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MAROC - ALGÉRIE Analyses croisées d’un voisinage hostile , livre ebook

258

pages

Français

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2011

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2011

EAN13

9782811104580

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Sous la direction du Centre d’Études Internationales
MAROC Analyses croisées
- ALGÉRIE d’un voisinage hostile
MAROC-ALGÉRIE ANALYSES CROISÉES D’UN VOISINAGE HOSTILE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture: Création Simon Gléonec
© Éditions KARTHALA, 2011 ISBN : 978-2-8111-0458-0
Sous la direction du CENTRE D’ÉTUDES INTERNATIONALES
Maroc-Algérie Analyses croisées d’un voisinage hostile
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Ouverture
CENTRE D’ÉTUDESINTERNATIONALES
Approcher les relations entre le Maroc et l’Algérie est à l’évidence un exercice ingrat. Quiconque s’y invite serait, d’entrée de jeu, frappé par 1 leur nature « difficile et complexe » , par cette « introuvable réconcilia-2 tion » entre deux voisins au destin commun. La persistance de la fracture algéro-marocaine discrédite d’office tout regard croisé que, pourtant, marocains et algériens sont censés devoir pratiquer pour survivre à leur malentendu. Tout allait pour que le Maroc et l’Algérie deviennent, après leurs indé-pendances respectives, le moteur de l’intégration maghrébine. Tout d’un coup, les deux voisins basculent dans une adversité mutuelle presque endémique. Depuis 1963, date de l’éclatement de la guerre des sables, les relations entre les deux voisins se sont particulièrement tendues, occa-sionnant des affrontements militaires et des ruptures de relations diploma-tiques. Initialement, la source du malentendu résidait dans un contentieux frontalier, avant que l’Algérie ne développe une attitude systématique de rivalité envers le Royaume. Aujourd’hui, le devenir des relations maroco-algériennes laisse entrevoir trois scénarios. Le premier se rapporte à une escalade algéro-marocaine porteuse de risques de confrontation militaire et d’embrasement de toute la région. On en voudra pour indicateur le surarmement de l’Algérie et le surpoids politique de l’armée dans ce pays. Le deuxième gît dans la persistance dustatu quo, avec un risque moins probable de confrontation militaire. Ce scénario se nourrit de l’enlisement de cette fameuse
1. Benjamin Stora, « Maroc-Algérie : réflexions sur des relations complexes, difficiles », Les Cahiers de l’Orient, n° 58, 2000, pp. 11-24. 2. Lahouari Addi, « Introuvable réconciliation entre Alger et Rabat »,Le Monde diplomatique, décembre 1999, pp. 12-13.
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« Guerre froide » entre Rabat et Alger sur fond de durcissement algérien et d’impasse au niveau des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Le troisième implique le règlement définitif du différend saha-rien et la normalisation des relations maroco-algériennes. Une telle évolu-tion appelle, ainsi qu’il est développé ci-après, des transformations profondes à l’échelle des protagonistes eux-mêmes comme à celle de l’environnement international. Parce qu’il est souhaité, ce troisième et dernier scénario mérite qu’on s’y attarde. Il se nourrit principalement de quatre hypothèses capables de se produire de façon combinée ou isolée selon le concours des circonstances. La première hypothèse, la plus prometteuse en termes de déver-rouillage de l’écheveau saharien, correspondrait à une démilitarisation profonde du Régime politique algérien. En effet, dans ce pays, la strato-cratie constitue non seulement un pôle de résistance aux transformations démocratiques du pays, mais travaille aussi à pérenniser le conflit saha-rien, précieux alibi dont le Pouvoir militaire algérien se sert pour survivre sur l’échiquier politique national. La « civilisation » du Régime politique algérien, pré-requis fondamental pour que ce dernier convainque de ses prétentions démocratiques, est propre à donner une forte impulsion à la normalisation des rapports avec le Maroc, ne serait-ce que parce que, en bonne théorie démocratique, le Pouvoir civil valorise la paix et proscrit la guerre. La deuxième hypothèse a trait aux opportunités qu’ouvrira le Projet Marocain d’Autonomie (PMA), une fois entériné par la Communauté internationale. Ledit plan, qui propose une large autonomie territoriale et fonctionnelle au profit des régions du Sud du Royaume, banalisera à terme les revendications séparatistes. Les populations sahraouies qui ont, de longue date, fait l’objet d’une désinformation constante sur la portée du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en viendront alors à s’imprégner des finalités authentiques de l’autodétermination, finalités réinventées à la lumière des mutations récentes de la territorialité et des droits historiques du Royaume. La troisième hypothèse, tout autant vraisemblable, serait le produit de changements profonds dans la démarche des instances internationales et régionales (Organisation des Nations Unies [ONU], Union Européenne, Union Africaine, etc.) et des États tiers dont le rôle a été jusqu’ici d’observer et d’accompagner, bon an mal an, le processus de paix instauré en 1991. Si, à ce jour, le bilan de ces acteurs demeure plutôt mitigé et, en toutes hypothèses, impropre à insuffler aux négociations en cours la vigueur nécessaire, le souci de ménager une Algérie qui ressurgit sur l’échiquier géopolitique régional au terme d’une longue guerre civile, n’est pas sans déterminer ce bilan. Force est cependant de relever que le consensus – en état de latence, il est vrai – qui est en passe de se cristal-
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liser autour du PMA est de nature à décider ces Puissances à adopter des postures moins distantes et assez volontaristes pour mettre fin au diffé-rend. Qu’il s’agisse d’une Résolution ferme du Conseil de sécurité de l’ONU, d’une motion catégorique du Parlement Européen ou d’une prise de position sans équivoque d’États comme l’Espagne ou les États-Unis, il ne manque qu’un pas pour que la sagesse l’emporte sur la déraison. La quatrième hypothèse table plutôt sur les possibilités, de plus en plus avérées, d’une désintégration interne du Polisario. Sur ce registre, les indicateurs de dégénérescence du projet séparatiste sont multiples et de poids variables. On en cite, à titre d’exemple, la dégradation des condi-tions de vie des populations assiégées, les retraits en série de la reconnais-sance de la prétendue République Arabe Sahraouie Démocratique, l’appui international à l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara et les rapatriements volontaires des marocains séquestrés dans les camps de Tindouf. Au rang de ces indica-teurs, le retour de plusieurs personnes séquestrées dans la Hmada de Tindouf serait le détonateur le plus explosif de ce processus de délite-ment. La raison en est simple : le caractère attractif, viable et équitable de l’Initiative marocaine. Autant dire que la déraison est en passe d’atteindre des seuils inquié-tants dans cette zone aux enjeux sécuritaires et géopolitiques délicats. Les récents étalages de force d’Al-Qaïda aux Pays du Maghreb Islamique (AQMI), manifestés par l’enlèvement de ressortissants étrangers et des manœuvres militaires dans la zone sahélo-saharienne, plaident pour une mobilisation forte de la Communauté internationale pour abréger les maux du Sahel et du Sahara. Chemin faisant, la connexion entre le Front Polisario et AQMI, naguère une hypothèse invraisemblable, est aujourd’hui dotée d’un coefficient non négligeable. Ainsi que le confir-ment moult investigations, dont la dernière en date du mois d’août de l’année 2010 est celle d’un écrivain-journaliste espagnol, M. Chema Gil, la collusion d’intérêt entre le Front séparatiste et la branche maghrébine d’Al-Qaïda aurait pris une ampleur sans précédent. Le journaliste espa-gnol en veut pour preuve l’absence de confrontation entre le Polisario et AQMI sur un territoire où aucun assaut ne s’est jusque-là produit contre les coopérants et les convois humanitaires à destination des camps de Tindouf. Alors que les auteurs du présent livre s’apprêtent à l’acheminer vers l’éditeur, ils apprennent que les Autorités algériennes ont accédé à la demande d’une organisation civile maghrébine, en vue de l’ouverture des frontières avec le Maroc, ne serait-ce que provisoirement, pour faciliter le transit d’un convoi humanitaire à destination de la ville palestinienne de Gaza. Gage de bienveillance, cette décision de circonstance – valable les 27 et 28 septembre 2010 – traduit une certaine sensibilité des Autorités
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algériennes à l’égard d’un enjeu capital, à savoir la solidarité avec le peuple palestinien. L’observateur a néanmoins de légitimes raisons de s’interroger pourquoi les Pouvoirs publics algériens ne se montrent pas aussi sensibles à un autre enjeu, tout autant vital que l’enjeu palestinien, à savoir la construction du Maghreb arabe qui ne saurait aller avec le main-tien des frontières en état de fermeture indéfinie. Fait de promesses et d’incertitudes, ce constat mitigé est aussi celui d’un haut émissaire onusien. Dans la longue durée, lit-on dans une lettre de M. Christopher Ross, l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, « (…) les situations destatu quodeviennent inacceptables. Les risques de dérive vers des activités extrémistes ou criminelles commencent à prendre de l’ampleur parmi les jeunes. L’hypothèse qu’une aventure militaire ou paramilitaire dégénère en une confrontation directe ne fait qu’aggraver l’échec de la diplomatie à réaliser des progrès. Les coûts intérieurs sont élevés, particulièrement pour le Maroc. À défaut d’un règlement définitif du différend, l’intégration régionale, le dévelop-pement et la coopération globale dans les domaines de sécurité sont hypo-théqués. La prolongation de la misère humaine dans les camps est cruelle. En l’absence d’une solution, la reconnaissance internationale d’un statut 3 pour le Sahara occidental ne semble pas être pour demain » .
3. Lettre de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occi-dental, M. Christopher Ross, New York, le 10 juin 2010, p. 6. Texte disponible seulement en anglais, traduction non officielle.
PREMIÈRE PARTIE
AUX ORIGINES DE LA POLITIQUE SAHARIENNE DE L’ALGÉRIE
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