Souvenirs de voyage d un Provinois dans le nord de l Italie - Années 1856-1858
90 pages
Français

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Souvenirs de voyage d'un Provinois dans le nord de l'Italie - Années 1856-1858 , livre ebook

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Description

D’un seul bond, nous allons franchir les deux cents lieues qui séparent Provins de Marseille. Est-ce à dire que Dijon, Lyon, Valence, Avignon, soient des villes indignes d’attention et d’intérêt ? Loin de nous une pareille pensée, mais l’éclat de ces noms célèbres à divers titres pâlit et s’efface devant ce seul mot : Italie. Dès notre départ, le mirage enchanteur de ce pays aimé du ciel s’est emparé de notre imagnation, et nous rend presque indifférent à la multitude d’objets qui se succèdent sur notre route.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346027590
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Émile Bourquelot
Souvenirs de voyage d'un Provinois dans le nord de l'Italie
Années 1856-1858
Plusieurs personnes, sans doute trop bienveillantes, nous ont engagé à réunir et à publier dans une brochure les notes de voyage auxquelles la Feuille de Provins avait bien voulu donner l’hospitalité et qui avaient reçu de ses lecteurs un accueil favorable. Nous ne nous dissimulons pas la différence qui existe entre la publicité d’un journal et celle d’un livre, si modeste que soit son format. Mais cette fois comme la première, nous déclarons mettre de côté toute prétention littéraire. C’est à des amis et à des compatriotes que nous adressons nos souvenirs, et nous osons encore compter sur l’indulgence qu’ils nous ont déjà témoignée.

EMILE BOURQUELOT.
PREMIÈRE PARTIE
NICE. — MONACO. — GÊNES
NICE
D’un seul bond, nous allons franchir les deux cents lieues qui séparent Provins de Marseille. Est-ce à dire que Dijon, Lyon, Valence, Avignon, soient des villes indignes d’attention et d’intérêt ? Loin de nous une pareille pensée, mais l’éclat de ces noms célèbres à divers titres pâlit et s’efface devant ce seul mot : Italie. Dès notre départ, le mirage enchanteur de ce pays aimé du ciel s’est emparé de notre imagnation, et nous rend presque indifférent à la multitude d’objets qui se succèdent sur notre route.
Si rapide que soit la vapeur qui nous remorque, notre impatience d’arriver la devance encore. «  Autrefois on voyageait, maintenant on arrive. » L’accroissement progressif des voies ferrées tend à rendre cette vérité de plus en plus incontestable.
A Marseille, il nous faut quitter le chemin de fer pour prendre la diligence, et grâce aux allures modérées du véhicule, nous pouvons contempler à l’aise la belle et fertile Provence, cette gueuse parfumée, comme l’appelle le président de Brosses.
Nous gravissons péniblement les flancs robustes de l’Esterel, le géant du département du Var. Les forêts qui couvrent ce dernier contrefort des Alpes étaient jadis un asile sûr pour les bandits. Naguères encore, on tremblait au récit des exploits du farouche baron des Adrets et du terrible Cartouche. Le passage de l’Esterel servait en quelque sorte de préface aux aventures qui attendaient le voyageur dans les environs de Rome ou de Naples. A présent, on ne songe plus qu’à profiter des rares éclaircies qui permettent d’apercevoir, tantôt la mer et ses vagues, miroitant sous les feux du soleil, tantôt l’immense et plantureux jardin provençal, dont les produits figurent sur la table des gourmets et dans le boudoir des élégantes.
Au milieu de ces campagnes, chargées d’arbres fruitiers et diaprées de fleurs aux nuances éclatantes, s’élève la ville de Cannes, habitée par des Anglais qu’y attire la douceur des hivers. Depuis quelques années, Cannes dispute à Nice les malades dont sa voisine semblait devoir conserver à jamais le monopole.
En face se détache avec un relief pittoresque le groupe des îles Ste-Marguerite ou de Lérins : la première renferme dans son fort des prisonniers arabes envoyés par la France. On montre encore le cachot où fut détenu, selon la tradition, le mystérieux personnage au masque de fer ; la seconde, l’île de S.-Honorat, intéresse particulièrement un provinois ; c’est là que notre S.-Ayoul eut à subir les persécutions des religieux dont il avait entrepris la réforme.
Antibes est la dernière ville que l’on rencontre avant d’atteindre le Var, large torrent qui sert de limite aux États-Sardes ; un pont de bois, puis une allée verdoyante conduisent à Nice où l’on arrive en quelques minutes.
Tout le monde a entendu vanter la beauté du climat de Nice, la sérénité constante de son ciel. Entourée par une triple chaîne de montagnes qui la sépare du Piémont et forme autour d’elle une sorte de ceinture dont les extrémités viennent plonger dans l’azur de la Méditerranée, Nice occupe une position admirable au point de vue pittoresque et exceptionnelle sous le rapport hygiénique.
L’action des vents du nord étant rendue à peu près nulle par la disposition topographique de Nice, on s’explique aisément la douceur des hivers qui sont souvent plus chauds que les printemps à Paris. Si parfois, à la grande surprise des habitants, la neige vient blanchir la surface du sol, elle y fond presque immédiatement. L’été de Nice est moins brûlant que celui de la plupart des villes placées sous une latitude moins méridionale. Pendant qu’à Provins le thermomètre s’élevait au mois de juillet dernier à 34 ou 35,0 centigrades, à Nice, il n’a pas atteint 30,0 dans le mois correspondant. D’ailleurs la brise de mer qui souffle une partie du jour vient à chaque instant tempérer les ardeurs du soleil.
Le printemps éternel qui règne sous ce ciel privilégié permet aux productions végétales de toute espèce de prospérer. C’est un immense jardin d’oliviers, de citronniers au feuillage toujours vert, de jasmins odorants qui saturent l’air de leurs parfums. Au milieu des massifs de lauriers roses, des buissons de myrthes, flotte comme un panache la cime altière du palmier, ou surgit comme une lance la feuille de l’aloès. Les blanches villas dont les collines sont parsemées semblent autant de nids que protège un luxuriant feuillage.
La campagne des environs de Nice est ravissante, elle offre à l’étranger qui l’explore les sites les plus pittoresques et les plus séduisants. Séparées de la ville par quelques kilomètres, Cimiès, Villefranche, avec leurs ruines romaines et arabes, Châteauneuf et ses grottes merveilleuses méritent de fixer l’attention de l’archéologue et du naturaliste.
On doit comprendre les heureux effets que peut exercer une nature aussi attrayante sur les organisations faibles et maladives, sur les imaginations impressionnables ; mais nous n’avons pas ici à étudier le climat de Nice sous le rapport médical, et maintenant que le lecteur peut se faire une idée générale du pays, nous pénétrerons avec lui dans l’intérieur de la ville pour en saisir la double physionomie.
Il y a en effet deux villes bien distinctes à Nice, la vieille ville et la nouvelle, la Nice italienne et la Nice anglo-française ; la première avec ses rues étroites, tortueuses et mal aérées, ses maisons peintes à fresque et ses madones ; la seconde appelée faubourg de marbre à cause d’une colonne érigée en souvenir de la venue à Nice du pape Paul III en 1538 ; ses rues sont spacieuses et tirées au cordeau ; ses maisons régulièrement percées ; sa population élégante ; c’est la ville des étrangers et particulièrement des Anglais. Pendant six mois de l’année, les habitations transformées en hôtels garnis retentissent chaque soir du bruit des fêtes que donne l’opulente aristocratie de tous les pays.
Contrairement à ses sœurs italiennes, la ville est très-pauvre en monuments ; il ne reste plus que quelques débris de l’ancien château fort situé au sommet d’un roc escarpé, berceau de Nice. Sur son emplacement existe une charmante promenade d’où la vue embrasse un horizon immense qui s’étend jusqu’à la Corse, quand l’état de l’atmosphère le permet.
Les églises en petit nombre relativement à une population de 40 mille hommes sont modernes, d’une architecture lourde et de mauvais goût. Cependant quelques clochers en forme de minarets donnent à la cité un cachet oriental qui n’est pas sans agrément.
La bibliothèque composée de 25,000 volumes est riche particulièrement en ouvrages de théologie provenant de la dispersion des couvents répandus autrefois sur le territoire du comtat. Un musée d’histoire naturelle est annexé 

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