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Français et Japonais en Indochine (1940-1945) Colonisation, propagande et rivalité culturelle , livre ebook

290

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2012

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Date de parution

01 janvier 2012

EAN13

9782811106744

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Chizuru Namba
Français et Japonais en Indochine(1940-1945)
Colonisation, propagande et rivalité culturelle
KARTHALA
FRANÇAIS ET JAPONAIS
EN INDOCHINE (1940-1945)
KARTHALAsur internet: http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
Couverture : Afïche intitulée « Résultat de la collaboration nippo-franco-indochinoise », CAOM, 9FI424.
© Éditions Karthala, 2012 ISBN : 978-2-8111-0674-4
Chizuru Namba
Français et Japonais en Indochine (1940-1945)
Colonisation, propagande et rivalité culturelle
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Remerciements
Ce livre est issu d’une thèse soutenue en 2006 à l’Université Lumière Lyon 2. Ma gratitude va tout d’abord à Christian Henriot qui a dirigé ce travail, ainsi qu’aux membres du jury : Trinh Van Thao, Pierre Brocheux et Laurence Monnais. Je tiens également à remercier L’Institut d’Asie orientale, Christopher Goscha, Franois Guillemot, Xavier Paulès, Danielle Quey, Francisque Goirand, Grégory Lemonnier, Joël Bouderlique et The Keio Economic Society.
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Abréviations
Archives nationales (Paris) Bôeichô senshi shiryôshitsu (Section d’histoire des guerres de l’Agence nationale de défense, Tokyo) Archives nationales, Centre des archives d’outre-mer (Aix-en-Provence) École franaise d’Extrême-Orient (Paris) Gouvernement général de l’Indochine Gaimushô gaikô shiryôkan (Archives diplomatiques du minis-tère des Affaires étrangères, Tokyo) Gouvernement de Cochinchine Indochine nouveaux fonds Archives du ministère des Affaires étrangères (La Courneuve) National Archives (Kew) National Archives and Records of Administration (College Park, Maryland) Résidence supérieure du Tonkin, nouveaux fonds Service historique de l’armée de terre (Vincennes) Trung Tam Luu Tru Quôc Gia 1 (Centre n° 1 des Archives nationales, Hanoi) Trung Tam Luu Tru Quôc Gia 2 (Centre n° 2 des Archives nationales, Ho Chi Minh-Ville)
Introduction
Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois populations sont présentes en Indochine franaise : les autochtones, majoritairement vietnamiens, 1 cambodgiens et laotiens , habitants légitimes représentant la très grande majorité de la population ; les Franais, colons depuis quatre-vingts ans ; les Japonais, nouveaux occupants asiatiques apparus sur cette terre après le déclenchement de la guerre. Cette particularité fait de l’Indochine un cas très intéressant à analyser : la présence de ces trois groupes de popula-tion et la nécessité d’une relation triangulaire entre eux engendrent des interactions subtiles et rendent les prises de décisions et les choix faits plus complexes pour chaque groupe. En outre, l’Indochine présente alors deux autres particularités : premiè-rement, elle est la seule colonie de l’Asie du Sud-Est où le Japon ait laissé libre cours à la souveraineté occidentale. Dans les autres il a exclu les colonisateurs occidentaux par la force et a installé un gouvernement mili-taire. Deuxièmement, c’est dans cette colonie, la plus éloignée de la métropole, que le régime de Vichy s’est maintenu le plus longtemps, jusqu’en mars 1945, même après son effondrement en France, alors que les autres colonies franaises se sont placées du côté de de Gaulle avant la première moitié de l’année 1943. Cette situation entraîne une présence franco-japonaise en Indochine, pendant laquelle la France développe la Révolution nationale tandis que le Japon essaie de diffuser l’idéologie de la Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale. Nous verrons comment les colonialismes japonais et franais se sont croisés sur cette terre. Dans cet ouvrage, nous tenterons de présenter « l’histoire culturelle » de l’Indochine de 1940 à 1945, à la lumière des relations franco-japo-naises face aux populations autochtones. À cette ïn, nous traiterons la « culture » non seulement dans un sens étroit, en la ramenant à la politique culturelle que les Franais et les Japonais ont mise en place en Indochine, mais aussi dans un sens plus large en analysant leurs valeurs, leurs discours, leurs comportements, leurs contacts réciproques et leurs modes d’expression. Nous examinerons les détails de l’environnement humain ayant pu orienter les relations entre Franais et Japonais en Indochine. Plus concrètement, notre étude portera sur la rivalité entre les Franais et les Japonais, au niveau de la vie quotidienne, de l’idéologie, de la propa-
1. Il ne faut pas oublier les minorités ethniques et les Chinois, dont nous ne traiterons cependant pas dans cette recherche.
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FRANçAIS ET JAPONAIS EN INDOCHINE
gande et de la politique culturelle. Sur tous ces plans, nous montrerons comment s’oriente la présence franco-japonaise. Nous supposerons que chaque population réagit toujours en prenant l’autre en compte et nous ne pourrons donc les envisager indépendamment l’une de l’autre. Nous répondrons à des questions-clés : comment les Franais ont-ils réagi face à la menace de l’afïrmation d’une « solidarité asiatique » ? Comment les Japonais se sont-ils comportés vis-à-vis des Franais qui avaient colonisé ce pays quatre-vingts ans plus tôt sous le drapeau de la « mission civilisa-trice » ? Quelle inuence et quelle importance eut cette double présence sur les prises de décisions des Franais et des Japonais ? Comment les autorités franaises et japonaises ont-elles ajusté leur politique coloniale dans ce contexte de rivalité ? Enïn, sur quel point et dans quelle mesure cette présence simultanée a-t-elle été déterminante pour l’histoire de l’In-dochine ? L’histoire de l’Indochine, et plus particulièrement celle du Vietnam, pendant la Seconde Guerre mondiale, a déjà suscité l’intérêt de beaucoup d’historiens, car l’année 1945 en particulier est largement admise comme l’année la plus importante de l’histoire moderne du Vietnam : mille ans de politique dynastique, quatre-vingts ans de colonisation franaise et cinq ans d’occupation japonaise prennent ïn la même année. Beaucoup de ces travaux ont été consacrés au mouvement révolutionnaire communiste (principalement du Vietminh), qui déclencha la révolution d’Août et pro-clama la République démocratique du Vietnam. Récemment, des historiens se sont intéressés aux activités d’autres groupes nationalistes vietnamiens rivaux des communistes, qui n’ont pas pris le pouvoir mais ont joué un rôle important. Ces études permettent de mieux comprendre la complexité de cette période troublée, pendant laquelle plusieurs acteurs se sont employés à rendre leur pays indépen-2 dant . Des recherches ont été également menées très tôt sur la présence des Japonais en Indochine. L’intérêt des chercheurs concernés s’est néanmoins concentré sur les aspects militaire, diplomatique et économique. Grâce à ces recherches, nous connaissons assez bien la voie suivie par les Japonais pour mettre un pied en Indochine dans les domaines militaire et écono-3 mique . Cependant, elles se heurtent à un obstacle dû au manque d’ar-
2. Citons par exemple deux thèses importantes récentes sur le parti Dai Viet et la secte politico-religieuse Hoa Hao : Franois Guillemot,Révolution nationale et lutte pour l’in-dépendance au Viêt-Nam. L’échec de la troisième voie « Dai Viet » – Dai Viet Quoc Dan Dang – (1938-1955), thèse de doctorat, École pratique des hautes études, 2003 ; Pascal Bourdeaux,Émergence et constitution de la communauté du bouddhisme Hoa Hao. Contribution à l’histoire sociale du delta du Mékong (1935-1955),thèse de doctorat, École pratique des hautes études, 2003. 3. Sur le processus du stationnement militaire des Japonais et les décisions des diri-geants japonais concernant cette question, voir : Yoshizawa Minami,Sensô kakudai no kôzu – nihongun no futsuin shincyû(Le plan d’extension de la guerre – le stationnement de l’armée japonaise en Indochine), Tokyo, Aoki shoten, 1986. Sur la politique du gouver-nement japonais à l’égard de l’Indochine : Furuta Motoo et Shiraishi Masaya, « Taiheiyô
INTRODUCTION
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chives japonaises : celles qui concernent la poursuite de la guerre et l’oc-cupation des pays d’Asie ont été en grande partie détruites, d’une manière 4 rapide et systématique, juste après la défaite du Japon . Les contacts entre Japonais et nationalistes vietnamiens font depuis 5 longtemps l’objet d’études de la part des historiens . La plupart de ces recherches s’appuient sur des témoignages, sur des mémoires autobiogra-phiques vietnamiens et japonais, mais aussi sur des archives franaises. En général, les premières recherches n’ont pas pu proïter sufïsamment des archives franaises, mais elles sont très riches en témoignages. Kiyoko Kurusu Nitz a notamment interviewé, dans les années 1980, des person-nalités japonaises de premier plan, militaires, diplomates et civils, pré-sentes en Indochine pendant cette période. La plupart sont aujourd’hui 6 décédées .
sensô ki no nihon no tai indoshina seisakusono futatsu no tokuisei wo megutte » (La politique japonaise face à l’Indochine pendant la guerre du Paciïqueà propos de ses deux particularités »,Ajia kenkyû; Shiraishi Masaya,23-5, 1976 (Recherche sur l’Asie), n° « Dainiji taisenki no nihon no tai indoshina keizai seisaku » (La politique japonaise sur le plan économique envers l’Indochine),Tônan ajia rekishi to bunka(L’Asie du Sud-Est. Histoire et Culture), n° 15, 1986 ; Shiraishi Masaya, « 1940-1941 nen indoshina wo meguru nichifutsu keizai kôsho» (Les négocia-kôsho ni nozondeno nihongawa no ito tions entre la France et le Japon de 1940 à 1941 sur l’économie de l’Indochineles buts du Japon dans ces négociations),Dainiji sekai taisen to ajia shakai no henyô(La Seconde Guerre mondiale et l’évolution de la société des pays asiatiques), Ôsaka, Ôsaka gaikokugo daigaku ajia kenkyûkai, 1986 ; Tabuchi Yukichika, « Nihon no tai indoshina “shoku-minchi” ka puran to sono jittai » (Le plan japonais de « colonisation » de l’Indochine et la réalité),Tônan ajia rekishi to bunka;9, 1980 (L’Asie du Sud-Est, Histoire et Culture), n° Tabuchi Yukichika, « Daitôa kyôeiken to indoshina – shokuryô kakutoku no tame no senryaku » (La Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale et l’Indochine : la stra-tégie d’approvisionnement alimentaire),Tônan ajia rekishito bunka(L’Asie du Sud-Est, Histoire et Culture), n° 10, 1981. L’œuvre de Jacques Valette,Indochine 1940-1945. Fran-çais contre Japonais, Paris, SEDES, 1993, traite également de la présence japonaise en Indochine et de la négociation entre le Japon et la France, en utilisant de nombreuses archives diplomatiques. 4. Yoshida Hiroshi, « Kôbunnsho no shôkyaku to intoku » (La destruction et le recel des archives japonaises),Sensô sekininn kenkyû(Recherche sur les responsabilités de guerre), n° 14, 1996. 5. Nous pouvons énumérer : Ralph B. Smith, « The Japanese in Indochina and the Coup of March 1945 »,Journal of Southeast Asian Studies,9 (2), septembre 1978 ; Kiyoko Kurusu Nitz, « Independence without nationalists ? The Japanese and Vietnamese nation-alism during the Japanese period, 1940-1945 »,Journal of Southeast Asian Studies, 15 (1), mars 1984 ; Tran My-Van, « Japan and Vietnam’s Caodaists : A wartime relationship », Journal of Southeast Asian Studies; Tran My-Van, « , 27 (1), 1996 Beneath the Japanese Umbrella : Vietnam’s Hoa Hao during and after the Paciïc War »,An Inter-Crossroads : disciplinary Journal of Southeast Asian Studies, 17 (1), 2003. 6. Kiyoko Kurusu Nitz, « Independence without nationalists ?... »,op. cit.; Kiyoko Kurusu Nitz, « Japanese military policy toward French Indochina during the Second World War. The road to the Meigo Sakusen, 9 March 1945 »,Journal of Southeast Asian Studies, n° 14, septembre 1983. Par exemple, elle a interviewé les ambassadeurs Yoshiwaza Kenkichi et Matsumoto Shunichi, le ministre Yokoyama Masayki, le consul Minoda Fujio, le général Tsuchihashi Yûki et un homme de lettres, Ômiya Komaki.
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