L inattendue
152 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Ce récit est une histoire vraie. Marie-Noëlle de Vaulx est mère de trois enfants. Elle exerce comme médecin dans une clinique spécialisée en soins palliatifs à Marseille. Sa fille Anne-Soline, atteinte de trisomie 21, a aujourd'hui 18 ans. Elle a bouleversé le destin de ses parents et de ses proches, transformant leur regard sur l'autre et sur le sens de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 123
EAN13 9782336354682
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Récits de vie. Santé et maladie


Récits de vie. Santé et maladie


Cette collection regroupe des récits de vie et témoignages divers concernant la santé, la maladie et aussi la guérison.


Déjà parus

Cendrine Chapel, Juste deux petits pas de valse. Accompagner jusqu’à la fin de la vie , 2014.
Yannette, De l’impossible au possible. La maladie de Wegener : itinéraire vers une rémission, 2014.
Cécile Rebillard, Numéro 9. Maman d’un petit handicapé , 2013.
Véronique Foissac, Faim de bœuf. Témoignage d’une boulimique , 2013.
Titre

Marie-Noëlle de VAULX






L’INATTENDUE

Le handicap ou la vie par les chemins de traverses






Préface de Jean-Louis Fournier
Copyright























© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70479-1
Dédicaces


à Albane et Louise
Préface
Quand j’ai reçu le manuscrit de « L’inattendue » je l’ai feuilleté, j’ai pensé : encore un bouquin sur les handicapés, et j’ai soupiré…
Depuis mon livre sur mes 2 garçons handicapés, j’ai l’impression d’être condamné à ne plus lire que des livres sur les enfants handicapés…
Néanmoins « l’inattendue » ne m’est pas tombée des mains, j’ai commencé à lire et aussi inattendu que cela puisse paraître, je l’ai lue jusqu’au bout, avec intérêt et plaisir.
J’ai appelé l’auteur pour lui dire que j’avais apprécié son livre.
On est toujours inquiet et fragile quand on vient d’écrire un livre.
Je lui ai parlé de la simplicité de son style, qualité que je pense essentielle.
Elle ne s’est pas mise en dimanche, pour écrire. Elle n’a pas pris sa plus belle plume pour faire des jolies phrases et pour que le lecteur dise, en refermant le livre, ce qu’elle écrit bien.
Elle a écrit d’abord pour partager avec les autres, son expérience, ses malheurs, ses bonheurs.
Elle nous a ému, peut‐être justement parce qu’elle n’a pas cherché à nous émouvoir.
Elle a eu le mérite d’être positive, de remettre en question les gens « normaux » et fébriles qui filent sur l’autoroute vers leurs activités diverses, tandis que les « Pas comme les autres » divaguent sur les sentiers buissonniers, en mâchonnant des fleurs.
Elle a rassuré les parents d’enfants handicapés. Elle leur a écrit qu’ils n’étaient pas, eux et leurs enfants, les plus malheureux du monde et surtout que leurs enfants étaient utiles à notre société. Dans notre univers forcené de performance et de rentabilité, ils introduisent un peu d’humanité…
Jean-Louis Fournier


L’inattendu n’a pas de place dans ma vie. Je prévois, planifie, programme. Je suis une femme libre et autonome qui maîtrise sa route. Tout va très bien pour moi et il n’y a pas de raison que cela change. Le bonheur est simple, c’est une évidence, c’est ce que je décide, ce que je fais de ma vie.
Voilà ce que j’étais avant la naissance d’Anne-Soline. Avec elle, la vie m’a appris à accepter l’imprévisible. Tombée de ma toute puissance, je suis redevenue humaine. Déposer l’armure… ce fut douloureux mais bénéfique. Je me suis trouvée et la route n’est pas terminée. Je ne sais pas ce qu’elle réserve mais je suis un peu plus prête à l’accepter.
ANNONCE
Je sors de chez la gynécologue avec cette bonne nouvelle : je suis enceinte. Je ne réalise pas vraiment. Mon corps n’a pas encore changé, je m’arrête dans l’escalier en descendant du cabinet médical et pose la main sur mon ventre plat. Un petit être vit déjà en moi, c’est fou ! J’ai peur, un peu. Je suis heureuse immensément. C’est mon secret pendant quelques heures, j’ai envie de le garder et puis très vite de le partager.
Comment l’annoncer à Yann, le futur papa ? Une cassette du film « neuf mois » et la photo de l’échographie dans son assiette le soir. Ce n’est pas très original, ça fait même très cliché mais tant pis ! Je suis prête à tomber dedans.
Surprise, qui ne dure pas longtemps, lui aussi est heureux. Nous regardons la cassette, insouciants, la vie est belle, il n’y a plus qu’à être patients.
L’ATTENTE
La joie ne m’a pas quittée pendant 9 mois. Contrairement au film, rien ne m’est pesant dans cette grossesse. Je suis sereine. Depuis le moment où je l’ai annoncé à Yann, jusqu’au matin où je prends la voiture pour me rendre à la maternité, c’est la joie de devenir mère qui m’a portée. A 23 ans, la vie était et a toujours été facile et heureuse. Ce jour-là, bien plus que tous les autres, je porte l’allégresse et l’insouciance d’une existence où tout a été aplani par des parents présents et protecteurs et un mari qui m’aime.
NAISSANCE
La vie nous attend au moment où l’on s’y attend le moins. Quand Anne-Soline naît un vendredi soir, trois semaines avant Noël, je ne comprends rien. Une grande aventure commence, j’en ai conscience et j’en suis heureuse. L’accouchement se passe sans douleur dans tous les sens du terme. Je garde de ce moment, une impression de plénitude, de bonheur intense. L’avenir, plein de projets et de promesses m’apparaît radieux.
Comment puis-je imaginer où cette naissance va m’entraîner ?
PROMESSE
L’accouchement s’est bien passé, l’heureux papa est allé prévenir la famille, la sage-femme remplit les papiers dans la pièce à côté. Je suis seule dans la salle de travail avec ce petit être tout neuf posé sur le ventre. Son corps chaud contre ma peau. Je contemple ces premiers instants de vie et doucement je murmure à l’oreille de ma fille des mots d’amour. Je lui dis simplement la joie de l’accueillir, de pouvoir la toucher, la regarder après les 9 mois d’attente. Je lui dis que la vie est belle et qu’elle le sera bien plus encore avec elle. Anne-Soline m’écoute, les yeux grands ouverts tandis que les mots sortent doucement.
Elle m’a sans doute entendue pleurer souvent dans les jours qui ont suivi mais l’essentiel lui a été dit ce soir-là, quelques minutes après sa naissance.
PREMIERS SOINS
Le premier bain d’Anne-Soline a lieu dans une nurserie commune. Quatre jeunes mamans s’y affairent, un peu impressionnées sous le regard critique de la puéricultrice qui nous guide et nous reprend. Nos bébés ont entre un et trois jours, nous devons maîtriser le nettoyage des oreilles, du nez, les soins du cordon, manipuler ces petits corps fragiles sans leur faire mal, tout cela après un accouchement et sans avoir fermé l’œil de la nuit. L’ambiance est à la concentration. Quand le pédiatre entre dans la pièce, chacune redouble de vigilance. Il examine chaque nouveau-né sommairement. Quand la jeune mère à côté de moi pose une question inquiète sur son bébé, il a cette remarque sèche : « cela n’est rien, il ne faut s’inquiéter que pour les vrais problèmes ».
Je la regarde consternée, vraiment, elle n’y comprend rien. Je reprends la toilette de ma fille, confiante et toujours aussi heureuse.
Celle qui n’a rien compris, c’est moi. Je ne vois pas la mine accablée du médecin sous son air sérieux. Il a peut-être espéré que j’aie un doute, que je l’interroge. Mais non, il va avoir la tâche douloureuse de m’ouvrir les yeux.
AVEUGLEMENT
Je suis tellement éblouie par la lumière de mon bonheur que je ne vois plus rien ou que je vois mon enfant comme je l’ai toujours rêvé.
Il y avait sans doute un peu trop de soleil dans ma vie. Il avait fini par m’éblouir. L’ombre me faisait peur et je la fuyais. La peur de l’ombre m’a fait faire bien des erreurs. Petit à petit, j’ai appris à l’accepter, à la voir et à me reposer dans les endroits de ma vie où règnent les zones d’ombre.
Quoi que je fasse, elle est présente et je n’ai pas le pouvoir de la supprimer. Au lieu de la fuir, j’ai commencé à aller dans ces zones de ma

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