L'Homophobie : Un comportement hétérosexuel contre nature

Ginette Pelland

Description

À l’heure où le mariage entre conjoints de même sexe fait l’objet d’un projet de loi à la Chambre des Communes et suscite les passions dans la classe politique autant que dans la population canadienne, ce livre tombe à point nommé pour éclairer les consciences.
Avec cet essai, Ginette Pelland retrace judicieusement le chemin parcouru et, surtout, identifie celui qu’il nous reste à faire collectivement pour aspirer à une société plus juste.
Ce livre brosse premièrement le tableau actuel de la lutte contre l'homophobie dans notre société. L'évolution du droit et la constitution de groupes de défense des gais et lesbiennes ont entraîné la mise en place de mesures éducatives, sociales et politiques dans le but de faire cesser la discrimination dont les personnes homosexuelles sont victimes. Beaucoup de travail reste cependant à accomplir dans le sens de l'ouverture des mentalités sur cette question.
L'homophobie est une forme de discrimination fondée sur des préjugés qui ont toujours eu cours dans l'histoire occidentale. Ces préjugés partent d'aussi loin que la Grèce ancienne et ils sont inscrits profondément dans la mentalité religieuse judéo-chrétienne. La Bible ouvre la voie aux cruautés que l'Occident continuera par la suite de réserver aux personnes homosexuelles. Le fondamentalisme religieux de l'Église médiévale s'en inspirera pour condamner les homosexuel(le)s au bûcher. L'avènement de la pensée scientifique et de l'État de droit ne réussira pas à faire cesser la condamnation et la persécution de ces personnes. C'est ainsi que les homosexuel(le)s passeront du bûcher à la prison et à l'asile, leur statut de pécheurs contre Dieu et la religion se transformant progressivement en celui de fauteurs de trouble social, d’individus hors normes, de pervers et de malades mentaux.
C'est ce qu'il faut défaire pour dénoncer et démasquer la profonde injustice de l'homophobie. L'orientation homosexuelle d'une personne ne justifie en rien son traitement social au titre d'être inférieur aux autres, réputé coupable et anormal en raison même de sa différence sexuelle.

Sujets

• Gay Studies
• LGBTQ+ Studies
• Social Science
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 05 février 2013
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782764419700
• Langue: Français

Extrait

Dossiers et Documents
Sommaire
L’HOMOPHOBIE - UN COMPORTEMENT HETEROSEXUEL CONTRE NATURE De la même auteure Page de titre Page de Copyright Epigraphe Cruelle phobie PREMIERE PARTIE - Portrait social actuel de la lutte contre l’homophobie
Introduction Premier chapitre - L’éducation nécessaire des mentalités Deuxième chapitre - La plus ou moins grande ouverture d’esprit des autorités religieuses à l’endroit des gais et lesbiennes Troisième chapitre - L’évolution du droit et la question du mariage gai Quatrième chapitre - Le point de vue de la population sur l’homosexualité
DEUXIÈME PARTIE - Visages de l’homophobie dans l’histoire occidentale
Premier chapitre - Les anciens Grecs et la question homosexuelle Deuxième chapitre - Sodome et Gomorrhe Troisième chapitre - Au Moyen Âge, l’Église condamne les homosexuels au bûcher Quatrième chapitre - Du péché à la folie, l’espace de quelques siècles de transition Cinquième chapitre - L’homosexualité comme maladie : une invention de la morale psychiatrique
TROISIÈME PARTIE - La fin de l’homophobie : comprendre et laisser être, et non préjuger et contrôler
Premier chapitre - Toutes les idées reçues sur l’homosexualité sont fausses Deuxième chapitre - Le droit à l’excentricité
En guise de conclusion - Pour en finir avec l’homophobie, il faut développer notre capacité d’identification à autrui Bibliographie Annexes
L’HOMOPHOBIE
UN COMPORTEMENT HETEROSEXUEL CONTRE NATURE
le débat actuel le survol historique les préjugés

Préface de CLAUDE CHARRON
De la même auteure
Écrire dans un pays colonisé, Trois-Pistoles, 2004.
Freud en question, Montréal, Éditions Québec Amérique, 2003.
Cruelle raison. L’être humain : entre dieu et démon, Montréal, la Pleine Lune, 2001.
Ouvrez quelques cadavres. Portrait psychologique d’un président des États-Unis, Montréal, la Pleine Lune, 1998.
« Nous sommes tous coupables de la violence », Arcade, n° 42, Montréal, 1998.
De même que quelqu’un se tire une balle dans la tête par peur de la mort, je devins coupable à cause de mon sentiment de culpabilité, Montréal, la Pleine Lune, 1997.
Affolées, Montréal, la Pleine Lune, 1996.
Effluves. Le Refoulement chez Freud, Montréal, la Pleine Lune, 1995.
Hosanna et les Duchesses. Étiologie de l’homosexualité masculine de Freud à Tremblay, Montréal, la Pleine Lune, 1994.
« D’un cas de paranoïa qui résiste à la théorie freudienne », Littoral, n° 39, Paris, E.P.E.L., 1994.
La Peur des mots, Montréal, la Pleine Lune, 1993.
« Délire psychotique et Befindlichkeit », Psychanalyse à l’Université, tome 18, n° 72, Paris, PUF, 1993.
« La Réalité effective de la séduction : un récit québécois fourni comme preuve » , Frénésie, n° 7, Paris, 1989.
« Heidegger : un fondement ontologique de l’inconscient freudien ? » , Psychanalyse à l’Université, tome 13, n° 51, Paris, PUF, 1988.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
 
Pelland, Ginette L’Homophobie : un comportement hétérosexuel contre nature
9782764419700
 
1. Homophobie. 2. Homophobie - Prévention. 3. Discrimination à l’égard des homosexuels. I. Titre.
 
HQ76.4.P44 2005    306.76’6    C2005-940867-7

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Les États démocratiques affectent par-dessus tout l’égalité. C’est ce zèle qui leur a fait imaginer l’ostracisme [...] L’ostracisme n’a point d’autre objet que d’arrêter et d’éloigner ceux qui se font trop remarquer.
Aristote, La Politique
 
 
Aujourd’hui, le simple exemple de la non-conformité, le simple refus de plier le genou devant la coutume est en soi un véritable service. Justement parce que la tyrannie de l’opinion est telle qu’elle fait de l’excentricité une honte, il est souhaitable, pour ouvrir une brèche dans cette tyrannie, que les gens soient excentriques.
John Stuart Mill , De la Liberté
Cruelle phobie
É té 2005. Les médias n’en ont que pour le mariage gai. On appelle historique la soumission du Parlement canadien à des jugements répétés venus des cours provinciales et de la Cour suprême. Les députés ont mis trois ans à reconnaître que le droit des homosexuels à partager l’institution civile du mariage avec les autres citoyennes et citoyens leur était implicitement accordé par une charte des droits adoptée… en 1982. Si les élus de l’époque avaient su que cette charte que Trudeau leur poussait dans la gorge contenait «ce poison», l’auraient-ils adoptée quand même? Aujourd’hui, on ne s’en gargarise pas moins de cette nouvelle étape contre la discrimination.
À la radio, des gens se réjouissent pour les gais : on ne voit pas ce qu’ils pourront désormais souhaiter de plus. L’égalité leur est reconnue et les homophobes devront désormais se taire, pense-t-on. L’archevêque de Québec est allé dire au Sénat qu’il s’inquiète de ne plus pouvoir dénoncer l’homosexualité dans ses sermons, confondant l’octroi du droit au mariage avec l’interdiction faite aux propos haineux, vieille de déjà plusieurs années. Ce sont la politesse et le respect qu’inspirent encore les soutanes qui ont empêché les homosexuels du Sénat d’être plus cinglants dans leur réplique au prélat. Après tout, son Église en a brûlé suffisamment au cours des siècles.
Deux jours avant que cette loi ne reçoive la sanction royale, je trouve un bout de papier qu’on a déposé sous l’essuie-glace de ma voiture. Un jeune homme m’a vu en descendre et me prie d’entrer en contact avec lui « de toute urgence ». Sa voix au téléphone ne cache pas son désarroi. Il erre dans Montréal depuis trois mois : sa famille lui interdit de franchir le seuil de la maison depuis que… Il avait déjà quitté l’école de sa petite ville des Cantons-de-l’Est parce qu’il ne pouvait plus en supporter davantage. Il n’a plus le goût de vivre. À la radio, on se réjouit que le Canada soit passé de la tolérance à l’acceptation.
L’homosexuel découvre l’homophobie avant même qu’il ne reconnaisse sa différence. Si ce n’est pas dans sa famille, ce sera très tôt à l’école ou dans la rue. Il saura donc qu’on l’exclut pour ce qu’il est, même en devenir. La douleur vient de l’extérieur, mais une fois intériorisée, sa transformation en haine de soi-même peut devenir intolérable. Certains craquent sous le supplice infligé à l’âme, la plupart cependant découvrent le courage et la lucidité qui, au bout d’un interminable cheminement dans un tunnel de souffrance, les conduiront à non seulement s’accepter eux-mêmes mais à trouver l’énergie pour se créer un espace vital. Le plus possible parmi les autres humains, mais toujours aussi et à jamais plus ou moins à l’écart. Le bonheur et la paix viendront quand on s’accommodera aisément de faire le chemin entre la vallée où bat la vie sociale et la colline de sa nature particulière, où l’air est souvent m