Les touristes
454 pages
Français

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Les touristes , livre ebook

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Description

La conquête du tourisme pour tous s'est déroulée à travers l'histoire, suivant des étapes corrélées aux progrès sociaux et technologiques majeurs. Des précurseurs aux professionnels à l'aube du tourisme moderne s'est ainsi dessiné le passage du voyage imposé à la figure libre du tourisme d'agrément. C'est cette saga que ce texte cherche à retracer, en plaçant le vécu du touriste au coeur du sujet, dans une dimension humaine privilégiée, faisant pour cela appel à toutes les formes de témoignage, récits de voyage, mémoires, mythes, romans...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140031038
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Alain VANNEPH








L ES TOURISTES, NE HISTOIRE D’ARGENT, DE TEMPS ET D’ENVIE

Des précurseurs aux professionnels
Copyright
















© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-78339-0
INTRODUCTION
« Mais les brav’s gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux… /je ne fais pourtant de tort à personne/en suivant les ch’mins qui ne mèn’nt pas à Rome… » (Georges Brassens, La mauvaise réputation , [1952] Poèmes et chansons , 1973)
Brassens ne parlait que po ur lui, touriste de la vie, mais il avait aussi porté dans ces mots, involontairement, et c’est le talent des poètes, une belle évocation du touriste. Mais comment en est-on arrivé à cette mauvaise réputation ? Quelle est l’histoire des touristes conduisant à cette détestation commune du tourisme « de masse » ? Et si, en écrivant cette histoire, il était possible de corriger un peu cette réputation ?
Tous, sans doute, nous sommes, nous avons été, nous serons touristes. Parfois même en classe par exemple, certains ont-ils déjà été traités de touristes. Comme le reflète ce légendaire commentaire de conseil de classe d’un professeur à propos d’un élève assez peu assidu à son cours : « Un vrai touriste, au moins, aurait pris des photos… » Dans tous les médias, le touriste est quotidiennement mangé à la sauce économie, emploi ou environnement, et décliné en tourisme culturel, tourisme alternatif, durable, international, spatial, etc… Et bien entendu tourisme « de masse ». Les chiffres de fréquentation témoignent de l’importance quantitative, croissante. Accélérée ? Inquiétante ?
Le touriste se présente plus comme objet de critiques que d’intérêt. Y compris de la part des touristes, eux-mêmes. Pas toujours avec autant d’humour que George Sand, pourtant elle-même grande touriste de son époque : « Je me suis demandé, en regardant attentivement (…) les cinquante Anglais des deux sexes qui chaque soir se renouvelaient autour de la table d’hôte de la Suisse, quel pouvait être le but de tant de pèlerinages lointains, périlleux et difficiles et je crois avoir fini par le découvrir. Voici : pour une Anglaise le vrai but de la vie est de traverser les régions les plus élevées et les plus orageuses sans avoir un cheveu dérangé dans son chignon. » (George Sand. Lettre X, œuvres autobiographiques . La pléiade , 1971. p.898.)
Un commentaire qui par ailleurs illustre le rattachement à des origines britanniques, voire à la notion de « Grand Tour ». (Voir chapitre I, p. 49.)
Il y a bien des soutiens, mais demeurant l’exception qui confirme la règle. Ainsi saint Augustin : « Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page » ou Mme Rolland ( Lettre sur la Suisse , 1787) : « Tout homme assez libre pour faire ce voyage, mais que l’appréhension de la fatigue ou des dangers peut retenir (…) est un malheureux (condamné) aux privations de grands plaisirs ou un lâche fait pour croupir dans la mollesse ou l’oisiveté… »
C’est donc à la fois pour pallier le déficit d’information, et dans une certaine mesure, réhabiliter le touriste face à ce péché, en montrant dans son évolution une marche vers un progrès au moins social, que ce texte trouve une de ses justifications, et son orientation en tentative de réponse à deux défis :
1- Une étude globale, faisant appel à toutes les composantes du tourisme et de son évolution et à leurs combinaisons différentes dans le temps et l’espace : la société, les transports, l’hébergement.
2- Une approche centrée sur le touriste, sa personnalité, sa diversité, ses problèmes, ses plaisirs, ses déceptions, son quotidien, en se fondant le plus possible sur ses récits.
L’histoire du tourisme est une longue marche, accidentée de seuils délimitant des époques, certes non structurées par des frontières précises et indiscutables, mais suffisamment nettes. Établies à la fois par les grands évènements historiques globaux, marqueurs et intervenants, et par les ruptures propres au monde du voyage. Dans une histoire globale, qui impose la mise en évidence des contraintes extérieures et des facteurs sectoriels tenant notamment à la nature duelle du projet de tourisme. La volonté et la possibilité…
Le psychologique, l’intangible, l’humain ont longtemps approché le voyage comme une nécessité, voire une condamnation, avant de laisser place à une part de choix, puis d’y considérer un agrément, pour enfin basculer de l’envie au besoin.
Vient ensuite le tangible, matériel conditionnant la capacité d’expression réelle de l’envie. Ce qui d’ailleurs souvent rétroagit l’un sur l’autre naturellement. Pas seulement par l’intermédiaire de la sécurité et du confort.
Un conditionnement matériel lui-même double : pour voyager, il faut du temps, et de l’argent. Deux variables, elles-mêmes évoluant en dépendant à leur tour de deux sources : des conditions socio-économiques de l’époque (temps de travail officiel, richesse et extension des classes moyennes, etc.) et des conditions matérielles du voyage, moyens de transport et d’hébergement de l’époque (coût, fiabilité, etc.) La combinaison de ces différents éléments petits et grands, sectoriels et généraux, conduit ainsi à distinguer quatre phases dans l’histoire du tourisme.
Une préhistoire, où le « voyage » se facilite peu à peu, évoluant jusqu’aux prémisses du tourisme avec le Grand Tour, à travers une permanence de l’importance des faits religieux et des thermalismes (sous des formes parfois très proches…), jusqu’au clivage imposé en Europe par la Révolution française et les guerres napoléoniennes.
Un temps de transition, dans la première moitié du XIX e siècle, associant continuités et grandes nouveautés, lié à la paix, aux effets de la « Révolution industrielle », aux nouvelles classes solvables, prenant la suite des élites et des premiers marginaux touristes, grâce à l’avènement de la vapeur dans la navigation et le chemin de fer.
Une expansion autour des années 1860/1870, autour de la banalisation du train, conduisant à une « Belle Époque » qui sera aussi la première belle époque du touriste, pourvue déjà de beaucoup de ses caractéristiques contemporaines, et nourrie de l’essor des classes moyennes, engendrant la première « industrie » du tourisme. Avant la rupture de 1914.
Une nouvelle phase dans l’entre-deux-guerres, se nourrit de turbulences, extérieures et intérieures au tourisme, avec l’irruption du pétrole, et de ses vecteurs nouveaux de transport, auto et avion, avec aussi l’apparition du tourisme populaire, et la nouvelle dimension sociale, voire politique, dans le cadre, plus large, des loisirs.
Précédant (ce sera une autre époque et un autre texte) les « Trente glorieuses » et l’aboutissement annoncé d’un touriste de plus en plus intégré dans le système, économique, « industriel-capitalistique », de la professionnalisation, de la consommation et de la démesure…
Avec pour chaque époque des formes nouvelles, des continuités – pèlerinages, thermalismes, notamment – plus ou moins renouvelées, et des espaces, lieux sociaux où se cristallisent ces formes touristiques dominantes, et où se rendent de manière privilégiée les touristes. Et effectivement de manière parfois trop privilégiée…
Touriste : des maux, peut-être, mais un mot d’abord ; de la même manière qu’il existe, dans l’histoire et aujourd’hui plusieurs définitions du « tourisme », l’étymologie se présente également floue. Il est vrai qu’elle est à la fois britannique et française…
Comme le tennis le mot tourisme ou touriste illustre les liens curieux lexicaux – mais pas seulement – entre le français et l’anglais… Il se forme, semble-t-il, outre-Manche au XVII e siècle sur le mot français tour, compris dans le sens du voyage en général circulaire, pratiqué par l’aristocratie britannique sur le continent, identifié ensuite sous le terme « Grand Tour ». En découverte de la partie « noble », c’est

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