Le Stress au travail
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Le Stress au travail , livre ebook

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Description

Le stress au travail peut mettre en péril la santé physique et mentale des individus. Il a aussi un coût économique gigantesque pour les entreprises et les économies nationales. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment cette formidable mécanique qui devrait être un moteur d’action est-elle devenue un vrai risque pour la santé ? Comment la société, les entreprises, les salariés ont-ils évolué sur cet épineux sujet ? Et quelles sont les actions possibles pour limiter les sources de stress ? Quinze ans après son ouvrage pionnier, référence sur le sujet, Patrick Légeron fait le point sur le stress au travail, ce véritable enjeu de santé, et détaille les stratégies efficaces à mettre en place pour ne pas se laisser entraîner vers l’épuisement ou la dépression, pour éviter cette souffrance humaine et ce gâchis économique. Comprendre et gérer le stress pour prévenir l’épuisement. Patrick Légeron est psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris et fondateur de Stimulus, cabinet de conseil aux entreprises sur les problèmes du stress et du bien-être au travail. Pionnier et expert dans ce domaine, il est également l’auteur, avec Christophe André, de La Peur des autres. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738165121
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , 2001, 2003, 2015. 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6512-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À mes parents À ma sœur
Introduction

Lors de la parution de mon premier ouvrage sur le stress au travail en 2001, cette question n’était pas une préoccupation dans notre pays, ni pour les responsables politiques ni pour les entreprises. Alors qu’au Danemark les partenaires sociaux avaient signé des accords sur le stress dès la fin des années 1970, en France, aucun dialogue social n’avait été initié. Les pouvoirs publics n’avaient pris aucune disposition alors que la montée du stress devenait un problème de santé publique. Quant aux entreprises, elles n’avaient pas engagé d’actions d’envergure. D’ailleurs, la France était remarquablement absente des rencontres internationales où des grands groupes étrangers comme Nokia, Procter&Gamble ou SAP témoignaient déjà de leurs stratégies de prévention du stress.
Pourtant les signes d’inquiétude étaient nombreux. Plusieurs cas de suicide avaient eu lieu au sein d’entreprises. Les médecins du travail, frappés du nombre croissant de salariés en détresse psychologique ou atteints de pathologies mentales liées au travail, commençaient à tirer la sonnette d’alarme. Surtout, un nombre impressionnant d’études scientifiques du plus haut niveau et de rapports internationaux étaient régulièrement publiés – qui étonnamment eurent peu d’écho en France – ne permettant plus le moindre doute. Le stress au travail devenait le premier péril pour la santé des salariés. Mais aussi pour la performance des entreprises qui les emploient.
L’Europe du Nord ne s’y était pas trompée. C’est dès la fin des années 1990 que ces pays ont fait du bien-être au travail une stratégie autant économique qu’humaine. Pour les politiques et les décideurs, le concept de well-being était davantage compris comme un retour sur investissement qu’une protection de la santé des salariés !
Aujourd’hui, le contexte a évidemment bien changé dans notre pays. Mais il a fallu, après des drames liés au harcèlement moral, que surgisse la macabre série de suicides au sein de prestigieuses entreprises pour que s’effectue une salutaire prise de conscience. Nous sommes entrés dans la question du stress au travail de la manière la plus dramatique qu’il soit. Cette marque originelle explique sans doute encore notre approche aussi tardive que négative de ces questions.
C’est aussi avec un retard d’un an sur les préconisations européennes qu’un accord national interprofessionnel sur le stress au travail était signé en juillet 2008 par l’ensemble des organisations patronales et syndicales. Voulant sans doute rattraper son retard, la France a connu la publication d’un nombre important de rapports. Le premier, rendu public en mars 2008, nous a été confié par le ministre du Travail de l’époque. Se sont ensuite succédé celui de l’Assemblée nationale, celui demandé par le Premier ministre, puis celui du Sénat et enfin celui du Conseil économique, social et environnemental et quelques autres encore. Une dizaine au total ! Sans grande surprise, leurs préconisations se ressemblaient et s’inspiraient d’ailleurs des recommandations déjà édictées au niveau international. Dans les entreprises, la question des risques psychosociaux (les RPS) est devenue omniprésente. Il n’est pas un seul comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail qui ne l’ait pas soulevée. Au risque parfois d’instrumentaliser les RPS et d’en faire une arme contre les directions. Dans les plans « santé-travail », élaborés régulièrement par le ministère du Travail, les RPS ont pris une place centrale. Les inspecteurs du travail sont devenus très vigilants sur ces questions dans leurs missions auprès des entreprises. Sans oublier l’importante médiatisation accordée aux manifestations de la souffrance au travail : harcèlement, suicides, burn-out.
Mais tout cela a-t-il suffi ? Rien n’est moins sûr. Les plus récentes études indiquent que la souffrance au travail serait en progression, le stress des salariés en augmentation, les troubles mentaux plus fréquents. Comment expliquer cela ? La vague du stress serait-elle si puissante que malgré nos efforts nous n’arrivions pas à l’endiguer ? Ou alors les actions que nous avons mises en place sont-elles trop limitées ou inadaptées ? En abandonnant les attitudes de déni du stress, ne nous sommes-nous pas engagés dans des actions de faux-semblants, qui négligent la racine du mal-être ?
De plus en plus sous les projecteurs de l’actualité, le stress au travail reste donc une réalité importante. Nos connaissances ont encore progressé dans ce domaine (et c’est l’une des raisons majeures de la publication de ce nouvel ouvrage). Elles ne sont malheureusement pas assez utilisées pour agir efficacement. L’apparition, ces dernières années, de concepts tels que le burn-out (dont la définition, les limites, la prévalence restent si floues !) n’a pas amélioré la situation, mais a créé de grandes confusions. Ne nous trompons pas : le problème ne réside pas tant dans le nom que l’on donne à la détresse psychologique, mais bien dans la rigueur que l’on déploie dans son approche et sa prévention. À cet égard, le stress reste le concept scientifiquement le plus solide. Il est reconnu comme tel dans les grandes études internationales, les publications scientifiques et les pays ayant une plus longue et plus grande expérience que nous dans ce domaine.
Il y a quelques années, développant mes positions lors d’un colloque un peu animé traitant de la souffrance au travail, j’ai été traité par l’un des participants de « stressologue ». Pour lui, ce fut sans doute une insulte. Pour moi, le plus beau des compliments.
Patrick Légeron Paris, septembre 2015
PREMIÈRE PARTIE
LES MILLE VISAGES DU STRESS
Des petits riens quotidiens, des émotions inhibées, une ambiance étouffante, une compétition féroce qui se cache derrière des semblants de camaraderie, des incertitudes sur le lendemain, un compliment qu’on attend et qui ne vient pas… et on se réveille un matin, mal, très mal.
Le stress d’aujourd’hui est psychologique et non plus, comme autrefois, physique. Il est surtout polymorphe et fait son œuvre destructrice là où on ne l’attend pas toujours. La surcharge de travail, évidemment, la course contre le temps, bien sûr, la pression, c’est entendu, les relations aux autres, certes, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Nous n’avons pas idée de la multitude des stresseurs auxquels nous sommes confrontés jour après jour.
Comment repérer ces stresseurs insidieux ? Comment mieux identifier ces ennemis pour mieux les combattre ? Votre entreprise, vos supérieurs ou vos collègues vous mènent-ils la vie dure ?
1
Histoires de stress

« Ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. »
« Les animaux malades de la peste », Fables , Jean DE L A F ONTAINE .

« J’aime mon travail. C’est enrichissant, ça me va très bien, je suis toujours partant, mais, ici, le stress a pris une place énorme. Depuis qu’on a fusionné, l’ambiance n’est plus la même. Même s’il n’y a pas eu de licenciement, on est angoissé. On ne sait pas ce qui se prépare, on a peur d’être passé à la moulinette. Le pire, c’est qu’on apprend tout par la presse, on ne nous dit rien en direct. Il n’y a plus de communication entre les chefs et la base ; tout le monde est dans le noir, c’est la langue de bois.
Du jour au lendemain, on a changé de nom, et ça a l’air idiot, mais moi, ça faisait vingt ans que j’étais dans cette boîte, et même si je travaille toujours au même poste, toujours dans le même atelier, j’ai l’impression que ce n’est plus pareil. Ça fait tout drôle, comme si, le matin, vous vous réveilliez et que vous n’aviez plus la même tête.
En plus, avec toutes leurs réorganisations, beaucoup ont dû déménager pour être plus près du nouveau site, et certains anciens sont obligés d’apprendre des procédures nouvelles. J’en ai revu deux que je connaissais bien : ils ont l’impression de pas bien faire leur boulot, ils se sentent mal dans leur peau, ils dépriment.
Et puis avec les 35 heures, on nous demande autant, en moins de temps. On n’a plus le temps de s’arrêter pour boire un café. Tout le monde est toujours pressé. C’est plus pareil. »
 
« Depuis dix ans, j’ai repris une petite usine de fabrication de composants électroniques. Je m’aperçois à quel point le travail de dirigeant est devenu dur. Je ne parle pas du temps qu’il faut y consacrer : j’arrive à mon bureau à 7 heures et il est rare que je le quitte avant 21 heures. Quand je n’ai pas à repasser à l’usine le week-end, j’emporte des dossiers à terminer. Je me rends compte à quel point ma vie familiale en fait les frais : je ne vois pas mes enfants grandir, et je sens bien que ma femme trouve ça difficile de me voir si peu. Voilà des années que je n’ai pas pu prendre plus de dix jours d’affilée. Mais bon, tout cela, je l’ai choisi, je l’assume.
Le plus dur, c’est l’incertitude permanente. Nos clients sont principalement à l’export, et il est de plus en plus difficile de prévoir notre charge d’activité très en avance. Au mieux, on le sait à trois mois, alors que je suis obligé d’avoir une vision, sinon à long terme, du moins à moyen terme. Et ça, ça devient quasiment impossible. C’est comme un bro

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