Naître et grandir au Mali
148 pages
Français

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Naître et grandir au Mali , livre ebook

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148 pages
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Description

Annick Castan-Pons est infirmière depuis 25 ans. Au cours d'un séjour dans un village malien en 2004, la rencontre avec Bouchira, une petite fille âgée de 2 ans, hospitalisée dans un état grave, va bouleverser sa vie. Elle raconte ici les différents séjours qu'elle a effectués à Tacharane. Suite à des expériences parfois pénibles, confrontée au problème de la malnutrition infantile, l'auteur fondera l'association Ka Hagna qui veut dire "Vient manger" en Songhaï, afin d'améliorer les conditions sanitaires et alimentaires de ces enfants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2006
Nombre de lectures 241
EAN13 9782336274225
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Naître et grandir au Mali

Annick Castan-Pons
www.librairieharmattan.com Harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
©- L’Harmattan, 2006
9782296005082
EAN : 9782296005082
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Ma découverte de Tacharane -du 04/01/04 au 12/01/04 - Mon retour à Tacharane -du 20/10/04 au 01/11/04 - Troisième voyage à Tacharane - du 24 / 01 / 05 au 31/01/05 - Nous voilà donc reparties pour Tacharane - du 13/06/05 au 27/06/05 -
Je dois la réalisation de ce récit à un être qui m’est cher et qui a su croire en moi. Ses précieux conseils, ses encouragements et son expérience d’écrivain m’ont donnés confiance pour parfaire cet ouvrage.
C’est à lui mon père, que je dédis ce premier livre avec tout mon amour.
J’ai rêvé pour eux d’un bonheur sans faim...
J’ai rêvé pour ce peuple pour qui la famine est le pain quotidien.
J’ai rêvé pour ces hommes qui règlent le rythme de leur journée sur la rareté de leurs repas.
J’ai rêvé pour ces femmes dont la vie n’est que douleur et épuisement.
J’ai rêvé pour ces enfants dont le seul jeu consiste à se réfugier dans le sommeil pour oublier qu’ils ont faim...
Une petite fille déclare à sa maman que plus tard elle veut s’occuper des enfants.
Maman cherche et propose plusieurs métiers à sa petite fille : - Institutrice ? - Non, elle préfère les enfants en bas âge... - Puéricultrice ? - Oui - Il faut d’abord faire l’école d’infirmières et ensuite une spécialisation - D’accord !
La petite fille grandit, fait ses études d’infirmière...
Assiste au décès d’une petite fille de 18 mois, veut abandonner sa formation car elle ne supporte pas la souffrance des enfants, reste à pleurer des heures entières dans son lit, ne veut plus être ni infirmière, ni surtout puéricultrice...
Poursuit malgré tout ses études jusqu’au diplôme d’Etat d’infirmière sur les conseils de ses parents.
Réussit !
S’inscrit dans une école d’esthéticienne, dossier perdu, elle se voit refuser l’entrée.
Ne veut pas exercer son métier !
Prend un poste de remplacement proposé par une infirmière libérale du village d’à côté.
OK, elle accepte...
Cette façon de travailler la passionne...
Elle exerce son métier pendant 20 ans.
Sacrifie beaucoup de choses à sa carrière, se dévoue corps et âme à sa clientèle.
Vit des moments pénibles, des moments de joie... S’épuise !
A la sensation qu’elle a tout donné, qu’elle est vidée.
Il faut qu’elle laisse la place aux plus jeunes, chez qui elle retrouve l’énergie combative qu’elle a perdue.
Elle subit tous les à-coups du destin des autres, comme autant de douleurs personnelles.
Elle cesse son activité d’infirmière, se recycle dans la direction d’une maison de retraite.
Se repose durant quelques années grâce au rythme régulier et fréquent des jours de repos.
Mais le vide s’installe... Elle ne pratique plus la seule chose qu’elle sache faire :
Donner d’elle-même pour aider les autres.
Elle s’étiole aux contacts des personnes âgées, auprès desquelles plus rien n’est à espérer.
Elle a toujours rêvé d’affronter ses démons, de se confronter à ce dont elle n’a jamais pu supporter ni images, ni conversations :
La misère des enfants des pays pauvres.
L’injustice d’un monde qu’elle ne comprend pas .
Aujourd’hui, elle a du temps, son propre enfant lui échappe doucement, sa vie est calme...
Elle a besoin d’exister à nouveau dans son métier...
Mais d’une autre façon.
L’occasion se présente, elle la saisit contre vents et marées.
Elle réalise son rêve.
Elle part de temps en temps au Mali, dans un village des plus pauvres de la région de Gao : Tacharane.
Cette petite fille qui a grandi en est là !
J’en suis là...
Ma découverte de Tacharane - du 04/01/04 au 12/01/04 -
Tacharane : village à 25 Km de Gao au Mali, Aurique de l’Ouest.
- Région désertique : la brousse, aride.
- Village essentiellement musulman. Il s’étire sur 15 Km le long du Niger.
- 7700 habitants, dont 3000 enfants de moins de 5 ans.
- Anciens éleveurs, les habitants subissent l’avancée du désert.
- Le village est situé entre le sable et le fleuve.
- Les troupeaux ne trouvent plus de quoi se nourrir.
- Les habitants doivent trouver d’autres moyens de subsister.
- Ils s’exercent à la pêche, au jardinage, à l’agriculture.
- Pêche difficile, car ils ne possèdent ni la technique, ni le matériel.
- Jardinage subissant la sécheresse, les oiseaux dévastateurs, les invasions des sauterelles qui saccagent les récoltes, les violentes inondations qui détruisent tout sur leur passage.
- Culture essentiellement de mil et de riz, éphémère, possible uniquement lors des crues du fleuve.
- Artisanat difficile en raison de la rareté des matières premières.
- Village pauvre en moyens de santé, de locomotion, de ravitaillement.
- Une majorité d’analphabètes.
- Trop d’enfants à nourrir, beaucoup de malnutrition.
Je fais ce premier voyage en compagnie de mon père et d’Anita son épouse, auprès desquels je suis si heureuse de vivre ce moment !
L’association « Terre et Humanisme » organise depuis deux ans des séminaires pour les personnes désireuses de découvrir l’agroécologie dans un village du Mali. Ce séminaire est orchestré par Pierre Rabhi dont la philosophie et le travail consistent à mettre en valeur des régions pauvres et arides à l’aide de pratiques traditionnelles. C’est ainsi que l’occasion m’est donnée de me rendre sur place à Tacharane. Le séjour est agréable, les participants au séminaire sont très sympathiques, on rit beaucoup. Les habitants nous accueillent à bras ouverts.
Ils vivent dans la pauvreté pour la grande majorité, mais font preuve d’une générosité et d’une solidarité entre eux qui m’interpellent. La précarité, autant alimentaire que sanitaire, dans laquelle ils évoluent, n’entrave en rien leur bonne humeur.
Je participe avec plaisir au séminaire, durant lequel je découvrirai avec effarement les difficultés auxquelles ce peuple est confronté jour après jour. Je n’aurai plus jamais la même vision de l’Afrique. Le tourisme est une chose ; ce que je vis là-bas, ce que j’apprends, ce que je comprends, est une toute autre chose...
Durant mon séjour, j’ai eu l’occasion d’aborder les conditions sanitaires et alimentaires de Tacharane. Je découvre les difficultés que vivent les habitants au quotidien et en tant qu’infirmière, je suis beaucoup sollicitée. Je fais connaissance avec le centre de soins du village, le C.S.C.O.M. 1 et de la matrone Zaléha, responsable des accouchements avec qui je me lie rapidement d’amitié. Elle m’apprend beaucoup de choses et répond à toutes mes questions avec précision et patience. Elle me passe une commande de matériel qui font défaut dans ce centre rudimentaire et que j’essaierai de lui faire parvenir d’une manière ou d’une autre.

Bouchira, un prénom que ie n’oublierai plus
Un soir, au moment du repas, s’assied près de moi un homme effondré en proie à une grande tristesse. Sa petite fille de deux ans vient d’être hospitalisée à l’hôpital de Gao, suite à une chute dans une marmite d’eau bouillante.
Elle est gravement brûlée et son état de santé est inquiétant. Nous lui proposons, Marie-Thérèse (une participante au séminaire) et moi, de l’accompagner à Gao lors de notre passage là-bas.
Le lendemain, nous sommes donc conduites à l’hôpital de Gao, en compagnie du papa de cette petite Bouchira.
L’hôpital est un bâtiment relativement récent, bâti en dur, bien entretenu. Des allées desservent les différents pavillons selon les spécialités : nous nous dirigeons vers le service de chirurgie infantile.
Nous sommes introduites dans une chambre de 50m2 environ, comprenant deux à trois lits métalliques où sont étendus des enfants.
D’autres sont allongés à même le sol, sur des nattes en plastique. Environ huit enfants sont là, avec leur mère install&#

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