Les cultures africaines dans le champ de la rationalité scientifique
211 pages
Français

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Les cultures africaines dans le champ de la rationalité scientifique , livre ebook

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Description

Dans la mesure où l'humanité est en quête des savoirs de toutes les cultures, il faut s'interroger sur le modèle de mondialisation des savoirs à construire en faisant place aux acteurs de la science situés dans les contextes culturels différents. Dans tout rapport au savoir, il s'agit de prendre en compte la négation de ce qui, à travers l'invasion des paradigmes d'Occident, donne sens et valeur à la vie. Le scientifique africain doit veiller à construire une nouvelle cohérence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 127
EAN13 9782336276137
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Etudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Déjà parus
Augustin RAMAZANI BISHWENDE, Ecclésiologie africaine de Famille de Dieu , 2007.
Pierre FANDIO, La littérature camerounaise dans le champ social , 2007.
Sous la direction de Diouldé Laya, de J.D. Pénel, et de Boubé Nantaïwa, Boubou Hama-Un homme de culture nigérien, 2007. Marcel-Duclos EFOUDEBE, L’Afrique survivra aux afro - pessimistes , 2007.
Valéry RIDDE, Equité et mise en œuvre des politiques de santé au Burkina Faso , 2007.
Frédéric Joël AIVO, Le président de la République en Afrique noire francophone , 2007.
Albert M’PAKA, Démocratie et société civile au Congo-Brazzaville , 2007.
Anicet OLOA ZAMBO, L’affaire du Cameroun septentrional. Cameroun /Royaume-Uni , 2006.
Jean-Pierre MISSIÉ et Joseph TONDA (sous la direction de), Les Églises et la société congolaise aujourd’hui , 2006.
Albert Vianney MUKENA KATAYI, Dialogue avec la religion traditionnelle africaine, 2006.
Guy MVELLE, L’Union Africaine : fondements, organes, programmes et actions , 2006.
Claude GARRIER, Forêt et institutions ivoiriennes , 2006 Nicolas MONTEILLET, Médecines et sociétés secrètes au Cameroun , 2006.
Albert NGOU OVONO, Vague-à-l’âme , 2006.
Mouhamadou Mounirou SY, La protection constitutionnelle des droits fondamentaux en Afrique : l’exemple du Sénégal , 2006.
Toumany MENDY, Politique et puissance de l’argent au Sénégal , 2006.
Claude GARRIER, L’exploitation coloniale des forêts de Côte d’Ivoire , 2006.
Alioune SALL, Les mutations de l’intégration des Etats en Afrique de l’Ouest , 2006.
Jean-Marc ÉLA, L’Afrique à l’ère du savoir : science, société et pouvoir , 2006.
Les cultures africaines dans le champ de la rationalité scientifique

Jean-Marc Ela
© L’Harmattan, 2007 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattanl @wanadoo.fr
9782296027060
EAN : 9782296027060
Cet ouvrage s’inspire des thèses du même auteur publiées dans L’Afrique a l’ère du savoir : science, société et pouvoir
Sommaire
Etudes Africaines - Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION CHAPITRE I - Le mythe de « l’exception nègre » CHAPITRE II - Des problématiques nouvelles CHAPITRE III - La mission du chercheur africain CONCLUSION - Du culte de la tradition à la tradition de la contradiction
INTRODUCTION
Dans un passage bien connu des Études newtoniennes, Alexandre Koyré écrit : « Il y a quelque chose dont Newton doit être tenu responsable, ou pour mieux dire, pas seulement Newton mais la science moderne en général : c’est la division de notre monde en deux. J’ai dit que la science moderne avait renversé les barrières qui séparaient les Cieux de la Terre, qu’elle unit et unifia l’Univers. Cela est vrai. Mais je l’ai dit aussi, elle le fit en substituant à notre monde de qualités et de perceptions sensibles, monde dans lequel nous vivons, aimons et mourant, un autre monde : le monde de la quantité, de la géométrie réifié, monde dans lequel, bien qu’il y ait place pour toute chose, il n’y en a pas pour l’homme. Ainsi le monde de la science-le monde réel - s’éloigna et se sépara entièrement du monde de la vie, que la science a été incapable d’expliquer - même par une explication dissolvante qui en ferait une apparence « subjective ». En vérité, deux mondes sont tous les jours- et de plus en plus- unis par la praxis. Mais, pour la théorie, ils sont séparés par un abîme. Deux mondes : ce qui veut dire deux vérités. Ou pas de vérité du tout. C’est en cela que consiste la tragédie de l’esprit moderne, qui « résolut l’énigme de l’Univers » mais seulement pour la remplacer par une autre : l’énigme de lui-même » 1 .
Il importe de saisir ici les conditions d’émergence des savoirs à l’instant même de leur constitution par la séparation du monde de la vie et du monde de la science. Plus précisément, il faut prendre acte des enjeux d’existence liés au passage à la science dans un système de pensée où, selon le mot de Schiller, « l’espace de Newton est le vide du cœur ». En effet, dès lors que la science oublie qu’elle est d’abord inquiétude et connaissance, souci de l’infini, c’est-à-dire qu’elle est profondément enracinée dans le monde de la vie et de ses interrogations, la démarche quantitative corrélative au développement de la science enferme l’homme dans sa subjectivité en le coupant des choses mêmes. Dès le XVIIe siècle, la réussite de la nouvelle science, incarnée par les Principes mathématiques de philosophie naturelle de Newton (1687), conduit à oublier la visée spéculative ancrée dans le monde de la vie au profit d’un régime ou d’une structure de pensée dans laquelle, pour reprendre les termes d’Alexandre Koyré, « il n’y a plus de place pour l’homme ». En Occident, la science moderne apparaît comme un processus historique profondément marqué par la négation de l’humain. On se souvient du projet fondamental de Lévi-Strauss que j’ai rappelé au début de cette étude : « Le but des sciences humaines n’est pas de constituer l’homme mais de le dissoudre » 2 . Autrement dit, pour le scientifique, l’homme n’est pas différent des choses. On retrouve la décision galiléenne de faire abstraction de la subjectivité. En fait, avec la rupture entre le monde de la science et le monde de la vie, l’homme est renvoyé à lui-même, au « silence éternel des espaces infinis » qui effraie tant Pascal. Bien plus, comme je l’ai montré plus haut, dès l’époque où naît la science moderne avec Galilée, Kepler et Newton, il n’ y a plus de monde réel que celui où règne le discours quantitatif, décentré de l’être humain mais efficace et de caractère instrumental. Le travail de vérité de la science ne s’attache pas à la qualité sensible. Faire de la science, c’est perdre le monde dont la richesse sollicite tous nos sens . Hannah Arendt insiste sur les conséquences tragiques de cette perte du monde devenu étranger à l’être humain dans la mesure où le triomphe de la rationalité mathématique est perçu comme la défaite du sens commun. L’homme a appris « que ses sens n’étaient pas ajustés à l’univers, que son expérience quotidienne, loin de pouvoir constituer le modèle de la réception de la vérité et de l’acquisition du savoir, était une source constante d’erreur et d’illusion. « Désormais, l’homme, où qu’il aille, ne rencontre que lui-même (...). Dans cette situation d’aliénation du monde radicale, ni l’histoire ni la nature ne sont plus du tout concevable. Cette double disparition du monde a laissé derrière une société d’hommes qui, privés d’un monde commun qui les relierait et les séparerait en même temps, vivent dans une séparation et un isolement sans espoir ou bien sont pressés ensemble en une masse » 3 . Ainsi, l’aliénation est la condition fondamentale qui caractérise le drame de l’esprit moderne dans le processus où se constitue la science. Ici s’enracine profondément la « crise des sciences européennes » dont a parlé Husserl dans son dernier livre où il déplore la détresse spirituelle qui envahit l’Europe devant l’éclatement de la science en disciplines séparées qui, dans leur abstraction, n’ont plus rien à dire à l’humanité. Un des aspects essentiels des premières pages de cet ouvrage repose sur la constatation que la science a été réduite à la seule connaissance des faits. Cette situation conduit les praticiens de la science à n’attacher d’attention qu’à l’étude des faits en laissant tomber toutes les questions de sens inscrites dans le monde de la vie ordinaire. En effet, « le positivisme, pour ainsi dire, décapite la philosophie » 4 . C’est l’héritage de ce système dont on retrouve l’influence à travers la conception de la science qui, en discréditant le contact direct avec le réel, remet en question l’adhérence de l’homme au monde en vue de faire disparaître la métaphysique et le mysticisme du domaine scientifique. En dépit de la diversité des méthodes de recherche propres à chaque science, c’est bien cet esprit qui domine dans toute investigation scientifique.
Depuis Platon et Aristote qui ont fixé durablement les rapports entre la science et l‘opinion 5 , l’esprit scientifique exige de rompre avec le monde où nous vivons. La pensée scientifique n’existe que par la mise à l’épreuve d’elle-même par elle-même face aux évidences du bon sens auxquelles elle ne peut s’accommoder 6 . En science, on ne connaît jamais que contre une conn

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