Identité, altérité et représentations
196 pages
Français

Identité, altérité et représentations , livre ebook

196 pages
Français

Description

Cet ouvrage offre une réflexion sur les enjeux de l'affirmation des identités dans un monde à la fois globalisé et fragmenté, où l'impérialisme culturel résiste à la fécondation mutuelle des civilisations et des peuples. Comment apprécier l'expression des formes identitaires communautaires (culture, nation, race, ethnie, ...) où les sentiments d'appartenance sont particulièrement forts ?


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Date de parution 15 janvier 2015
Nombre de lectures 62
EAN13 9782336367279
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Sous la direction de Gilbert Zouyané
IDENTITÉ, ALTÉRITÉ ET REPRÉSENTATIONS
Identité, altérité et représentations
Sous la direction de Gilbert Zouyané Identité, altérité et représentations
Comité scientifique Professeur Abwa Daniel, Université de Yaoundé IProfesseur Biloa Edmond, Université de Yaoundé IProfesseur Dili Palaï Clément, Université de MarouaProfesseur Domo Joseph, Université de NgaoundéréProfesseur Ewane Christiane, Université de Yaoundé IProfesseur Fergombe Amos, Université d’Artois Professeur Fotsing Mangoua Robert, Université de DschangProfesseur Meto’o Maxime, Université de Yaoundé IProfesseur Motaze Akam Marcel, Université de NgaoundéréProfesseur Saïbou Issa, Université de Maroua Professeur Tonye Alphonse, Université de Yaoundé I © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04992-2 EAN : 9782343049922
Introduction
Dans le contexte actuelde la société globaletrès marquée par la prégnance des diversités et la mixité, les réflexions sur les questions de l’identité ou de l’altérité s’avèrent opportunes. Entre velléités hégémonistes sur fond d’ethnocentrisme et affirmations des différences, la coexistence des populations d’origines différentes ouvre la voie à une prodigieuse problématique. L’altérité interculturelle constitue, de fait, une dialectique du rapport à soi par la reconnaissance de l’autre.
Envisagée sous l’angle de la psychologie sociale, l’identité est constituée par l’ensemble des caractéristiques et des attributs qui font qu’un individu ou un groupe se perçoivent comme entité spécifique, et qu’ils soient perçus comme tels par les autres. Elle est une réalité dynamique, le fruit d’un processus de construction continu. La pertinence 1 des avancées théoriques de Claude Dubar permet de donner un éclairage à cette notion complexe. En distinguant « l’identité pour soi » et « l’identité pour autrui » comme composantes indissociables de l’identité sociale, la place de l’Autre est établie comme essentielle dans l’élaboration de l’image qu’on se fait de soi-même. Les identités individuelles naissent donc des interactions sociales. L’identité nationale, par exemple, est constituée de manière interne par la relation aux autres, tout en restant une identité, celle d’un soi différent du soi des autres. Un débat sur les questions d’identité peut ouvrir la voie à la négation des autres, à la violence des relations. C’est pourquoi nous considérons que l’altérité, perçue comme témoignage de compréhension de la particularité de chacun, est consubstantielle à l’identité. S’il est vrai que « l’identité pour autrui » est une construction de l’image spécifique qu’on veut renvoyer aux autres, on doit convenir que l’altérité, entendue comme reconnaissance de l’Autre dans sa différence, est l’autre face de cette même réalité. C’est en s’appuyant sur l’altérité qu’on peut comprendre et interpréter la coexistence des identités différenciées dans un espace social précis. La préoccupation du présent volume est de produire une réflexion sur les enjeux de l’affirmation des identités dans un monde à la fois globalisé et fragmenté, où l’impérialisme culturel résiste à la fécondation mutuelle 1 Dubar C., 2000,La Crise des identités, Paris, PUF.
des civilisations et des peuples. Comment apprécier l’expression des formes identitaires communautaires (culture, nation, race, ethnie, etc.) où les sentiments d’appartenance sont particulièrement forts ? Les identités collectives peuvent-elles librement se manifester sans faire un préjudice à l’altérité, dans une saine cohabitation des diversités? Quelles sont les représentations que construit l’imaginaire pour traduire les spécificités du même, interpréter les pénétrations des cultures et la coexistence des différences ? Ce sont autant de problématiques qui ont sous-tendu l’ensemble des réflexions développées dans cet ouvrage.
Au total, une dizaine de contributions au croisement des disciplines des sciences sociales, de la linguistique et de la littérature esquissent des réflexions sur cette délicate question toujours actuelle. Dans une approche éclectique faite d’analyses conceptuelles et d’études des situations sociales sur la base d’observations empiriques, les textes regroupés dans la première partie décrivent les contours de cette thématique en y apportant des réponses efficientes. La quête identitaire et le devoir de mémoire sur lesquels s’interroge Armand Leka Essomba conduisent le chercheur dans la sinueuse trajectoire de l’esclavage des Noirs. Avec un regard avisé, il analyse les représentations et les usages que les Africains font aujourd’hui de la traite, en tant qu’élément majeur de leur patrimoine identitaire pour se parler à eux-mêmes, se définir et définir les Autres.
Dans le même registre des questions identitaires, le texte d’Alawadi Zelao développe une réflexion sur la place accordée aux groupes minoritaires dans l’espace social du Cameroun, présenté à juste titre comme République multiethnique. En ciblant spécifiquement les minorités ethniques marginalisées, son analyse remet en cause quelques aspects du slogan d’intégration nationale sur lequel brode le politique, et propose une réflexion sur le management des différences dans une société multiethnique qui devrait être plus soucieuse d’une réelle intégration de ces minorités. Très proche de cette problématique, André Tassou décrit la situation des immigrés originaires des pays voisins au Nord-Cameroun préoccupés à la fois par leur assimilation en vue d’une parfaite intégration dans la société d’accueil, et l’affirmation de leur identité propre. Ils sont ainsi ballotés entre la déconstruction et la reconstruction identitaires. Cette question de l’ethnicité est prolongée par Valéry Loba qui l’enrichit de l’expérience ivoirienne. La ville d’Abidjan, mégalopole riche en diversités ethniques, est le cadre de son étude sur le brassage des populations au travers des modèles nuptiaux desquels
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naissent les jeunes citadins. Il parvient à établir que la mobilité professionnelle et le niveau d’instruction sont les paramètres susceptibles d’accroître le brassage des originaires de Côte d’Ivoire. La réflexion de Pierre François Edongo fait quelque arrêt sur un groupe précis dont il révèle les spécificités culturelles. L’analyste présente les rituels d’inversion (l’ékamba) comme stratégies de communication et remaniement de la stratification sociale chez les Béti du Sud-Cameroun. Sur un tout autre plan, la deuxième partie regroupe des études globalement centrées sur les textes littéraires. La préoccupation des critiques a consisté à dégager de la surface des œuvres de fiction la manifestation des problématiques identitaires. En procédant par l’approche imagologique, Gilbert Zouyané et Bana Barka se sont intéressés aux représentations de l’Autre qui échouent inévitablement sur l’emprise des préjugés. Il en va ainsi de l’image paradoxale des tirailleurs sénégalais présentée dansLa Randonnée de Samba Diouf etLe Nègre Potemkine, héros controversés, instrumentalisés et disparus dans le silence de l’oubli. L’étude de Bana Barka quant à elle décrypte la surimpression des images réductrices à travers lesquelles les écrivains du Cameroun méridional construisent l’altérité de leurs compatriotes du Nord (« Wadjos »).
En s’intéressant au symbole de la mort du héros à traversSoundjata ou l’épopée mandingue, Clément Dili Palaï en vient à mettre en relief l’expression de la spécificité de la tradition orale, lieu d’ancrage de l’identité africaine. Dans la même veine, l’exploration des discours des personnagesdu BourbierMbia sous l’angle de la pragmatique d’Oyono permet à Marceline Dama Teyabé d’interpréter le pouvoir de la parole dans le contexte particulier du Sud-Cameroun.
Ancré dans le domaine de la sociolinguistique, le texte de Théophile Calaïna établit l’hégémonie du fulfulde, décrit comme langue dominante et langue prestigieuse dans le paysage social du Nord-Cameroun où il est en concurrence avec une multitude de langues en présence.
La visée globale des textes compilés dans ce volume est de donner un éclairage aux questions de l’identité et de l’altérité sur le socle duquel se construit la dynamique des interactions sociales dans le monde actuel.
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Gilbert Zouyané
Première partie : Au contact de l’altérité et des diversités : l’identité en question
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