LA Sociocriminologie, 2e edition
202 pages
Français

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Description

Deuxième édition revue, enrichie et actualisée d’un classique de la sociocriminalité, cet ouvrage incontournable a servi depuis près de vingt ans à former maints étudiants aux principaux aspects de la pensée sociologique sur différentes réalités liées à la criminalité, aux criminels et aux conduites culturellement associées au crime. S’appuyant sur les travaux fondamentaux de la sociologie, tels que l’opposition entre holisme et individualisme ou celle entre les théories du consensus social et les théories du conflit, l’auteur présente les éléments essentiels pour comprendre le phénomène et les concepts de base de la sociocriminologie et pose des questions pertinentes. Quel est l’effet des médias sur notre conception de la criminalité, du rôle de la police et du « bon » citoyen ? Comment évoluent les codes pénaux ? Quelles sont les activités quotidiennes des policiers ? Quel est le rôle de l’État et des institutions dans la définition, la prévention et la répression des actes criminels ? Il explique clairement la notion de subjectivité et montre son importance lorsqu’il s’agit de comprendre l’attitude des individus face aux normes et à la transgression de celles-ci. En étudiant les réactions des individus, des groupes, de l’État et des institutions face au crime, le sociocriminologue contribue finalement à définir le cadre sociétal dans lequel nous évoluons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 janvier 2022
Nombre de lectures 7
EAN13 9782760645486
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Stéphane Leman-Langlois
LA SOCIOCRIMINOLOGIE
Deuxième édition augmentée et mise à jour
Les Presses de l’Université de Montréal




Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: La sociocriminologie / Stéphane Leman-Langlois. Noms: Leman-Langlois, Stéphane, 1965- auteur. Collections: Paramètres. Description: 2e édition. | Mention de collection: Paramètres | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210068043 | Canadiana (livre numérique) 20210068051 | ISBN 9782760645462 | ISBN 9782760645479 (PDF) | ISBN 9782760645486 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Criminalité—Aspect sociologique. | RVM: Criminologie. | RVM: Criminalité—Aspect social. Classification: LCC HV6026.F7 L45 2022 | CDD 364—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 1 er trimestre 2022 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2022 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal remercient la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) de son soutien financier.





INTRODUCTION
Il est difficile, pour la plupart des gens, de réfléchir à l’action humaine d’un point de vue social. La plupart d’entre nous sont habitués à observer, à expliquer les actions des autres en tant qu’actes individuels, produits d’une volonté unique et personnelle, et à y réagir. Lorsque nous nous penchons sur les gens qui en sont responsables, nous tentons d’évaluer leurs intentions, leur bonne foi, leur état psychique, leurs croyances, etc., et faisons peu de cas des facteurs sociaux — à l’exception, bien sûr, des cas où la personne a agi comme elle l’a fait sous la menace, par obligation ou pour toucher une rémunération. À l’occasion, surtout pour les enfants, nous sommes prêts à prendre en considération l’influence exercée par les parents, les pairs ou les médias — et en particulier les médias sociaux. Cela est sans doute dû au fait que nous faisons nous-mêmes l’expérience spontanée du monde à travers nos perceptions, nos réflexions et nos désirs individuels.
Si nous tenons compte du contexte dans lequel évolue l’acteur, c’est surtout pour nous le représenter en possession d’une main particulière qui lui a été distribuée, et avec laquelle il doit maintenant jouer: il sera ainsi plus ou moins éduqué, plus ou moins riche ou pauvre, membre ou non d’une population reconnaissable (par sa couleur, sa culture ou autrement), etc.
Pourtant, Aristote disait déjà que nous sommes des «animaux sociaux». Presque toutes nos activités sont des activités de groupe et la majeure partie de nos activités individuelles n’auraient aucun sens si les groupes sociaux n’existaient pas (par exemple, étudier à l’université): Nous travaillons dans des organisations: nos sociétés reposent sur ce qu’on appelle une division du travail, c’est-à-dire que chacun d’entre nous ne réalise qu’une infime portion du travail nécessaire à la survie du groupe. À la base, la nature et la forme de chacune de ces activités sont déterminées en relation avec toutes les autres portions du travail à faire. De plus, presque toutes nos activités quotidiennes sont déterminées par la structure de l’organisation qui nous emploie, structure qui est également un fait socialement déterminé. Enfin, nous travaillons pour la plupart avec d’autres et ainsi entrons en relation avec eux. Nos activités de loisir se déroulent aussi avec des parents, des amis ou des collègues: qu’il s’agisse d’une activité dans le plus petit groupe qui soit, la dyade, qui comprend deux personnes, de vacances partagées par un grand groupe de connaissances ou d’un événement populaire lors duquel se rencontrent des inconnus, la plupart de nos loisirs sont des activités sociales. C’est peut-être durant une pandémie, à laquelle on a dû répondre en limitant nos contacts, que cette réalité nous paraît plus saillante: être séparé des autres fait mal. Nous voyons le monde à travers les yeux des autres: au sens le plus élémentaire, il s’agit déjà de constater que la plupart des choses que nous savons sur le monde qui nous entoure nous viennent de communications avec d’autres. La portion de réalité dont nous avons personnellement fait l’expérience est extrêmement limitée et même notre expérience directe d’un événement ou d’une situation ne rend compte que d’une petite portion de ce qui s’est passé. En un sens un peu moins évident, quand on y songe un instant on se rend compte que notre manière d’interpréter, de mettre en mots, de penser aux choses — celles dont on entend parler aussi bien que celles dont on fait l’expérience directe — provient de notre culture. Ce monde perçu, interprété et compris contient également notre propre personne: notre identité, notre place dans divers groupes sociaux ou par rapport à eux, nos habiletés, notre manière de penser, tout est le produit d’une culture particulière. Non pas que nous vivions dans un monde purement imaginé, où les «vrais» objets n’existent pas, où tout n’est que le fruit de notre pensée: il s’agit plutôt de souligner que les objets réels ne se présentent pas à nous dotés d’une étiquette expliquant leur fonction et leur impact social. L’étiquette doit être apposée par un observateur, en accord avec ceux avec qui il doit interagir. Dès l’enfance nous apprenons à nous mettre à la place des autres, non seulement grâce à notre faculté d’empathie, qui tient davantage de l’instinct, mais aussi en imaginant ce que les autres penseraient de nous s’ils nous voyaient agir, et quelle serait leur réaction. Lorsque nous analysons nos propres pensées, nos actions, nos problèmes et leurs solutions possibles, nous nous demandons également ce que d’autres personnes feraient à notre place. Nous aspirons particulièrement à savoir ce qui est «normal», nous naviguons sur Internet à la recherche de recommandations et de conseils sur les appareils électroniques à acheter, les destinations vacances à privilégier, les pratiques sexuelles à valoriser, les films à visionner sur Netflix… Ce faisant, nous reconnaissons notre appartenance à un groupe particulier et nous nous positionnons par rapport à ses règles, à ses valeurs et à ses standards (ce qui est tout de même différent de les accepter sans réfléchir).
Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier que chaque être humain prend des décisions calculées, qu’il a un «libre arbitre», la faculté de choisir ses actions et donc d’en être responsable. Par contre, il faut s’éloigner de la conception juridique de cette responsabilité: au sens sociologique, être responsable d’un acte se résume tout bonnement à avoir pensé avant d’agir, à être doué d’agentivité. Cependant, il ne faut pas conclure, à partir de cette seule affirmation, que la pensée de l’acteur est une explication suffisante de ses actes. Il a choisi cette action, mais sur quoi ce choix était-il fondé? Bref, la rationalité humaine ne se déploie pas en vase clos. Non pas qu’elle soit seulement influencée par des facteurs extérieurs (comme dans l’exemple de la main avec laquelle on devra jouer), mais bien qu’elle existe grâce à eux. Par exemple, comment pourrait-on penser à nos actes sans les mots qui les décrivent, qui sont des conventions culturelles indispensables? Si les juristes ont besoin, dans leur système, d’acteurs responsables au sens le plus étroit, parce qu’ils doivent pouvoir les blâmer, les sociologues se contentent de moins. En fait, surtout en sociologie du crime, les diverses conceptions de la responsabilité individuelle (juridique, populaire, comparée entre les groupes culturels) sont justement un objet d’étude plutôt qu’un outil de recherche.
On considère souvent que la psychologie porte sur la dimension intérieure de l’individu, alors que la sociologie s’intéresse à sa dimension extérieure, mais cette conception engendre une difficulté importante de compréhension. En réalité, le social se manifeste non seulement entre les personnes, mais aussi dans leur tête. En fin de compte, penser sociologiquement, c’est contextualiser systématiquement les actions des individus et se questionner sur les interactions sociales qui influencent leur processus décisionnel. Quant à elle, la sociocriminologie n’est pas une discipline à proprement parler: c’est un foyer particulier d’étude criminologique. À bien y penser, la criminologie comme discipline repose originellement sur un certain «flou artistique» du fait que son objet est discutable et, en fait, discuté. De façon courante, on définit la criminologie comme l’étude du «phénomène criminel». C’est beaucoup trop réducteur, puisque des criminologues se penchent également sur l’ensemble des phénomènes de réaction au crime, sur l’évolution de la définition du mot «crime», sur l’identité de ceux qui décident de ce qui sera considéré comme un crime au sens juridique, sur les pratiques de ceux qui font respecter la loi, etc. Faire de la sociocriminologie, c’est se poser toutes ces questions sous un angle social, c’est-à-dire tenter de répertorier, de classifier, de comprendre les relations sociales qui causent, créent, définissent et organisent la lutte contre le «crime». La sociocriminologie est également l’étude plus particulière des institutions et des pratiques explicitement ou implicitement centrées sur le crime. C’est par exemple l’étude de l’effet des médias sur notre conception de la criminalité, du rôle de la police et du «bon» citoyen, des relations parents-enfants qui forment l’attitude par rapport aux normes sociales, des activités quotidiennes des policiers, de l’évolution des codes pénaux, des valeurs comparées de différents groupes sociaux, du travail des institutions gouvernementales. Enfin, c’est aussi l’étude des interactions entre tous ces différents objets qui s’influencent les uns les autres dans une boucle infinie.
Ce livre vise à introd

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