Les Maris, un peuple finno-ougrien de Russie centrale
321 pages
Français

Les Maris, un peuple finno-ougrien de Russie centrale , livre ebook

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321 pages
Français

Description

Si les Maris, peuple de Russie centrale, ont préservé certaines de leurs traditions finno-ougriennes, ils ont également été fortement marqués par les cultures turciques (tatare et tchouvache) qui les entourent. Intégrés dans l'Empire russe depuis sa naissance, ils sont en contact étroit avec les Russes, dont ils n'ont pas facilement accepté l'autorité. Ces articles présentent l'histoire des Maris, leurs groupes ethnographiques, leur langue, leur culture, leur vie quotidienne. Un DVD nous fait entendre leur langue et découvrir leur environnement et leurs activités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 33
EAN13 9782296539099
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Maris sont un peuple de la famille linguistique finno-ougrienne dont les terres se trouvent en Russie centrale, dans la région autour de la Volga. Leur culture est particulièrement intéressante : si les Maris ont préservé certaines de leurs traditions finno-ougriennes, notamment une religion animiste particulière qui a connu une renaissance après 1990, ils ont été fortement marqués par le contact avec les cultures turciques qui les entourent – culture tatare, culture tchouvache –, dont l’impact se ressent dans la chanson ou dans le costume. En même temps, intégrés dans l’Empire russe depuis sa naissance, avec la prise de Kazan en 1552, ils ont été à partir de cette date en contact étroit avec les Russes, dont ils n’ont pas facilement accepté l’autorité. Toute cette richesse se trouve reflétée dans les articles composant ce recueil.
Celui-ci a pour objectif de remplir une lacune dans la littérature en langue française, qui offre peu de possibilités de découvrir les cultures des Finno-Ougriens minoritaires dans leur zone d’habitation. Il contient les articles correspondant aux communications des Deuxièmes journées finno-ougriennes, et permettra de se familiariser avec l’histoire des Maris, leurs groupes ethnographiques, leur langue et leur culture ainsi qu’avec divers aspects de leur vie quotidienne d’aujourd’hui.
Ce livre est accompagné d’un CD dont l’objectif est de faire entendre la langue marie et de faire découvrir leur environnement et leurs activités. Le film présenté, , a été réalisé par Aleksej Alekseev au Bachkortostan, dans la minorité marie qui y est installée depuis le XVII siècle.
ISBN : 978-2-343-00833-2 37
Bibliothèque finno-ougrienne 25
Sous la direction d’Eva Toulouze et Vincent Lorenzini
Les Maris Un peuple finno-ougrien de Russie centrale
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LES MARIS
Collection « Bibliothèque finno-ougrienne » Publiée par l’Association pour le développement des études finno-ougriennes (Adéfo), 2 rue de Lille, 75343 Paris Cedex 07 http://www.adefo.org/ adefo@adefo.org1. Fanny de Sivers,Les emprunts suédois en estonien littéraire,82.Béla Bartók vivant : souvenirs, études et témoignages, 133.Autour du Kalevala, 94.Le monde kalévaléen en France et en Finlande,225.Regards sur Kosztolányi,186.: autobiographie versifiée d’un poèteUn chant épique de la prairie hongrois du Canada,257. Jean Gergely et Jean Vigué,Conscience musicale ou conscience hu-maine ? Vie, œuvre et héritage spirituel de Béla Bartók,20e 8.Actes du IV colloque franco-finlandais de linguistique contrastive,249. Béla Bartók,Éléments d’un autoportrait, 22e 10. Erzsébet Hanus,siècle,La littérature hongroise en France au XIX 24e 11. Erzsébet Hanus,La littérature hongroise en France au XIX siècle : anthologie choisie et commentée, 24e 12. Bernard Le Calloc’h,Le X siècle et les Hongrois,2513. Dávid Szabó,L’argot des étudiants budapestois, 27,5014. Jean Perrot,Regards sur les langues ouraliennes,3015. Outi Duvallon,Le pronom anaphorique et l’architecture de l’oral en finnois et en français,3216. Art Leete,La guerre du Kazym:les peuples de Sibérie occidentale contre le pouvoir soviétique (1933-1934), 2717. Jean-Pierre Minaudier,Histoire de l’Estonie et de la nation estonienne, 3418.Les Komis : questions de langue et de culture, 2119. Antoine Chalvin,Johannes Aavik et la rénovation de la langue estonienne, 29,5020.Jaan Kross – Bilan et découvertes,15,5021. Katre Talviste,La poésie estonienne et Baudelaire, 29,5022.Deux écrivains autochtones de Sibérie : Érémeï Aïpine et Iouri Vella, 3723.Le fantastique et la science-fiction en Finlande et en Estonie, 2124. Bernard Le Calloc’h,Des Asiatiques en Hongrie : Khazars, Kabars et Alains
BIBLIOTHÈQUE FINNO-OUGRIENNE – 25 LES MARIS UN PEUPLE FINNO-OUGRIEN DE RUSSIE CENTRALEJOURNÉES MARIES es 2 JOURNÉES FINNO-OUGRIENNES DE L’ADÉFO Paris, 5-6 novembre 2010 Recueil publié sous la direction d’Eva Toulouze et Vincent Lorenzini L’Harmattan ADÉFO
Volume réalisé avec la contribution deHõimurahvaste programm; une partie des recherches présentées a été financée par l’Union européenne par l’intermédiaire du Fonds européen de développement régional (centre d’excellence CECT). Traductions du russe: Eva Toulouze (Nikiforov, Alikov, Jamurzina, Rjabčikov, Antropov, Kuprina), Vincent Lorenzini (Zorina et Wikström) Traductions du finnois: Michael Toledano (Lallukka), Vincent Lorenzini (Lehtinen), Eki Charon (Salminen) Traduction du hongrois: Charles Thibeault (Pomozi) Traduction de résumés, révisions, relectures, conseils: Daniel Allen, Galina Krylova, Catherine Le Roux, Charles Thibeault, Sébastien Cagnoli Cartes réalisées par Vincent Dautancourt Photo de couverture: femmes en costume traditionnel,raïonde Morko, République du Mari-El, juillet 2010 © Vincent Lorenzini © 2013, Adéfo 2, rue de Lille ; 75343 Paris Cedex 07 © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00833-2 EAN : 9782343008332
IN MEMORIAM GÁBOR BERECZKI (1928-2012) Alors que cet ouvrage était en cours d’édition, nous avons appris le décès de Gábor Bereczki. Chercheur modeste et dévoué, Gábor Bereczki a consacré une partie importante de son activité scientifique à la langue marie. Cas rare à son époque, non seule-ment il connaissait cette langue en profondeur, mais il était capable de la parler et de l’utiliser dans ses contacts avec ses collègues maris et dans ses travaux de terrain. Avant tout autre chercheur étranger, il avait exploré avec son collègue ethnomusicologue László Vikár le territoire mari en recueillant textes et musiques de chants directement auprès des porteurs de la tradition. Linguiste, il avait de sa mission une vision étendue, incluant la culture popu-laire au sens large, comme le montrent ses expéditions et les recueils de chants qui en sont le résultat. En témoignent également les nombreuses traductions de classiques finnois et surtout esto-niens qu’il a réalisées, dans une langue riche et savoureuse, avec un sens littéraire exceptionnel. Nous tenons à rendre hommage non seulement à ses qualités de chercheur et à l’œuvre qu’il a laissée, mais également à l’homme et à sa gentillesse, car il était aussi un professeur qui savait faire partager son enthousiasme et qui savait créer autour de lui une atmosphère chaleureuse et stimulante. Son décès est une perte douloureusement sentie dans l’ensemble du monde finno-ougrien.
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EVA TOULOUZE
Je voudrais commencer cet hommage par quelques réminis-cences personnelles qui permettront de mettre en évidence ses rares qualités d’homme et de savant. Sans doute, en effet, leur dois-je d’avoir entrepris et poursuivi un itinéraire de finno-ougriste. Quand, en 1980, j’eus l’occasion de passer deux mois à Budapest – occasion exceptionnelle pour quelqu’un qui était par ailleurs employé huit heures par jour et avait cinq semaines de vacances ! – c’est à la chaire d’études finno-ougriennes d’ELTE que je décidai de les passer. J’y avais été présentée par Ferenc Havas (qui aujourd’hui la dirige) quelques mois plus tôt et j’y fus accueillie chaleureusement par l’ensemble du corps enseignant. Les mêmes personnes qui quelques années plus tard allaient s’entredéchirer sur le choix d’un directeur travaillaient encore, à ce moment-là, en bonne harmonie. Justement, c’était Gábor Bereczki qui dirigeait la chaire. C’est ainsi que je me le rappelle, un gentil professeur, très sociable, qui avait fait de cet endroit un lieu de rencontre et d’accueil apprécié. Sous sa direction il y avait presque tous les jours des personnalités extérieures, venues surtout de Finlande, qui étaient reçues chaleureusement. Le bureau du directeur restait toujours ouvert dans ces occasions, et les quelques étudiants qui s’attardaient en bibliothèque étaient invités à se joindre à la compagnie qui y conversait autour d’un verre. Certains ont pu lui reprocher que ces activités sociales prenaient le pas sur le travail ; je ne suis pas d’accord avec ce reproche : l’atmosphère familiale et chaleureuse de la chaire ne pouvait qu’inciter ceux qui y étaient associés à travailler dans la bonne humeur et à se sentir partie prenante d’un réseau international, d’une entreprise excitante. Cette bonne atmosphère était marquée par les sorties de la chaire, où enseignants, étudiants et invités étaient associés. J’ai le souvenir d’une sortie dans les vignobles du Balaton, organisée par János Pusztay, à laquelle, parmi d’autres invités, se trouvait le finno-ougriste allemand Wolfgang Veenker. La bonne humeur régnait. Je me souviens du dîner dans une auberge sur le chemin du retour, et j’ai eu récemment l’occasion de réévoquer cette soirée avec Pusztay et de constater que nos souvenirs coïncidaient. Les conversations portaient sur la religion. Nous étions en pleine Hongrie socialiste : peu étaient pratiquants, mais tous percevaient
GÁBOR BERECZKI9leur héritage religieux et l’assumaient en disant « je suis catholique – luthérien – calviniste… ». Et au cours de cette conversation, où personne ne craignait d’avouer son appartenance à une tradition, il apparut qu’une majorité était d’origine protestante – luthérienne ou calviniste – dont Bereczki lui-même. Là-dessus, Péter Domokos prit sur lui d’aller à contre-courant en déclarant : « Mais moi, je suis catholique ! » Cela lui attira un gentil commentaire de Bereczki, qui détendit l’atmosphère, laquelle s’était légèrement tendue : « Ce n’est pas grave, Péter, ce qui compte, c’est la 1 santé . » Mais au-delà du mode de direction de Bereczki, j’ai été marquée par la manière dont il concevait son travail d’enseignant. Avide de découvrir cette discipline qui déjà me passionnait par sa diversité, j’avais commencé à assister à tous les cours possibles, puisqu’il n’y avait rien à Paris d’équivalent. Entre autres, il y avait les cours de différentes langues finno-ougriennes : oudmourte et komi (EnikőSzíj), nenets (Péter Simoncsics), same (György Lakó) et mari (Bereczki en personne). Presque tous reposaient sur le e même principe : lecture de textes dialectaux recueillis au XIX e siècle ou au début du XX , qui servaient de base à des commen-taires grammaticaux et lexicaux. Seul Lakó faisait un cours théorique en commençant par la phonologie (en deux mois, nous étions arrivés auaMais les cours de Bereczki avaient vélaire…). une qualité particulière. Tout d’abord, même s’il appliquait la même méthode que tous les autres, c’est-à-dire qu’il enseignait le mari comme une langue morte, à partir des textes recueillis par Ödön Beke en 1919-20 auprès des prisonniers de guerre, il y investissait toute son érudition et sa connaissance pratique de la langue. Il nous disait comment telle ou telle expression s’utilisait dans la langue parlée. Et il avait la capacité de répondre à toutes nos questions. Je n’étais pas seule en effet, nous étions deux, un étudiant russe, Oleg Rainbekov, et moi. Bereczki avait réussi à nous enthousias-mer au point que bien des mois après, nous nous envoyions des cartes postales écrites en mari – en transcription finno-ougrienne 1 En hongrois : «Nem baj, Péter, nem baj… Csak egészség legyen!»
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