La Sexualité
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La Sexualité , livre ebook

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Description

Depuis le début du XIXe siècle, on sait que les phéromones, ces substances qu’émettent les animaux et qui, à dose minime, provoquent certaines réactions, jouent un rôle essentiel pour la communication par exemple chez les insectes. Voici qu’on a découvert plus récemment qu’elles attisent aussi le désir sexuel des êtres humains. Claude Aron explique comment et décrit toutes les recherches qui ont été menées à ce sujet depuis des années. Fait étonnant : les phéromones ignorent la différence des sexes... Serait-ce une preuve de notre bisexualité naturelle ?Claude Aron, spécialiste de physiologie de la reproduction, est professeur honoraire de l’université Louis-Pasteur de Strasbourg. Il est notamment l’auteur de La Bisexualité et l’ordre de la nature.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2000
Nombre de lectures 7
EAN13 9782738157973
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , FÉVRIER  2000 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5797-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5 et 3 a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes
Au milieu de l’azur, des vagues et des splendeurs
Et des esclaves nus tout imprégnés d’odeurs
Qui caressaient mon front avec des palmes.
Charles B AUDELAIRE

Tout l’univers sensoriel serait-il donc impliqué, si l’on en croit Charles Baudelaire, dans cet état de « voluptés calmes » évoqué par le mystérieux personnage de « La vie antérieure » ? Le langage métaphorique du poète suffit pourtant à nous persuader de l’importance de la sphère olfactive dans la genèse d’émotions, qu’elles soient d’ailleurs voluptueuses ou non chez l’Homme. Ce dernier est de longue date considéré comme microsmatique au regard des autres mammifères dits macrosmatiques en raison du développement plus important de leur système olfactif. Bien plus, le nombre des neurones cérébraux affectés au traitement de l’information olfactive est très inférieur chez l’humain au contingent de ceux qui traitent les informations visuelles, tactiles et auditives. Le développement des pratiques hygiéniques et l’usage des parfums propres à éliminer les mauvaises odeurs inciteraient plutôt à minimiser l’importance des odeurs naturelles dans la sexualité humaine. Il n’empêche que pour certains celles-ci peuvent avoir des vertus aphrodisiaques. Qui ne se souvient des recommandations de Napoléon à Joséphine avant leurs rencontres amoureuses ! La sphère olfactive représenterait donc une voie, parmi d’autres, de la perception des signaux potentialisant le désir sexuel. Ainsi ces signaux joueraient bien chez l’Homme le rôle d’attractants sexuels qu’on leur assigne chez tous les autres mammifères. Ce problème constituera une des préoccupations de cet ouvrage. Mais on ne peut l’aborder qu’en prenant pour base de réflexion les connais sances qui, accumulées depuis quarante ans, ont établi, chez l’animal le rôle fondamental exercé par la communication olfactive dans le contrôle de la reproduction et du comportement sexuel.
Il existe, chez les Mammifères, deux systèmes de perception des signaux olfactifs. Le premier est représenté par la muqueuse olfactive, localisée dans la région postérieure des fosses nasales. Le second est une formation dénommée organe voméronasal ou encore organe de Jacobson, du nom de son découvreur en 1811. Dès la fin du XIX e  siècle, sa nature sensorielle a été mise en évidence chez le Rat, le Cobaye et le Lapin. Il s’agit d’une poche aveugle, longue de quelques millimètres, creusée dans la muqueuse du septum nasal et s’ouvrant dans les fosses nasales par un petit orifice situé dans la partie antéro-inférieure de cette cloison septale cartilagineuse ( Fig. 1 ) . Mais les premiers anatomistes qui l’avaient dépistée chez l’Homme la considéraient, opinion d’ailleurs défendue encore en 1938 par certains auteurs, comme un organe vestigial et dépourvu, par conséquent, de toute signification physiologique. Cette opinion a été révisée au cours des dernières années aussi bien par les cytologistes que par les neurobiologistes car l’organe de Jacobson serait doté de cellules sensorielles sensibles à des stimulus odoriférants.

Figure 1

Crâne de rat en section paramédiane montrant la localisation de la muqueuse olfactive, de l’organe voméronasal, du bulbe olfactif principal et du bulbe olfactif accessoire .
Comment donc agissent les odeurs sur la sexualité animale ? Ce peuvent être d’abord des substances volatiles véhiculées par l’air qui agissent à distance sur les structures olfactives de la muqueuse nasale. Ensuite des substances peu ou non volatiles qui sont capables d’impressionner par contact direct, après dilution dans la salive ou le mucus nasal, les cellules sensorielles de l’organe vomeronasal. Elles ont été dénommées phéromones (du grec ϕερειν, transporter), pour la première fois en 1949, par Karlson et Butenandt, afin de définir les agents intervenant dans la communication chez les Insectes. Ces auteurs distinguaient alors ceux qui agissaient par la voie olfactive de ceux qui opéraient par la voie orale, les premiers provoquant des réponses comportementales directes, immédiates, dites d’induction chimique (chemical release) , et les seconds exerçant leur action sur le système reproducteur. Cependant cette définition des phéromones ne devait être que provisoire car on s’aperçut, dès le début des années 1960, que les effets des phéromones n’étaient pas nécessairement liés à la voie qu’elles empruntaient pour agir. On constata, en effet, chez les Abeilles que des phéromones différentes étaient susceptibles de susciter des effets physiologiques semblables en étant, les unes, ingérées et, les autres, perçues par la voie olfactive antennaire.
Cela conduisit Wilson et Bossert, en 1963, à réviser le concept de phéromones en se fondant non plus sur leur système de perception mais, à la fois, sur leurs mécanismes d’action et les effets qu’elles produisaient. Ils distinguèrent donc deux types de phéromones : d’une part, celles dont les effets sont relayés uniquement par le système nerveux central et consistent en des modifications plus ou moins rapides de l’activité comportementale sexuelle (effets de déclenchement ou releasing effect ) ; d’autre part, celles qui exercent des effets d’induction (primer ou priming effects ) dans lesquels une chaîne de réactions endocriniennes – je dirais plutôt aujourd’hui neuroendocriniennes – est impliquée dans leur action qui peut se manifester aussi bien d’ailleurs dans le sens d’une stimulation que d’une inhibition. Cette classification était liée à des observations faites chez les Fourmis, les Termites, des Crustacés, des Poissons, des Batraciens, des Serpents et des Mammifères. À cette époque l’accent était mis, à juste titre, sur la communication chimique chez les Insectes où nombre de phénomènes étaient déjà bien établis. On avait déterminé la source et la nature chimique de substances jouant le rôle de phéromones de trace, d’alarme, d’agrégation ou encore d’attractants sexuels chez les Insectes sociaux. On connaissait, d’autre part, chez un papillon, le Bombyx, la structure chimique d’une phéromone produite par la femelle et capable d’attirer le mâle à de grandes distances. On n’ignorait évidemment pas l’existence de phéromones chez les Mammifères. Cependant l’information, à la fois éthologique et chimique, y était encore très limitée sur le contrôle olfactif de la sexualité. On avait certes déjà isolé, à partir des glandes anales de la Civette, et caractérisé chimiquement une substance, la civettone, voisine du Δ18 androstérol ; celle-ci jouant le rôle de phéromone sexuelle et peut-être aussi de marqueur territorial. Car on n’ignorait évidemment pas la part prise par les excréments, urines et matières fécales, dans la communication entre Mammifères, mais leur fonction n’était jamais bien définie. Les phéromones, dont ils étaient la source d’émission, exerçaient-elles une fonction de marquage du territoire, de défense, d’établissement de la hiérarchie, d’attractant sexuel ou l’une et l’autre de ces fonctions à la fois ?
Le concept de phéromone, tel qu’il venait d’être formulé en 1963, n’a pas évolué notablement au cours des années suivantes. Certes, Kalmus, en 1964, l’ampute partiellement de son signifié physiologique en définissant les phéromones comme « des substances ou des mélanges de substances produites vers l’extérieur par un animal et reçues par un second individu de la même espèce chez lequel elles produisent une ou plusieurs réactions ». Par contre, Whitten, en 1966, consacre à ce problème une revue d’ensemble intitulée Pheromones and Mammalian Reproduction où il donne, pour la première fois, un contenu précis à la notion d’induction phéromonale, c’est-à-dire aux mécanismes d’action des phéromones d’induction, les « primer » ou priming phéromones des auteurs anglo-saxons, chez les Mammifères. Il dresse le bilan des connaissances établies, pas à pas, dans les dix années précédentes par quatre groupes respectivement néerlandais, australien, anglais et américain qui tous avaient contribué à établir que la voie olfactive était impliquée dans l’action de stimulus capables de provoquer des modifications de l’activité génitale chez la Souris. Les faits qu’il rapporte s’inscrivent parfaitement dans la classification des phéromones proposée par Wilson et Bossert et que Whitten adopte sans la modifier, même lorsqu’il suggère, comme l’avaient fait les premiers, sur des bases d’ailleurs purement entomologiques, qu’une phéromone peut exercer à la fois une fonction de déclenchement et d’induction. J’observe qu’à cette époque rien ne permettait d’étendre cette notion aux Mammifères. Il n’empêche que la publication de Whitten représente une étape importante de l’histoire des idées sur les phéromones car elle révèle l’importance du contrôle exercé, sur la reproduction et la sexualité des mammifères, par la communication olfactive. Aussi bien, ce seront des modifications taxinomiques mineures qui seront apportées ultérieurement à la notion de phéromones, telle que celle due à Bronson qui utilisait, en 1971, aussi bien le terme d’attractant sexuel que celui de phéromones de signalisation pour définir les phéromones de déclenchement in

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