Du Congo jusqu aux Andes
222 pages
Français

Du Congo jusqu'aux Andes , livre ebook

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222 pages
Français

Description

A partir de l'analyse détaillée d'un vaste programme de développement au Congo-Brazzaville, fort de son expérience de plus de vingt-cinq ans dans les Andes péruviennes, l'auteur remet en cause la coopération Nord-Sud et ses projets de développement dont la majorité n'ont pas eu d'autres buts que d'imposer le modèle économique occidental, soi-disant universel. Or des sociétés dites traditionnelles ou indigènes restent lucides, parviennent à maintenir leur propre identité et leur propre singularité. L'auteur nous invite à partager ses réflexions.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2016
Nombre de lectures 3
EAN13 9782140019692
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

François Greslou
Du Congo jusqu’aux Andes
RéLexions sur la Coopérationau développement
Du Congo jusqu’aux Andes
Réflexions sur la Coopération au développement
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN :978-2-343-09487-8 EAN : 9782343094878
François GRESLOU DUCONGOJUSQU’AUXANDESRéflexions sur laCoopérationau développement
Préfacede DavidGABRIEL
PRÉFACE
Je sais, et vous le découvrirez aussi : il est absurde d’écrire une préface pour un livre si complet et si décapant. Mais lorsque son auteur m’a parlé pour la première fois de sa volonté de mettre sur papier son expérience de travail au Congo, j’ai su d’instinct qu’il fallait qu’on se prépare à une belle tempête… Et alors que j’entendais celle-ci gronder au fil des pages qu’il m’envoyait, il me fut impossible de ne pas délivrer le triple sentiment qu’il m’inspira. J’espère qu’il permettra au lecteur de se préparer aux intempéries…
Le premier correspond à la fois où on m’a présenté François Greslou. Pour mon plus grand plaisir, j’allais l’accompagner dans ses dernières années d’une longue carrière de coopération au développement. « Au Pérou, on m’appelle plutôt Pancho », me dit-il d’emblée… J’avoue que j’étais un peu déconcerté car pour ma part, derrière sa moustache bien achalandée et ses cheveux gris ondulés, j’y voyais davantage le sosie de Georges Brassens. Il avait l’air aussi Français qu’on puisse l’être et ce n’est qu’après avoir vécu une série de voyages en sa compagnie que mon avis changea radicalement : on peut l’affirmer, il est bien à moitié Péruvien. Toutefois, il a un autre point commun avec le chanteur : il ne pratique pas la langue de bois…
Cela m’amène au deuxième sentiment.
Quand il m’apprit qu’il avait, durant sa carrière, passé deux années au Congo et qu’il tenait à écrire cette expérience, mon esprit vagabond dut opérer une seconde torsion à 180° afin de
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le replacer dans un contexte africain qui, venant de lui, me semblait tout à fait insolite. « Heu… pardon Pancho ? » Enfin, faut-il le dire, proposer à un Belge de lire « Les aventures de Pancho au Congo », ça à un petit quelque chose de provocateur…. Mais rien ne l’arrête et, loin de s’en faire, il y mit ses deux pieds franco-péruviens pour nous les livrer sans chichi, tel un professeur Tournesol… pas si lunatique que ça. Et c’est là qu’arrive le troisième sentiment. Celui que nous pouvons tous avoir par rapport à la coopération au développement. D’un mouvement social de solidarité internationale elle s’est doucement muée en un complexe institutionnel gigantesque qui porte en lui ses limites voire ses inégalités et ses contradictions. Plus que jamais, en travaillant dans ce domaine, il faut être attentif au sens que l’on donne à nos actions. Et cela ne se limite d’ailleurs pas à la coopération. À qui profite le projet mis en place ? Comment peut-il nous donner l’opportunité de collaborer et de grandir les uns avec les autres, de partager nos savoirs ? Derrière les arcanes des administrations et des relations formelles, comment peut-on faire se rencontrer les gens pour qu’ils tissent une réelle coopération internationale ? Et cette coopération, demain, n’en serons-nous pas les premiers bénéficiaires… ? Il ne faut en effet pas sous-estimer les nombreux savoirs et les capacités de résilience des populations du Sud. Elles les expérimentent depuis de nombreuses années et ont une expertise qui nous sera précieuse face aux multiples changements qui nous arrivent. Et maintenant, place aux « Aventures de Pancho au Congo »…
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David GABRIEL
Coordinateur Partenariat Sud
ONG Autre Terre
INTRODUCTION
Cela fait maintenant plus de vingt ans que je suis parti au Congo Brazzaville comme Chef d’un Programme de Redynamisation Rural dans deux provinces de ce pays, programme conséquent qui avait reçu un financement imposant de la part d’un important bailleur de fonds européen. Ce Programme constitue un exemple, un support concret qui permet d’illustrer les remises en cause et les propositions qui font l’objet de cet ouvrage.
Je me suis donc expatrié pour deux ans, seul, car je ne pouvais pas imposer à ma femme et mes quatre enfants adolescents de repartir à l’étranger dans un pays agité par des luttes interethniques alors que quelques mois avant nous avions dû quitter notre pays, le Pérou, pour des raisons similaires de violences socio-politiques.
Solitaires, mes dimanches étaient bien longs et j’en ai profité pour mettre par écrit ce que j’avais pu observer la semaine antérieure, lors de mes sorties sur le terrain dans les provinces où intervenait notre Programme. À la fin de ma mission, j’ai mis un peu d’ordre dans mes écrits pour en faire un manuscrit cohérent, mais à vrai dire incomplet et négatif car il se limitait à remettre en cause les lignes d’action et les réalisations du Programme, sans proposer d’alternative à l’unique modalité d’intervention que nous connaissions, à savoir le « projet de développement ». À mon retour en France, j’ai soumis ces textes à la Fondation qui était en train de publier un autre manuscrit,
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1 témoignage de mes vingt ans passés au Pérou ; elle l’a trouvé agréable à lire, amusant, un peu sarcastique, mais a estimé qu’il n´était pas assez étoffé pour en faire une publication.
Vingt ans plus tard et avec davantage de temps (je suis maintenant retraité !), il me tenait à cœur de reprendre cet ouvrage tout en lui donnant une perspective plus profonde, nourrie par les expériences acquises durant cette longue période passée au sein d’ONG françaises d’aide au développement, dans un projet de développement au Paraguay et de nouveau au Pérou, comme coopérant d’une entreprise sociale belge. Pour ce faire, j’ai cherché à compléter mon manuscrit – les trois derniers chapitres - en réfléchissant sur ce que pourrait devenir une relation future entre le Nord et le Sud. Conçue et exécutée selon notre modalité dominatrice du « Projet de développement » avec ses coopérants, experts et transferts en tout genre, cette relation avait jusqu’à maintenant comme objectif principal colporter, voire d’imposer le modèle occidental de « Développement » - avec un « D » majuscule -supposé universel.
En effet, peut-on encore parier sur le « Développement » occidental quand on voit tous ses effets néfastes et destructeurs ? Ne serait-il pas préférable d’oser le remettre en question ? N’existe-t-il pas d’alternatives au « Développement » ?
Certaines sociétés du Sud et en particulier les congolaises qui ont « bénéficié » de notre Programme et les andines avec lesquelles j’ai travaillé plusieurs années, ont su résister à nos « projets de développement » et à l’occidentalisation. Réfractaires au « Développement », ces sociétés ont su préserver leurs différences et conserver des valeurs, des savoirs, des richesses – pas forcement matérielles -, des
1  « Le coopérant, missionnaire ou médiateur ? Rencontre de cultures et développement dans les Andes : un témoignage », Edit. Syros/FPH, Paris 1994.
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pratiques, etc., qui, à l’heure actuelle, pourraient inspirer des alternatives au « Développement » et donc être utiles à des sociétés « modernes » du Nord en crise. Mais évidemment cela signifie que la relation Nord-Sud ne s’établisse plus en termes de domination, mais en termes de réciprocité. Et le premier pas pour y arriver serait de revisiter de fond en comble notre modalité « projet de Développement » et tout ce qu’elle suppose pour inventer et mettre en œuvre d’autres modalités qui, d’une part, favorisent l’expression, la valorisation et la diffusion d’autres futurs possibles et, d’autre part, contribuent à ce que le Nord, encore bien arrogant, commence à écouter et à recevoir du Sud. F.G. Lima, avril 2016
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