Du pétrole à la solidarité

Bernard Moulenes

Description

Que serait l'Afrique, mère de l'humanité, sans les Africains ? Ne vaut-elle que pour ses gisements de pétrole et d'uranium, son or et ses diamants, son bois, son coltan ? L'auteur relit pour nous son parcours sur le continent africain et nous fait comprendre la progression de son engagement. De l'exploitation du pétrole à ses missions de solidarité, il nous dévoile un itinéraire intime où les rêves ambitieux et généreux de sa jeunesse sont confrontés aux décevantes réalités politico-économiques.

Sujets

• Politique
• Autobiographie
• Récit
• Témoignage
• Lettres et linguistique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2009
• Nombre de lectures: 245
• EAN13: 9782296929722
• Langue: Français

Extrait

DU PÉTROLE À LA SOLIDARITÉ
UN ITINÉRAIRE AFRICAIN
 
 
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN: 978-2-296-09957-9
EAN: 9782296099579
Bernard Moulènes
 
 
DU PÉTROLE À LA SOLIDARITÉ
UN ITINÉRAIRE AFRICAIN
 
Préface de François Soulage
 
 
L'Harmattan
DU MÊME AUTEUR
 
Le Temps d'Écrire, Chroniques de Murgat en Xaintrie, Éditions Cadratin, Tulle 2005.
 
Au torrent il boit en chemin , Éditions de la Rue Mémoire, Tulle 2006.
 
Un billet d'Ispahan , nouvelle publiée par les Éditions L'iroli dans le cadre du prix L'iroli 2008 de la micronouvelle.
 
Le soleil rougit, ombre pour que la nuit triomphe
Les fromagers se déverdissent avec l'harmattan
Se reverdissent avec l'hivernage.
Arrête de soupirer, de désespérer, Prince.
Rien ne se présente aussi nombreux et multicolore que la vie.
 
Monné, outrages et défis
Ahmadou Kourouma
 
Aux enfants des rues de
 
Abidjan
Bamako
Cotonou
Dakar...
 
 
Yaoundé
Zanzibar
 
Préface
 
 
L'aventure humaine réserve toujours des surprises. Elle mêle joies et peines, étonnements et déceptions. Mais, pour celui qui la vit intensément, elle est toujours l'occasion de grandir dans la découverte de l'autre. Pour pi chrétien, cette aventure humaine devient vite une aventure spirituelle qui fait découvrir le sens profond du don de soi, et de l'amour de son prochain.
 
Ce livre, et l'itinéraire qu'il retrace, n'est pas seulement l'histoire d'un homme. Il est aussi celui d'une aventure exemplaire qui nous fait découvrir comment il est possible de mettre ses compétences au service de ses frères, et qui fait comprendre combien est différente l'approche de l'Afrique selon que le même homme la regarde avec les jeux d'un technicien de la recherche pétrolière, ou avec ceux d'un témoin à l'écoute de son frère, à la recherche de moyens de développement authentique.
 
On y retrouve les difficultés de la vie professionnelle loin de ses bases humaines naturelles, la difficile cohabitation entre les expatriés et les populations locales, la frustration d'une société de plus en plus technicienne dans laquelle de nombreuses personnes ne peuvent se retrouver.
 
Mais on y découvre aussi la joie du don de soi, au service des autres, après une vie professionnelle chargée, le plaisir de partager ses connaissances.
 
Les éleveurs de Bolona nous rappellent la difficulté à faire changer les habitudes, mais aussi les risques d'une action trop techniciste. La vallée de Senghor nous montre, avec une actualité criante l'enjeu de la bataille de l'eau. L'île de Santo Antão, perdue au bout du Cap-Vert qui vit de l'aide internationale sans être sûre du lendemain, est une image dramatique de l'abandonna dans lequel une partie du monde vit encore aujourd'hui.
 
Le pétrole pourrait être un puissant levier de développement ; il n'est qu'enjeu de pouvoir, et occasion de guerres et de rébellions pour en accaparer les revenus au bénéfice d'intérêts particuliers. Malédiction des matières premières pour ce continent si potentiellement riche.
 
Pourtant, Bernard Moulènes nous montre des figures attachantes d'Africain qui veulent faire « bouger les lignes po On découvre dans ce livre tant de personnages, qui sont autant de porteurs d'espoir. On lit l'action au quotidien, discrète, mais indispensable de l'aide apportée par les Caritas. On découvre le poids des traditions, l'oppositions entre les plus anciens qui ont peur du progrès et les plus jeunes qui veulent aller trop vite. Et l'auteur, au milieu de cela veut réconcilier la tradition et le progrès, le mari et la femme, les enfants et leur père. Il nous alerte sur les risques du départ des hommes à la recherche d'un revenu pour faire vivre leur famille, et nous montre ainsi la nécessité de l'aide pour rester au pays et y vivre décemment.
 
« Messager de l'espoir » pourrait être le titre d'un récit plein d'optimisme sur l'avenir de l'homme et du monde Ji l'on sait voir, écouter et entendre la voix de ceux qui sont loin de tout. Toute personne est une personne qui mérite un regard, une halte, une parole...
 
François SOULAGE
Président National du Secours Catholique -Carias France
 
Avant-propos
 
 
Le soir approchait, la lumière du jour baissait, une brise légère soufflait, sensation agréable après la chaleur étouffante du trajet de tantôt.
Nous faisions une halte chez Etienne, notre partenaire, ingénieur agronome, qui possède une petite exploitation agricole en bord de route. A l'ombre, sous la paillote juchée sur un petit promontoire, nous avions longuement parlé, pour déplorer que la pauvreté en Afrique soit trop largement partagée, mais aussi évoquer les raisons d'espérer : crise de pouvoir de son pays enfin réglée, insécurité alimentaire surmontée pour un temps dans les Etats voisins, conflits ici ou là apaisés...
Nos échanges étaient entrecoupés de nombreux silences...
Nous avions d'une certaine façon croisé nos expériences. Quand je lui parlais de l'irruption du pétrole en Afrique à laquelle j'avais participé, il haussait les épaules et secouait la tête comme celui qui préfère ne pas entendre les histoires qui tournent mal. Pourtant c'est aussi une partie de ma vie.
 
Le moment de se séparer venu, il m'a dit : « La pauvreté est là mais la vie s'annonce meilleure... pour tous... Tu as beaucoup vu, tu as beaucoup entendu Toi qui aimes écrire, tu leur raconteras... ».
 
J'ai promis.
 
Ferme La Gonda, PK 27 route de Damara
 
Une lumière sur ma route
 
 
Voici plus de quarante ans que j'ai posé le pied pour la première fois sur le continent africain, pour aller conquérir le fabuleux or noir que l'Algérie mûrit au profond de ses sables. Happé par le désert, j'ai marché vers le sud, de puits en puits, de gisement en gisement, Hassi-Messaoud, Gassi-Touil, Tin Fouyé, El Adeb Larache, avant de buter sur les remparts du Tassili des Ajjer.
Plus tard, d'un bond aérien, je suis allé me poser sur les côtes du prolifique Golfe de Guinée. Là, du Nigéria à peine sorti de la guerre du Biafra à l'Angola qui se battait pour son indépendance avant d'entrer dans un duel fratricide qui durera près de trente ans, c'était en mer, et de plus en plus au large, que se faisaient les découvertes. Les ports d'attache s'appelaient Port-Harcourt, Douala, Port-Gentil, Pointe-Noire, Soyo, Luanda. On se déplaçait en hélicoptère, on parlait beaucoup pétrole, il coulait à flot, un peu plus chaque année. On travaillait dur il est vrai, avec talent sans doute, plus fiers de la réussite technique des projets engagés que des succès financiers de la multinationale qui nous employait — d'un choc pétrolier l'autre, les affaires étaient bonnes —, convaincus, ou feignant de l'être, que la production croissante d'hydrocarbures entraînerait une élévation du niveau de vie des populations locales.
 
Oui, cela fait plus de quarante ans que j'ai posé le pied pour la première fois sur le continent africain. Aujourd'hui, alors que l'écran de fumée des torchères s'est dissipé, le regard jeté en arrière par le retraité que je suis devenu est teinté de désillusion. Cependant mes pas me conduisent encore en Afrique, en appui à une association caritative aux ramifications mondiales. Dans un engagement nouveau, porteur d'espoirs d'une autre nature, je vais à la rencontre de communautés vulnérables, côtoyées mais peu fréquentées autrefois, dont les lendemains demeurent encore incertains.
 
En chemin, j'observe avec tristesse les infrastructures inexistantes ou dégradées, les réformes économiques impuissantes, l'exode des ruraux vers les banlieues malsaines des gr