L espérance d’un Européen
92 pages
Français

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L'espérance d’un Européen , livre ebook

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Description

« Ce livre raconte la réalité vécue de l’Européen que je suis. Il s’ouvre sur l’Allemagne, vue de mon village sarrois et de ce qui s’y joue depuis dix ans. Il se poursuit avec l’Italie autour de ces élections du désespoir en 2013, mais aussi de la formidable énergie de ses hommes et femmes d’entreprise. Il parle non d’une Europe abstraite et lointaine, mais des Européens et de leurs histoires. La question de l’identité européenne est au cœur de ce livre. Qu’avons-nous en commun qui nous différencie des autres continents ? Beaucoup plus que nous ne le croyons. Notre modèle européen est un espoir pour de nombreux pays émergents à condition de savoir en revisiter les fondamentaux. Avec ce livre, je veux partager quelques expériences et solutions utiles. Sans rien nier des difficultés, mon espoir se fonde sur tous les éveilleurs, sur tout ce qui naît et réussit à l’intérieur même de l’Europe. Alors qu’il s’y passe tant de choses positives, je refuse d’en rester à ce pessimisme, à cette désespérance qui touche singulièrement la France, mon pays. » F. V. G. Formidable témoignage vécu, ce livre nous redonne une perspective, à nous, Français. Issu d’une famille industrielle de l’Est, François Villeroy de Galhau a été le conseiller européen de Pierre Bérégovoy (1990-1993) avant d’occuper diverses responsabilités à Bercy, puis à Bruxelles. Sous le gouvernement Jospin, il a été directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn (1997-2000). Aujourd’hui, il est directeur général délégué du groupe BNP Paribas, en charge des marchés domestiques européens. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 octobre 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738168702
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

François Villeroy de Galhau
L’espérance d’un Européen
© O DILE J ACOB, OCTOBRE 2014 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-6870-2
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2 o et 3 o a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Pour Pauline, Malo, Joseph, Jacques, et ceux qui viendront.
Ils sont l’avenir de l’Europe.
Introduction
L’Europe de la colère et de l’espoir

Self-confidence , confiance en nous-mêmes. Tous ceux de ma génération ont connu une époque pas si lointaine, au début des années 1990, où cette vertu paraissait bien européenne : le communisme venait de tomber, l’Allemagne et notre continent allaient se réunifier, Jacques Delors avec Helmut Kohl et François Mitterrand était en train de relancer l’Europe – ils allaient faire naître quelques années plus tard le progrès décisif de la monnaie unique. Même sur le plan économique, l’Europe allait mieux que les États-Unis, qui plongeaient dans une récession consécutive aux flambeuses années Reagan. Tout commençait, pour nous Européens ; tout allait être possible.
Vingt-cinq ans plus tard, nous avons apparemment tout perdu de ces promesses. Aujourd’hui, la colère étouffe l’Europe : un Front national premier parti de France aux élections européennes, des eurosceptiques ou populistes qui montent presque partout en Europe, une abstention massive. Colère générale, contre la mondialisation, les élites, la classe politique supposée corrompue et plus encore incompétente à régler cette interminable crise… « Trop de souffrance et pas assez d’espérance », a résumé Manuel Valls avec force en avril dernier. Mais la colère de l’Europe est avant tout dirigée contre l’Europe elle-même. À Florence, le 9 mai 2013, dans les splendeurs du Palazzo Vecchio où se tient sa mairie, Matteo Renzi, qui n’est pas encore Premier ministre, accueille la « Journée de l’Europe ». Et il a cette phrase rude : « Pour mon grand-père, pour mon père et pour moi, l’Europe était un rêve. Pour la génération des jeunes Italiens d’aujourd’hui, c’est un cauchemar. » Désormais, l’Europe semble ne plus être que le continent du chômage massif. Nourrie du virus de la défiance, la crise démocratique ne cesse de s’y aggraver. Tout manifeste que nous avons perdu non seulement la croissance – le bien-être à nous partager –, mais aussi le sens – le pourquoi et le pour qui. L’Europe apparaît en crise des valeurs, en crise morale.
Et pourtant… Comme beaucoup, je refuse d’en rester à ce pessimisme, à cette désespérance qui touche singulièrement la France, alors qu’il se passe tant de choses positives à nos frontières. Parce que l’Europe doit impérativement rester notre horizon, ce livre en parle, mais autrement : ce n’est pas un ouvrage de plus sur les institutions européennes. J’y raconte d’abord les Européens, ce qu’ils sont avec leurs histoires vécues et leurs projets concrets. Raconter l’Europe non comme une abstraction ennuyeuse, mais comme une réalité quotidienne de chair et de sang : une Europe qui s’incarne et qu’on puisse aimer. Sans rien nier des difficultés, mon espoir se fonde sur tous les éveilleurs, sur tout ce qui naît et réussit à l’intérieur même de l’Europe. Je veux partager ici quelques expériences et solutions utiles ; pour autant, je n’ai aucune légitimité pour donner des leçons. J’espère juste n’appartenir à aucune des deux grandes figures qui dominent aujourd’hui la scène médiatique, dans le bruit et la fureur : les cyniques et les imprécateurs.
Les cyniques, ce sont ceux qui ne croient plus à rien ni à personne – sauf à eux-mêmes. Ils ont souvent du talent, de l’énergie, mais plus ils sont favorisés, plus ils estiment devoir se servir : certains politiques obsédés par leur seule image ; des acteurs économiques surabondamment payés mais qui veulent voir encore leurs bonus accélérer ; quelques stars promptes à l’exil fiscal. Je crois pourtant encore à cette phrase du sénateur américain Charles Schultz au XIX e  siècle, après les blessures de la guerre de Sécession : «  Right or wrong, my country.  » L’appartenance à une communauté nationale, cela ne s’abandonne pas comme cela, au gré de ses seuls intérêts financiers du moment.
En face des cyniques grandit à proportion l’armée des imprécateurs. Ceux-là croient à une cause, et ils sont de bonne foi pour la plupart : la vérité, pour des journalistes en quête du scandale ou du complot caché ; la justice et la pureté, pour beaucoup de croisés des temps modernes, y compris dans des ONG ; l’indépendance, pour certains juges ou « experts » de toutes sortes. Les imprécateurs sont souvent sympathiques, mais pessimistes. Dénonçant les agissements des autres, ils se risquent peu eux-mêmes à l’action et à ses inévitables imperfections.
Entre les cyniques et les imprécateurs, il y a aujourd’hui tous ceux qui souffrent et qui ont peur – les plus nombreux, et les plus dignes d’intérêt. C’est pour eux d’abord que je veux quand même espérer pour l’avenir : de tous ces jeunes à qui nous ne savons pas proposer un emploi, jusqu’à leurs parents ou grands-parents si angoissés du futur de leurs enfants. À tous ceux-là, il faut dire qu’il y a en Europe et même en France tant d’éveilleurs dont on ne parle pas. Ce sont ces entrepreneurs qui ont trois idées par semaine, qui se battent contre la crise, qui regardent le monde entier pour y exporter. Ce sont ces responsables politiques en Suède, en Allemagne et ailleurs qui ont su réformer leur pays. Ce sont tous ces jeunes Européens qui étudient grâce à Erasmus, partent en mission humanitaire et créent leur start-up avec l’aide du numérique. Tout cela, nous ne le faisions pas il y a trente ans.
*
Parce que ce livre raconte la réalité vécue de l’Européen de terrain que je suis, il s’ouvre par un parcours aux frontières : celle avec l’Allemagne pour commencer, non vue d’en haut et du fameux « modèle allemand », mais de mon village sarrois et de ce qui s’y joue depuis dix ans. L’Italie ensuite mérite une étape autour de ses élections du désespoir en 2013, mais aussi de la formidable énergie de ses hommes et femmes d’entreprise. Il est également indispensable de regarder l’Europe depuis le reste du monde : j’ai choisi de le faire de Californie et d’Inde, dont la jeunesse devrait être pour nous le plus puissant des stimulants. Dernier voyage : celui qui nous ramène vers une France qui avait davantage confiance en elle-même, celle de la fin des années 1990, et qui a encore des choses à nous dire aujourd’hui.
Dans un deuxième temps, je m’efforcerai de tracer les voies d’une renaissance européenne. Oui, l’Europe doit changer, profondément. Non, il n’est pas vrai que ce continent soit perdu, cette merveille d’équilibre entre l’individu et la société, cette splendeur de nos paysages et de nos villes, fille de la diversité des territoires et de siècles de travail et de culture.
Pour une renaissance européenne, nous devons partir de ce que nous sommes, ensemble. La question de l’identité européenne reste la plus discutée qui soit : qu’avons-nous en commun, qui nous différencie des autres continents ? Beaucoup plus que nous ne le croyons. Notre modèle européen n’est pas un résidu historique, une civilisation en fin de vie. C’est un espoir pour de nombreux pays émergents à condition de savoir en revisiter les fondamentaux. D’abord, quitte à surprendre, nous pouvons avoir un fort esprit entrepreneurial, mais qui inclue la responsabilité sociale. Nous voulons des services publics développés qui doivent être sous contrainte d’efficacité, et un pacte social durablement financé entre les générations et les populations. Nous souhaitons construire une monnaie stable entre pays différents et une finance durable. Sur tout cela, nous, Européens, sommes en grande majorité d’accord ; en cela, nous sommes nettement différents des Chinois ou des Américains, et attendus par beaucoup d’autres peuples qui y aspirent.
Rien ici n’est facile, au milieu de la compétition mondiale qui nous stimule et du vieillissement qui nous menace. Sur chacun de nos fondamentaux cependant – entreprise, État, euro –, nous devons et nous pouvons innover pour reconstruire. Mais pour rendre l’espoir à l’Europe, il faut en outre, à nouveau, un grand projet qui donne de l’élan aux Européens ; il n’en est sans doute pas de plus impérieux que le plein-emploi des jeunes. Il faudra enfin renouveler l’éternelle utopie franco-allemande, car le reste de la famille européenne en a encore sérieusement besoin.
Le voyage sur nos frontières, la renaissance à partir de notre identité même, et pour finir l’espérance. Parce que l’Europe manque de sens, plus encore que du reste. Mon espoir s’ancre aussi, personnellement, dans l’espérance chrétienne qui est la mienne ; j’essaierai d’en rendre compte, sans prétention. Et collectivement, nous devons soigner la crise démocratique : c’est la plus grave des crises qui nous menacent, et elle appelle un sursaut tant des citoyens que nous sommes que des politiques qui nous dirigent.
Puisque c’est aussi un livre de convictions, j’annonce la couleur, avec mes limites : d’abord je fais partie de ces dirigeants économiques ou publics si critiqués pour leur incapacité à empêcher la crise et à la résoudre. Depuis plus de dix ans, je participe – même si ce livre n’engage bien sûr que moi – à l’aventure de BNP Paribas, qui a construit un des beaux succès français en Europe mais n’échappe pas aux polémiqu

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