Inacceptable : Témoignages de survivantes d'exploitation sexuelle et de proxénètes

Mélanie Carpentier

Description

L’exploitation sexuelle est un sujet d’actualité qui dérange et trouble notre société. Mais que se passe-t-il pour ces jeunes filles et ces femmes qui restent derrière ce tapage médiatique lorsque les projecteurs se referment? Qu’en est-il vraiment? Quelle est leur histoire? Pourquoi est-ce si difficile de refaire leur vie au point que 90 % d’entre elles, selon le SPVM, retournent dans l’industrie du sexe? Les services d’aide déjà offerts sont-ils vraiment adaptés à cette problématique?
Pour cet ouvrage, Mélanie a rencontré 44 personnes de l’industrie du sexe et le parcours de vie de certaines, dont le récit d’une mère, ne laissera aucun lecteur insensible! Voici les histoires de vie de sept survivantes qui se dévoilent entièrement: de leur enfance à ce qui les a amenées dans ces milieux, de la cruauté de leur quotidien… et de leur long parcours de réhabilitation visant leur réinsertion sociale.
De plus, en mars 2019, l’auteure a assisté à un rassemblement de 34 survivantes canadiennes d’exploitation sexuelle, d’où sont ressorties plusieurs pistes de solutions et recommandations qu’elle nous présente ici.
Finalement, pour bien comprendre d’où proviennent les proxénètes et comment ils utilisent l’exploitation sexuelle à leurs fins, deux pimps ont accepté de raconter leur histoire.
Ce livre est destiné autant aux victimes et à leur famille qu’à tous les professionnels et intervenants qui souhaitent améliorer leurs services auprès d’elles.

Sujets

• Sexualité
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• Témoignages
• Industrie du sexe
• Violence
• Biographie
• Autobiographie

Informations

• Publié par: Béliveau Éditeur
• Date de parution: 25 juin 2021
• Nombre de lectures: 17
• EAN13: 9782897931254
• Langue: Français

Extrait

Conception de la couverture :
Christian Campana, www.christiancampana.com
Photographie de la couverture : iStockphoto
Tous droits réservés
© 2020, BÉLIVEAU Éditeur
Dépôt légal : 1 er trimestre 2020
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN 978-2-89793-124-7
ISBN Epub 978-2-89793-125-4
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À toutes celles dont la voix n’a pas été entendue, vous n’êtes plus seules.
« Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons. À la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais du silence de nos amis. Les barricades sont les voix de ceux qu’on n’entend pas. »
– M ARTIN L UTHER K ING J R


Béliveau éditeur et moi-même, l’auteure, nous dégageons de toute responsabilité sur le contenu des témoignages et des opinions qui sont émises dans ceux-ci. L’expérience des services mentionnés est propre à chacun des participants. L’exposition de celle-ci vise une meilleure compréhension des besoins des gens touchés par l’univers de l’industrie du sexe pour ainsi amener la concertation et l’amélioration des services.
Les noms et certains détails ont été modifiés afin de préserver l’anonymat des participants.
Remerciement spécial
à la ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, madame Danielle McCann

J e tiens à remercier la ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, madame Danielle McCann, qui a rendu possible ce projet de recherche et d’écriture, grâce à la subvention qu’elle nous a accordée. Le but de ce projet était de donner la parole aux survivantes d’exploitation sexuelle et de crimes connexes au milieu de l’industrie du sexe.
L’argent de la subvention a été entièrement redistribué aux participantes et survivantes, qui nous ont généreusement fait part de leur histoire afin de faire avancer la cause de ces victimes, ainsi qu’auprès de celles qui ont contribué à la création d’outils de formation spécifiques.
Cet argent a aussi servi à couvrir les frais de mise à jour du site web : melaniecarpentierconsultante.com , qui fournira des outils spécialement destinés aux personnes vivant ou ayant vécu l’exploitation sexuelle ou tous autres crimes connexes.
Merci de votre confiance.

Mélanie
Préface

M a relation avec Mélanie est semblable à nos luttes et à nos revendications. Controversée et parfois complexe, elle vaut clairement les efforts que nous y avons investis, mais elle a aussi exigé quelques mises au point. Pour que les désaccords propres au milieu féministe que nous côtoyons toutes deux ne nous divisent pas comme ils le font avec de plus en plus de militantes, il nous a fallu de nombreuses discussions. Nous en avons eu plusieurs, certaines légères et sympathiques, d’autres plus complexes et délicates. Nous avons mis des choses au clair à quelques reprises, nous nous sommes remises en question et avons fait preuve de beaucoup d’humilité à tour de rôle. Même lorsque nous nous attardions à des questions difficiles et délicates, nous sommes toujours parvenues à avoir des conversations constructives, civilisées et enrichissantes. Nous avons d’ailleurs fait le tour d’un nombre considérable de questions, sans nécessairement nous mettre d’accord sur tout et à tous les niveaux. La prostitution est-elle un travail ou une forme d’exploitation ? Estelle nécessaire ou dévastatrice ? Doit-on l’encadrer ou viser son abolition ? Encourager son industrialisation ou criminaliser les personnes qui en font ? Pourquoi ? Comment ? Et surtout à quel prix ?
Si ces questions et celles entourant le sujet se doivent d’être soulevées et réfléchies avec soin, elles ne doivent pas l’être au détriment des évidences qu’elles mettent en lumière, soit : l’exploitation sexuelle fait des victimes, l’aide qui leur est offerte est quasi dérisoire et très peu adaptée à leur réalité, il faut augmenter et diversifier les services.
C’est ça qui nous unit, Mélanie et moi : notre volonté commune que l’aide aux victimes devienne prioritaire ainsi que leur contribution dans les prises de décisions et les services d’aide.
La parole, les expériences, les perceptions et les opinions des personnes qui subissent les contrecoups d’une problématique telle que l’exploitation sexuelle doivent être pris en considération par l’ensemble des personnes soucieuses de s’y attaquer. C’est logique et ça semble compris par la plupart d’entre elles, ce qui est bien. Là où le bât blesse, c’est qu’il arrive assez souvent, malheureusement, que ce soit fait dans des conditions qui vont à l’encontre de notre bien-être ou de nos valeurs personnelles ou collectives. Sans trop de respect parfois, sans tenir compte des spécificités propres à la réalité que nous décrivons et avec des intentions douteuses qui s’avèrent parfois ne pas nous servir du tout, il arrive que notre parole soit à la fois sollicitée et ignorée, voire mise en doute. C’est aussi le cas de nos connaissances et de notre jugement que certaines personnes remettent en question lorsqu’ils ne servent plus leurs intérêts. Notre vécu et la capacité de certaines d’en témoigner est parfois instrumentalisé sans bénéfice réel pour notre cause et sans égard aux conséquences que cela peut avoir sur nous et sur l’aide aux victimes, en général.
Mélanie et moi partageons ces impressions, aussi désagréables soient-elles, et savons, pour être en contact avec de très nombreuses survivantes, que nous sommes loin d’être seules. Il nous apparaît pourtant évident qu’au sein d’organisations gravitant autour des femmes ayant un vécu en lien avec l’exploitation sexuelle, il y a des pratiques et des croyances qui nous nuisent plus qu’elles nous aident. Les remettre en question et les critiquer est difficile, même lorsque nous le faisons avec diplomatie et dans une optique constructive. Généralement, elles sont défendues et répandues par des individus qui font, aux yeux de plusieurs, figures de héros voués à nous sauver d’une réalité qu’ils pensent visiblement mieux connaître que nous-mêmes qui la vivons quotidiennement.
Dans un tel contexte, militer et travailler pour le bien-être des victimes tout en l’ayant été est plutôt complexe. Il n’est pas simple non plus de distinguer nos réels alliés de ceux et celles qui disent l’être, mais dont la noblesse des intentions est discutable. Mélanie et moi le faisons de notre mieux depuis un moment et je peux affirmer aujourd’hui, sans l’ombre d’un doute, qu’elle est une de mes alliées précieuses. Avec le temps et l’adversité, nous avons développé un lien solide de sororité. Avoir été témoin du travail de réflexion et d’analyse que l’écriture a demandé à Mélanie me l’a personnellement confirmé, me faisant connaître des côtés d’elle que j’ignorais et qui sont, à mes yeux, admirables. C’est une femme de cœur fidèle à ses convictions. Elle les défend avec ferveur et acharnement, mais aussi avec ouverture et amour. C’est avec ces mêmes qualités que Mélanie a écrit ce livre, ayant en tête les intérêts d’innombrables femmes qui ont été exploitées sexuellement.
Il relate une parcelle de ce à quoi plusieurs sont confrontées régulièrement. Il met en lumière l’absurdité d’une société qui se dit juste et égalitaire, mais qui ignore une souffrance et des injustices que nous sommes de plus en plus nombreuses à décrire et à dénoncer. Il dépeint une réalité dont il est difficile de parler, avec les mots de celles qui la vivent, simplement, froidement, parce qu’il le faut.
Il a fallu beaucoup de courage, d’humilité et de persévérance à Mélanie pour mener à bien l’écriture de ce livre et je ne peux que saluer l’acharnement qu’elle y a mis et respecter la motivation évidente qui la poussait : le bien-être des femmes ayant été victimes d’exploitation sexuelle.

Rose Sullivan
Cofondatrice du CAFES
(Collectif d’ai