Du sensoriel au sens social
276 pages
Français

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Du sensoriel au sens social , livre ebook

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Description

En partant de la notion opératoire d'habitus chez Bourdieu et des dernières recherches en psychologie du développement recensant les capacités sensorielles du fœtus et du nouveau-né, ce livre appréhende de manière sociologique et phénoménologique l'émergence des processus de socialisation et de la subjectivité chez le bébé. Au travers d'interactions quotidiennes les plus familières, a priori anodines, l'auteur montre qu'avant d'intégrer des réalités sociales, le bébé fonctionne sur des réalités sensorielles, corporelles et affectives.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336375465
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Psycho - logiques
Collection fondée par Philippe Brenot
et dirigée par Alain Brun
Sans exclusives ni frontières, les logiques président au fonctionnement psychique comme à la vie relationnelle. Toutes les pratiques, toutes les écoles ont leur place dans Psycho - logiques.

Déjà parus

Riadh BEN REJEB (dir.), Le rituel. De l’anthropologie à la clinique , 2015.
Radu CLIT, Le travail institutionnel en milieu psychiatrique et de l’enfance inadaptée , 2015.
Jean Michel PÉCARD, Essai de psychologie analytique , 2015.
Sébastien PONNOU, Lacan et l’éducation. Manifeste pour une clinique lacanienne de l’éducation , 2014.
Sophia DUCCESCHI-JUDES, Portrait de folies ordinaires. Petit guide de psychopathologie pour tous , 2014.
Anna CURIR, Les processus psychologiques de la découverte scientifique, L’harmonieuse complexité du monde , 2014.
Jean-Pierre LEGROS, Stratium, Une théorie de la personne , 2014.
Aurélie CAPOBIANCO (dir.), Peut-on parler au téléphone ? Stratégies cliniques pour entendre au bout du fil , 2014.
Christel DEMEY, Stimuler le cerveau de l’enfant , 2013.
Audrey GAILLARD et Isabel URDAPILLETA, Représentations mentales et catégorisation , 2013.
Jean-Luc ALLIER, La Fragilité en pratique clinique , 2013.
Stéphane VEDEL, Nos désirs font désordre, Lire L’Anti-Œdipe , 2013.
Sliman BOUFERDA, Le symptôme en tous sens , 2012.
René SOULAYROL, La spiritualité de l’enfant. Entre l’illusion, le magique et le religieux (nouvelle édition), 2012.
Bernard GANGLOFF et Daniel PASQUIER, Décrire et évaluer la personnalité : mythes et réalité , 2011.
Mady FERNAGUT, Yolande GOVINDAMA et Christiane ROSENBLAT, Itinéraires des victimes d’agressions sexuelles , 2011.
Louise TASSE, Les oripeaux des ados , 2011.
Anick LASALMONIE, Du procès social à l’eugénisme moral , 2010.
Jean-Max FEREY, Parents à louer pour enfants fous. Récits des « Familles-Thérapeutiques » , 2010.
Patrick PIPET, Sauter une classe, Entre mythe social et faille narcissique , 2010.
Jean CASSANAS, Les descriptions du processus thérapeutique , 2010.
Titre
Florence Lafine









Du sensoriel au sens social

Naissance de la pertinence
et de la normativité sociale chez le bébé
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72557-4
Introduction L’Inclination Sociale du Corps
« Le corps est lié à un lieu par un rapport direct,
de contact, qui n’est qu’une manière
parmi d’autres d’entrer en relation avec le monde. »

Bourdieu (Méditations pascaliennes)

L’INCLINATION SOCIALE DU CORPS

Ce livre essaye de répondre à la question que je me suis posée tout au long de mon travail de thèse en sociologie, relatif à l’ontogenèse possible des représentations sociales chez le bébé avant le langage. Cette question, qui a servi de fil conducteur lors de l’écriture du présent ouvrage, est la suivante : « Qu’est-ce qu’un bébé, l’effet que cela fait d’être un bébé ? ».
En termes de problématique, nous sommes partie des travaux en sociologie de Pierre Bourdieu, selon qui la société existe à l’état individuel au sens où elle est présente chez chaque individu à l’état incorporé, et l’individu biologique socialisé incarne du social individué. Ainsi, selon cet auteur , « le corps est dans le monde social et le monde social est dans le corps » 1 . Cette approche s’attache à vouloir comprendre le façonnage et la production de tel sujet en particulier, de quelle manière s’engendrent ses goûts, sa vision de lui-même, ses choix. Il a donc travaillé sur les conditions sociales d’acquisition de ces préférences, et pour en rendre compte, il a élaboré une théorie construite autour d’un modèle dispositionnel qui, pour qu’il puisse exister et fonctionner, nécessite trois principes : un système dispositionnel , dont les conditions d’acquisition s’effectuent par le moyen d’ une nécessaire incorporation , engendrant une connaissance par corps dont le mode d’action participe d’ un sens pratique . Nous proposons ci-après un petit résumé de ce que Bourdieu entend par ces trois principes.
1. – Le système dispositionnel : une sociologie des penchants
Tout se passe au départ sous l’effet d’une intériorisation de dispositions sociales acquises au sein du milieu social d’origine, selon une éducation, une histoire familiale reflétée dans « le monde natal » 2 , mais aussi selon une histoire collective, en particulier les catégories de pensées, les catégories d’entendement, les schèmes de perception inhérents à des groupes sociaux. Ces dispositions correspondent à une acquisition de savoirs ordinaires sur les choses et les personnes de la vie quotidienne, elles sont fondamentales d’un style de vie et sont mises en œuvre dans des pratiques censées et structurées (régies par le goût comme un trait culturel : le goût à , l’inclinaison vers ) et structurantes (comme un instrument d’appréciation, de perception, de jugement de soi et d’autrui). Ce système de dispositions ainsi forgé va correspondre au comportement, au style de vie d’un individu, et, par la suite, va structurer et orienter ses pratiques quotidiennes : par exemple, on est disposé à faire ou à ne pas faire ceci ou cela, à dire ou à ne pas dire telle ou telle chose.
Autrement dit, on a tendance à faire plutôt ceci que cela. Il s’agit, en quelque sorte, d’une sociologie des penchants, des inclinations, d’une sociologie probabiliste plutôt que rigoureusement déterministe. En ce sens, le système de dispositions se pense comme un système de virtualités, c’est-à-dire de potentialités à l’état latent, qui naissent « d’une prédisposition naturelle des corps humains […], la conditionnabilité comme capacité naturelle d’acquérir des capacités non naturelles, arbitraires » 3 . Cependant, si elles existent à l’état virtuel, elles ne s’actualisent que par l’incarnation dans un corps doté de dispositions, impliquant à la fois la propension et l’aptitude à entrer dans le jeu et à le jouer : c’est dans la relation avec une certaine situation que ces dispositions produisent quelque chose. Ces principes de construction sont un des éléments constitutifs de nos structures sociales, grâce à quoi la structure mentale inculquée dans tous les cerveaux socialisés est à la fois individuelle et collective : si la société existe à l’état objectif sous la forme de structures sociales, de mécanismes sociaux, elle existe aussi dans les individus et dans leurs cerveaux. La notion d’« habitus » désigne alors l’ensemble de dispositions recouvrant la genèse au sein des individus, considérés comme des supports biologiques sur lesquels prennent prise des conditionnements sociaux, de structures mentales cognitives et motivationnelles à travers l’expérience du corps. Et il ne peut pas s’agir seulement d’une question de stimulus qu’offre l’environnement, car ces potentialités constituent un système de dispositions ouvert, constamment soumis à des expériences, et, du même coup, transformé par ces expériences.
Il ne s’agit donc pas d’une structure figée mais d’une structure dynamique qui comporte une part active du sujet qui se trouve soumis à un champ. C’est-à-dire, un tel système qui se développe et engendre des appréciations, des perceptions et des actions dans un moment donné, ne dépend pas seulement de sa nature intrinsèque, mais il dépend tout autant du lieu dans lequel il s’exerce. Il dépend de « champs », à savoir d’espaces sociaux qui, comparables à des champs de forces, des espaces de jeu structurés par des règles et des enjeux de position, comportent comme éléments constitutifs un espace de positions et des prises de position, c’est-à-dire des « places » offrant ainsi au « lecteur » un ensemble d’informations perceptibles et décodables, à condition de détenir les clefs de lecture du champ. Cet espace de positions comporte, bien entendu, une dimension concurrentielle avec des rapports de forces générant des conflits et des disputes qui ont pour objet l’instauration, et surtout la reconnaissance, d’un ou des enjeux de lutte l

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