Rituels du monde
290 pages
Français

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Rituels du monde , livre ebook

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Description

Qu’est-ce qu’un rituel ? Comment le met-on en images ? Ce livre raconte comment l’on raconte. Rédigé après les tournages des quinze documentaires de la série télévisée Rituels du monde, diffusée sur Arte, il reprend ces histoires et en raconte une autre. Celle d’une jeune anthropologue qui a eu la chance de suivre des individus de tous horizons dans leurs métamorphoses et qui relate aujourd’hui, avec un point de vue partiel et partial, l’accueil que l’ailleurs lui a fait, les bouleversements qu’il a entraînés, les joies et les peines qu’il a déclenchées. Au-delà des rituels, ces textes parlent de rencontres et proposent une réflexion sur notre rapport aux autres cultures - et donc à la nôtre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782902039111
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Éditeur Amaury Levillayer, Ph-D
Réalisation éditoriale Joël Faucilhon — numérisation Marie-Laure Jouanno — conception graphique et réalisation Éric Levillayer — correction © Olivier Mazoué — logotypes
Crédits photographiques Les photographies du cahier final sont la propriété des coproducteurs de la série Rituels du monde , TSVP et Arte (tous droits réservés).
Édité par © Éditions Dépaysage, 2020
ISBN (papier) : 978-2-902039-10-4 ISBN (epub) : 978-2-902039-11-1
En application de la loi du 1-1 mars 1-95-7 (article 4-1) et du code de la propriété intellectuelle du 1 er  juillet 1-99-2, toute reproduction partielle ou totale à usage collectif de la présente publication est strictement interdite sans autorisation expresse de l’éditeur. Il est rappelé à cet égard que l’usage abusif et collectif de la photocopie met en danger l’équilibre économique des circuits du livre.


Anne-Sylvie Malbrancke
Rituels du monde
Carnet de tournage
Préfacé par Maurice Godelier Médaille d’or du CNRS



Préface de Maurice Godelier
C’est avec un grand plaisir et beaucoup d’admiration que j’écris ces quelques mots en préface des Rituels du monde : carnet de tournage d’Anne-Sylvie Malbrancke, car c’est un livre important, passionnant, et un tour de force. Je reviendrai plus loin sur le tour de force mais d’abord je rappellerai d’où vient ce livre.
Nous sommes en février 2017. Je reçois un coup de téléphone d’Agnès Molia, de la société de production Tournez S’il Vous Plaît, qui envisage de produire une série de courts films sur les « rituels du monde » et me demande si je connais une ou un anthropologue qui pourrait s’intégrer à l’équipe. Je lui réponds tout de suite « oui ». Car, à mes yeux, c’est très important de réaliser un documentaire sur un tel sujet, et de plus je connais la personne qu’il lui faut : Anne-Sylvie.
D’autres anthropologues auraient certainement décliné la proposition d’Agnès Molia ; parce que selon elles et eux, les documentaires produits par des chaînes de télévision sur des cultures et des coutumes non-occidentales sont souvent teintés de racisme, de mépris à peine déguisé pour les gens que l’on va filmer et interroger – des gens qui, en fait, ne sont pas tout à fait « civilisés ». Et c’est pour cette différence qu’ils peuvent intéresser un public occidental et faire le succès du documentaire. Et c’est vrai que ce genre de trahison est arrivé et arrivera encore. J’ai moi-même été témoin d’un documentaire filmé en Nouvelle-Guinée, où j’ai travaillé de nombreuses années, et qui prétendait filmer une tribu de « l’âge de pierre », contactée pour la « première fois » par des Blancs, et qui ignorait l’usage du feu. Le responsable du film avait même demandé à l’un des hommes de cette tribu, « découverte » par son équipe au détour d’une rivière dans la jungle, de faire semblant d’avoir peur d’une allumette qu’on allumait sous son nez. Or, deux anthropologues de mon équipe connaissaient bien cette tribu, et même l’individu qui s’était prêté à cette mascarade pour une petite poignée de billets. Et cette superbe fake news , fabriquée sans honte ni remords par un « Blanc » a eu cependant du succès à Paris et ailleurs.
En disant « oui » à Agnès Molia, je ne connais pas l’esprit avec lequel elle envisage sa série documentaire. Mais je sais qu’Anne-Sylvie n’entrera pas dans un tel jeu. Puis comme la télévision est dans toutes les familles et si la série est de qualité, c’est à mes yeux l’occasion pour des milliers de téléspectateurs de découvrir les manières de penser, d’agir et de vivre de communautés aux coutumes, aux religions différentes, mais qui sont des humains comme nous et qui, précisément, par leurs différences, nous ressemblent le plus. Je m’explique. À côté des rites d’initiation comme le tatouage à Samoa ou le saut par-dessus les vaches chez les Hamar d’Éthiopie, ou encore le supplice des fourmis chez les Satéré-Mawé d’Amazonie, on trouve également un rituel de mariage traditionnel dans l’Inde d’aujourd’hui, ou le rituel de retournement des morts à Madagascar, ou bien le culte des nat en Birmanie pour les esprits de deux frères exécutés injustement par le roi Anawratha, etc. Bref, dans ce tourbillon de rites, on peut apercevoir des réalités invariantes qui traversent l’humanité depuis qu’elle existe. Les rites sont des réponses particulières à des questions universelles. En voici quelques-unes : qu’est-ce que naître ? Qu’est-ce que mourir ? Quelles sont les forces qui gouvernent l’univers autour de nous ? Comment tourner leur attention, leur bienveillance vers nous ? La seconde série d’invariants que l’on trouve présents dans tous ces rites sont les mêmes moments de la vie où, justement, s’accumulent des rites : naissance, puberté, mariage, mort – et où l’individu franchit les étapes d’une existence, mais jamais seul. Car même s’il est seul, il est porté par les représentations, les injonctions, les prohibitions inventées et partagées par sa société pour les lui faire franchir. Mais il faudrait rappeler l’existence des rites associés à la guerre ou à la paix entre les sociétés, aux bonnes comme aux mauvaises récoltes, aux épidémies comme aux catastrophes « naturelles ». Mais rien n’est naturel. La mort elle-même souvent ne l’est pas : on meurt victime d’un sorcier, mais le sorcier peut avoir été payé par un parent.
Mais au fond de toutes ces pratiques, de toutes ces attentes, de toutes ces interprétations de la vie humaine et de la nature qui l’entoure, de la société qui l’organise, on retrouve le même postulat universel, à savoir que l’impossible est quand même possible, que les dieux existent et qu’on peut vous le prouver, que les morts ne sont pas morts, parce que la mort ne s’oppose pas à la vie mais à la naissance. Il y a une vie après la mort et nos ancêtres continuent donc à vivre, à côté de nous, et partagent le même monde, mais résident dans sa partie invisible. Ils existent, même si on ne les voit pas, sauf qu’on les voit parfois, ou qu’ils vous rendent eux-mêmes visite quand on les traite correctement, c’est-à-dire selon les rites.
Et en prenant un pas de recul pour une courte analyse théorique, on comprend que sans le postulat que la mort n’est pas, et ne peut pas être la fin de la vie, il n’y aurait pas du tout de religion – que celle-ci soit tribale ou à prétention universelle comme les monothéismes et le bouddhisme pour lequel le but de la vie c’est d’échapper, après la mort, à la roue des renaissances et atteindre le « nirvana », c’est-à-dire « l’extinction » dans quoi ? Dans l’être ?
Et c’est de nous faire toucher à la fois cette invention multiple de gestes, d’actions, de symboles, de pensées, d’émotions, qui fait l’importance de ce livre. D’autant qu’Anne-Sylvie ne se cache pas de ne pas croire en l’existence des dieux ou de Dieu. Mais elle manifeste tellement de respect, tellement d’accueil en elle des actes et des idées des autres, sans juger, sans condamner, qu’elle donne à ses descriptions une double dimension : objective et humaniste.
Et le dernier tour de force, c’est qu’elle ne se dissimule pas pour parler avec humour et simplicité d’elle-même, de ses manques de sommeil, du trop froid ou du trop chaud, des mauvaises odeurs des toilettes. On est donc sur la route avec elle, et facilement on l’imagine avec les femmes et les hommes qui entourent, par exemple, Stevie le jeune Samoan venu de Los Angeles se faire tatouer pour, comme elle le dit, « faire de son corps le support dès lors irréversible de son identité et de son nouveau statut social ». Et on apprend que son tufuga , son tatoueur, est considéré comme un demi-dieu parce que le tatouage est d’origine divine. On est aussi avec elle lorsqu’elle console Kayah, la sœur de Wale, le jeune Hamar qui vient de réussir le grand saut au-dessus de plusieurs vaches, démontrant qu’il est un homme maintenant ; Kayah, frustrée de n’avoir re

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