Aux racines de notre humanité : Le chasseur-cueilleur qui reste en nous
201 pages
Français

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Aux racines de notre humanité : Le chasseur-cueilleur qui reste en nous , livre ebook

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Description

L’homme est un singe social, qui a vécu pendant la plus grande partie de son histoire en petites tribus de quelques dizaines d’hommes et de femmes. Au cours des dix mille dernières années – une fraction de seconde à l’échelle de l’humanité – nous nous sommes retrouvés propulsés dans un monde complexe où nous sommes devenus sédentaires ; nous avons inventé l’agriculture, créé des lois, institué le mariage et la famille, imaginé la propriété, l’argent et le commerce. Mais en nous éloignant de notre nature de chasseur-cueilleur, qu’avons-nous gagné ? Ce panorama passionnant de l’histoire de l’humanité retrace les étapes et les progrès majeurs qui ont façonné notre mode de vie, et qui nous ont progressivement menés de l’état de nature au monde moderne. Ce grand récit de notre évolution nous incite à nous interroger sur les conséquences de ce basculement vers la modernité. Un retour aux racines de notre humanité pour mieux comprendre les crises que traverse notre monde. Alexandre Stern est entrepreneur, consultant et écrivain. Il est ancien élève d’HEC, de New York University et de l’Insead. Il est l’auteur du Singe cuisinier. Comment la cuisine nous a civilisés. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782415001520
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS  2022
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-4150-0152-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avant-propos

Ce livre n’est pas l’ouvrage d’un spécialiste. C’est plutôt l’entreprise d’un auteur curieux de faire la synthèse des connaissances existantes sur l’être humain et d’offrir au lecteur un panorama permettant de comprendre notre nature et celle de la civilisation que nous avons construite.
Il est peu probable qu’un tel ouvrage aurait pu être écrit par un spécialiste, tant les champs de connaissances abordés sont larges : anthropologie, archéologie, biologie, sociologie, neurologie, histoire, psychologie et même philosophie. Des auteurs ont ainsi abordé – de manière plus poussée que moi – une facette de ce qui nous définit comme êtres humains, mais ces ouvrages écrits par des chercheurs et des universitaires spécialisés dans un unique champ de la connaissance humaine laissent le plus souvent dans l’ombre les aspects qui sortent de leur domaine de compétence exclusif et dressent donc un tableau moins complet des forces qui ont donné naissance à l’humanité.
Alors, sans être moi-même un chercheur ni un universitaire, pourquoi ai-je entrepris la rédaction de ce livre qui pourra paraître à certains ambitieux, voire présomptueux ? Je n’ai finalement été poussé que par ma curiosité, tirant le fil d’un précédent ouvrage ( Le Singe cuisinier ) où j’avais pu – à force de réunir des connaissances issues de champs scientifiques variés – dresser un portrait du basculement de l’humanité d’un régime omnivore vers un régime cucinivore. La thèse que j’ai présentée dans ce précédent livre m’a permis de comprendre que beaucoup de choses que nous considérons comme acquises pour l’être humain sont en réalité la conséquence d’un long cheminement qui nous a progressivement menés de l’état de nature au monde moderne que nous connaissons.
Sans pouce opposable, pas de capacité à tailler des pierres. Sans pierres taillées, pas de capacité à accéder à la moelle des os et à la cervelle. Sans ces aliments très nutritifs, pas de croissance de notre cerveau. Sans croissance de notre cerveau, pas de maîtrise du feu. Sans maîtrise du feu, pas de transformation des aliments. Sans transformation des aliments, pas d’amélioration de nos fonctions cognitives. Sans fonctions cognitives avancées, pas de capacité à domestiquer les plantes et les animaux… C’est ainsi que notre espèce a progressivement échappé à son statut d’animal parmi d’autres pour devenir l’espèce dominante de la chaîne alimentaire. Elle a remodelé la planète pour l’adapter à ses besoins, domestiqué les autres espèces pour en faire ses sources de nourriture, remplacé les forêts par des champs, elle s’est réunie au sein de villages, puis de villes et d’États…
Petit à petit, le monde que nous connaissons s’est mis en place, non pas de façon organisée et rationnelle, mais en étant soumis à des forces qui dépassaient les choix individuels. Ainsi, une tribu qui vivait il y a 10 000 ans pouvait choisir le mode de subsistance qui lui convenait le mieux : cueillir des baies, pêcher du poisson, chasser du gibier… ou alors travailler la terre pour récolter des céréales. Quelques milliers d’années plus tard, le monde devait basculer de manière irrémédiable vers un modèle sédentaire et agricole, tout simplement parce que la disponibilité en nourriture qu’offrait l’agriculture permettait aux communautés agricoles de croître plus vite que celles des chasseurs-cueilleurs. La force de la sédentarité fut une vague de fond qui a emporté l’humanité vers la vague suivante, celle de la création des États, et ainsi de suite jusqu’à l’humanité urbanisée et connectée que nous connaissons aujourd’hui.
Ce sont ces forces, et leurs conséquences pour chacun d’entre nous, que j’ai voulu étudier dans ce livre. Nous vivons ainsi presque tous aujourd’hui sous le régime de la sédentarité agricole et les chasseurs-cueilleurs ne représentent plus que 0,01 % de nos semblables. De même, le monde a fini par être entièrement dominé par des États, régis par des lois auxquelles chacun d’entre nous est soumis : imaginerait-on pouvoir vivre aujourd’hui sans une pièce d’identité officielle émise par un État, et le statut qui serait le nôtre sans ce précieux sésame ? Pourtant, les premiers États étaient des créations faibles, de courte durée, où le compromis entre le paiement d’un impôt et les services qui pouvaient être rendus en échange n’était pas toujours intelligible ni équitable. Les vagues les plus récentes comme l’industrialisation, puis plus récemment le développement des réseaux informatiques, répondent à la même logique : chacun peut choisir d’embarquer ou pas sur le train du progrès, mais cela ne changera rien au fait que le train partira à l’heure.
Ce livre n’a donc finalement qu’un objectif : nous faire réfléchir sur les forces qui ont poussé l’humanité vers notre monde actuel. Cette réflexion est d’autant plus riche d’enseignements que cet enchaînement de forces qui a donné naissance à la civilisation moderne s’est déroulé sur une période très courte à l’échelle de l’humanité : à peine 10 000 ans – soit seulement 500 générations humaines –, ce qui représente une fraction de seconde par rapport à l’apparition des premiers humains il y a près de 2,5 millions d’années. Pourtant, nous restons biologiquement très semblables aux premiers humains et avons conservé des traits biologiques remontant parfois à des ancêtres éloignés de plusieurs dizaines de millions d’années. En témoignent notre besoin de sommeil, notre capacité à assimiler des aliments d’origine végétale ou animale, notre besoin de vivre non pas comme des individus solitaires mais au sein de petits groupes sociaux.
Alors, quand les forces de la modernité entrent en collision avec notre nature biologique, cela engendre des maux sur lesquels nous mettons aujourd’hui des noms inconnus de nos lointains ancêtres : solitude, stress, dépression ou encore addictions. Nombre de ces maux modernes sont liés à la dichotomie entre ce que la société exige de nous et notre condition biologique de singe social. Ne devons-nous pas réfléchir aux sacrifices que nous avons ainsi dû consentir sur le plan individuel pour permettre l’avènement de la société moderne ?
Ainsi, travailler 8 heures par jour n’est pas dans notre nature biologique : c’est un apprentissage qui est lié au développement des sociétés agricoles, alors que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ne passaient que 3 à 4 heures par jour à chercher leur nourriture et pouvaient passer beaucoup plus de temps à socialiser, jouer ou faire la sieste. On peut donc se demander si le processus qui a conduit l’humanité des tribus de chasseurs-cueilleurs vers la modernité urbaine n’est pas finalement un processus d’autodomestication. L’homme n’est en effet pas fait pour vivre de manière anonyme dans une ville de plusieurs millions d’habitants, mais plutôt au sein d’une petite communauté de quelques dizaines d’individus. Cela ne signifie pas que nos métropoles soient invivables, mais plutôt que chacun cherche inconsciemment, même dans une grande ville, à reconstituer sa tribu originelle et à interagir avec un nombre de personnes qui n’excédera guère la taille de nos anciennes tribus.
Mais ce livre n’est pas pour autant une célébration d’un hypothétique « âge d’or » où les humains vivaient mieux parce qu’ils étaient plus en accord avec leur nature biologique. Le cheminement que nous avons suivi jusqu’à présent est celui qui a offert à notre espèce la plus grande capacité à augmenter sa population. C’était le cheminement logique de toute espèce animale qui réussissait à occuper des niches écologiques toujours plus variées. Le but de chaque être vivant étant de se reproduire, chaque force qui permettait à l’homme d’occuper plus d’espace sur terre et de multiplier ses semblables prenait forcément le dessus sur les autres forces contraires, c’est ainsi que la sédentarité devait prendre le dessus sur le nomadisme. Ce sont ces forces successives qui permettent à l’humanité de compter aujourd’hui presque 8 milliards d’individus, là où nos ancêtres chasseurs-cueilleurs au Paléolithique n’étaient guère plus de 20 millions et où la révolution agricole au Néolithique avait permis à la population d’atteindre les 400 millions.
Ce livre invite à revenir aux racines des grandes inventions comme l’écriture, les lois, les religions, la propriété ou encore l’argent, des créations humaines au départ partagées par un très petit nombre d’individus et considérés avec suspicion avant de s’imposer. Là encore, pourrait-on imaginer vivre aujourd’hui sans argent, comme revenus à un temps lointain où on pratiquait largement l’autosuffisance, puis le troc ?
Nous ne souhaitons dans ce livre ni donner une vision passéiste, ni célébrer le culte du progrès, mais simplement mesurer le parcours de l’humanité depuis 2 millions d’années et ouvrir une fenêtre sur celui qu’il reste à parcourir.
L’un des paradoxes de notre humanité est que les forces collectives qui ont guidé notre évolution ne correspondent pas forcément à l’intérêt individuel de chacun. Rien n’indique qu’un individu pris au hasard dans une ville moderne soit plus heureux que nos ancêtres qui cueillaient chaque jour la nourriture dont ils avaient besoin pour survivre jusq

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