gènes du comportement ?
203 pages
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Description

Elle prend sous son charme tous les champs de la connaissance. Elle remet en question les règles de la morale en vigueur. Elle triomphe, elle séduit, elle colonise. Elle : la génétique. N’aurait-elle pas tendance à ratisser trop large ? Chaque comportement aurait ainsi son gène, chaque vice et chaque vertu, presque. Pour l’intempérance, nous aurions ainsi le choix avec les gènes de l’appétence pour l’alcool, le sucre ou le gras. Pour l’orgueil, il y aurait le gène de la dominance chez la souris… Qu’en est-il des maladies mentales, des déficits intellectuels et de la violence chez l’homme ? Et voilà trois ans, il a beaucoup été question du gène de l’infidélité. L’un des spécialistes français les plus engagés dans ce domaine livre toutes les clés permettant de saisir ce que la génétique apporte vraiment à la compréhension de ce que nous sommes… et de résister à la tentation du « tout génétique » !Pierre Roubertoux a été professeur de biologie à l’université Paris-V, et l’est à celle d’Orléans. Il a créé et dirigé le laboratoire « Génétique, neurogénétique, comportement » du CNRS et travaille aujourd’hui au laboratoire « Génomique fonctionnelle, comportements et pathologies » du CNRS, à Marseille. Ses travaux sur la découverte de gènes liés à des comportements lui ont valu le prix Theodosius Dobzhansky, aux États-Unis.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 novembre 2004
Nombre de lectures 6
EAN13 9782738184009
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , NOVEMBRE  2004
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN  : 978-2-7381-8400-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À la mémoire de mes parents, Gaston et Lucie, et de mes grands-parents, à Suzanne et Gilbert Carlier, à Judith et David, à Léo, Arthur et Salomé… aux Chats.
Remerciements

Ce livre n’aurait pas vu le jour sans l’invitation et les encouragements de Bénédicte de Boysson-Bardies. Sans la confiance et la patience d’Odile Jacob, il serait resté à l’état de velléité. Qu’elles reçoivent ici le témoignage de ma gratitude la plus vive. Il est des chefs d’orchestre qui dissertent, d’autres qui en quelques indications précises changent la physionomie d’une œuvre : Jean-Luc Fidel est de ceux-ci ; du fond de mes soirées studieuses, des sorties remises, merci.
Certaines parties de cet ouvrage sont le fruit d’un long mûrissement. Jerry Hirsch, maître et ami à la rude franchise, a joué un rôle majeur dans ma façon d’aborder les liens entre les gènes et les phénotypes. Il a formé ma pensée, plus que tout autre, en dépit des distances. De combien de documents précieux lui suis-je redevable depuis trente ans ! Maurice Reuchlin m’a encouragé et soutenu, au début, dans ma tentative de relier le génome au comportement, même s’il le regrette, qu’il en soit remercié. Je dois à une longue collaboration avec Sylvie Tordjman d’avoir aperçu la complexité de la nosographie psychiatrique et les écueils d’une analyse biologique des troubles mentaux.
Que serait ce livre sans les discussions passionnées, parfois provocantes avec Pierre Royer, Gilbert Carlier, Bernard Soumireu-Mourat, Danièle Migliore-Samour, Marie-Claire Busnel, Michel Soulé, André Holley, Daniel Locker, Jean Caston, Serge Lebovici, Colette Chilond et, dernier en date mais non des moindres, Marc Jamon et son équipe. Charles Cohen-Salmon, par ses idées audacieuses et son anticonformisme, a été et est encore une source de stimulation scientifique. Hervé Degrelle, au cours d’un long travail en commun, a eu une influence qui dépasse le cadre de cet ouvrage. Françoise Carlier-Bétourné m’a fait découvrir un visage plus fraternel de la psychanalyse, merci à elle. Plus rares parce qu’ils étaient plus loin, les échanges avec eux ont contribué à ce livre, souvent sans qu’ils le sachent : Ariel Darvasi, Douglas Wahlsten, Gordon Harrington, Richard Rose, Robert Brush, Norman Henderson, Franz Sluyter, Earl Green, John-Paul Scott, Robert Collins, Stephen Maxson, Donald Nash, Byron Jones. Deux après-midi, passées avec George Snell, restent des moments lumineux de ma vie scientifique. Réunir sur cette page Jerry Hirsch et Robert Plomin peut surprendre ; l’effort que mène ce dernier, parallèlement au mien, pour introduire la génétique moléculaire dans l’étude des comportements va dans le sens de ce que je tente de faire.
Olivier Postel-Vinay, pour le temps d’un « dossier » dans La Recherche puis Danielle Le Roscouet-Zelwer, chargée de communication au CNRS, à la faveur de conférences ou d’articles pour le public non spécialisé, m’ont sensibilisé à l’art difficile de diffuser les connaissances sans trahir l’exactitude scientifique… J’espère n’avoir pas trop oublié.
Bernard Kerdeluhé a bien voulu apporter sa compétence de neuroendocrinologiste et sa grande culture biologique à la relecture de certaines pages de ce manuscrit. Un grand merci. De Michèle Carlier-Roubertoux, je ne dirai rien, sinon qu’une collaboration de plus de trente-six ans et de tous les instants marque profondément la pensée. Ses suggestions et ses corrections ont été cruciales pour ce qui se rapporte aux jumeaux, aux profils psychologiques des personnes atteintes de maladies génétiques et à la latéralité et puis… nos discussions ont fait naître bien des idées exprimées ici.
François Clarac m’a accueilli dans son laboratoire à Marseille où j’ai composé l’essentiel de ce livre. La relecture qu’il fit d’un premier manuscrit m’a encouragé à aller plus loin. Lui témoigner, ici, ma reconnaissance, même avec affection, est peu.
Je ne saurais oublier ici l’aide sans faille que le Conseil scientifique de la Fondation Jérôme Lejeune a bien voulu accorder à certains de mes travaux. Le CNRS, pivot de la recherche en France, m’a offert, depuis trente-quatre ans, les moyens de développer ce thème de recherche au confluent de plusieurs disciplines. La préparation de cet ouvrage a bénéficié de l’aide de l’Université de la Méditerranée et de celle d’Orléans.
Introduction

Je n’ai jamais été honteux que d’une chose : du caractère convenable , malgré tous mes efforts, de tout ce que j’ai fini par dire…
Qu’une parole ait besoin d’excuses, et qu’une autre puisse l’excuser, cela me confondra toujours. Je ne comprends pas l’intérêt de ces exercices.
Francis P ONGE ,
Le Nouveau Recueil , 1967.

Nul ne peut ignorer ses exploits, ses projets et, parfois, ses déceptions. La radio dès le réveil, les quotidiens dans le métro ou la télévision au journal du soir ne parlent que d’elle. Vedette de l’actualité, elle vole la première place aux princesses, aux actrices et aux divas. Elle détourne les jeunes gens, leur promettant la gloire et des plaisirs scientifiques sans fin. J’ai même vu – n’en suis-je pas un moi-même – des chercheurs chevronnés quitter, pour la suivre, qui la biochimie, qui la physiologie, qui l’immunologie ou la bactériologie avec laquelle ils avaient vécu en bonne intelligence pendant de nombreuses années. Croqueuse de diamants, pour peu qu’elle se pare des falbalas « moléculaires », elle dévore les budgets des organismes de recherche. Elle prend sous son charme tous les champs de connaissance : biologie animale et végétale, médecine – bien sûr, après son passage, on ne soigne plus comme avant –, odontologie, pharmacie, écologie et même enquête policière, histoire et archéologie. Elle remet en question les règles de la morale en vigueur et nous contraint à de nouvelles perspectives éthiques. Elle… la Génétique.
Certes, murmurent certains, elle triomphe, elle séduit, elle colonise, mais elle ne sait pas jusqu’où elle peut aller trop loin. N’aurait-elle pas tendance, usant de sa notoriété, à ratisser trop large ? Ne fera-t-on pas, bientôt, la génétique de l’esprit ou de la conscience ? On fait déjà la « génétique des comportements 1  ». Les journaux scientifiques sont pleins de ces « gènes » modulant les comportements : journaux généralistes de haut niveau, Science ou Nature mais aussi Neuron , Cell , Nature Genetics qui ont atteint la plus haute réputation dans notre domaine. Chaque comportement a son gène, et ce gène se proclame avec d’autant plus de force qu’il a une odeur de soufre ou qu’il s’attache à un trait de comportement qu’un certain consensus considère comme crucial pour la survie de nos sociétés. Si on suivait cette pente, on ferait correspondre un gène 2 à chaque vice et à sa vertueuse contrepartie : le « mauvais » allèle 3 pour le trait blâmable et le « bon » pour le trait estimable. Des allèles liés à différents degrés d’activité ont été trouvés chez la souris et chez la drosophile : graines de paresseuses ces larves de mouches qui ne se déplacent pas sur les tapis d’agarose ! Paresseuses également ces souris qui courent peu dans les roues d’activité ! Pour l’intempérance, nous avons le choix avec les allèles d’appétence pour l’alcool , le sucre ou les substances grasses . Pour l’orgueil, on a l’allèle de la dominance et de la conquête du territoire, chez la souris ; on le retrouvera chez l’humain . L’avarice, c’est une question de comportement d’amassement, et les rongeurs amassent plus ou moins. Il a aussi son allèle. Quant à la luxure, c’est encore plus beau puisque qu’on a même eu droit au gène – allèle – de l’infidélité , voilà trois ans. Tout cela, bien sûr chez d’autres espèces que la nôtre mais avec les homologies de fonction des gènes, avec les similitudes entre les cartes génétiques de différentes espèces animales, tout ce qui vaut pour la mouche, la souris ou le petit ver nématode vaut pour l’humain. On ne se fait pas faute d’extrapoler. Les quotidiens et les hebdomadaires reprennent les communiqués de presse racoleurs des revues scientifiques. Si l’auteur apparaît trop timoré dans ses conclusions ou simplement prudent, la rédaction ou des scientifiques de renom se chargent de tirer la quintessence médiatique de ses travaux et d’extrapoler de la souris à l’humain. D’ailleurs, bon nombre de ces travaux portent directement sur l’humain. Aux allèles liés à l’agression , découverts chez la souris, s’ajoutent ceux qui sont liés au viol et à l’agression et qu’on a prétendu détecter chez nos semblables. J’attends qu’un jour la fresque de Giotto, qui fit rêver le narrateur de Du côté de chez Swann , ou le tableau de Jérôme Bosch, qu’on intitule Les Sept Péchés capitaux , s’ornent de guirlandes d’ADN avec la position des gènes, chaque péché aurait ainsi son ancrage chromosomique. « Non ! bougonnent certains scientifiques, fort estimables par ailleurs, la génétique racole. Avec la génétique des comportements la diva fait le trottoir. »
Bougonnez, collègues trop frileux ! Si cette expression « génétique des comportements » n’était absurde – les comportements n’ont pas de gènes, ce sont les individus qui les produisent qui portent des gènes – et si elle ne désignait pas une fausse cible – la génétiqu

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