Aménagement écosystémique en forêt boréale

Marie-Andrée Vaillancourt, Sylvie Gauthier

Description

Ce livre propose une synthèse des principaux concepts écologiques qui appuient la mise en ouvre de l'aménagement écosystémique. Il présente une revue des grands régimes de perturbation qui façonnent la dynamique naturelle de la forêt boréale et des exemples provenant de différentes régions du centre et de l'est du Canada. Plusieurs projets de mise en ouvre de stratégies d'aménagement écosystémique illustrent des enjeux de la foresterie actuelle et les solutions que cette nouvelle approche peut apporter.

Informations

• Publié par: Presses de l'Université du Québec
• Date de parution: 19 mai 2008
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782760519596
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 45 Mo

Extrait

Aménagement é e c n o for s êt y b s or t é é ale mique

PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450 Québec (Québec) G1V 2M2 Téléphone : [phone] • Télécopieur : [phone] Courriel : [e-mail] • Internet : www.puq.ca

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FRANCE AFPUD IFFUSION S ODIS

BELGIQUE P ATRIMOINE SPRL 168, rue du Noyer 1030 Bruxelles Belgique

SUISSE S ERVIDIS SA 5, rue des Chaudronniers CH1211 Genève 3 Suisse

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Aménagement écosysté e mique en forêt boréal

Sous la direction de

Sylvie Gauthier MarieAndrée Vaillancourt Alain Leduc LouisDeGrandpré Daniel Kneeshaw Hubert Morin

Pierre Drapeau

Yves Bergeron

Préface de James Fyles

2008 Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bur. 450 Québec (Québec) Canada G1V 2M2

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :  Aménagement écosystémique en forêt boréale  Comprend des réf. bibliogr. et un index.  ISBN 9782760515253  1. Forêts boréales  Gestion  Aspect de l’environnement  Canada. 2. Foresterie durable  Canada. 3. Forêts  Exploitation  Aspect de l’environnement  Canada. 4. Forêts  Conservation  Canada. 5. Écologie forestière  Canada. I. Gauthier, Sylvie, 1961 . SD567.A43 2008 634.9'20971 C20089402936

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIE) pour nos activités d’édition.

La publication de cet ouvrage a été rendue possible grâce à l’aide financière de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).

Mise en pages :I NFOSCAN C OLLETTE Q UÉBEC

Couverture –Conception :R ICHARD H ODGSON Photographies :1 – P HILIPPE D UVAL  2 – A NTOINE N APPI 1 3 – C LAUDE B OUCHARD  4 – M ARIE N OËLLE C ARON 3 2

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1 PUQ 2008 2 3 4 5 6 7 8 9 9 8 7 6 543 2 1

Tous droits de reproduction , de traduction et d’adaptation réservés © 20 08 Presses de l’Université du Québec e Dépôt légal – 2 trimestre 20 08 Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Bibliothèque et Archives Canada Imprimé au Canada

Préface

Au cours des deux dernières décennies, les Canadiens ont vu leur conception de la forêt boréale changer profondément. Auparavant terres vierges et reculées, elle est devenue source de bois et de papier, puis écosystème menacé par le développement industriel. Les attentes de la société quant à ce que la forêt boréale peut lui apporter se sont transformées avec ce changement de perception : aux matériaux de construction et papiers se sont ajoutées la diversité biologique, l’eau douce, les activités récréatives ainsi que les valeurs culturelles et spirituelles. La société exige donc davantage de la forêt et des aménagistes.

Ces nouvelles attentes ont mis les chercheurs et aménagistes au défi de trouver une alternative au dogme du rendement soutenu centré sur la production continue de bois. Les concepts d’aménagement équienne appliqué de façon uniforme et de forêt «normale », où chaque classe d’âge est également représentée jusqu’à l’âge d’exploitabilité, étaient adaptés aux paysages qui avaient comme seule valeur la production de bois, mais ils ne peuvent atteindre efficacement de multiples objectifs. Dans les années 1990, sur la côte ouest de l’Amérique du Nord, les pressions sociales prônant la conservation de la biodiversité associée aux forêts surannées ont stimulé la recherche de systèmes d’aménagement qui tenaient compte de ces valeurs tout en permettant la production de bois. Au Québec, ces enjeux ont été portés à l’attention du public par la sortie du film L’Erreur boréale, en 1999, dans lequel on questionnait plusieurs des principes de l’aménagement forestier conventionnel. En réponse à la controverse soulevée par ce film, les recommandations de la Commission Coulombe ont proposé l’aménagement éco systémique comme moyen de satisfaire les nombreuses attentes de la société envers la forêt.

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Aménagement écosystémique en forêt boréale

Depuis sa création en 1995, le centre d’excellence Réseau de gestion durable des forêts (RGDF) a pour mandat d’élaborer les connaissances nécessaires à l’émergence d’une «nouvelle foresterie » pour la forêt boréale canadienne. Les premières études finan cées par le RGDF reconnaissaient les agents de perturbation tels que les incendies, les insectes ravageurs et le vent comme des constituants de toutes les forêts boréales et cherchaient à comprendre les mécanismes et les patrons qui en découlent afin d’élaborer les bases de systèmes d’aménagement forestier qui favoriseraient la biodiversité de façon plus efficace. Les résultats de ces premières études ont inspiré de nouveaux projets qui visaient à concevoir des techniques de récolte et de sylviculture qui créeraient ou main tiendraient, dans les forêts aménagées, les conditions écologiques essentielles qui sont présentes dans les forêts non aménagées et qui favorisent la biodiversité.

Ce livre rend compte des résultats et de l’expérience acquise dans le cadre de plusieursétudesrécenteset,enparticulier,d’untravaild’équipedegrandeenvergure initié en 2003 et dirigé par Sylvie Gauthier, de Ressources naturelles Canada. Ces projets avaient pour objectif de jeter les bases de l’aménagement écosystémique, d’abord en caractérisant la forêt naturelle à l’échelle du paysage et du peuplement et ensuite en trouvant des applications qui visent à maintenir certaines caractéristiques clés de la forêt naturelle. L’hypothèse sousjacente est que les conditions écologiques qui permettent de maintenir les populations d’organismes forestiers sont vraisemblablement celles qui prévalent dans leur milieu naturel et auxquelles ils se sont adaptés à travers le processus d’évolution. Bien qu’on ne puisse créer de conditions proprement « naturelles » en amé nageant pour la récolte de bois, on peut recréer un certain nombre de caractéristiques écologiques clés de la forêt naturelle dans le but de favoriser la diversité des organismes et des écosystèmes. C’est la proposition qui est étudiée de différentes façons à travers le pays.

Parvenir à une compréhension commune du concept d’aménagement écosystémique est le premier défi des chercheurs et aménagistes. La suite des chapitres de ce livre brosse un portrait à grands traits de ce concept aux multiples dimensions. La première partie examine le quoi et le pourquoi de l’aménagement écosystémique. Le concept est complexe et pose un défi important car il requiert la prise en compte de nombreuses caractéristiques qui peuvent varier selon les régions et en fonction de l’échelle spatiale ou temporelle. À cela s’ajoute le défi supplémentaire de transposer ces notions complexes dans un cadre d’application simplifié et réalisable. C’est le but à long terme de la recherche exposée dans ce livre.

On sait que les régimes de perturbations varient considérablement d’une région à l’autre, mais on connaît mal les patrons et les processus de perturbations spécifiques de bien des régions. Ce manque de connaissances est une contrainte au développement de l’aménagement écosystémique. La deuxième partie offre une foule de détails sur les régimes de perturbations de diverses régions au Québec et au Manitoba et considère chaque régime du point de vue de l’aménagement écosystémique. Il en ressort que les régimes de perturbations impliquent souvent plusieurs agents qui influencent la forêt à différentes échelles et qui interagissent parfois entre eux. Nous avons là un bon concept fondateur sur lequel élaborer de nouvelles approches d’aménagement forestier.

Les stratégies de mise en œuvre de l’aménagement écosystémique doivent être adaptées à la nature de la forêt et aux valeurs que l’on veut préserver. La dernière partie du livre explore les systèmes sylvicoles conçus en fonction des régimes de perturbations et des caractéristiques de la forêt à laquelle ils s’appliquent. Ensemble, ces chapitres présentent l’éventail des possibilités : des interventions à l’échelle du peuplement, telles

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que les coupes partielles, le maintien de bois mort, la régénération et la protection du sol, à des pratiques de planification et de récolte qui créent des patrons semblables à ceux engendrés par les perturbations naturelles à l’échelle des paysages.

Plusieurs chapitres rapportent les résultats d’études qui ont évalué les effets de l’aménagement écosystémique sur des organismes indicateurs. Comme on peut s’y attendredansunsystèmeforestiercomplexe,ilenressortquelesespècesréagissentaux perturbations de différentes façons. Sans pour autant reproduire intégralement les conditions forestières naturelles, l’approche écosystémique maintient une biodiversité plus proche de celle de la forêt non aménagée que les méthodes conventionnelles de sylviculture et de récolte. Ces résultats sont donc prometteurs car ils indiquent que l’adoption d’approches écosystémiques favorise le maintien de la biodiversité dans les paysages aménagés.

Les forêts et les sociétés canadiennes changent et, avec elles, les perspectives des citoyens et leurs demandes eu égard aux paysages forestiers. Si nous voulons continuer de bénéficier de la vaste gamme d’avantages auxquels nous nous sommes habitués, nous devrons adopter des systèmes d’aménagement forestier qui rendent compte de ces nouvelles réalités. L’exercice ne sera pas facile et nous devrons poursuivre la discussion sur les avantages et les inconvénients, les bénéfices et les coûts. Les résultats des études présentés dans cet ouvrage constituent un solide apport de connaissances qui contribuera à nourrir ce débat.

James W. Fyles Directeur scientifique, Centre d’excellence Réseau de gestion durable des forêts Professeur d’écologie forestière à l’Université McGill