La Dame blanche
220 pages
Français

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Description

La folie - aujourd’hui on dirait les troubles mentaux - a concerné l’humanité depuis la nuit des temps, sans distinction de genre ni de catégorie sociale. Loin des pauvres hères libérés des chaines qui étaient les leurs dans les asiles de la fin du XIXe siècle, l’histoire a retenu les noms de rois fous, Jeanne d’Arc a été brûlée pour avoir entendu des voix, et plus près de nous, une célèbre chanteuse anglaise s’est suicidée en abusant d’alcool et de drogues.
Quelques histoires de gens célèbres sont racontées ici, témoignant que trouble obsessionnel compulsif, délire mégalomaniaque, psychose maniaco-dépressive, démence et dépression chronique ne concernent pas que les anonymes.

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312059921
Langue Français

Extrait

La Dame blanche
Christian - Paul Géraud
La Dame blanche
Et autres folies extraordinaires
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-05992-1
Avant - propos
« Pourquoi tous ceux qui furent exceptionnels en philosophie, en poésie ou dans les arts, étaient-ils de toute évidence mélancoliques, certains au point de contracter des maladies causées par la bile noire, comme Héraclès dans les mythes héroïques ? » Telle est la première des quatorze questions que le maître de l’école péripatéticienne proposait à ses élèves. Aristote, puisque c’est de lui dont il s’agit, y répondait dans une longue démonstration d’où il ressortait : « La bile, formée chez la plupart des gens par leur nourriture de chaque jour, ne change en rien leur caractère ; mais elle développe en eux le germe du mal de la mélancolie. Si cette combinaison d’humeurs a été formée par la nature elle-même, ils présentent dès lors les caractères les plus différents, chacun variant selon le tempérament qu’il a reçu. Par exemple, ceux chez qui la bile est abondante et froide, deviennent étranges et fantasques. D’autres où elle est trop abondante mais chaude, deviennent maniaques et gais, très amoureux, faciles à s’emporter et à se passionner. D’autres deviennent plutôt bavards. D’autres, parce que cette chaleur est très rapprochée du lieu où réside l’intelligence, sont pris de maladies de folie et d’enthousiasme. »
Au cours du dernier tiers du XX° siècle, tout était simple : il y avait « Le manuel de psychiatrie » de Henri EY à partir duquel les internes en médecine qui se destinaient à la psychiatrie apprenaient la différence entre les névroses et les psychoses, les démences et les retards de développement. Il était de bon ton d’aller s’allonger quelque temps sur le divan d’un psychanalyste, certains se risquaient même à se colleter avec l’image spéculaire et l’effet yau de poêle. On agrémentait avec « L’hystérique, le sexe et le médecin » de Lucien Israël, les plus hardis osaient « Malaise dans la civilisation » de grand-père Sigmund.
En quarante ans, le temps d’une carrière, les choses sont devenues singulièrement plus compliquées. Les deux thèses qui s’affrontaient de longue date ont vu la victoire en rase campagne de l’organogénétique sur la psychogénétique, l’inconscient disparaitre au profit du système nerveux central. Si les étudiants en psychologie ont été peu ou prou contraints de continuer à aller raconter sur un divan jusqu’à quel âge ils avaient fait pipi au lit, la psychiatrie est rentrée dans le giron de la médecine par le biais de la médecine basée sur les preuves (Evidence based medecine, en Anglais), de la recherche clinique et des classifications.
Celle de l’Organisation Mondiale de la Santé, la « Classification Internationale des Maladies » dont la onzième mouture est en cours d’achèvement. Et celle de l’Association Psychiatrique Américaine, le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles mentaux qui en est à la cinquième édition. Avec toujours plus de complexité :


Année
Nombre de diagnostics
Nombre de pages
DSM-I
1952
106
130
DSM-II
1968
182
134
DSM-III
1980
265
494
DSM-III R
1987
292
567
DSM-IV
1994
297
886
DSM-IV TR
2000
297
1082
DSM-5
2013
> 400
700
Source : American Psychiatric Association
Difficile de s’y retrouver pour le profane. Disparues l’hystérie et la psychose maniaco-dépressive ? Voire … que fait-on des troubles dissociatifs, des troubles somatoformes et des troubles factices ? Quelle différence entre un trouble affectif persistant, une dépression chronique et une cyclothymie ? Un trouble circulaire et une manie dysphorique ? Et surtout, pourquoi ce sont toujours les petits, les pauvres et les pas beaux qui se retrouvent à l’hôpital psychiatrique ? La présente récréation se propose d’illustrer par la vie de personnages célèbres quelques grands chapitres de la pathologie psychiatrique. Nulle ambition biographique, point de recherches dans des archives poussiéreuses, tout a déjà été écrit et raconté, il s’agit seulement de mettre en lumière les aspects pathologiques qui n’ont pas empêché un individu d’être génial dans son domaine.
La Toge d’empereur
A l’endroit où les bars s’arrêtent et où commencent les églises, ce 21 juillet 1899, dans la maison de son grand-père maternel, à Oak Park, Illinois, nait Ernest Miller, deuxième enfant de la famille. Il n’aimera jamais son prénom qu’il associera à celui d’un héros stupide et un peu dingue d’une pièce d’Oscar Wilde. Il dort avec sa mère pendant deux ans, accroché à son sein toute la nuit, et jusqu’à l’âge de cinq ans elle l’habille et le coiffe en fille, en jumelle de Marcelline, de dix-huit mois son aînée. Un jour à l’âge de 2 ans, elle l’appelle une fois de trop sa « poupée canard » ; il réplique : « je ne suis pas une poupée canard… bang, j’ai tué Sweetee », le petit nom dont il est affublé.
Grace, sa mère, « That All-American bitch », est née le 18 juin 1872. Elle aurait voulu être cantatrice, avait été formée à New York, avait fait ses débuts au Madison Square Garden. Dans les journaux de l’époque, elle apparaissait en permanence ; pour certains biographes, c’était un garçon manqué, fumant, allant à bicyclette, voyageant seule à travers le continent américain et en Europe. Pour son fils Leicester, « elle manquait de talents domestiques ». Ardente défenseure des suffragettes, quand elle se décide à se caser, elle ne va pas chercher bien loin : elle épouse Clarence, un médecin dont la famille habite en face de chez elle. Elle avait mille $ d’économies quand il n’en avait que cinquante. Toute sa vie elle consigne dans des cahiers les faits et gestes de ses enfants ; cinq rien que pour Ernest. Avant que son fils ne devienne célèbre par lui-même, elle apparaissait comme un gros poisson dans un petit aquarium. « Une mégère dominatrice »
Le bon docteur Clarence se fait payer au bon gré de ses patients. Il est farouchement opposé aux jeux de cartes, à l’alcool et à la danse. Il fait les courses, la cuisine et s’occupe des enfants. Le couple en aura six.
Marcelline, nait le 15 janvier 1898, mise au monde dans la maison de son grand-père ; le médecin appelé pour l’accouchement ayant fait un infarctus sur place, le futur père renforce l’anesthésie de sa femme, s’occupe de son confrère, puis de la naissance de son 1° enfant. Quand nait Ernest, leur mère les élève en jumeaux, au point de mettre Marcelline à l’école un an en retard pour qu’elle commence en même temps qu’Ernest. La sœur publiera un livre de souvenirs et sa correspondance avec son frère.
Ursula apparait le 29 avril1902. Au cours d’une soirée en Floride, elle entend un obscur poète, Wallace Stevens, déblatérer sur son frère ; elle court le prévenir ; Ernest arrive à la soirée pour entendre Stevens se vanter de pouvoir l’allonger d’un seul coup de poing ; en le voyant, Stevens lui envoie un coup, le manque, son adversaire réplique et l’envoie plusieurs fois à terre ; la seule fois où Stevens réussit à l’atteindre à la mâchoire, il se casse la main. Elle est décédée à Honolulu en octobre 1966, suicidée après avoir subi 3 opérations pour cancer.
Madelaine est née le vingt-quatre novembre 1904. Surnommée « Sunny », elle tape à la machine « L’adieu aux Armes ». A la mort d’Ernest, sa femme Mary lui donne le chalet de Walloon Lake, qu’elle transmettra à son fils Ernie. Elle est morte à l’âge de 90 ans.
Carol, née à Walloon Lake en juillet 1911, n’a pas eu au cours de sa vie les meilleures relations avec son frère. Devenu son tuteur à la mort de son père, il interdit son mariage ; elle se marie néanmoins en 1933, et cette union durera 65 ans, donnant naissance à trois enfants. Elizabeth, leur fille dira que son père lui avait confié que la rancœur de son beau-frère venait de ce qu’il l’avait qualifié de grand boy scout.
Leicester, enfin est né le premier avril 1915.
La famille possède une maison de campagne à Windemere , sur le Walloon La

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