Révélations sur 50 ans d humour
247 pages
Français

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Révélations sur 50 ans d'humour , livre ebook

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Description

En 1974, René-Marc Guedj a 11 ans quand Coluche passe pour la première fois à la Télévision. C’est le choc. Sa vocation est née, il va y consacrer sa vie, et va découvrir quasiment tous les humoristes français de ces 50 dernières années.
Dès les années 80, il dirige la première scène ouverte sur Paris, « la Timbale », où il découvre Laurent Violet, Anne Roumanoff, Pierre Palmade, Chantal Ladesou au Tintamarre, là-même où débutent à ses côtés Laspales-Chevallier, Smain et Alain Bernard, Buffo, Muriel Robin… Puis « le Sunscène » qui révèle Gilles Detroit, Virginie Lemoine ou encore Pierre Aucaigne…
Dans les années 90, il crée le célèbre « Trempoint » du Point-Virgule qui lancera Elie Kakou, Jean-Marie Bigard, Gustave Parking, Jean-Luc Lemoine, Jean-Jacques Vanier, Sophie Forte, Christophe Alévêque, Dany Boon, Jamel Debbouze, Tex, Albert Meslay…
Dans les années 2000, il amène l’humour à Avignon en ouvrant le théâtre Pittchoun qui fait naître notamment Olivier de Benoist, Garnier et Sentou.
Dans les années 2010, il lance le concours « Kandidator » qui révèle une nouvelle génération d’humoristes : Max Bird, Laura Laune, Cécile Djunga, Laura Domenge, Biscotte, Alexandra Pizzagali, Desgars, Jim, Jean-Baptiste, Thaïs Vauquieres, Elodie Arnould, Timothé Poissonnet, Fabien Olicard, Alex Ramires, Geremy Credeville, etc.
Enfin en 2016, il fonde l’EHAS, École de l’Humour et des Arts Scéniques, d’où sortent les talents de demain : Benjamin Pays, Achref, Isabelle Arnaud, Valentin Reinher…
Bref, René-Marc Guedj est à l’humour en France ce qu’était Jean Vilar au Théâtre, ou Paul Bocuse à la gastronomie. Avec ce livre il a décidé de tout révéler sur les coulisses de ces 50 dernières années.

Informations

Publié par
Date de parution 14 novembre 2019
Nombre de lectures 29
EAN13 9782411000664
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Révélations sur 50 ans d’humour
René-Marc Guedj
Révélations sur 50 ans d’humour
LEN 126, rue du Landy 93400 St Ouen
Direction Littéraire : Wilfried N'Sondé. L’illustration de la couverture a été réalisée par Franck Harscouet.
© LEN, 2019
ISBN : 978-2-411-00066-4
Première partie
Enfance et adolescence
« Les années 70 »
Avant-propos
Je suis né au printemps 1963, mais je vous propose de débuter mon récit en 1974, j’avais alors onze ans. Jusque-là, j’avais été un enfant plutôt sans histoires. Cependant, contrairement à des millions d’autres foyers français, ma famille possédait une particularité qui me pesait. Comme nous vivions au cœur du Vaucluse, au pied des mille neuf cent douze mètres du mont Ventoux, ce n’était pas toujours facile de recevoir les programmes de télévision. L’antenne avait beau être très élevée sur le toit de notre maison en pierres de Provence, la météo et son foutu mistral empêchaient parfois la diffusion des émissions ou des films que nous regardions dans le salon familial, mes parents, mon frère et moi. J’avais un peu le sentiment que la télévision était notre unique connexion au monde. De chacune des fenêtres de notre bâtisse, nous ne distinguions à perte de vue que des champs de melons, de lavande, de pommiers, de ceps et de vignes. Entre deux rosées bien fraîches, les odeurs matinales réveillaient nos narines dès le saut du lit. Tout ça me manque terriblement aujourd’hui. Il y avait aussi quelques voisins éparpillés de-ci, de-là, autour de chez nous. Quatre ou cinq autres maisons visibles à l’œil nu. Ce n’était donc pas le désert total, n’exagérons pas.
Préado, j’avais la bougeotte, je voulais découvrir la vie, me nourrir de tout, me cultiver. Or, pour nous rendre ne serait-ce qu’un soir au théâtre ou au cinéma, cela relevait de l’expédition. Il fallait sortir la voiture et rouler une petite heure jusqu’en Avignon. Du coup, c’était plutôt rare. En solution de remplacement, nous avions le petit écran soigneusement installé sur un gros meuble en bois dans la plus grande pièce de notre demeure. Bien que mes parents décidassent seuls de ce que nous regardions, la télévision participait pleinement aux plaisirs partagés tous ensemble sous notre toit. Elle s’est installée triomphalement dans le rôle de l’ami d’accompagnement, prenant au fil des années la place d’une cinquième personne au sein du foyer, au risque d’éviter les conversations ou les sujets qui fâchaient. Oui, certains soirs, ça arrangeait bien tout le monde que la télé soit en marche et qu’on ne se dise rien !
Un soir de 1974, miracle : tout fonctionne ! Il n’existait à ce moment-là que trois chaînes. La couleur avait fait sa première apparition sur les ondes hertziennes sept ans plus tôt, mais n’était arrivée chez nous que depuis peu. Je ne soupçonnais pas un seul instant qu’un événement, a priori anodin, allait bouleverser mon existence, et offrir un sens à ma vie. J’allais rejoindre un destin que j’ignorais encore, quelque chose que vous allez sentir s’éveiller et s’imposer au fil des pages qui suivent.
***
Si mes souvenirs sont exacts, il était à peu près dix-neuf heures quinze. Comme c’était souvent le cas avant de passer à table pour le repas du soir, nous nous sommes tranquillement installés devant la deuxième chaîne. Je crois bien que c’était Guy Lux en personne qui s’adressait à nous. De toute façon, ça ne pouvait être que lui. Ce Guy Lux , je le croisais quasiment chaque jour depuis que j’étais né. Producteur, animateur de jeux et de divertissements radiophoniques ou télévisés, il aura finalement créé au cours de son existence plus de cinquante émissions. C’était le Roi. Que dis-je, l’Empereur. Monsieur Tube cathodique . Je ne pouvais même pas concevoir un seul instant une heure de programmes sans qu’il s’invite chez nous, sans que l’on cite son nom pile avant le dîner du soir. En immense professionnel, il a su installer l’habitude, pour que plus rien ne puisse exister sans lui, que dans l’inconscient des ardents téléspectateurs que nous formions, rien ne puisse s’envisager sans sa présence, sans sa voix si particulière et son savoir-faire indiscutable. J’ai le sentiment innocent que tout ce qui faisait la télévision lui appartenait, qu’il dormait à l’intérieur du cadre et n’en sortait jamais. Pour moi, la télévision : c’était Guy Lux . C’était peut-être même lui qui l’avait inventée, allez savoir !
Et ce soir-là, avec beaucoup de suspense dans ses paroles, il présentait l’humoriste de demain, celui en passe de devenir une immense vedette. En tout cas, c’est vraiment ainsi qu’il l’avait annoncé, en grande pompe. Tel un futur grand. Ce comique allait s’imposer dans le paysage médiatique des années à venir. Et comme Guy Lux le disait, nous le croyions forcément. Nous étions bouche bée, réceptifs à deux cents pour cent, écoutilles ouvertes comme jamais. À cet instant-là, la plupart des Français découvraient pour la première fois la star comique du futur. Notre curiosité était au summum, nos sens attisés, notre écoute en éveil. Nous étions préparés, alléchés, hypnotisés. Bien joué ! Bravo, Guy Lux !
Apparut alors sur un fond vert assez repoussant, un drôle de bonhomme tout timide derrière un pied de micro, vêtu d’une salopette par-dessus un tee-shirt jaune. Il possédait une tête bizarre, pas très beau, pas sexy du tout. Il portait des petites lunettes rondes, avait l’air gêné, maladroit, pas à l’aise, hésitant. Il scandait sur un ton éraillé avec une voix parfois très aiguë, un peu désagréable, perchée, limite agressive par moments :
« C’est l’histoire d’un mec… heu… 1 »
Il tentait visiblement de raconter une blague, mais il se trompait, bafouillait, il oubliait.
« Le mec… heu… »
Il reprit.
« Bon, le mec… normal, quoi. Blanc. Il est français, le mec… »
Un silence de mort s’installa immédiatement dans notre maison, comme une chape de plomb s’abattant sur nous. Nous étions tous rivés sur le petit écran, happés par ce qui se passait, connectés à l’instant présent. Toujours à l’écoute, les oreilles bien attentives, les sens ultra développés, affûtés comme des radars. J’avais l’impression que mes parents étaient médusés, consternés. Je ressentais surtout qu’intérieurement, je bouillonnais. J’avais une furieuse envie d’éclater de rire, très vite. Je n’osais pas. Je me retenais, comme si Papa-Maman devaient d’abord valider.
Et l’artiste continuait.
« Bon, c’est l’histoire d’un mec, normal, qu’est sur le pont de l’Alma, ok ? Mais il regarde dans l’eau, le mec ! Pas con ! »
Ce qui me frappait le plus, c’était que le sketch ne se déroulait pas en public. En fond sonore, il y avait des rires enregistrés qui paraissaient exagérés et fusaient en pagaille à chacune des phrases prononcées, alors que l’humoriste ne parvenait pas à raconter son histoire en entier. L’image était celle, un peu fade, d’un scopitone, vous savez, ce vieil ancêtre du vidéo-clip. Pour être franc, c’était visuellement assez dérangeant. Je n’avais encore jamais vu une telle image. Je ne la trouvais pas esthétique. La scène dura à peu près cinq ou six minutes. Ça peut paraître long. Et l’artiste balbutiait, revenait au point de départ, coupait son texte par des :
« Non, mais c’est pas là qu’il faut rire, j’vous dirai ! »
« Non, mais prenez des notes, parce que je vais pas répéter, merde ! »
« Parce que là, l’histoire, elle est pas finite. Attends, on va se fendre la gueule, tu vas voir. »
Alors qu’il n’était même pas sur un plateau de théâtre, mais enregistré en studio, l’humoriste nous parlait à travers le poste. Il nous tutoyait. Il utilisait des expressions familières, inventait des termes, donnait l’impression de faire des fautes de français, osait des gros mots. Et il surenchérissait :
« Alors, le mec, il est suisse, mais bon… Faut pas prendre les Suisses que pour des cons. Non, y a des Belges dans l’tas. »
Et puis, la chute de la blague arriva. Totalement naze. Complètement nulle. Mais volontairement. Et le comique p

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