L Inde, entre bouddhisme et hindouisme
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Description

Quelles relations unissent le hindouisme et le bouddhisme ? Une façon simple de les présenter est d’affirmer que le bouddhisme serait né de l’hindouisme, du brahmanisme ancien. Le premier est alors présenté comme un mouvement réformateur, un rameau divergent ou encore une hérésie du second. Il convient toutefois de se rappeler qu’ils ont cohabité au long de quinze siècles en Inde – avant l’extinction du bouddhisme indien vers le XIIe siècle, puis sa lente réabsorption actuelle dans le monde hindou. La thèse défendue par l'auteur est qu'ils se sont engendrés mutuellement. Sans leur longue confrontation traversée d’intenses débats, ni l’un ni l’autre ne seraient ce qu’ils sont aujourd’hui devenus.

Jacques Scheuer nous offre ici un maître livre d'une grande clarté sur les relations entre hindouisme et bouddhisme.

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Publié par
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EAN13 9782803103775
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Inde, entre bouddhisme et hindouisme. Quinze siècle d'échanges
JACQUES SCHEUER
L'Inde, entre bouddhisme et hindouisme. Quinze siècle d'échanges
PRÉFACEDECAMILLEFOCANT
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0377-5 © 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 21
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique) info@bebooks.be www.bebooks.be
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-081-4 A propos Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
En matière de religion, l’établissement d’une généalogie, par le recours à des dépendances symboliques, idéologiques ou littéraires, s’avère toujours une tâche hypothétique, complexe et difficile. Lorsque des solutions simples sont proposées, par la suite, elles se révèlent souvent simplistes. Tel n’est à coup sûr pas le cas de l’essai ici présenté. Sa brièveté et son caractère synthétique ne nuisent nullement au respect de la complexité des situations et des questions exposées avec une grande clarté. Cela en fait un maître livre sur les relations entre hindouisme et bouddhisme. Une façon simple de présenter celles-ci est d’affirmer que le bouddhisme serait né de l’hindouisme, du brahmanisme ancien. Le premier est alors présenté comme un mouvement réformateur, un rameau divergent ou encore une hérésie du second. Il convient toutefois de se rappeler qu’ils ont cohabité au long de quinze siècles en Inde – avant l’extinction du e bouddhisme indien vers le XII siècle, puis sa lente réabsorption actuelle dans le monde hindou. La thèse défendue et illustrée par Jacques Scheuer est qu’ils se sont engendrés mutuellement. Sans leur longue confrontation traversée d’intenses débats, ni l’un ni l’autre ne seraient ce qu’ils sont aujourd’hui devenus. Lorsque l’on veut analyser cette émulation réciproque, un problème méthodologique majeur est l’extrême difficulté de dater les sources tant brahmanes que bouddhistes, voire même la vie du Bouddha ; si, pour celle-ci, les dates 560–480 avant notre ère sont les plus fréquentes dans e les manuels, les historiens penchent plutôt aujourd’hui pour le V siècle. Les incertitudes de la chronologie rendent donc délicate l’opération de clarifier les controverses, les annexions ou les réemplois durant les siècles de coexistence de l’hindouisme et du bouddhisme. Il n’est pas non plus simple de définir chacun des deux. Après avoir développé quelques précautions de vocabulaire, l’auteur esquisse une présentation des recherches sociologiques sur l’univers indien du Bouddha. Par ailleurs, ni celui-ci ni le bouddhisme ne sont partis de rien. Cela transparaît à travers les récits qui mettent en scène le jeune prince Gautama à la recherche d’un maître ou d’un guide. Il est ainsi situé par rapport aux traditions de sagesse et aux méthodes de libération en usage en Inde à son époque. Pour mieux comprendre celles-ci, le lecteur sera reconnaissant de disposer d’un guide avisé capable de l’orienter vers l’essentiel à travers le maquis des Upanishads qui forment la base théorique de l’hindouisme, sans toutefois constituer un système unifié. Une des clés pour saisir la différence d’approche entre hindouisme et bouddhisme pourrait bien être la signification donnée aux pratiques ascétiques et aux méthodes de méditation. La dynamique de l’acte et de ses conséquences, la loi dukarmapèse sur l’existence humaine de manière inexorable, comme une roue qui jamais ne s’arrête, de renaissance en renaissance. Elle génère ainsi angoisse et souffrance en même temps que l’aspiration à une délivrance. Une des voies pour celle-ci, c’est l’ascèse et la méditation, de même que des rites d’ablution ; elles s’inscrivent dans la perspective d’un nettoyage des traces laissées par les actions passées. De ce point de vue, l’originalité du bouddhisme est de se démarquer de pratiques excessives et d’insister sur l’intention de l’acte plutôt que sur sa matérialité. Une autre voie de libération hindoue est celle de la connaissance d’une réalité sur laquelle le désir et la souffrance n’auraient pas de prise, le Soi (Atman), le « Réel du réel » qui est au-delà de toute prise, de toute définition qui l’enfermerait. De son côté, la sagesse bouddhiste a bien soin de ne pas définir l’extinction (nirvâna) de la souffrance en termes de Soi ou d’Absolu, d’identité stable. On touche sans doute là un point essentiel. Il est certes légitime de se demander si le bouddhisme n’est pas d’abord un mouvement de contestation de l’autorité et du prestige des brahmanes, dont les rites permettaient d’entrer en communication avec les dieux et d’exaucer
par l’offrande sacrificielle le « dur désir de durer ». C’est possible dans la mesure où la mécanique des rites sacrificiels semble s’être cassée à l’époque du Bouddha. Certes celui-ci ne proclame pas la non-existence des multiples divinités de l’hindouisme et il ne conteste pas leur influence dans leur sphère limitée d’action. Toutefois, engagés dans la quête exclusive du nirvâna, les moines et moniales bouddhistes n’ont pratiquement rien à attendre de ces dieux. Cela dévalorise le statut des brahmanes et du Veda ; étroitement lié aux célébrations sacrificielles, celui-ci n’a, aux yeux du Bouddha, ni caractère révélé ni autorité. Et aux interprétations réalistes des écoles hindoues, pour lesquelles les concepts ou classifications correspondent à des essences immuables, les penseurs bouddhistes opposent une interprétation nominaliste considérant ces concepts comme des étiquettes. L’auteur illustre bien la différence entre bouddhisme et hindouisme à partir des déclarations du Bouddha sur l’impermanence : Loin de consacrer la stabilité du monde et de la société, il s’agit d’en faire voir la fluidité, la précarité. Si les textes brahmaniques (…) s’attachent à préserver l’ordre cosmique et social (dharma) de la morsure du temps en l’adossant à une origine hors d’atteinte, les enseignements bouddhiques analysent le cours du monde et procèdent au démontage des apparences trompeuses de stabilité : ils montrent comment les chosesse sont faites et continuent à se faire, de transformation en transformation. Non pas l’être essentiel et immuable, mais le devenir toujours provisoire. (p. 110) Ces deux compréhensions assez opposées engendrent des appréhensions de la réalité et des comportements humains fort différents. En dehors de toute perspective réductionniste, dans un simple essai de compréhension pour notre culture qui reste marquée par le monde grec ancien, serait-il légitime de faire un certain rapprochement, avec l’opposition logique entre le perpétuel écoulement des choses (panta rhei) d’Héraclite et la représentation stable du monde et de ses causalités de Parménide ? Si ces quelques lignes ont ouvert l’appétit et donné le goût de plonger dans la lecture de ce petit livre magistral et passionnant, elles n’auront pas été inutiles.
Camille Focant, Membre de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques
Entrée
L’Inde n’eût pas été la même sans l’émulation créée par la présence des bouddhistes. 1 Madeleine Biardeau
Le bouddhisme, dit-on, serait né de l’hindouisme. Il en serait un mouvement réformateur, un rameau divergent, ou encore une hérésie. Presque entièrement disparu de l’Inde depuis près de mille ans, il s’est répandu sur de larges domaines de l’Asie et aborde aujourd’hui d’autres continents. Quelques auteurs sont allés jusqu’à le définir comme « un hindouisme d’exportation
». Si l’on se rappelle toutefois que bouddhisme et hindouisme ont cohabité au sein du monde indien durant une quinzaine de siècles, la question de leurs rapports de filiation ne peut recevoir une réponse simple. L’hypothèse qu’ils se sont mutuellement engendrés jette chaque jour davantage une lumière qui permet de les mieux comprendre l’un et l’autre, l’un par l’autre. Sans leur longue confrontation, traversée d’intenses débats, ni l’hindouisme ni le bouddhisme ne seraient ce qu’ils sont aujourd’hui devenus. Les pages qui suivent entreprennent l’exploration de quelques domaines – société, culture, philosophie, spiritualité – qui furent le théâtre historique de cette genèse en réciprocité.
Hindouisme et bouddhisme, qu’est-ce à dire ?
Dans l’Inde d’aujourd’hui, les communautés bouddhistes occupent, en termes de statistiques, une place modeste, pour ne pas dire extrêmement réduite. Elles représentent 0,8 % d’une population estimée en 2011 à 1 210 millions, tandis que l’hindouisme est crédité de quelque 80 %. Encore la plupart de ces bouddhistes sont-ils perçus comme situés de manière quelque peu marginale par rapport au territoire et par rapport à l’identité culturelle de la nation indienne. On repère deux groupes principaux.
Le bouddhisme en Inde : un phénomène aujourd’hui très minoritaire e Au milieu du XX siècle, période de l’accession de l’Inde à l’indépendance politique, il n’y avait guère d’autres citoyens bouddhistes que des populations situées à la lisière nord de l’Inde, dans des régions himalayennes telles que le Ladakh ou le Sikkim : tout en étant situées à l’intérieur des frontières de l’Inde britannique puis de la République indienne, ces populations appartiennent plutôt, par les langues, la culture et les traditions religieuses, au monde tibétain ; elles se rattachent le plus souvent au troisième « Véhicule » du bouddhisme, celui du Diamant (Vajrayâna), connu également comme bouddhisme « tantrique » (Tantra- ou Mantrayâna). Il est vrai qu’on pourrait leur adjoindre, hors des frontières de l’Inde politique, mais relativement plus proches de la culture et de la société indiennes, les communautés bouddhistes Newar de la vallée de Katmandou, au Népal, qui pratiquent un bouddhisme particulièrement complexe, que l’on peut considérer comme une survivance d’un bouddhisme tantrique proprement indien qui connut de beaux jours, aux alentours de l’an mille, en plusieurs régions de l’Inde, notamment dans le nord. Toutes différentes et fort récentes, les communautés du centre de l’Inde, issues de mouvements collectifs de conversions au bouddhisme à partir du milieu de la décennie qui suivit l’accession à l’indépendance : à l’appel de leur leader Ambedkar, des groupes de castes basses ou intouchables entendaient par là rejeter un système socioreligieux bâti sur l’inégalité et la discrimination.
Une bouteille à moitié pleine ou… Le bouddhisme en Inde, c’est un peu l’histoire de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Peu de gens le voient comme une composante du monde indien contemporain, dans la mesure e où les communautés bouddhistes ont pratiquement disparu de l’Inde vers le XII siècle : ce qui a pu survivre ne comptait plus comme force organisée et influente, que ce soit au plan politique, culturel, philosophique ou religieux. C’est donc, depuis près de mille ans, la bouteille vide. Cette disparition corps et biens, et qui semble avoir laissé peu de traces, donne parfois à penser, en Inde et à l’étranger, que le bouddhisme ne fait pas partie de l’équation indienne. Paradoxalement, alors qu’il a conquis de vastes régions de l’Asie du sud, de l’Asie centrale et de l’Extrême-Orient, le bouddhisme ne serait pas une des clés permettant de comprendre la civilisation de ce monde indien qui l’a vu naître. Dans la vie quotidienne et dans la mémoire vivante d’une grande majorité de la population, ses traces ont été très largement effacées par les siècles ou, pour le dire autrement, effacées par l’hindouisme. Comment oublier, cependant, que le bouddhisme est né dans le monde indien ? Comment perdre de vue que, du nord au sud de ce vaste « sous-continent », il a été une force vive pendant une bonne quinzaine de siècles ? Cette période longue et féconde, cette créativité culturelle et spirituelle, cette influence sociale et politique, c’est la bouteille pleine.
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