Maltraitance en EHPAD
194 pages
Français

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Maltraitance en EHPAD , livre ebook

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Français

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Description

Ce livre explore les différents lieux du vivre ensemble en EHPAD avec ce qui fait la souffrance de l'usager et la pénibilité du travail. Il en résulte une approche ample et concrète qui permet d'interroger les situations auxquelles sont confrontées les personnes âgées et les intervenants. La maltraitance en creux se loge dans les négligences, inerties, habitudes ou rigidités, qui, inconscientes viennent grever le quotidien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 86
EAN13 9782296508712
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Henri MIALOCQ






Maltraitance en EHPAD

Chronique de ces petits riens
qui nuisent au quotidien








L ’ H ARMATTAN
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-98699-2
EAN : 9782296986992
Préambule

La violence appartient à notre monde, à son histoire passée, et nous pouvons le supposer, à venir. Aujourd’hui encore, elle se traduit par des actes d’intensités variables et parfois insupportables, en particulier quand elle vise des personnes vulnérables.

La violence se présente comme la forme extrême de l’agressivité 1 . Elle trouve ses racines au cœur de l’homme, dans ses pulsions profondes, et à ce titre se montre terriblement ordinaire, fréquente et difficilement contrôlable. Pour autant, elle doit l’être afin de maintenir une cohérence de vie du sujet lui-même et une cohésion dans la société.

La violence s’origine dans les pulsions profondes que l’être humain porte en lui dès sa naissance 2 . Vivre, c’est d’une certaine façon tisser des liens entre les choses et les gens à partir des réalités intrinsèques – mais contradictoires – de tout sujet. La violence, dirigée contre les autres ou contre soi, révèlera l’opposition ordinaire, évidente ou insidieuse, aux processus vitaux.

On remarque parfois qu’il y a un certain plaisir à la violence. Comme si celle-ci procurait une jouissance : plaisir de souffrir ou de faire souffrir, fascination pour le malheur, ou complaisance de la plainte. Ces réalités fréquentes, plus ou moins conscientes, compliquent le repérage de la violence et l’implication du sujet dans ce qu’il vit ou ce dont il se plaint, y compris dans les institutions accueillant un public vulnérable.

La violence peut se révéler avec d’autant plus d’intensité qu’elle survient dans des contextes particuliers. Daniel Sibony en évoque trois : l’injustice, la peur et la règle.
L’injustice, qui est la forme morale de « l’injustesse » entre les personnes et/ou les groupes, suscite légitimement la révolte personnelle ou collective, parfois violente.
La peur, en partie archaïque et profonde, déclenche des réactions incontrôlées. Elle peut être comprise comme une véritable effraction identitaire où le sujet perd peu ou prou ses repères habituels et compense cette perte par des réactions impulsives, profondes et violentes.
La règle enfin, suscite la violence en tant qu’elle organise le collectif en restreignant l’individuel et qu’elle est perçue comme oppressante. La réaction à la règle pourra être aussi bien l’obéissance que la transgression, ou de façon pernicieuse, le détournement de la loi.
Prudence à ne pas ramener les causes au seul contexte. Il nous semble fondamental de redire combien l’origine de la violence se situe d’abord en l’homme, avant que dans les interactions avec son contexte de vie, même si le sujet et son environnement entretiennent une relation circulaire d’influences réciproques.

Dans les institutions accueillant un public vulnérable, la violence prendra le plus souvent des formes insidieuses et/ou manifestes, relatives aux intervenants ou à l’usager. Elle devra chaque fois être interrogée dans l’articulation complexe entre sa cause, inhérente au sujet et son contexte relatif à la situation de vie et de travail en institution. Son dénouement s’avèrera complexe et difficile. Pour autant, il doit être mis en chantier.

La vulnérabilité du public accueilli augmente la responsabilité des intervenants et l’importance de leur discernement devant les gestes et attitudes qu’ils prodiguent. La précipitation par exemple, que l’on impute directement à la charge de travail ou aux contraintes extérieures que sont les rythmes imposés par l’institution, ne doit pas faire l’économie d’une interrogation personnelle. Comment l’intervenant est-il partie prenante et pourquoi pas inconsciemment jouisseur – de ce dont il se dit prisonnier ? Ce questionnement d’allure provocatrice s’il en est, interroge le sujet. Dans la relation humaine, les éléments majeurs sont relatifs aux personnes telles qu’elles se situent par rapport à elles-mêmes, et au contexte de vie ou de travail. La vulnérabilité de l’un des interlocuteurs accroit la dissymétrie de la relation et renforce l’exigence d’un travail sur soi que doit faire l’intervenant.

La reconnaissance de la réalité ordinaire de la violence, de celle de l’amour – au travers de l’attachement possible et libre envers les personnes dont on s’occupe – et enfin du contexte de vie et de travail en collectivité, peut déboucher sur une qualité de vie et de bonnes pratiques. Reconnaître le poids de la violence n’est pas une façon de s’y assujettir, mais de s’en libérer.
Nommer les choses permet, malgré le dérangement personnel ou collectif que cela occasionne, des perspectives renouvelées. Parler la violence, en soi, chez l’autre, ou dans les contraintes, dégage un nouvel espace de relation qui est « l’autre de la violence », celui où l’on peut trouver le plaisir de vivre et de travailler, ouvert de façon plus large sur l’avenir de l’homme.
1 Freud nous dit qu’elle constitue « une disposition instinctive, primitive et autonome de l’être humain et que la civilisation y trouve son entrave la plus redoutable ». En effet, la violence concourt à la destruction de l’individu ou de la communauté humaine et doit être convertie en énergie en vue du « vivre ensemble ».
2 La pulsion de mort, par exemple, qui se décline dans l’histoire du sujet par la tendance à la destruction, le retour vers un état inorganisé, la régression ou la déliaison – rupture des liens de cohérence, dans la colère par exemple.
Introduction
Cette réflexion s’adresse aux professionnels et intervenants en EHPAD (Etablissement Hébergeant des Personnes Âgées Dépendantes). Ils sont les principaux acteurs de la bonne marche d’une maison et contribuent largement à la qualité de vie et de travail dans celle-ci.
Au travers de cet écrit, il s’agit d’inviter à reprendre les réflexions qui sont menées dans les EHPAD et cela, du point de vue de la prévention des maltraitances passives. Il s’agit aussi de contribuer à repositionner le repérage des risques de maltraitance et d’orienter les pratiques vers plus de bienveillance.
Ce programme est à la fois classique et ambitieux : classique parce qu’il reprend des éléments que nombre d’institutions mettent à leur actif en termes de recherche de qualité de vie et de bonnes pratiques ; ambitieux parce qu’il souhaite reprendre à frais nouveaux, certains positionnements trop vite admis, et apporter des éléments de réflexion plus spécifiques à partir de l’approche psychanalytique.

En ce qui concerne les maltraitances passives, nous aborderons les dommages auquel le résident d’un EHPAD peut être confronté et proposerons des pistes de travail pour améliorer les pratiques aussi bien d’un point de vue individuel, en équipe et relativement à la dynamique institutionnelle.

La réflexion proposée résulte d’un travail d’évaluation mené dans une cinquantaine d’EHPAD du département des Pyrénées-Atlantiques, à la suite d’une initiative du Conseil général : prévenir les maltraitances institutionnelles.
Nous-mêmes, en tant que psychologue et à partir de la théorie psychanalytique, sommes chargés de cette mission de prévention. Nous y apportons nos outils en termes de repères et de préconisations à partir d’un référentiel mis en place par différentes associations, administrations et professionnels institutionnels 3 .
Cette démarche a permis de dégager plusieurs « lieux » à interroger pour prévenir les maltraitances – en particulier passives – dans les institutions. Ils sont au nombre de trois :

– La problématique de l’usager au travers de la réponse à ses besoins globaux – et non pas seulement relatifs à la santé –et de la prise en compte de ses droits.

– L’intervention des professionnels avec le repérage du contenu de leurs missions, des modalités d’organisation du travail et la circulation des informations.

– Et enfin, la dynamique institutionnelle qui représente à elle-seule un élément majeur de la politique d’intervention dans ses principes et ses modalités. Le management d’une part, la mise en place des outils de la loi du 02/01/02 d’autre part et, enfin, la procédure de prévention et de traitement des maltraitances sont les outils institutionnels à interroger pour vérifier les conditions qu’offre l’institution pour promouvoir des bonnes pratiques.

L’ensemble de cette approche

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