La spirale du regard
246 pages
Français

La spirale du regard , livre ebook

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246 pages
Français

Description

Aujourd'hui, le psychanalyste a affaire à des troubles narcissiques, des failles dans un "moi" de plus en plus incertain et de moins en moins capable de trouver la juste distance avec l'autre. Produit social ou révélation d'une condition, cette crise du moi se vit comme flou identitaire angoissant ou au contraire comme atonie dépressive désespérante. Le psychanalyste doit comprendre ce phénomène.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 20
EAN13 9782336332864
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

cette crise du moi se vit comme ou identitaire angoissant ou, au contraire,
Le présent ouvrage montre l’importance extrême du regard et de son
psychiques et des images mentales, et la parole n’est qu’un véhicule. La
sens qui nous donne un monde organisé, nous renvoie l’image de notre « soi » et suscite notre envol vers l’idée. Sans le regard, point d’organisation
Observant le monde, ce regard découpe agressivement, mais également uniIe : c’est la vie qui veut se conserver, et le voyeurisme n’en est qu’une forme. Mais le « moi » ne commence qu’avec l’« être-regardé » par l’idéal.
activement en compte : trajet du « se faire voir » au « s’observer soi-même », dernière position sur la spirale, qui engage l’examen éthique de ses pensées et de ses actes. Examen d’autant plus urgent que la postmodernité se atte d’avoir congédié tous niaiserie des bons sentiments et le calcul mesquin de l’intérêt personnel.
Jacques PONNIER
LA SPIRALE DU REGARD
De la séduction narcissique à l’éthique
Études psychanalytiques
La spirale du regardDe la séduction narcissique à l’éthique
Études Psychanalytiques COLLECTION DIRIGÉE PAR ALAIN BRUN ET JOËL BERNAT La collectionEtudes Psychanalytiquesproposer un pas veut de côté et non de plus, en invitant tout ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce, « hors chapelle », « hors école », dans la psychanalyse. Dernières parutions Thomas GINDELE,Le Moïse de Freud au-delà des religions et des nations. Déchiffrage d’une énigme, 2013. Touria MIGNOTTE,La cruauté. Le corps du vide, 2013. Pierre POISSON,Traitement actuel de la souffrance psychique et atteinte à la dignité. « Bien n’être » et déshumanisation, 2013. Gérard GASQUET,Lacanpoètedu réel, 2012. Audrey LAVEST-BONNARD,L’acte créateur. Schönberg et Picasso. Essai de psychanalyse appliquée, 2012. Gabrielle RUBIN,Ces fantasmes qui mènent le monde, 2012.Michel CONSTANTOPOULOS,Qu’est-ce qu’être un père ?, 2012. Marie-Claude THOMAS,L’autisme et les langues, 2011. Paul MARCIANO,L'accession de l'enfant à la connaissance. Compréhension et prise en charge des difficultés scolaires,2010. Valérie BLANCO,Dits de divan, 2010. Dominique KLOPFERT,Inceste maternel, incestuel meurtrier. À corps et sans cris, 2010. Roseline BONNELLIER,: ŒdipeSous le soleil de Hölderlin en question, 2010. Claudine VACHERET,Le groupe, l’affect et le temps, 2010. Marie-Laure PERETTI,Le transsexualisme, une manière d’être au monde, 2009. Jean-Tristan RICHARD,Nouveaux regards sur le handicap, 2009.
Jacques Ponnier
LA SPIRALE DU REGARD
De la séduction narcissique à l’éthique
Du même auteur Karl Marx. Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Epicure et Travaux Préparatoires, traduction, introduction et commentaire, Bordeaux, Ducrot, 1970. Narcissisme et séduction, pour une critique métapsychologique du concept d’idéalisation, Paris, Anthropos, 2003. Les Goncourt et le rêve, le rêve et les Goncourt,Cahiers Edmond et Jules de Goncourt, n°12, Paris, 2005.Le temps et le moi, psychanalyse et ontologie,Paris, Economica 2006. L’Autre en question, approche philosophique et psycanalytique de la Différence,Paris, Economica, 2010. Mon cours de philosophie, tome I,Is-édition, Libres d’écrire, 2013. Illustration de couverture : © istock © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02099-0 EAN : 9782343020990
AVANT-PROPOS Depuis douze ans nousnotre sillon, avec le projet de traçons rendre à la psychanalyse freudienne, dans la mesure de nos moyens, la force d’impact théorique qu’elle est en train de perdre, 1 ce qui la livre sans véritable défense aux assauts des philistins . Nous disons impact théorique et non clinique, car la clinique, cela marche toujours un peu, même si la pensée du praticien est confuse, pour peu qu’il soit capable d’encaisser un transfert. C’est bien pourquoi ledit clinicien peut adhérer à une théorie inconsistante et avoir des succès thérapeutiques. Tant mieux pour lui, mais, à la longue, le vide théorique finira par détourner de l’analyse les patients intellectuellement un peu exigeants. L’essentiel n’est cependant pas là : il est dans la situation dramatique de la psychanalyse dans le champ intellectuel. L’attaque la plus récente contre Freud, malgré sa triste médiocrité, a connu un certain succès et ce n’est pas seulement à cause d’un battage médiatique éhonté. La figure de Freud est visible depuis trop longtemps, la lassitude s’installe en ces temps où la sottise et l’ignorance triomphantes réclament toujours du nouveau. Mais la raison la plus profonde de cette désaffection est dans l’impression d’un épuisement théorique, d’un ressassement éternel mortifère. Le grand responsable en est, du moins en France, Lacan. Après plus de trente ans d’efforts pour devenir lacanien, nous avons le droit de le dire. Une pratique assidue duSéminaireà montre l’évidence l’inconsistance de tous ses concepts : imaginaire, symbolique, réel, signifiant, demande, désir, jouissance, objet a, ils sont tousoxymoriques, c’est-à-dire, au choix, mystiques ou rhétoriques (c’est pour nous la même chose). Etant oxymoriques, ils autorisent toutes les pseudo-démonstrations les plus brillantes : il suffit de prendre l’aspect du concept qui convient au bon moment en oubliant volontairement les autres, quitte à les
1 Duphilistin, plutôt, car M. Borch-Jakobsen et Jacques Bénesteau, sur le plan de la rigueur théorique, c’est tout de même autre chose que les minables découpages et interprétations tendancieuses de certain. Ce sont eux qu’il faut lire et à qui il faut répondre. Nous avons commencé à le faire dansLe temps et le moi.
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1 ressortir plus tard pour un renversement non moins brillant . On sait que l’un des arguments duDossier noir de la psychanalyseest, dans la ligne de Karl Popper, l’idée que la théorie freudienne est assez souple pour s’appliquer à tout, et donc représente l’exemple parfait 2 d’une théorie non « falsifiable », c’est-à-dire non scientifique . Que répondre, si on est lacanien ? Que l’écriture de Lacan ne théorise pas l’inconscient mais le mime ? Quelle dérision ! Comme si la théorie pouvait échapper aux exigences de la rationalité. Comme si Freud avait admis une telle pseudo justification. Qu’on relise Métapsychologie, et qu’on en admire la clarté apollinienne. Mais beaucoup ne lisent plus Freud, c’est inutile, Lacan le leur explique. Le plus grand reproche que nous faisons à Lacan et aux lacaniens est cependant encore ailleurs : c’est d’avoir, en prétendant toiletter Freud, le repenser fidèlement avec des concepts plus récents, fait croire à une démarche radicalement nouvelle, alors qu’ils faisaient passer en contrebande l’aspect le moins pensé, le plus daté et le plus banal de la théorie 3 psychanalytique. L’habillage structuraliste permettait de ne rien changer au corps ainsi vêtu. Car Lacan est fondamentalement structuraliste : « Le réel c’est la structure ». Or le structuralisme, qui a exercé naguère un véritable impérialisme intellectuel, fait désormais partie d’un paradigme à remplacer car il nous empêche de penser. Il procède d’une rencontre souterraine entre le 4 terrorisme positiviste et le marxisme dogmatique, pourfendeur de toute psychologie.
1 Nous en avons des dizaines d’exemples, mais il faudrait un livre entier pour en rendre compte. Si l’on veut s’en tenir à l’essentiel, qu’on lise notre déconstruction critique duSéminaire Vet desEcritsdansL’Autre et la question du moi. 2  DansQu’est-ce que la science ? Alan F. Chalmers prenait l’exemple d’Adler, mais un certain usage de Freud revient au même et cela n’a pas échappé à ses critiques. 3  Lacan, nous l’avons montré dansL’Autre en question2010), fait (Economica, constamment fonds sur le structuralisme, quelques soient les repentirs ou les abandons proclamés, censés déterminer de soi disant « périodes » de sa « pensée ». 4 Voir, en linguistique, Bloomfield, mais Saussure est déjà responsable, négligeant la linguistique du locuteur au profit de celle de l’auditeur.
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Psychologie, le gros mot est lâché : pensez donc, une idéologie petite bourgeoise de l’individu, le mythe d’une « intériorité » qui n’est qu’un effet de surface des « habitus » structuraux, d’un mot, une « imaginarisation », une pensée prisonnière des leurres de la conscience et aveugle au « symbolique ». La psychanalyse, dit Lacan, c’est de la logique, pas de la psychologie. L’enseignement 1 de la littérature, en France, ne s’en est pas remis . Avant que Pierre Bourdieu ne s’aperçoive qu’un prolétaire pouvait apprécier Flaubert, ses séides avaient triomphé : fini le plaisir derencontrer quelqu’unen lisant un grand texte de près, mais des « objets » et des « objectifs », des mécanismes à démonter etc. Croire qu’un auteur met quelque chose de son inconscient dans ses œuvres et qu’il y a des couches de sens à traverser pour atteindre le noyau de sa 2 psyché, quelle naïveté, n’est-ce pas ! En psychanalyse lacanienne cela donne l’interdiction de 3 chercher à comprendre, c’est-à-dire tout bonnement d’interpréter . Il n’y a pas d’inconscient refoulé quelque part dans la psyché, l’idée de topique n’a aucun sens, il n’y a qu’une « chaîne signifiante » à mettre à plat et une « érosion du signifiant » à 4 entendre . Pas besoin d’avoir du sens clinique, il suffit d’enregistrer. On ne fera aucune hypothèse sur le désir inconscient qu’on communiquerait au patient, on pointera des signifiants. Avec cette machine à broyer l’effort de pensée, il n’a pas été difficile d’embaumer Freud et de transmettre une théorie
1 On n’aime pas les textes, on les « fait » pour obtenir l’examen. On est d’ailleurs si inculte qu’on en est devenu (malgré quelques exceptions) incapable de différencier Flaubert et un écrivaillon contemporain. Comment leur en vouloir ? Les programmes entérinent cette désespérante perte des repères : en terminale, on n’étudie plus les plus grands écrivains du XX° siècle, mais un choix d’auteurs pas forcément représentatif, effectué par une obscure commission de bureaucrates, sans que jamais ceux qui enseignent soient réellement consultés. 2  Didier Anzieu, André Green et Jacqueline Chasseguet persistaient, eux, à chercher l’inconscient non du texte, mais de l’auteur. Ils sont restés cantonnés dans le champ psychanalytique et n’ont pas connu le succès qu’ils méritaient. 3  L’interprétation, c’est bon pour les herméneutes style Paul Ricœur, des idéalistes, évidemment… 4 Nous avons montré tout cela en détail dansL’Autre en question.
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