Les Fées dans les contes populaires
186 pages
Français

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Les Fées dans les contes populaires , livre ebook

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Description

Les Fées dans les contes populaires - Le conte populaire est un conte oral traditionnel et communautaire. Il a longtemps régi la création et la circulation des histoires. C'est en fait la littérature de nos ancêtres, il a présidé les veillées de nos campagnes depuis la nuit des temps jusqu'aux années 1950. Il a aujourd'hui presque disparu. Fort heureusement, depuis le XIXe siècle, quelques érudits passionnés de notre folklore ont pris soin de transcrire ces contes à l'écrit, ce qui leur a permis de venir jusqu'à nous malgré le profond bouleversement de nos sociétés rurales, qui a rompu la transmission séculaire de ces contes par le bouche-à-oreille. Quelques familles ont su faire subsister cette tradition jusqu'à la fin du XXe siècle malgré la disparition des veillées. D'infatigables collecteurs ont poursuivi jusqu'à nos jours l'œuvre de leurs prédécesseurs du XIXe siècle.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juin 2014
Nombre de lectures 143
EAN13 9782365729505
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Fées dans les contes populaires


Roger Maudhuy







À Krystal Camprubi,
qui sans aucun doute est fée.
Mais il ne faut pas le répéter...


Tant qu’il y aura des bois, des prés, des montagnes, des lacs et des rivières, tant que les blanches vapeurs s’élèveront au-dessus des ruisseaux, il y aura des nymphes, des dryades, il y aura des fées. Elles sont la beauté du monde : c’est pourquoi elles ne périront jamais.

Anatole France


Préface

Je ne suis pas folkloriste. Je ne crois pas aux fées. Mais le Lorrain que je suis devenu est originaire du pays yvoisien, dans les Ardennes. Et l’historien que je suis n’est pas sans savoir que nos ancêtres croyaient en l’existence des fées. À Carignan, on parle encore aujourd’hui de « la Bonne Dame », qui protège la ville des malheurs, et qui par bien des aspects ressemble à une fée. Quant à l’Histoire de France, on ne peut l’étudier sans rencontrer des fées. Roger Maudhuy nous livre ainsi des extraits du procès de Jeanne d’Arc : il ne fait guère de doutes que les juges qui envoyèrent la Pucelle au bûcher croyaient aux fées. Et s’ils faisaient semblant d’y croire, disons que c’était une opinion bien pratique pour faire de Jeanne une sorcière. Les pièces du procès en réhabilitation montrent en tout cas que le petit peuple du pays de Jeanne croyait aux fées.
Roger Maudhuy a rassemblé ici une quarantaine de contes et de légendes de fées. Ils nous emmènent partout en France, car s’il y eut des fées sur les landes brumeuses de la Bretagne ou dans les sombres forêts des Ardennes, il y en eut aussi sous le soleil du Languedoc ou de la Corse.
Aux collectes de ses prédécesseurs il joint le résultat de ses propres enquêtes. Roger Maudhuy a le talent rare de faire parler les gens, puis de coucher sur le papier des récits qui sans lui seraient irrémédiablement perdus. Voilà donc un livre précieux, mariage de textes dénichés avec un flair qui fait de Maudhuy le Maigret du folklore et de récits cueillis auprès des derniers témoins d’une tradition orale qui s’étiole.
J’ai pris bien du plaisir à lire le tapuscrit. J’ai appris bien des choses. Il me reste à souhaiter aux lecteurs une bonne et passionnante lecture. Ils ne seront pas déçus.

Pr Stéphane Gaber
Membre titulaire et ancien président de l’Académie de Stanislas


Avertissement

Dans le folklore des terres de France, ils sont trois à tenir solidement le podium, trois que l’on retrouve partout : le Diable, solide premier ; le loup, pauvre victime de la crédulité et aujourd’hui des lobbys ; et la fée, esprit des bois, des champs et des eaux. Je gage qu’il n’y a pas un canton rural, en France, qui n’ait un lieudit lié aux fées ; partout elles ont laissé grottes, cavernes, caves, cabanes, maisons, châteaux, bois, jardins, courtils, rochers, pierres, tables, fours…
On vous dira qu’elles n’existent pas ? Qu’elles n’ont jamais existé ? Voyons, voyons… Voici un livre qui vous dira leurs aventures, quels humains furent leurs époux, où elles vécurent, ce qu’elles bâtirent, et qui même vous dévoilera le nom de quelques-unes de ces fées qui partagèrent le quotidien de nos ancêtres.
Si, après cela, vous ne croyez toujours pas aux fées, j’ouvrirai pour vous les pièces d’un des plus grands procès de l’Histoire de France : celui de Jeanne d’Arc. Et vous verrez que l’enfance de la patronne de la France fut bercée par les fées…


Sonnet à Isabelle de B…, croyance bretonne

J’ai une passion, que j’essaie d’assouvir deux ou trois fois par an. Je me rends dans quelque petite ville de France, là où il y a une bibliothèque. Municipale, diocésaire, paroissiale, qu’importe. Je consulte le catalogue, et demande, un peu au hasard, un peu au pif, quelque périodique oublié, quelque journal inconnu, de ceux qui tiraient à quelques petits milliers d’exemplaires et qui n’étaient distribués que dans une zone restreinte. J’ai une prédilection pour le XIX e siècle, les journaux catholiques et les hebdomadaires d’informations générales. J’adore aussi chiner dans ces périodiques d’érudits locaux, férus d’archéologie, d’art et d’histoire. En deux ou trois heures, il est bien rare que je n’aie pas ressuscité deux ou trois pépites. Ainsi, ce jour-là, suis-je à Saint-Brieuc. Je tourne les pages d’un journal au titre prometteur : La Foi bretonne . Et, sur papier jauni et craquant, s’offre à moi un Sonnet à Isabelle de B… Le mot fée a capté mon oeil.

Sur la foi d’un berger, Isabelle, à votre âge,
J’ai cru, quand l’arc-en-ciel semblait à l’horizon
Du bout de son écharpe effleurer le gazon,
Qu’une Fée y venait s’asseoir après l’orage ;
J’ai cru qu’elle y cachait dans le creux du sillon
Une perle magique, inimitable ouvrage ;
Et j’ai voulu l’atteindre, et j’ai perdu courage,
En voyant devant moi toujours fuir le rayon.
Je vieillis, et ma course à travers la prairie
N’est plus pour y saisir la perle de féerie ;
Mais je n’accuse pas le berger suborneur ;
De ces contes naïfs j’aime la transparence,
Cet arc-en-ciel qui brille et fuit, c’est l’espérance,
Et la perle introuvable, enfant, c’est le bonheur !

Un peu partout en France, on dit (sans plus y croire aujourd’hui) que là où un arc-en-ciel touche le sol, se trouve un trésor. Mais, dans le Finistère, Thérèse Berthou m’avait conté ceci : « Il y avait des fées en Bretagne, il y a longtemps. Certaines vivaient dans les landes, les bois… Beaucoup vivaient sur les côtes, dans des grottes. Celles-là, dans la mer, elles trouvaient des perles, qu’elles ramenaient sur terre. Elles les enterraient en des lieux connus d’elles seules. On dit qu’après chaque orage, un arc-en-ciel naissait là où la plus belle perle était enterrée. Mais personne n’est jamais arrivé à temps pour creuser, et les perles des fées sont toujours là. »
Pourtant, quelques-unes doivent manquer : ainsi selon une ancienne de Riantec, « de quelqu’un qui a beaucoup de chance, on dit qu’il a trouvé la perle des fées ».
Cela vaut mieux qu’un trèfle, même à quatre feuilles.


Journal La Foi bretonne (Saint-Brieuc), édition du 10 mai 1851.
Témoignages de Thérèse Berthou, de Saint-Thonan (Finistère),
née à Kernilis en 1913, et de Louisette Jégouzo, octogénaire, de Riantec (Morbihan).


Les fées des houles, légendes bretonnes

Sur le littoral de la Manche, en Ille-et-Vilaine et dans la partie des Côtes-d’Armor où la langue française est seule en usage, on donne le nom de houles aux grottes des falaises. Les unes ont été creusées par la mer, qui a peu à peu rongé les parties les plus friables du rocher ; les autres sont dans des endroits du rivage où la marée ne monte pas actuellement.
Les houles sont en grand nombre ; il y en a à Cancale, à Saint-Briac-sur-Mer, à Saint-Jacut-de-la-Mer, à Saint-Cast-le-Guildo ; le cap Fréhel, dans la commune de Plévenon, en est percé d’une douzaine au moins.
à Erquy, port connu pour être la capitale de la coquille Saint-Jacques, se trouve une grotte qui, au lieu du nom de houle, qui est le plus généralement employé, se nomme la Goule de Galimoux ; la grotte de Saint-Enogat, bien connue des baigneurs de Dinard, s’appelle aussi la Goule-ès-Fées ou la Goule des Fées.
L’imagination des habitants des côtes a peuplé ces grottes de personnages fantastiques et mystérieux : c’est là que demeuraient les fées, avec leurs maris et leurs enfants ; elles en sortaient à la nuit tombante pour se promener sur les falaises ou sur la mer. D’après plusieurs de mes conteurs, leurs grands-pères les avaient connues ; mais aujourd’hui elles ont disparu, et ils semblaient généralement croire que les fions – c’est le nom qui désigne, en plusieurs endroits, les fées des deux sexes – s’étaient retirés du pays à peu près au moment de la Révolution française.
Toutes les houles que je connais ont une légende, parfois deux ou trois ; ce sont les plus curieuses et les plus particulières, ce me semble, de toutes celles qu’on raconte dans le pays gallot.
Il est assez difficile de déterminer l’étymologie du mot houle , qui vraisem

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