Relations : Plus de 75 ans d’analyse sociale et engagée
290 pages
Français

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Description

Cette anthologie rassemble des textes représentatifs de l’engagement de la revue dans son époque, depuis sa fondation en 1941. Regroupés autour des grands enjeux qui ont marqué chacune des périodes de l’histoire du Québec depuis la Seconde Guerre mondiale, chacun de ces textes raconte une histoire, celle des luttes sociales, des débats et des espérances qui ont animé le Québec depuis plus de 75 ans. On pourra y lire, pour ne nommer qu’eux, Fernand Dumont, Paul Arès, Gregory Baum, Renée Dupuis, Nicole Laurin, Bernard Émond.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 août 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782895969129
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Plus de 75 ans d’analyse sociale et engagée
Sous la direction de JeanClaude Ravet
© Lux Éditeur, 2017 www.luxediteur.com
e Dépôt légal : 3 trimestre 2017 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN : 9782895961840 ISBN (pdf) : 9782895969129
Ouvrage publié avec le concours du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada pour nos activités d’édition.
LISTESDESSIGLESETACRONYMES
ACDI ADDS AÉQ AFÉAS AFL API BIT CFTC CIO CJF CMED
COE CP CPMO CSF CSN CTCC ESP FFQ FLQ JEC JOC LOC MTC OIT ONU PQ
Agence canadienne de développement international Association pour la défense des droits sociaux Assemblée des évêques du Québec Association féminine d’éducation et d’action sociale American Federation of Labour Association professionnelle des industriels Bureau international du travail Confédération française des travailleurs chrétiens Congress of Industrial Organizations Centre justice et foi Commission mondiale sur l’environnement et le développement durable Conseil œcuménique des Églises Canadien Pacifique Centre de pastorale en milieu ouvrier Conseil du statut de la femme Confédération des syndicats nationaux Confédération des travailleurs catholiques du Canada École sociale populaire Fédération des femmes du Québec Front de libération du Québec Jeunesse étudiante catholique Jeunesse ouvrière chrétienne Ligue ouvrière chrétienne Mouvement des travailleurs chrétiens Organisation internationale du travail Organisation des Nations unies Parti québécois
6
RIN SJR
Liste des sigles et acronymes
Rassemblement pour l’indépendance nationale Service jésuite pour les réfugiés
Jean-Philippe Warren LESAVATARSDELAFOI: PLUS DE 75 ANS DE DOUTE ET D’ESPÉRANCE
D’emblée, tentons de faire d’une histoire immensément tortueuse et complexe une e histoire courte : le Canadien français de la première moitié duxxsiècle a habité un monde où primait l’identité catholique ; le Québec de la deuxième moitié a migré vers le monde du croire, de la transcendance et de la conscience morale ; celui d’au jourd’hui est entré dans une ère qui met davantage l’accent sur les démarches mor celées et subjectives. Nous ne sommes plus certains de nos appartenances, nous n’avons plus de vastes certitudes doctrinales auxquelles nous accrocher, mais plu sieurs d’entre nous tenons encore à un monde qui serait le reflet de nos aspirations les plus hautes. C’est cette histoire que racontent les 75 ans de la revueRelations.
La foi dans l’Église
Relationsest née à l’apogée de l’encadrement social de l’Église. Celleci avait réussi e à occuper, depuis la deuxième moitié duxixsiècle, une place sans précédent dans l’espace canadienfrançais pour une raison fort simple : la dynamique du monde industriel avait refoulé dans la sphère de la vie privée tout ce qui ne concernait pas l’accaparement capitaliste du travail. Ce processus avait laissé aux familles et aux individus la charge d’assurer par euxmêmes la production de tout le reste et cela exigeait des ressources importantes. Comme l’État préférait se décharger sur d’autres institutions de cette lourde responsabilité, ce furent, par défaut, des organismes de la société civile qui se débrouillèrent pour s’occuper des malades, secourir les pauvres, accueillir les orphelins et éduquer la jeunesse audelà de ce qu’exigeait le travail dans les manufactures. Dans les régions protestantes, divisées entre plusieurs déno minations rivales, les municipalités et les institutions locales laïques prirent géné ralement le relais. Au Canada français, ce fut l’Église catholique qui, mobilisant ses
8ressources, saisit l’opportunité qui lui était donnée d’asseoir sa domination sur la société. Elle en profita non seulement pour enseigner les mathématiques et soigner les tuberculeux, mais aussi pour soumettre les esprits forts et discipliner les déviants. Il s’ensuivit, après la Révolution tranquille, un double héritage de reconnaissance et de détestation envers le clergé et les congrégations religieuses. Pour diffuser ce programme et garantir sa légitimité, l’Église catholique canadiennefrançaise avait dès le début utilisé le portevoix des journaux et des e revues, mais c’est auxxsiècle que cet «apostolat de la presse», comme on le disait à l’époque, a véritablement pris son essor. Notamment, les oblats fondèrent à Ottawa le journalLe Droit(1913), le diocèse de Québec a lancéL’Action sociale(1907), qui deviendraL’Action catholique(1915),et les sœurs de l’Immaculée Conception com mencèrent à publierLe Précurseur(1920). Dans certains cas, ces initiatives prolon geaient des efforts entamés sous une autre forme dans les années précédentes. C’est le cas de laRevue franciscaine(19172001), un surgeon de laRevue du TiersOrdre et de la Terre sainte(18911916), et de laRevue dominicaine(19151961), née d’une Jean-Philippe Warren métamorphose de la revueLe Rosaire. Propulsée par ces changements de fond et de forme, la presse catholique prit rapidement de l’ampleur, passant, entre 1915 et 1 1940, de 18,8 % à 25 % des périodiques publiés au Québec . En marge de la « presse pieuse », axée sur la prière et l’apostolat, on retrouvait une presse d’information et une « presse de combat » qui se donnaient pour mandat de relater les faits touchant de près ou de loin l’Église catholique du Québec et formuler des raisons d’agir. Dans cet univers, les jésuites n’étaient pas en reste et dirigeaient une pléiade de publications, dont certaines jouissaient de tirages assez considérables. C’était le cas duMessager du SacréCœur(19071966), duBulletin des Ligues(19361950), des brochures de l’École sociale populaire (ESP, 19111959), dont le bulletin bimen suelL’Ordre nouveau(19361940). Les jésuites étaient cependant conscients qu’il leur manquait un véritable organe de «propagande» qui puisse s’adresser «ni à la masseni à l’élite, mais à tous ceux qui croient en la véritable démocratie, au régime des groupes de pensée libre dont la convergence d’opinion constitue le meilleur 2 indice pratique de vérité dans l’ordre de l’agir humain ». Au sein même de l’ordre, les modèles ne manquaient pas : les jésuites publiaient déjà en ItalieLa Civiltà Cat tolica(1850), en AngleterreThe Month(18542001), en FranceÉtudes(1856), en AllemagneStimmen der Zeit(1865), en IrlandeThe Irish Monthly(18731954) et aux ÉtatsUnisAmerica(1909). C’est cette dernière revue qui servit d’abord d’ins piration au futur directeur deRelations, Jeand’Auteuil Richard, et à ses trois rédac 3 teurs, JosephPapin Archambault, JosephH. Ledit et Jacques Cousineau . Dès ses débuts,Relationsse voulait une revue d’intérêt général ayant un fort volet social, dans le sillon du christianisme social porté notamment par l’ESP dont le 4 nom s’affichait d’ailleurs dans l’entête du premier numéro ). Le texte liminaire pro
clamait : «Relations:si nous avons au frontispice épelé ce nom sans article, épithète ou déterminatif, c’est désir de mieux exprimer l’ampleur de notre dessein : contri buer à l’équilibre de justice et de charité entre les divers éléments de la société, tant familiale et économique que politique et internationale, établir entre les hommes ces relations de la citéharmonieuserêvait si chrétiennement le socialiste dont 5 Péguy .» À ce chapitre, le sommaire du premier numéro laisse peu de place à l’am biguïté : on y retrouve des articles sur le bilinguisme, l’agriculture, l’alcoolisme, l’action sociale de l’Église au Moyen Âge, le cinéma, le syndicalisme et l’actualité internationale. Par la suite, les articles furent de la même encre et abordèrent la condition des classes ouvrières, la syndicalisation, les grèves, le fédéralisme, les coo pératives et les monopoles industriels (la fameuse guerre contre les trusts). Le dossier sur les ravages de la silicose dans le village minier de SaintRémid’Amherst, en mars 6 1948, demeure un moment marquant de cet engagement social de la revue . Le scan dale fut tel, comme on le sait, que l’affaire aboutit à la signature d’une rétractation 7 officielle et au renvoi de Jeand’Auteuil Richard . L’idée maîtresse de cette première époque deRelationstournait autour de l’érection d’une chrétienté par le dedans. Il fallait construire un monde catholique. N’acceptant pas la dissociation des sphères d’activités sociales provoquée par la dynamique moderne, on cherchait à rechristianiser un monde de plus en plus paga nisé. Les loisirs, l’instruction, les relations entre les ouvriers et le patronat, la poli tique, le mariage, tout devait redevenir confessionnel. L’ennemi, c’était un monde sans Dieu incarné par le communisme, la société de consommation américaine, la dissolution des mœurs, les contempteurs d’une paix sociale réglée par les principes catholiques. Dans son compte rendu de la brochureLe crépuscule de la civilisationde Jacques Maritain, Jacques Cousineau soulignait comment l’humanisme inté gral, celui de l’Incarnation, devait se substituer à l’humanisme anthropocentrique de la Renaissance. « La dialectique de l’humanisme manqué a abouti aux trois tota litarismes, communiste, fasciste et nationalsocialiste, qui, en dépit de différences radicales, présentent des analogies profondes dans leur “opposition existentielle à la présence et à l’action du Christ au sein de l’histoire humaine” et constitue un Empire païen qui nie la primauté du spirituel et substitue à l’Évangile de l’amour la doctrine de la haine.» Pour éviter de sombrer dans ces erreurs funestes, les démo craties devaient apprendre à « réviser leur table des valeurs morales » afin de faire place à l’enseignement des encycliques pontificales. « L’essentiel, c’est qu’une una nimité morale, obtenue par les voies de la liberté et de l’esprit, se réalise autour des 8 valeurs spirituelles ; là est le salut temporel des peuples .» La contradiction que les collaborateurs deRelationsdes années 1950 ne vou laient pas voir était pourtant flagrante: on ne cessait de déplorer l’envahissement de l’esprit païen dans une société québécoise qui semblait porter partout l’estampille
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Les avatars de la foi
:plusde75ansdedouteetdespérance
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