Le langage, la réalité et l engagement social
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Description

Dans ce travail, je propose, d’une part, exposer les bases conceptuelles de l’argumentation de Searle sur la fonction du langage dans la construction de la réalité sociale et son rapport avec ce qu’il appelle pouvoirs déontiques, et d’une autre, entreprendre l’analyse de l’intentionnalité collective comme fondement de l’interaction humaine, puisque cette notion constitue l’axe central de l’approche de l’ontologie soutenue par Searle. Ma thèse centrale affirme que ces éléments contextuels articulés dans une conception complète nous permettent d’apprécier une posture philosophique cohérente dans la pensée de Searle et contribuent à comprendre pourquoi la promesse, en tant qu’acte de langage paradigmatique, constitue la meilleure voie pour montrer la fonction du langage dans la construction de la réalité et l’engagement politique.

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312034003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le langage, la réalité et l’engagement social
Julian Fernando Trujillo Amaya
Le langage, la réalité et l’engagement social












LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03400-3
« Élever et discipliner un animal qui puisse faire
des promesses – n’est-ce pas là la tâche paradoxale que
la nature s’est proposée vis-à-vis de l’homme ?
N’est-ce pas là le véritable problème de l’homme ?… »

Frédéric Nietzsche, La Généalogie de la Morale
Introduction
L’approche du phénomène social qui a occupé les sociologues, les philosophes et les juristes durant des siècles, apparaît maintenant comme le sujet central de la théorie de Searle. Dans The Construction of Social Reality (1995), Searle prétend offrir une théorie générale de l’ontologie des faits et des institutions sociales, dont l’objectif est d’expliquer « l’ontologie du pouvoir politique » et « le rôle du langage dans la construction de ce pouvoir ». Cependant, dans son dernier livre, Making the Social World (2010), Searle prolonge cette recherche sur les fondements philosophiques de la réalité sociale vers le champ de la rationalité humaine et le pouvoir politique, ce qui a généré un énorme débat académique sur les principales notions sur lesquelles repose son ontologie sociale et politique (Searle, 2010 : xi-xii).
Les travaux de John Searle s’inscrivent dans le champ de la philosophie du langage et de l’esprit, sa principale contribution étant le développement de la théorie sur les actes du langage, de l’intentionnalité et de la conscience. Toutefois, le projet philosophique de Searle poursuit aujourd’hui des objectifs plus larges d’intégration et interrelation. Le besoin d’une conception philosophique élargie se fait évidente dans son travail Mind, Language and Society : « Anyone who writes books on a variety of topics must eventually feel an urge to write a book explaining how the various topics relate to each other. How it all hang together ? » (Searle, 1998 : ix). En effet, Searle considère qu’il est presque inévitable que la réflexion sur les distincts aspects de la réalité (esprit, langage et société) devienne une tentative pour rassembler ces efforts, les structurant dans un ensemble plus organique et articulé (Cfr. Searle, 2010 : 200).
Dès lors, on doit placer dans cette perspective les dernières recherches de Searle sur les fondements sur lesquels repose et se construit la réalité sociale. Sa proposition d’une ontologie du social cohérente avec la conception de l’univers pourvue par les sciences, met de l’avant une préoccupation intégrale sur la nature humaine et une trajectoire intellectuelle qui va de la philosophie du langage à la philosophie première, et de celle-ci à la philosophie sociale et politique : « This book uses my account of intentionality and my theory of speech acts to explain social ontology. How do we get from electrons to elections and from protons to presidents ? » (Searle, 2010 : 3).
En 2003, John Searle a publié un travail intitulé « Social Ontology and Political Power », apparu plus tard comme un chapitre du livre Freedom and neurobiology : reflections on free will, language, and political power . Dans ce texte, Searle explore quelques-uns des liens entre l’ontologie générale de la réalité sociale et la forme spécifique de réalité sociale propre au pouvoir politique, reprenant conjointement les idées qu’il a avancé dans The Construction of Social Reality (1995) et Rationality in Action (2001), où l’on peut voir une théorie politique implicite, dans le but de rendre explicite le rôle du langage et l’intentionnalité collective dans la constitution de la réalité sociale et le pouvoir politique (Searle, 2007 : 81).
Je considère que Searle reprend de la philosophie de l’esprit le concept d’intentionnalité, la notion de direction d’ajustement et celle d’Arrière-plan, ce qui constitue un développement et un complément de ses recherches sur les actes de langage, la promesse et ses conditions de satisfaction. Ces bases de la philosophie de l’esprit et du langage, sommées au réalisme externaliste, le monisme naturaliste et l’individualisme méthodologique, forment un contexte philosophique large à partir duquel Searle resignifie son classique « How to Derive "Ought’ from ‘Is" » (1964), dans lequel s’annonce déjà le passage des faits bruts aux faits institutionnels et la possibilité d’agir pour des raisons indépendantes du désir : « I want to transform the is–ought question into the question about objective reasons for actions. I want to treat the question "Can ‘ought’ statements be derived from ‘is’ statements ?" as equivalent to the question, « Can there be reasons for action which are binding on a rational agent just in virtue of the nature of the fact reported in the reason statement, and independently of the agent’s desires, values, attitudes, and evaluations ? » (Cfr. Searle, 2008 : 164-165).
Dans ce travail, je propose, d’une part, exposer les bases conceptuelles de l’argumentation de Searle sur la fonction du langage dans la construction de la réalité sociale et son rapport avec ce qu’il appelle pouvoirs déontiques, et d’une autre, entreprendre l’analyse de l’intentionnalité collective comme fondement de l’interaction humaine, puisque cette notion constitue l’axe central de l’approche de l’ontologie soutenue par Searle. En plus, j’aborderai brièvement le rapport entre liberté et rationalité, aspect fondamentale de la reconnaissance des engagements, les motifs pour agir et l’acceptation des faits institutionnels, tout en essayant de montrer le rôle joué par du langage et les actes de langage dans l’ontologie sociale et politique de Searle. La thèse centrale de je soutiendrai dans ce travail affirme que ces éléments contextuels articulés dans une conception complète nous permettent d’apprécier une posture philosophique cohérente dans la pensée de Searle et contribuent à comprendre pourquoi la promesse, en tant qu’acte de langage paradigmatique, constitue la meilleure voie pour montrer la fonction du langage dans la construction de la réalité et l’engagement politique.
Vers une ontologie de la réalité sociale et les faits institutionnels
Les problèmes abordés par Searle dans Making the Social World y The Construction of Social Reality ont été formulés à partir des questions suivantes : Quelle est la nature de la réalité sociale et institutionnelle ? Comment les faits institutionnels sont-ils possibles ? Quelle est la structure de ces faits ? Comment est-il possible qu’il existe une réalité objective comme l’argent, la propriété, le mariage, les gouvernements, le football, etc. dans un monde composé exclusivement par des particules physiques placées à l’intérieur de champs de force, souvent organisées en systèmes ?
Pour rendre compte de ces questions, Searle assume la tâche de décrire « l’ontologie colossale et invisible » sous-jacente aux rapports sociaux quotidiens. Il analyse, aussi, ces objets spéciaux, pouvoirs, fonctions, évènements, propriétés, états et rapports qui n’appartiennent pas à la réalité physique « brute », mais à la sphère des institutions. L’appareillage théorique utilisé par Searle est fondée sur les règles constitutives et les faits institutionnels, notions déjà ébauchées dans ses premiers travaux sur les Speech Acts (1969) et complétées maintenant avec les outils conceptuels produit de son travail sur l’intentionnalité, la philosophie de l’esprit, la rationalité et la liberté de la volonté.
Dans The Construction of Social Reality et Making the Social World , Searle affirme qu’en agissant d’accord avec les règles constitutives nous sommes capables de créer de nouveaux pouvoirs déontiques : des droits, des devoirs, des obligations, etc. Nous sommes capables alors, d’instituer de nouvelles formes de réalité sociale. Toute cette réalité sociale et institutionnelle peut être expliquée par le biais d’une série de distinctions, notations et concepts fondamentaux :
1. Monisme et Réalisme externe
2. Indépendant de l’observateur/ Dépendant de l’observateur
3. Objectif/ Subjectif dans le sens épistémique/ Ontologique
4. L’intentionnalité collective et l’arrière-plan (Contexte)
5. L’assignation de fonction
6. Les fonctions-statuts et la règle constitutive : X compte comme Y dans le contexte C
7. La structure basique : Nous acceptons (S a le pouvoir [S fait A]) et les Pouvoirs déontiques
Pour comprendre le passage de l’ontologie sociale et la philosophie politique au langage comme institution sociale fondamentale, il faut se rappeler que pour Searle la question essentielle de l’ontologie des faits sociaux et institutionnels est celle sur le rôle du langage dans l’élaboration d’une conception

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