Les Autres, petit a et les autistes
276 pages
Français

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Les Autres, petit a et les autistes , livre ebook

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Description

Comment rendre la psychanalyse lacanienne acceptable aussi bien par un scientifique que par un matérialiste sérieux, voici le projet du livre. Il s’agit d’utiliser la dialectique, revue par Marx, pour repenser les concepts philosophiquement idéalistes de Lacan, tels que l’Autre, l’objet a, ou le sujet, et de montrer que l’ensemble est récupérable, fournissant une théorie propre à éclairer par exemple l’autisme, tout en permettant de supprimer la prépondérance logique du père dans la théorie lacanienne. Deux parties à cet ouvrage : un exposé théorique sur le développement de l’enfant jusqu’à l’œdipe, avec les installations des Autres, de l’objet a et de la réalité ; puis une lecture critique du livre d’Henry Rey-Flaud sur l’autisme, L’enfant au seuil du langage, qui permet de bien situer les concepts élaborés en première partie, et d’en voir la pertinence dans une pathologie lourde et sujette à des controverses importantes.

Informations

Publié par
Date de parution 26 décembre 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312019666
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Autres, petit a et les autistes

Alain Patris
Les Autres, petit a et les autistes
Dialectique de l’être et du non-être dans la construction de l’enfant











LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-01966-6
Introduction
P OURQUOI CE TEXTE
J’ai lu récemment le livre d’Henri Rey-Flaud sur l’autiste : L’enfant qui s’est arrêté sur le seuil du langage . Je n’avais au préalable aucune connaissance détaillée de cette affection, je n’étais pas non plus particulièrement intéressé par l’autisme en lui-même, mais j’apprécie en général les livres de cet auteur. Le sujet a finalement retenu complètement mon attention, il correspondait particulièrement bien à mes préoccupations : l’humanisation de chacun, vue ici du côté des premiers pas du nouveau-né et de l’enfant.
Arrivé à la fin, j’ai eu l’impression d’avoir fait un bon tour de la question, de disposer de pas mal de matériel brut ou théorique, mais de rester néanmoins sur ma faim : cela ne cadrait pas avec mes théories personnelles. J’ai donc fait une analyse assez serrée de ce texte pour en faire un jus à ma convenance. Ce travail a fait beaucoup avancer mes positions, qui restent néanmoins assez originales à mon sens. J’estime avoir abouti à un état satisfaisant, éventuellement utile pour d’autres.
Comme le texte d’Henri Rey-Flaud, le mien aura deux axes : comment l’enfant s’approprie le monde humain et comment l’autiste n’y réussi pas vraiment ; les échecs de ce dernier permettant de mieux cerner la théorie générale.
Je n’ai aucune prétention à apporter des faits nouveaux, je ne puis que reprendre les écrits des uns et des autres. Le livre de Henry Rey-Flaud (que je nommerai HRF par la suite) sera beaucoup mis à contribution. Il s’est lui-même beaucoup inspiré des expériences publiées par d’autres. Il lui reste d’être psychanalyste, et moi statisticien, mais je l’espère un peu singulier, légèrement teinté de philosophie, version matérialisme dialectique.
On se demandera ce qu’un statisticien, qui n’a pour toute pratique de la psychanalyse que son passage sur un divan, et qui n’a certainement pas eu le moindre contact avec un autiste, vient écrire sur ce sujet. Je prendrai d’abord exemple auprès de ceux qui ont écrit le Livre noir de la psychanalyse. Ce n’est pas que j’ai trouvé leur livre intéressant, je n’ai même pas pu le terminer. Et je crois en la psychanalyse. Mais un peu comme Socrate croyait en la beauté des statues de l’Acropole : ça marche, ce qui en est dit n’est probablement pas sans rapport avec le réel sous-jacent, mais c’est trop souvent raconté d’une manière quelque part insensée. Je me place ici de mon point de vue, celui d’un scientifique, pas sans culture historique ou philosophique.
Trouver des dires invraisemblables se rencontre extrêmement fréquemment dans les sciences dures, même en mathématiques. Tout un chacun peut l’observer simplement en ne retenant que les prédictions délirantes auxquelles cela amènent certains. On a vu un grand mathématicien, du 20 ème siècle, essayer encore de trouver un théorème démontrant l’existence de Dieu (ou du diable) ! Mais pour la science, chacun est plus ou moins persuadé que le réel est vraiment piloté par ce qui s’apparente à des lois, à un discours. Et ceux qui comme moi n’y croient pas (aucun discours achevé ne peut égaler les « lois » du réel), aboutissent néanmoins à une situation pratique assez équivalente, en considérant un passage à la limite (le discours fini pourrait s’approcher des « lois » indéfinies du réel). Dans la science, la débilité des uns ne remet donc pas en cause le principe selon lequel on a le droit de tenir un discours scientifique. Pour la psychanalyse, ce droit n’est pas encore acquis (pour moi la psychanalyse est aussi scientifique que l’histoire ou la paléontologie). J’entends ici par psychanalyse la psychanalyse théorique : ce que l’expérience de l’analyse permet de théoriser sur le développement de chacun de nous, et non pas la théorie de la cure elle-même, sur laquelle je n’ai rien à dire, et encore moins sur l’éthique de la pratique, qui ne relève pas de la science.
L A DIALECTIQUE
Le constat d’un manque dans la théorie psychanalytique (qui ne manque pourtant pas de versions) pourrait justifier à lui seul un projet d’écriture. Mais j’estime avoir aussi quelque chose de positif à apporter. En particulier une méthode. Je suis un vieux fossile à sang chaud croyant dans les vertus de la dialectique, version matérialiste, fille de Marx. La dialectique est en effet le discours qui permet d’écrire la naissance des choses, leur passage entre la non existence et l’existence, ou encore en quoi les choses ex-sistent, à savoir en quoi leur existence est déterminée en dehors d’elles. C’est ce à quoi la psychanalyse a à faire, spécifiquement en ce qui concerne le développement des premières années de la vie. Ce n’est pas la première fois que la psychanalyse rencontre la dialectique. Elle y fut évidente avec les débuts de Lacan, et laisse quelques traces çà et là, par exemple dans certains passages du livre de HRF, qui privilégie cependant essentiellement les structures. Mais c’est en général une dialectique formelle, non appliquée au réel lui-même, ou, comme HRF le dit lui-même, une reprise poétique de pensées chinoises par exemple. Une dialectique de l’idée, où tout peut se trouver justifié, et qui n’a donc aucune vertu scientifique.
Ma position sur la dialectique est assez voisine de celle de Lucien Sève dans son livre Science et dialectique de la nature , où il ne dit d’ailleurs pas un mot des sciences humaines {1} . L’apport majeur de la dialectique sera le principe de la non existence des choses au sens de choses Unes : elles n’existent pas tout à fait, ex-sistent comme disait Lacan (de certaines uniquement).
Ce texte est aussi d’inspiration lacanienne, on y rencontrera en particulier différents Autres , petit a , la jouissance, RSI. Je ne prétends à aucune orthodoxie. D’ailleurs, Lacan nomme son objet « a » tout court, j’ai la fantaisie de l’affubler d’un « petit », ce qui me permet de le désigner sans être obligé de le précéder du terme « objet ». C’est inspiré d’un Lacan plutôt tardif, dans lequel le langage et le symbolique n’ont plus la priorité sur le réel. C’est en quoi je me démarque de la théorisation de HRF, qui met le langage en position dominante, comme le titre de son livre l’indique, et son recours fréquent aux « principe du langage ». Je me propose donc de reprendre la plupart de ses dires dans un système orienté très différemment.
O RIENTATIONS GÉNÉRALES
Le fond théorique du texte peut se résumer ainsi :
– Même si mon propos introductif met le réel en position première, le texte se focalise sur les représentations qui se constituent dans le psychisme de l’enfant, qui bien sûr ne se génèrent pas toutes seules. Leurs causes principales (excepté ce qui vient de la pulsion) sont externes, mais il ne s’agit pas ici de faire la théorie de comment la société permet (ou non) à l’enfant de se construire son psychisme. Ce rôle serait dévolu à une science qui ferait l’interface entre l’anthropologie et la psychanalyse par exemple.
– Je fais l’hypothèse que l’objet de la psychanalyse (en tant que science) est la manière dont les hommes deviennent sujets en s’appropriant le monde humain.
– Je présenterai le développement du système psychique comme une succession de créations d’objets de type Un (des Autres ), qui sont décomplétés par l’Autre suivant qui reconstruit du Un. Succession qui finit de manière variable selon les individus et les sociétés. Le réel de l’ex-sistance imposant ses contraintes au symbolique et à la jouissance qui tentent de créer du Un. En première approximation, on peut imaginer une construction en poupées russes, où chaque nouvel Autre intègre dans son monde l’ensemble des précédents.
– Parmi les avatars de cette construction se constituent un sujet (idéal du moi) et un noyau de l’être qui sanctuarise un noyau de jouissance irreprésentable qui échappe ainsi à la non existence (l’objet petit a ).
Cette

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