LA Republique des egares
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Description

RÉSUMÉ
Condamnés à vivre à côté de leurs semblables plutôt qu’avec ceux-ci, l’homme et la femme d’aujourd’hui sont enchaînés dans l’instantanéité. Avec cet essai à la plume acérée, Gérard Ouimet explique les grands courants de la pensée humaine moderne et dissèque l’évolution psychique de l’être humain de la fin du XIXe siècle à nos jours. L’auteur retrace ainsi le parcours de l’Homo sapiens à l’Homo hierarchicus, en passant par l’Homo æqualis, tout en dévoilant la toute dernière version désincarnée de l’espèce humaine : l’Homo limbus. C’est aux premières loges que cet enseignant puise ces observations alors que les cohortes estudiantines actuelles sont à la fois continuellement branchées sur leurs réseaux et déconnectées d’un monde sans pixel. Après l’affranchissement des devoirs collectifs et l’affirmation des droits individuels, le monde de l’intériorité a été remplacé par celui de la jouissance : l’état pulsionnel insouciant de chaque individu est exposé sans pudeur aucune. Tout en jetant un peu de lumière sur cette République des égarés, l’auteur cherche à administrer un puissant électrochoc, en nous martelant que le cheminement social résulte des choix que chacun fait jour après jour. Il n’en tient qu’à nous de refuser de basculer dans l’ère de l’Homo brutus, alors que nous nous dirigeons avec désinvolture vers notre inéluctable déclin.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Chapitre 1 Quelques balises notionnelles préliminaires
Chapitre 2 Évolution de l’économie psychique
Chapitre 3 Psychologie de l’Homo limbus
Chapitre 4 Exemples probants d’égarement
Chapitre 5 L’après-hypermodernité
Remerciements
Références
Liste des tableaux et des figures

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782924847374
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0798€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GÉRARD OUIMET
LA RÉPUBLIQUE DES ÉGARÉS
ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L’ HOMO LIMBUS
Éditions Château d’encre




Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: La république des égarés: essai sur la psychologie de l’homo limbus / Gérard Ouimet. Noms: Ouimet, Gérard, 1957- auteur. Description: Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 2022001213X | Canadiana (livre numérique) 20220012148 | ISBN 9782924847367 | ISBN 9782924847374 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Civilisation—21 e siècle. | RVM: Civilisation occidentale—21 e siècle. | RVM: Technologie—Aspect social. | RVM: Psychologie sociale. | RVM: Hédonisme. | RVM: Postmodernisme. | RVM: Individualisme. Classification: LCC CB428.O95 2022 | CDD 909.83—dc23 Édition: Lison Lescarbeau Direction littéraire: Paul-Marcel Adam Révision: Dominique Stengelin Correction d’épreuves: Lison Lescarbeau Mise en pages: Folio infographie Photo de l’auteur: Randal Lyons Visuel: ­Zhitkov — Adobe Stock Dépôt légal — 3 e trimestre 2022 © 2022 Les Éditions Château d’encre inc. Tous droits réservés. Les Éditions Château d’encre inc. 407, boulevard Saint-Laurent, bureau 800 Montréal, Québec, Canada H2Y 2Y5 www.editionschateaudencre.ca

Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.
Albert Einstein


INTRODUCTION
La rédaction de ce livre fut motivée par une navrante constatation. Il y a de cela une dizaine d’années, je commençai à remarquer plusieurs difficultés fort inquiétantes de bon nombre de mes étudiants tant au niveau du premier que du deuxième cycle universitaire. Lors des périodes d’enseignement, j’observai chez ceux-ci d’importants problèmes d’attention, de compréhension et d’argumentation. À la dissipation générée par l’incessant et incongru textage ou furetage sur l’Internet, venait s’ajouter la dégradation de l’entendement de choses simples et de la construction de raisonnements déductifs. Cette observation se révélait d’autant plus préoccupante que les cours n’avaient strictement rien à voir avec l’épistémologie, la métaphysique ou l’herméneutique. Je me trouvais cependant dans l’obligation de répéter des notions dont la simplicité me semblait confirmée par une longue pratique professorale.
Débuta alors une réflexion profonde et soutenue sur ce qui avait capté mon attention. De nombreuses questions me venaient à l’esprit. Étais-je tout simplement victime à mon insu de biais cognitifs ou encore devenu un vieux professeur radoteur et incompétent? Ou étais-je plutôt en présence d’un véritable égarement de la pensée; une sorte de naufrage des fonctions cognitives engendré par de quelconques facteurs?
Le présent essai se veut une tentative de fournir une réponse, certes toute personnelle, aux questionnements qui m’habitent à ce sujet.


CHAPITRE 1
QUELQUES BALISES PRÉLIMINAIRES
La modernité est essentiellement une rupture avec la tradition religieuse. S’étayant sur la méthode discursive – série de propositions successives découlant d’une logique déductive – proposée par Descartes dès le XVII e siècle 1 , la modernité s’oppose à la superstition servant de socle à la prémodernité. L’exercice de la raison constitue le seul moyen de s’extirper de l’obscurantisme, de l’imposition universelle d’un système suprahumain de croyances dogmatiques incontestables. D’ailleurs, les Lumières, un mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel ayant pris forme en Europe au XVIII e siècle 2 , avaient pour principal objectif de mettre un terme à l’asservissement des populations par les instances religieuses.
Sortir des ténèbres de l’irrationalisme et de l’arbitraire de la volonté divine (et de son bras armé terrestre, la monarchie) est possible dans la mesure où la pensée se substitue à l’acte de foi. L’indubitable et anesthésiant «Je crois» doit céder le pas à l’émancipateur «Je pense 3 », certes angoissant, mais combien indispensable à l’actualisation du potentiel cognitif de l’individu. Pour les modernes, la raison doit s’imposer à la tradition. Plus exactement, une des formes les plus éthérées de la raison, la science 4 , doit développer un métarécit 5 susceptible d’offrir une lecture rationnelle plus explicative de la réalité que celle de la tradition: la Bible. Le métarécit de la science stipule que les connaissances ne sont plus le résultat d’une révélation surnaturelle, mais plutôt de l’observation de régularités phénoménales reproductibles, mesurables et réfutables 6 .
En Occident, la différence fondamentale la plus sail-lante entre les métarécits traditionnel et scientifique réside assurément dans la comparaison de deux paradigmes – conceptions de l’ordre des choses – centraux relatifs à l’apparition de la vie sur la terre: le créationnisme versus l’évolutionnisme. Selon le premier de ces paradigmes, la vie sur terre – et conséquemment la création de l’univers – serait l’œuvre de la volonté de Dieu. Il est en effet stipulé dans le premier livre de la Bible, la Genèse, que l’Être suprême avait procédé à la création du monde en six jours. Le premier jour, Dieu créa la lumière. Le deuxième, il créa le firmament et sépara les eaux. Le troisième, il créa les continents et les recouvrit de végétation. Le quatrième, il créa les étoiles et fixa au ciel les luminaires du jour, le soleil, et de la nuit, la lune. Le cinquième fut consacré à la création des animaux marins et des oiseaux. Le sixième fut le théâtre de la création des bêtes sauvages, des bestiaux, des reptiles et, ultimement, de l’homme et de la femme. Ayant achevé son œuvre de création, Dieu décida de se reposer le septième jour.
Il faudra attendre plus de deux mille ans avant qu’un autre paradigme, l’évolutionnisme, vienne considérablement saper les fondements des enseignements péremptoires des Saintes Écritures à propos de l’émergence de l’existence à partir du néant, fruit d’une initiative toute démiurgique. C’est lors de son tour du monde – s’échelonnant de 1831 à 1836 – à bord du HMS Beagle que le naturaliste anglais Charles Darwin observa, notamment lors de son passage aux Îles Galápagos, que les caractéristiques biologiques de certains êtres vivants, sous l’effet des pressions de leur environnement, s’étaient transformées au fil du temps, et ce, expressément afin d’assurer leur survie. Les modifications organiques ainsi transmises d’une génération à l’autre participèrent à la prolifération et à la perpétuation des individus les mieux adaptés aux exigences de leur milieu. Quant à ceux affichant un plus faible potentiel d’adaptabilité, l’extinc-tion constituait leur inexorable destin. Ces constatations permirent la formulation de la théorie de l’évolution biologique des espèces par la sélection naturelle et la concurrence vitale. Selon cette théorie, les espèces ne furent pas originellement créées dans une forme définitive par une puissance surnaturelle 7 , telle que le soutenait la tradition religieuse. Au contraire, l’incroyable diversité des espèces animales tirait son origine d’un tronc commun s’étant incroyablement ramifié 8 depuis l’apparition de la vie sur terre il y a près de quatre milliards d’années 9 . L’homme actuel, Homo sapiens 10 , est le produit de six millions d’années de transformation des capacités cognitives et des caractéristiques morphologiques des australopithèques – singes australs ayant adopté la station verticale. Il n’est sûrement pas le descendant d’Adam et Ève, tous deux chassés par Dieu du Jardin d’Éden pour avoir mangé du fruit défendu de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal.
La révolution industrielle, essentiellement campée sur la domestication de la vapeur, éclate en plein milieu du XIX e siècle au sein d’une Angleterre toute victorienne 11 . Elle vint déboulonner l’aristocratie dont le mode de vie momifié se révéla inapte à saisir la supériorité de l’exercice avisé de la raison sur le respect aveugle de la tradition 12 . S’appropriant la capacité de production gigantesque du grand machinisme 13 , l’industrieuse bourgeoisie marchande délogea du sommet de la hiérarchie sociétale la passéiste noblesse empêtrée dans la sauvegarde désespérée de son patrimoine nobiliaire et foncier 14 .
L’industrialisation massive de bon nombre de sociétés occidentales au moyen de la technologisation intensive des moyens de production, accompagnée par la croissance rapide des agglomérations urbaines, altérèrent grandement les bases de l’immobilisme 15 qui dictait depuis longtemps les façons de penser et de faire des populations. Le mode de production artisanal, arc-bouté sur la vénération de la tradition, se vit conséquemment supplanté par le mode de production industriel. Le début du XX e siècle fut assurément en Occident la période où la modernité s’imposa aux individus en tant que pouvoir de maîtrise de la condition humaine, grâce aux résultats tangibles apportés par la pensée scientifique et technologique. Ainsi, la capacité d’action des êtres humains a été considérablement amplifiée par la substitution des chevaux par les increvables chevaux-vapeur tant dans les champs (le tracteur) que sur les routes (l’automobile et le camion), la colonisation du ciel par d’assourdissants aéronefs, l’électrification soutenue des villes et des campagnes, l’arrivée du téléphone dans les maisons et les percées décisives de la médecine expérimentale (notamment le perfectionnement des techniques de transfusion sanguine, le développement d’antibiotiques, de vaccins ainsi que de vitamines de synthèse) 16 .
Une autre révolution, cette fois politique, mina sérieusement les assises du monde prémoderne. La chute brutale des Romanov orchestrée par les bolcheviks en 1917 sonna le glas de la traditionnelle hiérarchie sociale russe – dont les principaux acteurs étaient l’Église o

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