La lecture à portée de main
158
pages
Français
Ebooks
2006
Écrit par
Benoît Bayle
Publié par
L'Harmattan
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2006
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Publié par
Date de parution
01 juin 2006
Nombre de lectures
73
EAN13
9782296150348
Langue
Français
Publié par
Date de parution
01 juin 2006
Nombre de lectures
73
EAN13
9782296150348
Langue
Français
Collection « Psychanalyse, médecine et société »
Dirigée par Abram COEN
La psychanalyse, familière du désir sous-jacent aux mouvements qui traversent le sujet dans la cité (médicalisation de la procréation, de la vie et de la mort, bouleversements éthiques, et générationnels) questionne les nouveaux confins entre corps, psychisme et société. Elle interpelle également le désir de l’analyste quand, quittant son fauteuil, il est aux prises avec le réel économique et social, autant de mutations qui affectent tout particulièrement le noyau de notre civilisation : le cadre familial. Ces interrogations d’actualité seront reprises dans notre collection qui tentera de les mettre en débat.
Éditions PENTA
“Il n’y a de psychanalyse que dans son questionnement de l’Autre-Scène. Les éditions PENTA se proposent d’interroger cette psychanalyse dite - à tort - ”appliquée“ (à tort car ”il n’y a de psychanalyse appliquée que sur le divan“, disait Lacan), en investissant ces cadres extérieurs qui lui insufflent (avec la clinique du cabinet) ses plus brillantes avancées : l’art, la littérature, la philosophie et les phénomènes de société. Loin de l’auto-engendrement stérilisant, la psychanalyse à venir se doit de se référer à ces autres discours qui expriment les ”malaises“ (”Unbehangen“ disait Freud) qui bouleversent les assises identitaires de l’homme moderne et de ses cultures”.
Maternité et traumatismes sexuels de l'enfance
Benoît Bayle
Du même auteur :
- L ’embryon sur le divan. Psychopathologie de la conception humaine . Masson, Paris, 2003
- L’enfant à naître. Identité conceptionnelle et gestation psychique . Erès, Ramonville Saint-Agne, 2005
- L’identité conceptionnelle. Tout se joue-t-il avant la naissance ? Cahier Marcé N° 1, Penta - L’Harmattan, Paris, 2005
www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296008731
EAN : 9782296008731
Sommaire
Collection « Psychanalyse, médecine et société » - Dirigée par Abram COEN Éditions PENTA Page de titre Du même auteur : Page de Copyright Préface Avant-propos Le « cas » Anna Rose - Une clinique de l’interface soma-psyché A propos de deux études rétrospectives traitant des antécédents de violences subies par les femmes dans leur enfance Abus sexuels et maternité Comme une boule de billard - L’impact du bébé sur la libido de la mère Comment accompagner la grossesse dans le cadre d’une unité prénatale ? Penser la prise en charge pluridisciplinaire en maternité La naissance d’une femme - Un accompagnement psycho-obstétrical Défataliser ! Présentation des auteurs Coédition Penta / l’Harmattan
Préface
Jean-François Allilaire 1
Saluons cette deuxième livraison des cahiers MARCÉ consacrés cette fois-ci à la question de l’impact sur la maternité des traumatismes sexuels de l’enfance.
Comme pour le Cahier N° 1 et dans l’esprit qui anime depuis sa création la Société Marcé Francophone, il s’agit, ici autour d’un cas clinique emblématique, de creuser et d’explorer de plus en plus finement la clinique psychopathologique mise à jour à l’occasion d’une maternité avec tout les souvenirs enfouis dans son passé ce que cet évènement vient faire resurgir chez la jeune future mère.
Il faut d’abord apprendre à regarder et à lire cette clinique singulière révélée par un évènement qui agit souvent comme une véritable situation expérimentale avec des effets pathogènes sur la mère comme sur l’enfant, mais qui comporte en même temps une haute potentialité thérapeutique si l’on sait structurer le cadre d’intervention approprié.
Ces interventions thérapeutiques de la périnatalité dont Marcé fut le premier à avoir pressenti l’importance, nous devons apprendre à saisir leur complexité et leur richesse, savoir y faire intervenir tous les partenaires comme l’obstétricien, la sage-femme, le médecin, le pédiatre et la puéricultrice qui jouent un rôle essentiel dans la structuration du champ ainsi constitué. Ici le psychiatre, le psychologue ont le rôle de « conteneur » qui permet d’exploiter le potentiel de cette situation qu’il faut appréhender comme un cadre contenant dont le matériel psychopathologique contenu est dévoilé de façon quasi traumatique.
On voit bien que la problématique de la maternité et de la périnatalité peut constituer une situation bien particulière où de nombreux drames peuvent s’enclencher, mais aussi parfois où de nouvelles chances peuvent être exploitées en fonction des paramètres en présence et surtout lorsque des interventions psychothérapiques peuvent être conduites en connaissance de cause.
Dans ce cahier, un certain nombre d’aspects sont particulièrement soulignés par les auteurs mais surtout : - L’importance de l’accompagnement psycho-obstétrical de la grossesse qui conditionne souvent l’avenir de la relation mère-enfant. - L’importance de l’impact sur ces générations suivantes des violences sexuelles subies par la génération précédente qui justifie leur prise en compte active si besoin dans le cadre de la périnatalité. - L’importance de l’intervention en périnatalité pour procéder à des actions de prévention des facteurs de risques transgénérationnels d’agression sexuelle par une saisie des mécanismes de répétition traumatique d’une génération à la génération suivante.
Voilà en quelques mots les passionnantes questions abordées dans ce cahier qui nous montre à quel point la clinique reste le trésor naturel dans lequel le psychiatre doit intervenir pour exploiter les filons que la pathologie met à jour et en extraire les pépites dont la valeur inestimable peut permettre de transformer l’avenir de ces blessées de la vie et peut être de leurs enfants.
Avant-propos
Benoît Bayle 2
Les deux doigts de sa main droite semblent ceux du gynécologue, enfoncés dans son vagin. Isabelle 3 précise aussitôt le mouvement, les deux doigts vont de haut en bas. « Celui-là ! Il prenait son pied ! Le salaud, je suis pas prête à le revoir...» Sans l’expliciter davantage, Isabelle semble persuadée que le médecin a abusé d’elle pendant l’exécution de ce toucher vaginal. Pourtant, elle paraissait avoir décrit auparavant un examen gynécologique ordinaire. Son ton explosif et revendiquant aurait pu faire craindre un abus sexuel authentique, perpétré par le médecin, si je ne connaissais déjà son histoire et les projections envahissantes qui fusaient de toute part, affectant notamment l’espace psychique de sa fille aînée, Marianne, suivie en hôpital de jour 4 .
Isabelle vérifiait régulièrement l’hymen de sa fille, jusqu’au jour où une psychologue reprit cette situation intrusive avec elle. Aujourd’hui, elle ne supporte pas que sa fille ait des gestes tendres sur les genoux d’un homme, elle la retire immédiatement. Lorsque Marianne danse, elle interprète les mouvements de sa fille comme des provocations sexuelles susceptibles d’aguicher l’homme. Un homme pointe un doigt sur la poitrine totalement impubère de Marianne : « il n’a pas à toucher ses gougouttes ! » Isabelle parle de sa fille âgée de sept ans comme s’il s’agissait d’une adolescente. Le soir, elle ne supporte pas que son compagnon approche du seuil de la chambre où dort l’enfant. « J’ai failli lui sauter à la gorge », raconte-t-elle. L’espace maternel est accaparé par le traumatisme sexuel passé. De son côté, Marianne se montre envahie par la sexualité. Elle embrasse un autre enfant sur la bouche, touche une fille au sexe...
Durant sa propre enfance, Isabelle a subi les violences sexuelles de son beau-père et elle est perpétuellement obnubilée par la crainte de la répétition des traumatismes qu’elle a subis. Chaque homme semble être un agresseur potentiel, et l’actualité lui donne constamment raison. Paradoxalement, ses propres attitudes sont inadaptées. Sa difficulté à supporter la tendresse de sa fille rend peu affectueuse cette femme survoltée, et Isabelle confond sans cesse l’affection de son enfant avec le langage sexuel des adultes, rappelant la « confusion de langue » décrite par Ferenczi chez les agresseurs sexuels eux-mêmes. Isabelle initie trop tôt, et ma