L'Enfant : la vraie question de l'école

Hubert Montagner

Description

Pour lutter contre l'échec scolaire, une priorité : mieux comprendre l'enfant. Et une obligation urgente : refonder les pratiques sur les savoirs les plus actuels. Chercheurs, cliniciens et pédagogues, universitaires et professionnels de terrain, issus aussi bien de la psychologie, de la psychophysiologie, de la psychiatrie de l'enfant et de la pédiatrie que des sciences de l’éducation se sont rassemblés pour faire le point sur les aspects fondamentaux du développement de l'enfant, les déficits ou les troubles qui peuvent apparaître chez l'enfant-élève, ainsi que sur les modes de fonctionnement de l'école et la pédagogie. Ils nous livrent leurs propositions sur l'alimentation, la question des rythmes, les comportements et particularités psychiques, notamment l'anxiété, l'hyperactivité et la violence, ou encore sur les modalités d'apprentissage du langage et de la lecture, la mémoire et la motivation. Replacer l'enfant au cœur des débats sur l'école : telle est l'ambition de ce livre. Contributions de M. Bouvard, J. Bernicot, J.-P. Bordes, M. Cazenave, J.-L. Duret, F. Fenouillet, R. Fontaine, M.-L. Frelut, J.-É. Gombert, A. Lieury, P. Meirieu, H. Montagner, M.-C. Mouren-Siméoni, J. Paty, B. Pierrehumbert, D. Sénore, F. Testu, M. Touzin, L. Véra. Cet ouvrage est issu d'un colloque organisé par la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) en octobre 2001.

Sujets

• Education
• Psychology
• Training
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 01 septembre 2002
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782738173140
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE  2002 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7314-0
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S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
PRÉSENTATION
INTRODUCTION Refonder l’école
PREMIÈRE PARTIE - Les réflexions et travaux des spécialistes des sciences de l’éducation
« METTRE L’ÉLÈVE AU CENTRE DU SYSTÈME » : QUELLES EXIGENCES POUR L’ÉCOLE D’AUJOURD’HUI ?
Quelles conditions pour construire, à l’école, un espace et un temps qui permettent à des enfants de grandir et d’apprendre, d’apprendre et de grandir ?
Il convient maintenant de se demander brièvement comment traduire tout cela institutionnellement
LA RECHERCHE-ACCOMPAGNEMENT : UNE RECHERCHE PÉDAGOGIQUE INNOVANTE, VECTEUR POSSIBLE DE LA TRANSFORMATION DES PRATIQUES POUR LE PROFESSEUR DES ÉCOLES DU XXIe SIÈCLE
Innovation ou réforme ?
L’enseignant ou l’apprenant ?
Le clerc ou le bibliothécaire ?
Apprenant ou apprenti ?
Cinq étapes pour comprendre « comment ça marche »
Des pistes de travail pour favoriser l’analyse et réflexion afin de ne pas conclure
DEUXIÈME PARTIE - La diversité des facteurs bio-psychologiques qui peuvent sous-tendre les difficultés des enfants-élèves
L’ALIMENTATION DE L’ENFANT ET SES COMPLICATIONS
L’alimentation au cours de la petite enfance : contraintes, variété et premières difficultés
De l’enfance à l’adolescence : les vrais risques
La consommation et le comportement alimentaire : des liens entre l’évolution des enfants et celle des adultes
De multiples conséquences à court et long terme sur la santé
Alimentation et santé : l’ambiguïté n’est pas de mise à l’école
Doit-on enseigner la nutrition à l’école ?
LES RYTHMES VEILLE/SOMMEIL. VULNÉRABILITÉ CHEZ L’ENFANT ET L’ADOLESCENT
La réalité des plaintes qui témoignent des difficultés de vigilance et de sommeil chez les jeunes
Les contraintes de base de l’organisation des rythmes biologiques
Le besoin de sommeil : privation ou décalage
Le retard de phase : expression d’une souffrance chez l’adolescent
Conclusion
LES RYTHMES SCOLAIRES. APPROCHE CHRONOPSYCHOLOGIQUE
Introduction
L’évaluation chronopsychologique des rythmes scolaires
Données chronopsychologiques
En guise de conclusion : quelques possibles applications
LES RYTHMES ET LES COMPÉTENCES-SOCLES. LES ESPACES-TEMPS
Les différentes dimensions des rythmes de l’enfant
Les espaces-temps
Conclusions
TROISIÈME PARTIE - Les vulnérabilités comportementales et psychiques des enfants-élèves en difficulté
L’ANXIÉTÉ DE PERFORMANCE CHEZ L’ENFANT
Introduction
L’anxiété de performance
Modalités d’expression de l’anxiété de performance
La phobie sociale et le trouble d’anxiété généralisée
Anxiété de performance et manifestations physiologiques
Anxiété de performance et manifestations comportementales
Anxiété de performance et manifestations cognitives
Anxiété de performance et anticipation anxieuse
Le handicap
Thérapeutique de l’anxiété de performance
Conclusion
LES TROUBLES DES APPRENTISSAGES DU LANGAGE ÉCRIT
Position du problème
Dépistage des troubles
La lecture experte
Les compétences nécessaires à l’apprentissage du langage écrit
La querelle des méthodes de lecture
La dyslexie
L’évaluation
La dysorthographie
La rééducation
Évolution des troubles
Conclusion
TROUBLES DU COMPORTEMENT ET DIFFICULTÉS SCOLAIRES
Caractéristiques cliniques
Comorbidité
Diagnostics différentiels
Évolution
Stratégies thérapeutiques
Conclusion
LA VIOLENCE SCOLAIRE : LES FAITS, LEURS CAUSES, LES SOLUTIONS
Définition de la violence : relativisme et multiformisme
La spécificité de la violence scolaire
Les modes de fonctionnement qui favorisent le bullying
Programme de lutte contre la victimisation
Conclusion
ATTACHEMENT, SOCIALISATION ET PROBLÈMES DE COMPORTEMENT
Introduction
L’attachement
La socialisation
Les problèmes de comportement
Huit questions
Conclusions
QUATRIÈME PARTIE - Les processus cognitifs et les facteurs qui les influencent
L’ACQUISITION DU LANGAGE : LES RELATIONS ENTRE LE COGNITIF ET LE SOCIAL
Les relations entre le cognitif et le social : définitions par l’exemple des capacités pragmatiques chez l’enfant
Comment demander du gâteau ?
La pragmatique à l’école
Le rôle du contexte social lors de la production des demandes et de la compréhension des promesses
Le rôle des conditions d’apprentissage : rang dans la fratrie, mode de garde et acquisition du langage
Conclusion
PSYCHOLOGIE COGNITIVE ET APPRENTISSAGE DE LA LECTURE
Modélisations théoriques de la lecture
Les stades de l’apprentissage de la lecture
L’importance de la morphologie
L’apprentissage
L’apprentissage implicite
L’apprentissage explicite
Les liens entre connaissances conscientes et automatismes
Conclusion
MÉCANISMES COGNITIFS, MOTIVATION ET MÉMOIRE
Introduction
Définition de la motivation
Approche cognitive de la mémoire
Organisation et processus de récupération : l’exemple du schéma
Motivation et mémoire à court terme
Motivation et mémoire à long terme
Motivation et mémoires : tentative de modélisation
Références bibliographiques
L’alimentation de l’enfant et ses complications
Le rythme veille/sommeil : vulnérabilité chez l’enfant et l’adolescent
Les rythmes scolaires. Approche chronopsychologique
Les rythmes et les compétences-socles. Les espaces-temps
Anxiété de performance chez l’enfant
Les troubles des apprentissages du langage écrit
Troubles du comportement et difficultés scolaires
La violence scolaire : les faits, leurs causes, les solutions
Attachement, socialisation et problèmes de comportement
L’acquisition du langage : les relations entre le cognitif et le social
Psychologie cognitive et apprentissage de la lecture
Mécanismes cognitifs, motivation et mémoire
Présentation des auteurs
PRÉSENTATION

Si l’on se penche sur l’histoire de l’éducation et de l’école, il est notable que nous sommes face à un phénomène à la fois ancien et étroitement lié au développement de l’humanité et des civilisations, mais aussi relativement récent à l’échelle du temps.
En effet, l’impérieuse nécessité de l’accès du plus grand nombre à l’instruction s’est peu à peu imposée au cours des deux siècles passés. Selon les pays et en fonction de la nature de leur société, cette ambition est apparue plus ou moins tôt. Si nous prenons le cas de la France, la généralisation de la scolarisation est attachée au nom de Jules Ferry, donc à la fin du XIX e siècle. Depuis, ce que nous concevons comme naturel et qui, dans notre pays, est inscrit dans la Constitution, n’a fait que s’imposer à l’échelle du monde.
La Convention internationale des droits de l’enfant illustre clairement l’importance de l’accès de tous à l’éducation, ceci étant posé comme un droit, donc comme un devoir de la collectivité. S’il était nécessaire de s’en persuader, il suffit d’examiner les critères de l’ONU pour analyser le stade de développement des nations. Le taux de scolarisation est un repère qui marque fortement les inégalités sur la planète et dont nous savons tous qu’il a des répercussions essentielles sur le développement social et économique. Le fait que l’OCDE se préoccupe de l’avenir des systèmes éducatifs, voire de leurs performances, n’a rien d’innocent et ne peut que renforcer la détermination de tous ceux qui œuvrent pour que l’éducation soit une préoccupation centrale de la part de tous les gouvernants.
Ce constat — et le fossé révélateur entre les jeunes dans le monde, donc les progrès à réaliser — ne nous exonère pas de l’inter rogation : dans quel but et selon quelle stratégie l’école remplit-elle sa mission ?
Qu’au siècle dernier, les dirigeants de notre pays aient considéré que la maîtrise du lire, écrire, compter devenait un impératif se comprend dans la volonté de faire entrer la nation dans la « modernité » de la société industrielle. L’instruction de tous les enfants répond à un objectif « bassement » utilitaire, celui de disposer dans une société urbanisée d’une main-d’œuvre pourvue des savoirs élémentaires. Bien évidemment, le projet républicain ne se limite pas au seul souci économique. Il s’agit aussi de rompre avec un monde traditionaliste et rural et de former de « bons républicains ». Imprégnés de l’idée de progrès, les promoteurs de l’école et les hussards de la République entendaient affranchir les individus de la routine, de l’immobilisme, de la superstition et de la soumission au clergé. L’école, en ce sens, entre bien dans un projet politique et social. Enfin, il se trouve des voix pour voir dans l’école et attendre d’elle qu’elle soit également vecteur d’une élévation culturelle et, partant de là, facteur de promotion sociale.
On sanctifie la méritocratie, véritable « ascenseur social » pour les plus « brillants » des enfants du peuple, qu’illustre le célèbre roman d’Alphonse Daudet, Le Petit Chose . Dans le même temps, les plus progressistes d’entre eux instaurent ce que nous connaissons sous le concept d’éducation populaire. Confiants dans l’avenir, persuadés que la maîtrise des savoirs est source de liberté, ils sont porteurs du principe de démocratisation de l’éducation. Le regard obligatoirement critique que nous devons poser sur ce moment essentiel de l’