Halte au changement climatique !

Bernard Tissot

Description

Comment notre consommation massive de pétrole et de charbon a-t-elle produit un effet de serre ? Qu’en sera-t-il demain lorsque les Chinois et les Indiens consommeront autant d’énergie que les Occidentaux ? N’est-il pas déjà trop tard pour inverser la tendance ? Et si l’énergie solaire est bien la solution à long terme, que faire en attendant ? Avec passion et rigueur scientifique, dénonçant au besoin les illusions, dont l’alliance contre nature entre le lobby international du charbon et les écologistes antinucléaires, Bernard Tissot livre ici les conditions auxquelles nous pouvons espérer garder notre planète verte. Bernard Tissot, membre de l’Académie des sciences, a enseigné à l’Institut de physique du globe. Il est président de la Commission nationale d’évaluation des recherches sur la gestion des déchets radioactifs.

Sujets

• Science de la Terre
• Earth Sciences
• Sciences et techniques
• Climatology
• Meteorology
• Science

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 01 mai 2003
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782738182708
• Langue: Français

Extrait

Bernard Tissot
HALTE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE !
 
 
© Odile Jacob, avril 2003 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8270-8
www.odilejacob.fr
Table

Avant-propos
CHAPITRE 1. Une brève histoire de l’énergie
Pendant trois millions d’années, l’homme n’a pas eu d’impact sur son environnement…
… mais il s’est bien rattrapé depuis
La longue marche vers la démocratie
L’énergie accessible à tous permet l’exercice effectif des droits de l’homme
Une demande sans cesse croissante de carburants et d’électricité
Énergie et développement
CHAPITRE 2. Les changements climatiques et leurs secrets
Les changements climatiques anciens montrent des traces de climats froids…
… ainsi que de climats chauds ou arides
Les changements climatiques sont bien documentés à l’époque de l’ Homo sapiens
Glaciation et réchauffement
Une grande stabilité depuis 10 000 ans a permis le début des grandes civilisations
Du Moyen Âge au XIX e  siècle
Des changements climatiques suivis au quotidien à l’époque moderne
L’homme est-il le destructeur de son environnement ?
CHAPITRE 3. L’effet de serre nécessaire à la vie, mais inquiétant pour l’avenir
Quand les chemins de l’énergie et du climat se rencontrent
Un changement climatique
Une prise de conscience progressive
L’effet de serre naturel, nécessaire à la vie sur la Terre
L’effet de serre perturbé par les activités humaines
Quelques définitions pour éclairer les discours
Lire l’avenir dans les archives du passé
L’œuf et la poule
La modélisation, clé de la prévision
Un élément important du débat : le rapport 2001 de l’IPCC
Un avenir inquiétant
Le changement, c’est pour longtemps
On peut lutter contre la pollution à l’échelle locale ou régionale…
… mais pour l’effet de serre, nous sommes tous sur le même navire
CHAPITRE 4. La demande d’énergie et les enjeux
Abondance ou pénurie ?
Une demande en forte progression
Deux domaines sensibles
Une industrie particulière : les cimenteries
La demande d’énergie primaire au XXI e  siècle
Tout est joué, ou presque, pour l’an 2020, mais 2050 reste flou
Annexe : les équivalences entre les différents types d’énergie primaire
CHAPITRE 5. Les combustibles fossiles : pétrole, gaz naturel, charbon. Abondance ou pénurie ?
Demande globale et demande de combustibles fossiles
De l’énergie solaire mise en réserve pendant des millions d’années… avec un rendement dérisoire
Une fraction de la biomasse est préservée au cours des temps géologiques
Du kérogène au pétrole et au gaz
De la géologie de surface à la modélisation numérique des bassins
Une demande sans limite, mais des réserves limitées par nature
L’avenir est-il dans les mers profondes ?
Ne plus laisser en terre les deux tiers du pétrole découvert
De gigantesques accumulations de bitumes
Quand l’homme prétend se substituer à l’histoire géologique
Une ressource d’ampleur totalement inconnue : les hydrates de gaz
Le charbon, cousin du pétrole
Des réserves de charbon connues de longue date, mais mal inventoriées
Quelles ressources pourrons-nous mobiliser ?
Jusqu’où cela nous mène-t-il ?
CHAPITRE 6. Pouvons-nous lutter contre les gaz à effet de serre ?
Prévenir ou guérir ?
Le gaz naturel, ses deux modes de transport et ses trois marchés
Des carburants peu polluants, mais des raffineries plus gourmandes
Optimiser la production de chaleur…
… et celle d’électricité
Des gains énergétiques importants dans les transports
Des carburants de substitution
L’hydrogène, carburant du futur ?
Et les véhicules électriques ?
Les émissions de GES dues à l’homme et le cycle du carbone
La séparation et le confinement des GES sont-ils une vision réaliste ?
Le stockage du gaz carbonique : rêve ou réalité ?
Les économies d’énergie sont bonnes à prendre, mais pouvons-nous aller au-delà sans modifier profondément notre spectre d’énergie primaire ?
CHAPITRE 7. L’énergie nucléaire
Dans un appentis de l’École de physique et de chimie de Paris, en 1898
La fission nucléaire et ses applications
Les réacteurs industriels et leurs produits
Les réacteurs du futur
L’aval du cycle nucléaire
De la radioactivité dans une poignée de terre, mais des unités de mesure peu maniables ou trop complexes
Rayonnements ionisants, santé de l’homme et environnement
Quels déchets à la sortie des réacteurs ?
Que faire du plutonium ?
Le retraitement : pour quoi faire ?
La gestion des déchets pour préserver la santé humaine et la biosphère
Réversibilité ou irréversibilité des stockages ?
Fusion thermonucléaire contrôlée, rêve ou réalité ?
CHAPITRE 8. Les énergies renouvelables : une contribution indispensable à l’échelle du siècle, l’unique réponse à l’échelle des millénaires
Des moulins à eau aux centrales hydroélectriques
Des moulins à vent aux grandes éoliennes
La conversion photovoltaïque de l’énergie solaire
Hydrogène et pile à combustible
La conversion thermodynamique de l’énergie solaire
Des centrales géothermiques, quand la géologie le permet
La biomasse et les déchets agricoles
Les déchets ménagers : une contribution accrue
Le chauffage dans les secteurs résidentiel, tertiaire, et agricole
Les limites des énergies renouvelables
L’agriculture au XXI e  siècle : nourrir 9 milliards de personnes ou produire du carburant ?
CHAPITRE 9. Le temps des grands choix n’est pas si lointain
La prévision scientifique ou technologique est un art difficile…
… mais l’inventaire des besoins et des ressources fournit un cadre de réflexion
Des besoins prioritaires
Les choix deviennent urgents, mais les visions à long terme sont pénalisantes
Le poids du passé et la pesanteur des évolutions
Le gaspillage de l’énergie solaire…
… et celui de l’énergie nucléaire
Tabous et fétiches
Le nuage de Tchernobyl
Abandonner les positions de principe et les tabous : la voie démocratique
L’indulgence populaire pour l’énergie la plus meurtrière
Des choix sans complaisance et sans passion
CHAPITRE 10. Deux questions et une réponse
Le politicien, l’industriel et le scientifique
L’irréaliste et l’irresponsable
Des risques encore insoupçonnés par les décideurs
Des surprises très désagréables : l’éventualité de changements climatiques brusques
Prévenir ou guérir
Le protocole de Kyoto est-il la bonne réponse au changement climatique ?
Un consensus mondial est urgent
Des choix courageux
Responsabilité, équité, crédibilité
Et les pays les plus pauvres ?
Des choix impliquant des siècles et des millénaires
Énergie et climat : les clés du développement durable
Conclusion
Quelques lectures
Avant-propos
 
Notre société paraît beaucoup moins soucieuse de son avenir à long terme qu’elle ne l’était il y a trente ans. Cela se comprend aisément pour les pays les moins favorisés qui doivent faire face à l’extension toujours croissante du sida, cause de millions de morts, sans être pour autant libérés des problèmes de malnutrition voire même de famine. Ces derniers sont en réalité renforcés par une sécheresse récurrente dans beaucoup de pays africains. Peu importe pour eux ce qui risque de se produire au cours du siècle qui commence : le seul vrai problème est d’empêcher les hommes, les femmes et les enfants de mourir dans les deux ou trois années à venir.
De leur côté, les pays industrialisés s’étaient mobilisés, dans les années 1970, sur les thèmes et les mises en garde du Club de Rome. La base du raisonnement en était que les réserves de matières premières, qui sont en quantité finie sur notre Terre, ne pourraient répondre pendant une durée indéfinie à une demande croissant de façon exponentielle. En fait, si la première proposition est bien établie (ressources limitées), la seconde (croissance exponentielle) ne s’est pas vérifiée et l’échelle des temps, qui n’était pas connue, s’est révélée beaucoup plus longue que prévu.
L’alerte suivante vint du pétrole : la guerre au Moyen-Orient en 1973, puis la révolution de 1979 en Iran, suscitèrent l’émoi du monde industrialisé du fait de la flambée des prix (les deux « chocs » pétroliers) et des incertitudes sur les approvisionnements qui en furent les conséquences. Même les États-Unis, historiquement grands producteurs, devaient importer une large part de leur consommation. La baisse de la demande résultant d’un ralentissement marqué de l’économie mondiale, et la nécessité pour certains pays producteurs d’exporter suffisamment pour nourrir leur population et équiper leur agriculture ou leur industrie, amenèrent en 1986 un « contre-choc » pétrolier, marqué par une brutale et importante chute des prix.
Rapidement, on oublia les inquiétudes passées : l’idée d’abondance d’énergie disponible à bas prix, bien que dépourvue de fondement, s’installa dans les esprits. Le marché du pétrole subit alors, au fil des années, des oscillations comparables à celles qu’on observe depuis longtemps sur les matières premières minérales (métaux non ferreux) ou alimentaires (café ou cacao, par exemple). Par contre, l’idée de surabondance de pétrole ou de gaz subsista, au point que les industriels et les économistes firent des prévisions de croissance qui, bien sûr, prennent en compte le prix des énergies, mais ne posent pas le réel problème d’approvisionnement. En témoigne le fait que pétrole et gaz sont utilisés dans ces prévisions comme énergies de bouclage, c’est-à-dire disponibles au niveau des besoins.
Cependant, depuis une quinzaine d’années, on suspecte, puis on observe un changement climatique. Ce dernier est maintenant considéré comme établi par la plupart des spécialistes, qui l’attribuent à un renforcement de l’effet de serre dû aux combustibles utilisés en grande quantité par l’homme depuis deux siècles, c’est-à-dire depuis la révolution industrielle (de 1760 à nos jours). Charbon, pétrole et gaz, dont la combustion génère du gaz carbonique – principal gaz à effet de serre émis par les activités humaines – sont tenus pour r