Les Caractères
221 pages
Français

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Description

«Les Caractères» sont la réflexion de toute une vie. Si La Bruyère semble parfois absent, c'est parce qu'il s’est retiré en spectateur. Il observe, et de là en tire une série de fragments, de maximes et de portraits qui démêlent le rapport complexe entre la nature humaine et ses mœurs. Qu’en est-il de l’argent? De l’amour? Ou de la religion? «Les Caractères» c'est aussi l’emblème du débat entre les Anciens et les Modernes. La Bruyère, avec cette traduction anonyme d’un auteur grec, Théophraste, s’inscrit dans la lignée des Anciens. Pourtant, il évoque aussi le Moderne — l'œuvre annonce le vent de contestation qui s'exprimera au XVIIIe siècle.
Jean de la Bruyère (1645-1696) est un moraliste français. Il est diplômé de droit, mais sa situation financière ne s’améliore qu’à l’arrivée d’un héritage. Il obtient une rente annuelle, mais un vol dans son domaine le contraint à travailler. Il devient précepteur, et est logé chez son nouveau maître à Versailles. Lorsque le grand-père de son élève meurt, il est chargé de la bibliothèque. C’est une aubaine pour La Bruyère, qui observe la société depuis sa position reculée. Il écrit alors, sous forme de portraits, «Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle», qu’il publie de manière anonyme. C’est un succès retentissant. Il est élu à l’académie française en 1693, mais son discours d’entrée va amorcer la fameuse querelle des Anciens et des Modernes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mars 2021
Nombre de lectures 6
EAN13 9788726657104
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean de La Bruy re
Les Caract res


Saga
Les Caract res

Image de couverture: Shutterstock
Copyright 1687, 2021 SAGA Egmont

Tous droits r serv s

ISBN: 9788726657104

1 re edition ebook
Format: EPUB 3.0

Aucune partie de cette publication ne peut tre reproduite, stock e/archiv e dans un syst me de r cup ration, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'accord crit pr alable de l' diteur, ni tre autrement diffus e sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publi et sans qu'une condition similaire ne soit impos e l'acheteur ult rieur.
Cet ouvrage est republi en tant que document historique. Il contient une utilisation contemporaine de la langue.

www.sagaegmont.com
Saga Egmont - une partie d'Egmont, www.egmont.com
TABLE
Discours sur th ophraste Les caract res de th ophraste Les caract res ou les m urs de ce si cle Des Ouvrages de l esprit Du M rite personnel Des Femmes Du C ur De la Soci t et de la Conversation Des Biens de fortune De la Ville De la Cour Des Grands Du Souverain ou de la R publique De l Homme Des Jugements De la Mode De Quelques Usages De la Chaire Des Esprits forts Index des noms vrais ou suppos s
DISCOURS SUR TH OPHRASTE
Je n estime pas que l homme soit capable de former dans son esprit un projet plus vain et plus chim rique que de pr tendre, en crivant de quelque art ou de quelque science que ce soit, chapper toute sorte de critique et enlever les suffrages de tous ses lecteurs.
Car, sans m tendre sur la diff rence des esprits des hommes, aussi prodigieuse en eux que celle de leurs visages, qui fait go ter aux uns les choses de sp culation et aux autres celles de pratique, qui fait que quelques-uns cherchent dans les livres exercer leur imagination, quelques autres former leur jugement, qu entre ceux qui lisent, ceux-ci aiment tre forc s par la d monstration, et ceux-l veulent entendre d licatement, ou former des raisonnements et des conjectures, je me renferme seulement dans cette science qui d crit les m urs, qui examine les hommes, et qui d veloppe leurs caract res, et j ose dire que sur les ouvrages qui traitent des choses qui les touchent de si pr s, et o il ne s agit que d eux-m mes, ils sont encore extr mement difficiles contenter.
Quelques savants ne go tent que les apophtegmes des anciens et les exemples tir s des Romains, des Grecs, des Perses, des gyptiens; l histoire du monde pr sent leur est insipide; ils ne sont point touch s des hommes qui les environnent et avec qui ils vivent, et ne font nulle attention leurs m urs. Les femmes, au contraire, les gens de la cour, et tous ceux qui n ont que beaucoup d esprit sans rudition, indiff rents pour toutes les choses qui les ont pr c d s 1 , sont avides de celles qui se passent leurs yeux et qui sont comme sous leur main: ils les examinent, ils les discernent, ils ne perdent pas de vue les personnes qui les entourent, si charm s des descriptions et des peintures que l on fait de leurs contemporains, de leurs concitoyens, de ceux enfin qui leur ressemblent et qui ils ne croient pas ressembler, que jusque dans la chaire l on se croit oblig souvent de suspendre l Evangile pour les prendre par leur faible, et les ramener leurs devoirs par des choses qui soient de leur go t et de leur port e.
La cour ou ne conna t pas la ville, ou, par le m pris qu elle a pour elle, n glige d en relever le ridicule, et n est point frapp e des images qu il peut fournir; et si au contraire l on peint la cour, comme c est toujours avec les m nagements qui lui sont dus, la ville ne tire pas de cette bauche de quoi remplir sa curiosit , et se faire une juste id e d un pays o il faut m me avoir v cu pour le conna tre.
D autre part, il est naturel aux hommes de ne point convenir de la beaut ou de la d licatesse d un trait de morale qui les peint, qui les d signe, et o ils se reconnaissent eux-m mes: ils se tirent d embarras en le condamnant; et tels n approuvent la satire, que lorsque, commen ant l cher prise et s loigner de leurs personnes, elle va mordre quelque autre.
Enfin quelle apparence de pouvoir remplir tous les go ts si diff rents des hommes par un seul ouvrage de morale? Les uns cherchent des d finitions, des divisions, des tables, et de la m thode: ils veulent qu on leur explique ce que c est que la vertu en g n ral, et cette vertu en particulier; quelle diff rence se trouve entre la valeur, la force et la magnanimit ; les vices extr mes par le d faut ou par l exc s entre lesquels chaque vertu se trouve plac e, et duquel de ces deux extr mes elle emprunte davantage; toute autre doctrine ne leur pla t pas. Les autres, contents que l on r duise les m urs aux passions et que l on explique celles-ci par le mouvement du sang, par celui des fibres et des art res, quittent un auteur de tout le reste.
Il s en trouve d un troisi me ordre qui, persuad s que toute doctrine des m urs doit tendre les r former, discerner les bonnes d avec les mauvaises, et d m ler dans les hommes ce qu il y a de vain, de faible et de ridicule, d avec ce qu ils peuvent avoir de bon, de sain et de louable, se plaisent infiniment dans la lecture des livres qui, supposant les principes physiques et moraux rebattus par les anciens et les modernes, se jettent d abord dans leur application aux m urs du temps, corrigent les hommes les uns par les autres, par ces images de choses qui leur sont si famili res, et dont n anmoins ils ne s avisaient pas de tirer leur instruction.
Tel est le trait des Caract res des m urs que nous a laiss Th ophraste. Il l a puis dans les Ethiques et dans les grandes Morales d Aristote, dont il fut le disciple. Les excellentes d finitions que l on lit au commencement de chaque chapitre sont tablies sur les id es et sur les principes de ce grand philosophe, et le fond des caract res qui y sont d crits est pris de la m me source. Il est vrai qu il se les rend propres par l tendue qu il leur donne, et par la satire ing nieuse qu il en tire contre les vices des Grecs, et surtout des Ath niens.
Ce livre ne peut gu re passer que pour le commencement d un plus long ouvrage que Th ophraste avait entrepris. Le projet de ce philosophe, comme vous le remarquerez dans sa pr face, tait de traiter de toutes les vertus et de tous les vices; et comme il assure lui-m me dans cet endroit qu il commence un si grand dessein l ge de quatre-vingt-dixneuf ans, il y a apparence qu une prompte mort l emp cha de le conduire sa perfection. J avoue que l opinion commune a toujours t qu il avait pouss sa vie au del de cent ans, et saint J r me, dans une lettre qu il crit N potien, assure qu il est mort cent sept ans accomplis: de sorte que je ne doute point qu il n y ait eu une ancienne erreur, ou dans les chiffres grecs qui ont servi de r gle Diog ne La rce, qui ne le fait vivre que quatre-vingt-quinze ann es, ou dans les premiers manuscrits qui ont t faits de cet historien, s il est vrai d ailleurs que les quatre-vingt-dixneuf ans que cet auteur se donne dans cette pr face se lisent galement dans quatre manuscrits de la biblioth que Palatine, o l on a aussi trouv les cinq derniers chapitres des Caract res de Th ophraste qui manquaient aux anciennes impressions, et o l on a vu deux titres, l un: du Go t qu on a pour les vicieux, et l autre: du Gain sordide, qui sont seuls et d nu s de leurs chapitres.
Ainsi cet ouvrage n est peut- tre m me qu un simple fragment, mais cependant un reste pr cieux de l antiquit , et un monument de la vivacit de l esprit et du jugement ferme et solide de ce philosophe dans un ge si avanc . En effet, il a toujours t lu comme un chef-d uvre dans son genre: il ne se voit rien o le go t attique se fasse mieux remarquer et o l l gance grecque clate davantage; on l a appel un livre d or. Les savants, faisant attention la diversit des m urs qui y sont trait es et la mani re na ve dont tous les caract res y sont exprim s, et la comparant d ailleurs avec celle du po te M nandre, disciple de Th ophraste, et qui servit ensuite de mod le T rence, qu on a dans nos jours si heureusement imit , ne peuvent s emp cher de reconna tre dans ce petit ouvrage la premi re source de tout le comique: je dis de celui qui est pur des pointes, des obsc nit s, des quivoques, qui est pris dans la nature, qui fait rire les sages et les vertueux.
Mais peut- tre que pour relever le m rite de ce trait des Caract res et en inspirer la lecture, il ne sera pas inutile de dire quelque chose de celui de leur auteur. Il tait d Er se, ville de Lesbos, fils d un foulon; il eut pour premier ma tre dans son pays un certain Leucippe, qui tait de la m me ville que lui; de l il passa l cole de Platon, et s arr ta ensuite celle d Aristote, o il se distingua entre tous ses disciples. Ce nouveau ma tre, charm de la facilit de son esprit et de la douceur de son locution, lui changea son nom, qui tait Tyrtame, en celui d Euphraste, qui signifie celui qui parle bien; et ce nom ne r pondant point assez la haute estime qu il avait de la beaut de son g nie et de ses expressions, il l appela Th ophraste, c est- -dire un homme dont le langage est divin. Et il semble que Cic ron ait entr dans les sentiments de ce philosophe, lorsque dans le livre qu il intitule Brutus ou des Orateurs illustres, il parle ainsi: " Qui est plus f cond et plus abondant que Platon? plus solide et plus ferme qu Aristote? plus agr able et plus doux que Th ophraste? Et dans quelques-unes de ses p tres Atticus, on voit que, parlant du m me Th ophraste, il l appelle son ami, que la lecture de ses livres lui tait famili re, et qu il en faisait ses d lices.
Aristote disait de lui et de Callisth ne, un autre de ses disciples, ce que Platon avait dit la premi re fois d Aristote m me et de X nocrate: que Callisth ne tait lent concevoir et avait l espri

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