Athéisme voilé/dévoilé aux temps modernes
233 pages
Français

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Athéisme voilé/dévoilé aux temps modernes , livre ebook

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Description

On pense encore souvent que l’athéisme était impossible et impensable avant la Révolution française. Cette idée est l’une de celles qui a été battue en brèche par les deux colloques qui sont à l’origine de ce volume. Les textes ici rassemblés montrent en effet qu’on trouve, sous diverses formes, des conceptions du monde athées durant toute la modernité. Mais les auteurs ne se sont pas contentés de montrer l’une ou l’autre revendication d’athéisme, ils ont analysés ce que signifiait alors l’athéisme et la manière dont il peut se donner à voir à une époque où la liberté d’expression n’est pas de mise et où la croyance est généralement considérée comme le garant de toute moralité.

Textes réunis sous la direction d’Anne Staquet

Contributions de
Miguel Benítez, François Berriot, Gilbert Boss, Jean-Pierre Cavaillé, Jean-Pierre Cléro, Pierre F. Daled, Serge Deruette, Daniel Droixhe, Pierre Gillis, Hichem Ghorbel, Gaëlle Jeanmart, Alain Mothu, Didier Ottaviani, Gianni Paganini, Paolo Quintili, Anne Staquet, Monique Weis

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782803103539
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ATHÉISME DÉVOILÉ AUX TEMPS MODERNES
Athéisme dévoilé aux temps modernes



Actes de colloque
Bruxelles, Palais des Académies, 1 er et 2 juin 2012
Mons, Université de Mons, 26 et 27 octobre 2012
Textes réunis sous la direction d’Anne Staquet
Contributions de
Miguel Benítez, François Berriot, Gilbert Boss, Jean-Pierre Cavaillé, Jean-Pierre Cléro, Pierre F. Daled, Serge Deruette, Daniel Droixhe, Pierre Gillis, Hichem Ghorbel, Gaëlle Jeanmart, Alain Mothu, Didier Ottaviani, Gianni Paganini, Paolo Quintili, Anne Staquet, Monique Weis
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN : 978-2-8031-0353-9

© 2013, Académie royale de Belgique
Collection Actes de colloque
Mémoire de la Classe des Lettres
Collection in-8°, IV e série , tome IV
N° 2090
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Bebooks - Editions numériques
Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique)
info@bebooks.be
www.bebooks.be

Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-078-4

A propos
Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Avant-propos
Anne Staquet
On a longtemps prétendu que l’athéisme était impossible et impensable avant la Révolution française. Cette idée est encore assez répandue, même si de plus en plus de chercheurs la remettent en cause. Tel était l’un des enjeux des deux colloques qui se sont tenus en juin et en octobre 2012 à l’Académie royale de Belgique et à l’Université de Mons : montrer qu’on trouve, sous diverses formes, des revendications athées durant toute la modernité et analyser comment elles se donnent à voir.
Au cours de ces deux colloques, nous avons donc étudié le contenu et la forme que peut prendre l’athéisme sous l’Ancien Régime, c’est-à-dire à une époque où non seulement la liberté d’expression n’allait pas de soi, mais également où la question de l’athéisme se présentait d’une manière très différente d’aujourd’hui. En effet, le nom d’athée faisait rarement référence à une option doctrinale. Ce n’est pas pour rien si les membres des diverses confessions qualifiaient les autres d’« athées » quand les cœurs s’échauffaient et que les langues se laissaient aller. Il ne s’agissait en fait pas tant de désigner ainsi ceux qui auraient considéré qu’aucun Dieu n’existe ou de viser ceux qui auraient estimé vaine et dépourvue de sens la question de l’existence de Dieu. Le terme servait souvent bien plutôt à insulter ceux qui n’avaient pas une conception acceptée ou acceptable de la divinité ou des pratiques admises, la religion étant alors non pas une affaire privée, mais une question publique et de société.
Plus encore, à l’époque l’accusation d’athéisme avait une charge morale extrêmement forte. Alors qu’aujourd’hui le terme d’athée signifie une prise de position à l’égard de l’existence d’un Dieu, il en allait tout autrement dans les siècles passés. Il signifiait alors avant tout « pervers », car même les doctes imaginaient difficilement que l’homme puisse bien se comporter hors de toute référence à un Dieu ou, plus exactement, à une loi morale imposée par la croyance en Dieu. Cela explique pourquoi il était si rare alors de se déclarer athée. Non seulement les circonstances extérieures pouvaient valoir de gros problèmes à celui qui se serait déclaré athée, mais il aurait aussi fallu qu’à ses propres yeux comme à ceux d’autrui il assume la connotation de perversion. Aussi, la plupart du temps, à l’époque moderne les auteurs ont développé certaines stratégies pour penser et publier des propos explicitement ou indirectement athées. L’une d’elles était le recours à l’équivoque et aux diverses méthodes de dissimulation. Le voilement avait autant pour but de cacher que de révéler, exactement comme dans cette statue d’Antonio Corradini, La Pudeur , qui révèle peut-être d’autant mieux les formes du modèle qu’un plissé transparent les recouvre. Mais il y avait bien d’autres manières de prôner l’athéisme, que ce soit dans la clandestinité, à travers la pseudonymie, la publication posthume, etc. Ainsi, l’ouvrage présenté ici comprendra deux parties : l’une sur l’athéisme voilé, l’autre sur l’athéisme dévoilé. Mais, comme le montre l’œuvre si impudique de Corradini, la distinction entre le voilement et le dévoilement est moins radicale qu’il n’y paraît à première vue.
Dans le contexte religieux, l’action de voiler consiste avant tout à couvrir d’un tissu ce qu’il est honteux de laisser voir. On imagine ces statues habillées après coup ou ces peintures partiellement retouchées, afin de préserver la pudeur de la nudité trop explicite. Dans le contexte social, le voile fait plutôt référence à des cérémonies d’inauguration. L’œuvre est alors entièrement couverte pour préserver non plus la pudeur, mais l’effet de surprise. L’attention tout entière est ainsi portée vers le moment du dévoilement et le voilement ne vaut pas en soi et n’a d’autre but que de permettre le dévoilement. L’œuvre n’est aucunement modifiée par le voile, lequel est de nature accidentelle et provisoire. Il en va tout autrement dans le cas de la statue de Corradini, dont on ne pourrait ôter le voile sans la dégrader fondamentalement.
Dans quel sens faut-il comprendre les notions de voilement et de dévoilement appliquées à l’athéisme à l’époque moderne ? Faut-il imaginer qu’il a été codé par des auteurs ne pouvant exprimer leurs conceptions ouvertement et qu’il s’agit, par conséquent, de découvrir le code pour faire apparaître leurs pensées dans toute leur lumière ? Faut-il plutôt considérer que la divulgation risque de détruire foncièrement l’œuvre, conçue originairement pour révéler les idées à travers le filtre des mots et des dissimulations, filtre qui donne à voir autant qu’il ne soustrait au regard, de sorte que le travail des interprètes en devient quasiment impossible ?
Il existe peut-être encore un autre sens du voilement et du dévoilement, qui conviendrait mieux à l’athéisme. En effet, on peut aussi dire qu’une roue ou qu’une porte est voilée ou dévoilée. Dans ce cas, l’objet a été bien plus fondamentalement transformé par le voile que dans le cas de l’habillage pour raison de pudibonderie ou que la couverture placée en vue de l’inauguration, mais il reste possible de ramener l’objet à sa situation première sans pour autant le détruire irrémédiablement. On peut en effet redresser une porte ou une roue et leur rendre leur destination initiale, mais elles garderont cependant la marque de la torsion initiale par une certaine fragilité, de sorte qu’on s’attend à ce qu’elles puissent casser plus facilement qu’un même objet qui n’a jamais été tordu. Ce dernier sens s’applique uniquement aux objets durs et mécaniques. Ainsi, on ne dit pas qu’un livre est voilé, mais plié – un objet souple sera simplement tordu ou plié – et une poutre en bois ou en métal pourra être déformée ou pliée, mais non pas être qualifiée de voilée.
L’athéisme moderne se comprend-il mieux par l’assimilation à ces pièces de mécanisme qu’à ces statues ? En un certain sens. En effet, à l’époque moderne, même l’athéisme dévoilé n’est jamais de l’athéisme pur qui s’affirmerait purement et simplement comme tel. En effet, non seulement le contexte ne le permet pas, mais les connotations morales péjoratives sont toujours présentes, de sorte qu’il reste toujours fondamentalement marqué par le contexte.
Cependant, sur un point au moins, le concept de dévoilement même en ce dernier sens ne me semble pas adapté à la situation de l’ath

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