L Audace de Sapiens
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L'Audace de Sapiens , livre ebook

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Description

On ne peut expliquer la fulgurante expansion d’Homo sapiens sur toute la Terre que par la puissance totale accordée à son audace, à son imagination et à sa quête d’autonomie. Par l’action de sa pensée, l’homme a en effet combattu les lois biologiques et a défié toutes les contraintes environnementales, sans jamais s’y réduire. Cette succession de défis surmontés se trouve, par exemple, illustrée dans l’acquisition de la bipédie, le façonnement d’outils, la construction d’abris élaborés, le contrôle du feu, les pratiques rituelles, l’élaboration de récits mythiques, les créations artistiques… Pour le préhistorien Marcel Otte, il est temps de réinjecter intelligence, responsabilité et lucidité dans la lecture de la prodigieuse aventure humaine, celle qui nous a apporté tant d’émerveillements, de fascinations, de rêves. Ces populations ont tout inventé, du plus beau au plus utile, mais aussi au plus fatal, guidées par leur seule audace ! La grande aventure d’Homo sapiens, richement illustrée, avec ses contraintes, ses défis et ses conquêtes ! Marcel Otte est professeur de préhistoire à l’Université de Liège. Auteur de nombreux ouvrages de référence, il est spécialiste des échanges culturels durant le paléolithique et dirige de nombreuses fouilles en Europe et en Asie. Il a notamment publié À l’aube spirituelle de l’humanité. Une nouvelle approche de la préhistoire. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2018
Nombre de lectures 8
EAN13 9782738143655
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« Avant l’histoire » une collection dirigée par Yves Coppens


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© O DILE J ACOB , AVRIL  2018 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4365-5
ISSN : 2556-8132
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Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
« Quelle que soit la chose que vous pouvez faire ou que vous rêvez de faire, faites-la. L’audace a du génie, de la puissance et de la magie. »
G OETHE .
INTRODUCTION
Audace et évolution humaine

Avec l’arrivée massive des hommes anatomiquement modernes en Europe, à partir de 50 000 ans, les critères d’hominisation se sont présentés sous une forme caricaturale, et nous devons en saisir les mécanismes qui ont agi en profondeur pour expliquer de tels aboutissements. Tout indique qu’ils furent le produit combiné de tendances d’origines très diverses mais en interaction perpétuelle : de la pensée à la nature et réciproquement.
L’audace, consciemment assumée ou involontaire, constitue la trace permanente de notre évolution à long terme. Elle s’oppose perpétuellement aux contraintes, d’abord mécaniques, puis de caractère social qui l’ont entravée successivement. Tel est le destin de l’humanité moderne, totalement engagée dans un statut biologique strictement dépendant désormais de ces aptitudes comportementales, et loin des limitations anatomiques originelles. Voilà le champ principal de la réflexion développée dans cet ouvrage.
D’emblée, une considération de portée générale doit être ajoutée ici : les processus rétroactifs affectant la silhouette et le comportement caractérisent l’espèce humaine dans son ensemble, en tout point du monde et à tout moment de sa constitution, mais selon des rythmes variés régionalement. Seule la densité de tous ces processus accomplis est particulièrement claire dans le cas de l’Europe au paléolithique supérieur, et nous y sommes tout spécialement sensibles car ces populations ont directement donné naissance à nous-mêmes, observateurs privilégiés donc suspects de partialité. Considérée comme un mécanisme, la modernité ne possède évidemment aucune valeur morale ou éthique : elle ne forme qu’une étape, inéluctable et fortuite, d’une combinaison de facteurs universels.
L’étude de cette modernité contient donc une sorte de cristallisation de l’ensemble de ces phénomènes, aboutie à un stade si avancé qu’il en devient d’une aveuglante évidence. Le statut biomécanique et culturel acquis par les hommes modernes contient et résume des millions d’années de transformations constantes et complexes au cours desquelles la biologie tend à atténuer ses effets au profit de ce qui fut conçu et réalisé contre elle, par la pensée, la parole et la tradition ; en un mot par l’audace. Ces hommes modernes possèdent ceci de particulier qu’ils ne se satisfont plus d’aucun aboutissement, aussitôt ressenti comme une entrave à dépasser par un renouveau d’imagination créatrice. Cette composante exacerbée dans notre modernité lui sera-t-elle fatale ?
Comme l’histoire, l’évolution humaine se fonde essentiellement sur l’activité spirituelle propre à notre espèce. Aucune « loi » biologique, aucune cause environnementale ne peut expliquer ce développement, radicalement opposé à toute forme de force extérieure à la réflexion et à l’anticipation. L’humanité peut seulement être définie comme une perpétuelle action menée en défi contre la nature. Aucune pression écologique, extérieure à la volonté humaine, ne peut expliquer l’abandon des forêts protectrices, moins encore l’extension à l’ensemble du globe, précisément dans des milieux hostiles à notre anatomie. De toute évidence, seule la culture a pu compenser la vulnérabilité de notre organisme naturel. Or cette culture se fonde sur des comportements codés, symboliques, transmis par « le geste et la parole » (Leroi-Gourhan, 1965), donc une affaire exclusivement conceptuelle. Au fil du temps, ces « conquêtes par l’esprit » s’organisent en règles traditionnelles qui, elles seules, constituent désormais le cadre dans lequel l’humanité se développe et évolue.
En d’autres termes, les modifications anatomiques observées en paléontologie ne sont que des effets indirects des aptitudes comportementales. À mesure où la subsistance est assurée par les modes de vie, les tendances mécaniques enclenchées depuis l’acquisition de la bipédie se sont accentuées. Les stigmates issus de notre passé paléontologique persistent au titre de traces sur notre anatomie (arcades, front, mandibule), mais en l’absence de toute fonction mécanique. La pratique de la bipédie, et ses conséquences ostéo-musculaires en cascade, n’a été rendue possible que par les audaces lancées par le comportement contre les contraintes naturelles. Cette succession de défis se trouve illustrée par l’emploi d’outils façonnés, la construction d’abris, le contrôle du feu, l’élaboration de récits mythiques et les créations artistiques. À chaque pas, nous observons une double tendance en perpétuelle rétroaction : la coercition imposée par la coutume instituée en formule de survie, opposée au besoin de la dépasser par l’imagination, l’audace, le risque. Divers exemples en seront présentés au fil de ces pages.
Curieusement, l’évidence d’un fonctionnement humain fondé sur la seule pensée ne s’est guère imposée dans la littérature réputée scientifique. Pourtant, de majestueuses démonstrations ont prouvé la cohérence et la richesse des sociétés humaines, considérées sur la terre entière (Lévi-Strauss, 1962 ; Cassirer, 1972 ; Frazer, 1998 ; Eliade, 1949 ; Kroeber, 1948). À travers l’immense diversité des formules culturelles mises en fonctionnement permanent, on observe toujours la régularité structurelle des modes de vie et de pensée. De toute évidence, il s’agit d’une véritable « science » anthropologique qui n’admet aucun hasard, aucune fantaisie de la part de l’observateur. De la cosmogonie à l’usage du marteau, des modes de chasse aux rythmes migratoires, l’ensemble des comportements inscrits dans un milieu culturel répond toujours aux mêmes règles structurelles, propres à toute humanité, et à tout moment de son histoire.
S’il s’agissait de fonder une « science » de la préhistoire, il serait inévitable de comprendre d’abord ces structures si complexes, si fondamentales et si régulières inscrites dans la pensée humaine, en fonctionnement continu et en interactions perpétuelles au sein des groupes humains. La difficulté principale se situe dans l’appréhension des mécanismes évolutifs considérés sur de longues durées, car les situations anthropologiques, observées dans la synchronie, ne correspondent qu’à un point d’aboutissement actuel, si particulier relativement à nos origines biologiques. Dans l’hypothèse où nous aurions saisi la trame de la pensée sociale contemporaine à travers toutes ses particularités, l’essentiel reste à démontrer : quelles en furent les causes, quelles en furent les phases constitutives et quelles en seront les étapes ultérieures raisonnablement prévisibles ? Voilà un champ d’étude largement plus étendu et plus grave que le simple constat de transformations anatomiques. Or l’ordre constaté par l’archéologie, selon lequel les acquisitions culturelles se sont accumulées, nous offre une clef pour cette intelligence, comme elle sera évoquée ici.
La focalisation, exercée depuis Darwin, sur les facteurs biologiques qui auraient régi l’évolution humaine semblait alors s’opposer à une vision biblique de nos origines, qui aurait longtemps faussé la clarté d’un raisonnement à vocation scientifique. Or, dès après cette prise de conscience quant à notre composante évolutive naturelle, les dogmes ont changé de côté, mais n’ont rien perdu de leur force coercitive. Désormais, l’origine et l’évolution de l’humanité n’étaient plus que naturelles ! Rétrospectivement, nous constatons avec candeur quels combats durent être menés pour reconnaître des « aptitudes » à l’humanité primitive : l’art pariétal, la maîtrise du feu, les pratiques funéraires « dès » les Néandertaliens. À chaque coin de phrase surgissent des étonnements vis-à-vis de telles évidences, exprimés sous le mode de découvertes stupéfiantes : « C’étaient déjà des artistes !… », « Ils possédaient une sorte de langage », « Ils utilisaient le feu, mais ne pouvaient pas encore le produire ». Sans voir que l’ensemble de ces comportements font partie de toutes les aptitudes humaines, partout et de tout temps. En d’autres termes, il s’agit d’une confusion classique entretenue, peut-être inconsciemment, entre les capacités et les réalisations, dans une conception aux relents furieusement racistes, propres d’ailleurs à l’esprit colonial contemporain de ce nouveau dogmatisme évolutif.
Comme toutes les populations pléistocènes, les Amérindiens, les Africains ou les Australiens n’avaient pas « besoin » des civilisations européennes : leurs histoires étaient ailleurs, dans l’accumulation de leurs propres systèmes de valeurs. Il faut voir l’évolution humaine exactement dans les mêmes termes : régionalement, les innovations se succèdent selon le fil « historique » qui n’a rie

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